Rencontre du Pape avec des jeunes et des catéchistes à Kinshasa

Rencontre du Pape avec des jeunes et des catéchistes
au Stade des Martyrs à Kinshasa

 

Ce matin, après avoir célébré la Sainte Messe en privé, le Saint-Père François s’est rendu en voiture au Stade des Martyrs à Kinshasa pour la rencontre avec les jeunes et les catéchistes.

Après l’allocution de bienvenue du Président de la Commission épiscopale pour les laïcs, suivie des témoignages d’un jeune homme et d’un catéchiste et de l’exécution d’une danse traditionnelle, le Pape a prononcé le discours préparé pour la circonstance et s’est exprimé spontanément avec les participants à la rencontre invitant les personnes présentes à se donner la main et à chanter ensemble comme une communauté, une seule Église.

Toujours pendant le discours, il a demandé à chacun d’observer une minute de silence pour pardonner à tous les offenses reçues.

A la fin, après la récitation du Notre Père, la bénédiction finale, la remise d’un cadeau au Saint-Père par les jeunes et le chant final, le Pape François est retourné à la Nonciature Apostolique de Kinshasa.

Nous publions ci-dessous le discours préparé par le Saint-Père pour la circonstance :

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Je vous remercie pour votre affection, votre danse et vos paroles ! Je suis heureux de vous avoir regardés dans les yeux, de vous avoir salués et bénis alors que vos mains levées vers le ciel faisaient la fête.

Je voudrais maintenant vous demander, pendant quelques instants, de ne pas me regarder, mais vos mains. Ouvrez les paumes de vos mains, fixez-les des yeux. Mes amis, Dieu a mis entre vos mains le don de la vie, l’avenir de la société et de ce grand pays.

Frère, sœur, tes mains te semblent petites et faibles, vides et inaptes à de si grandes tâches ? Je voudrais te faire remarquer une chose : toutes les mains se ressemblent, mais aucune n’est identique à l’autre. Personne n’a des mains semblables aux tiennes. Tu es donc une richesse unique, inégalable et incomparable.

Personne dans l’histoire ne peut te remplacer. Tu te demandes alors : à quoi servent mes mains ? À construire ou à détruire, à donner ou à amasser, à aimer ou à haïr ? Tu le vois, tu peux serrer la main et la fermer, elle devient un poing ; ou bien tu peux l’ouvrir et la rendre disponible pour Dieu et les autres.

C’est là que se situe le choix fondamental, depuis les temps anciens, depuis Abel qui offrit généreusement les fruits de son travail, alors que Caïn leva la main contre son frère et le tua (cf. Gn 4, 8). Jeune qui rêves d’un avenir différent, un lendemain naîtra de tes mains, de tes mains la paix qui manque à ce pays pourra advenir.

Mais comment faire concrètement ? Je voudrais vous proposer quelques « ingrédients pour l’avenir » : cinq, que vous pouvez associer, chacun, aux doigts d’une main.

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Au pouce, le doigt le plus proche du cœur, correspond la prière qui fait palpiter la vie. Elle peut apparaître comme une réalité abstraite, éloignée du caractère concret des problèmes. Au contraire, la prière est le premier ingrédient, celui qui est fondamental, parce que nous n’y arrivons pas pas tout seuls. Nous ne sommes pas tout-puissants, et lorsque quelqu’un croit l’être, il échoue lamentablement. C’est comme un arbre déraciné : même s’il est grand et vigoureux, il ne tient pas debout tout seul. C’est pourquoi nous devons nous enraciner dans la prière, dans l’écoute de la Parole de Dieu, qui nous permet de grandir chaque jour en profondeur, de porter du fruit et de transformer la pollution que nous respirons en oxygène vital. Pour ce faire, tout arbre a besoin d’un élément simple et essentiel : l’eau. Alors, la prière est comme  » l’eau de l’âme  » : elle est humble, on ne la voit pas mais elle donne la vie. Celui qui prie mûrit intérieurement et sait lever le regard vers le haut, se souvenant qu’il a été fait pour le ciel.

Frère, sœur, la prière est nécessaire, une prière vivante. Ne te tourne pas vers Jésus comme s’il était un être lointain et distant dont on a peur, mais plutôt l’ami le plus grand qui a donné sa vie pour toi. Il te connaît, il croit en toi et t’aime, toujours. En le regardant suspendu en croix pour te sauver, tu comprends à quel point tu vaux pour Lui. Et tu peux lui confier tes croix, tes peurs, tes angoisses, en les jetant sur sa croix. Il les embrassera. Il l’a déjà fait il y a 2000 ans et cette croix que tu portes aujourd’hui faisait déjà partie de la sienne. Alors n’aie pas peur de prendre le Crucifix dans tes mains et de le serrer sur ta poitrine, de verser tes larmes sur Jésus. Et n’oublie pas de regarder son visage, le visage d’un Dieu jeune, vivant, ressuscité ! Oui, Jésus a vaincu le mal, il a fait de la croix le pont vers la résurrection. Alors, chaque jour, lève les mains vers lui pour le louer et le bénir ; crie vers lui les espérances de ton cœur, confie-lui les secrets les plus intimes de ta vie : la personne que tu aimes, les blessures que tu portes en toi, les rêves que tu as dans le cœur. Parle-lui de ton quartier, de tes voisins, de tes professeurs, de tes compagnons, de tes amis et collègues ; de ton pays. Dieu aime cette prière vivante, concrète, faite avec le cœur. Elle lui permet d’intervenir, d’entrer dans les plis de la vie d’une manière particulière ; de venir avec sa « force de paix » ; qui a un nom. Savez-vous de qui il s’agit ? De l’Esprit Saint, Celui qui console et donne la vie. Il est le moteur de la paix, Il est la véritable force de la paix. C’est pourquoi la prière est l’arme la plus puissante qui soit. Elle te transmet le réconfort et l’espérance de Dieu. Elle t’ouvre toujours de nouvelles possibilités et t’aide à vaincre les peurs. Oui, celui qui prie surmonte la peur et prend son avenir en main. Croyez-vous cela ? Voulez-vous choisir la prière comme votre secret, comme l’eau de votre âme, comme la seule arme que vous devez porter sur vous, comme votre compagne quotidienne de voyage ?

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Maintenant, regardons le deuxième doigt, l’index. Avec lui, nous montrons quelque chose aux autres. Les autres, la communauté, c’est le deuxième ingrédient. Mes amis, ne laissez pas votre jeunesse être gâchée par la solitude et la fermeture. Pensez toujours à vous ensemble et vous serez heureux, car la communauté est la voie pour vivre en harmonie avec soi-même, pour être fidèle à sa vocation. Au contraire, les choix individualistes semblent attrayants au début, mais ils ne laissent ensuite qu’un grand vide intérieur. Pensez à la drogue : tu te caches des autres, de la vie réelle, pour te sentir tout-puissant ; et à la fin, tu te retrouves privé de tout. Mais pensez aussi à la dépendance à l’occultisme et à la sorcellerie, qui enferment dans l’emprise de la peur, de la vengeance et de la colère. Ne vous laissez pas fasciner par de faux paradis égoïstes, construits sur les apparences, l’argent facile ou sur une religiosité déformée.

Et prenez garde à la tentation de désigner quelqu’un du doigt, d’exclure l’autre parce qu’il est d’une origine différente de la vôtre ; au régionalisme, au tribalisme qui semblent vous renforcer dans votre groupe mais qui sont au contraire la négation de la communauté. Vous savez comment cela se passe : d’abord on croit des préjugés sur les autres, puis l’on justifie la haine, puis la violence, et finalement on se retrouve en guerre. Mais – je me demande – as-tu déjà parlé à des personnes d’autres groupes, ou es-tu toujours resté enfermé dans le tien ? As-tu jamais écouté les histoires des autres, t’es-tu approché de leurs souffrances ? Bien sûr, il est plus facile de condamner quelqu’un que de le comprendre ; mais le chemin que Dieu indique pour construire un monde meilleur passe par l’autre, par l’ensemble, par la communauté. Cela c’est faire Église, élargir ses horizons, voir en chacun un prochain, prendre soin de l’autre. Si tu vois une personne seule, souffrante, abandonnée ? Approche-toi d’elle. Non pas pour lui montrer combien tu es bon, mais pour lui donner ton sourire et lui offrir ton amitié.

David, tu as dit que vous, les jeunes, vous vouliez à juste titre être reliés aux autres, mais que les réseaux sociaux vous déroutent souvent. C’est vrai, la virtualité ne suffit pas. Nous ne pouvons pas nous contenter d’interagir sur des réseaux sociaux avec des personnes distantes ou même fausses. La vie ne se touche pas avec un doigt sur l’écran. Il est triste de voir des jeunes rester pendant des heures devant un téléphone : après qu’ils se sont vus, tu regardes leurs visages et tu vois qu’ils ne sourient pas, leur regard est fatigué et ennuyé. Rien ni personne ne peut remplacer la force du fait d’être ensemble, la lumière des yeux, la joie du partage ! Parler, s’écouter est essentiel : alors que chacun cherche sur l’écran celui qui l’intéresse, découvrez chaque jour la beauté de vous laisser émerveiller par les autres, par leurs histoires et leurs expériences.

Essayons maintenant de toucher du doigt de ce que signifie être une communauté. Pendant un moment, prenez s’il vous plait par la main celui qui est à côté de vous. Sentez que vous êtes une seule Église, un seul Peuple. Sens que ton bien dépend de celui de l’autre, qu’il est multiplié par l’ensemble. Sens-toi protégé par ton frère et ta sœur, par quelqu’un qui t’accepte tel que tu es et qui veut prendre soin de toi. Et sens-toi responsable des autres, membre vivant d’un grand réseau de fraternité où l’on se soutient mutuellement et où tu es indispensable. Oui, tu es indispensable et responsable de ton Église et de ton pays. Tu appartiens à une histoire plus grande qui t’appelle à être acteur : créateur de communion, champion de la fraternité, rêveur indomptable d’un monde plus uni.

Vous n’êtes pas seuls dans cette aventure : toute l’Église, répandue dans le monde entier, vous soutient. Est-ce un défi difficile à relever ? Oui, mais c’est un défi possible. Vous avez aussi des amis qui, des tribunes du ciel, vous poussent vers ces objectifs. Savez-vous qui sont-ils ? Les saints. Je pense, par exemple, au bienheureux Isidore Bakanja, à la bienheureuse Marie-Clémentine Anuarite, à saint Kizito et à ses compagnons : des témoins de la foi, des martyrs qui n’ont jamais cédé à la logique de la violence mais qui ont confessé par leur vie la force de l’amour et du pardon. Leurs noms, inscrits dans les cieux, resteront dans l’histoire, tandis que la fermeture et la violence tournent toujours au détriment de ceux qui les commettent. Je sais que vous avez montré à maintes reprises que vous savez vous lever pour défendre, même au prix de grands sacrifices, les droits de l’homme et l’espoir d’une vie meilleure pour tous dans le pays. Je vous en remercie et j’honore la mémoire de ceux – si nombreux – qui ont perdu la vie ou la santé pour ces nobles causes. Et je vous encourage à avancer ensemble, sans crainte, en tant que communauté !

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Prière, communauté ; nous arrivons au doigt central, qui s’élève au-dessus des autres comme pour nous rappeler une chose indispensable. C’est l’ingrédient fondamental pour un avenir à la hauteur de vos attentes. C’est l’honnêteté ! Être chrétien, c’est témoigner du Christ. La première façon de le faire est de vivre honnêtement, comme Il le veut. Cela signifie ne pas se laisser prendre aux pièges de la corruption. Le chrétien ne peut qu’être honnête, sinon il trahit son identité. Sans honnêteté, nous ne sommes pas disciples ni témoins de Jésus ; nous sommes des païens, des idolâtres qui adorent leur propre moi au lieu de Dieu, qui se servent des autres au lieu de servir les autres.

Mais – je me demande – comment vaincre le cancer de la corruption qui semble s’étendre et ne jamais s’arrêter ? Saint Paul nous aide avec une phrase simple et géniale que vous pouvez répéter jusqu’à ce que vous la reteniez par cœur. La voici : « Ne te laisse pas vaincre par le mal, mais sois vainqueur du mal par le bien » (Rm 12, 21). Ne te laisse pas vaincre par le mal : ne vous laissez pas manipuler par des individus ou des groupes qui cherchent à vous utiliser pour maintenir votre pays dans la spirale de la violence et de l’instabilité, afin de continuer à le contrôler sans égard pour personne. Mais sois vainqueur du mal par le bien : soyez les transformateurs de la société, les convertisseurs du mal en bien, de la haine en amour, de la guerre en paix. Voulez-vous être cela ? Si vous le voulez, c’est possible. Pourquoi ? Parce que chacun d’entre vous possède un trésor que personne ne peut lui voler. Celui de vos choix. Oui, tu es les choix que tu fais et tu peux toujours choisir la bonne chose à faire. Nous sommes libres de choisir : ne laissez pas votre vie se faire emporter par le courant pollué, ne vous laissez pas emporter comme un tronc sec dans une rivière sale. Indignez-vous, sans jamais céder aux flatteries, séductrices mais empoisonnées, de la corruption.

Je me souviens du témoignage d’un jeune homme comme vous, Floribert Bwana Chui. Il a été tué il y a quinze ans à Goma, alors qu’il n’avait que vingt-six ans, pour avoir bloqué le passage de denrées alimentaires avariées qui auraient porté atteinte à la santé des gens. Il aurait pu laisser faire, personne ne l’aurait découvert, et il aurait en plus gagné. Mais, en tant que chrétien, il a prié, pensé aux autres et choisi d’être honnête en disant non à la saleté de la corruption. Cela, c’est garder les mains propres alors que les mains qui trafiquent de l’argent sont ensanglantées. Si quelqu’un te tend une enveloppe, te promet des faveurs et des richesses, ne tombe pas dans le piège, ne te laisse pas tromper, ne te laisse pas engloutir dans le marais du mal. Ne te laisse pas vaincre par le mal, ne crois pas aux sombres complots de l’argent qui plongent dans la nuit. Être honnête, c’est briller de jour, c’est répandre la lumière de Dieu, c’est vivre la béatitude de la justice : sois vainqueur du mal par le bien !

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Nous sommes au quatrième doigt, l’annulaire. C’est là que sont enfilées les alliances. Mais, si l’on y réfléchit, l’annulaire est aussi le doigt le plus faible, celui qui a le plus de mal à se lever. Il nous rappelle que les grands objectifs de la vie, l’amour avant tout, passent par des fragilités, des efforts et des difficultés. Il faut les habiter, les affronter avec patience et confiance, sans s’encombrer de problèmes inutiles, comme par exemple celui de transformer la valeur symbolique de la dot en une valeur quasi marchande. Mais, dans nos fragilités, dans les crises, quelle est la force qui nous fait avancer ? Le pardon. Parce que pardonner c’est savoir recommencer. Pardonner ne signifie pas oublier le passé, mais ne pas se résigner au fait qu’il se répètera. C’est changer le cours de l’histoire. C’est relever celui qui est tombé. C’est accepter l’idée que personne n’est parfait et que non seulement moi, mais tout le monde, a le droit de repartir.

Chers amis, pour créer un avenir nouveau, nous devons donner et recevoir le pardon. C’est ce que fait le chrétien : il n’aime pas seulement ceux qui l’aiment, mais il sait arrêter la spirale des vengeances personnelles et tribales par le pardon. Je pense au bienheureux Isidore Bakanja, un de vos frères qui a été longuement torturé parce qu’il n’avait pas renoncé à témoigner de sa piété et qu’il avait proposé le christianisme à d’autres jeunes. Il n’a jamais cédé aux sentiments de haine et, en donnant sa vie, il a pardonné à son bourreau. Celui qui pardonne apporte Jésus là même où il n’est pas accepté, il apporte l’amour là où l’amour est rejeté. Celui qui pardonne construit l’avenir. Mais comment devenir capable de pardon ? En nous laissant pardonner par Dieu. Chaque fois que nous nous confessons, nous recevons d’abord en nous-mêmes cette force qui change l’histoire. Par Dieu, nous sommes toujours pardonnés, toujours et gratuitement ! Et à nous aussi il est dit, comme dans l’Évangile : « Va et fais de même » (Lc 10, 37). Avance sans rancune, sans venin, sans haine. Progresse en faisant tien le style de Dieu, le seul qui renouvelle l’histoire. Avance et crois qu’avec Dieu, il est toujours possible de recommencer, il est toujours possible de repartir, il est toujours possible de pardonner !

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Prière, communauté, honnêteté, pardon. Nous sommes au dernier doigt, le plus petit. Tu pourrais dire : je suis peu de chose et le bien que je peux faire n’est qu’une goutte dans la mer. Mais c’est précisément la petitesse, le fait de se faire petit, qui attire Dieu. Il y a un mot clé qui va dans ce sens : le service. Celui qui sert se fait petit ; comme une graine minuscule qui semble disparaître dans la terre mais qui, au contraire, porte du fruit. Selon Jésus, le service est le pouvoir qui transforme le monde. Ainsi, la petite question que tu peux t’attacher au doigt chaque jour est : Moi, que puis-je faire pour les autres ? C’est-à-dire, comment puis-je servir l’Église, ma communauté, mon pays? Olivier, tu nous as dit que dans certaines régions isolées, ce sont vous, les catéchistes, qui servez au quotidien les communautés de foi, et que cela doit être, dans l’Église, « l’affaire de tous ». C’est vrai, et il est beau de servir les autres, de prendre soin d’eux, de faire quelque chose de gratuit, comme Dieu le fait avec nous. Je voudrais vous remercier, chers catéchistes : vous êtes vitaux comme l’eau pour beaucoup de communautés ; faites-les toujours grandir par la clarté de votre prière et de votre service. Servir, ce n’est pas rester les bras croisés, c’est se mobiliser. Beaucoup se mobilisent parce qu’ils sont attirés par leurs intérêts personnels. Vous, n’ayez pas peur de vous mobiliser pour le bien, d’investir dans le bien, dans l’annonce de l’Évangile, en vous préparant de manière passionnée et adéquate, en donnant vie à des projets organisés et à long terme. Et n’ayez pas peur de faire entendre votre voix, car non seulement l’avenir, mais aussi le présent sont entre vos mains : soyez au centre du présent !

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Mes amis, je vous ai laissé cinq conseils pour établir des priorités parmi toutes les rumeurs attrayantes qui circulent. Dans la vie, comme dans la circulation routière, c’est souvent le désordre qui crée des embouteillages et des blocages inutiles, qui font perdre du temps et de l’énergie, et qui entretiennent la colère. Il est bon pour nous, au contraire, même dans l’agitation, de donner des points de référence au cœur et à la vie, des directions stables pour initier un avenir différent, sans suivre les vents de l’opportunisme.

Chers amis, jeunes et catéchistes, je vous remercie pour ce que vous faites et pour ce que vous êtes : pour votre enthousiasme, votre lumière et votre espérance. Je voudrais vous dire une dernière chose : ne vous découragez jamais ! Jésus croit en vous et ne vous laisse jamais seuls. Gardez la joie que vous avez aujourd’hui et ne la laissez pas s’éteindre. Comme le disait Floribert à ses amis lorsqu’ils n’avaient pas bon moral: « Prends l’Évangile et lis-le. Il te consolera, il te donnera de la joie ». Sortez ensemble du pessimisme qui paralyse. La République Démocratique du Congo attend de vos mains un avenir différent, car l’avenir est entre vos mains. Que votre pays redevienne, grâce à vous, un jardin fraternel, le cœur de paix et de liberté de l’Afrique ! Merci !


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Message du Saint-Père aux consacrés

Message du Saint-Père aux consacrés
réunis dans la basilique Sainte-Marie-Majeure
à l’occasion de la XXVIIe Journée mondiale de la vie consacrée, 02 février 2023

A 18h00 cet après-midi, Fête de la Présentation du Seigneur, dans la Basilique de Sainte Marie Majeure, a eu lieu la Célébration eucharistique à l’occasion de la XXVIIe Journée Mondiale de la Vie Consacrée, présidée par Son Éminence le Cardinal João Braz de Aviz, Préfet du Dicastère pour les Instituts de Vie Consacrée et les Sociétés de Vie Apostolique.

Nous publions ci-dessous le Message que le Saint-Père François a envoyé aux personnes consacrées pour l’occasion, dont le texte a été lu au début de la Messe par Son Éminence le Cardinal João Braz de Aviz :

Message du Saint-Père

Chers hommes et femmes consacrés !

Je vous salue avec affection à l’occasion de la Journée mondiale de la vie consacrée, alors que vous êtes réunis pour la célébration eucharistique dans la basilique Sainte-Marie-Majeure. Et je voudrais embrasser dès maintenant tous les frères et sœurs consacrés dans toutes les parties du monde.

Le thème de la Journée de cette année est « Frères et Sœurs pour la mission« . Lorsque vous entendrez ce message, je serai en mission en République démocratique du Congo, et je sais que vos prières m’accompagneront.

A mon tour, je veux vous assurer de la mienne pour la mission de chacun de vous et de vos communautés. Tous ensemble, nous sommes membres de l’Église, et l’Église est en mission depuis le premier jour, envoyée par le Seigneur ressuscité, et le sera jusqu’à la fin, avec la puissance de son Esprit.

Et parmi le peuple de Dieu, envoyé pour porter l’Évangile à tous les hommes, vous, les personnes consacrées, avez un rôle particulier, qui découle du don particulier que vous avez reçu : un don qui donne à votre témoignage un caractère et une valeur particuliers, par le fait même que tu te consacres entièrement à Dieu et à son Royaume, dans la pauvreté, la virginité et l’obéissance.

Si dans l’Église chacun est une mission, chacun de vous l’est avec une grâce particulière en tant que personne consacrée.

En plus de ce don fondamental, votre mission s’enrichit des charismes de vos instituts et sociétés, des charismes de vos fondateurs et fondatrices. Dans leur prodigieuse variété, elles sont toutes données pour l’édification de l’Église et pour sa mission.

Tous les charismes sont pour la mission, et ils le sont précisément avec la richesse incalculable de leur variété ; afin que l’Église puisse témoigner et annoncer l’Évangile à tous et en toute situation.

Nous célébrons aujourd’hui la fête de la Rencontre : que la Vierge Marie nous obtienne la grâce que notre vie de personnes consacrées soit toujours une fête de la rencontre avec le Christ ; et ainsi, comme elle, nous pourrons apporter à tous la lumière de son amour : sa lumière, pas la nôtre ! Amenez-le, pas nous-mêmes !

Chers amis, je suis proche de vous et je vous remercie pour qui vous êtes et pour ce que vous faites. Je prie pour vous et je vous encourage à aller de l’avant dans votre mission prophétique. Je vous bénis de tout cœur et vous confie à Marie, Salus Populi Romani. S’il vous plaît, n’oubliez pas de prier pour moi.

Rome, Saint Jean de Latran, 2 février 2023, fête de la Présentation du Seigneur.

Pape FRANÇOIS


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Messe pour la paix et la justice à l’aéroport de N’dolo

Messe pour la paix et la justice à l’aéroport de N’dolo

Depuis l’aérodrome de N’dolo, au bord du fleuve Congo, le Pape François, lors de sa deuxième journée en territoire kinois, a livré devant plus d’un million de fidèles une homélie centrée sur la paix, possible grâce à la force du pardon, à celle de la communauté, et à celle de la mission.

VOYAGE APOSTOLIQUE DU PAPE FRANÇOIS
en RÉPUBLIQUE DÉMOCRATIQUE DU CONGO et au SOUDAN DU SUD
(Pèlerinage Œcuménique de Paix au Soudan du Sud)
[31 janvier – 5 février 2023]

MESSE POUR LA PAIX ET LA JUSTICE 

HOMÉLIE DU SAINT-PÈRE

Aéroport de Ndolo
Mercredi 1er février 2023

Bandeko, Bobóto [Frères et sœurs, paix] R/ Bondeko [Fraternité]

Bondéko [Fraternité] R/ Esengo [Joie]

Esengo, joie : ma joie de vous voir et de vous rencontrer est grande : j’ai beaucoup désiré ce moment – cela fait un an que nous attendons ! -, merci d’être là !

L’Évangile vient juste de nous dire que la joie des disciples aussi était grande le soir de Pâques, et que cette joie avait jailli «en voyant le Seigneur » (Jn 20, 20). Dans cette atmosphère de joie et de stupeur, le Ressuscité s’adresse aux siens. Et qu’est-ce qu’il leur dit? D’abord, trois mots : «La paix soit avec vous!» (v. 19). C’est une salutation, mais c’est plus qu’une salutation : c’est un don.

Parce que la paix, cette paix annoncée par les anges la nuit de Bethléem (cf. Lc 2, 14), cette paix que Jésus a promise aux siens (cf. Jn 14, 27), elle est maintenant, pour la première fois, solennellement donnée aux disciples.

La paix de Jésus, qui nous est également donnée en chaque Messe, est pascale : elle vient avec la résurrection parce que le Seigneur devait d’abord vaincre nos ennemis, le péché et la mort, et réconcilier le monde avec le Père ; il devait éprouver notre solitude et notre abandon, nos enfers, embrasser et combler les distances qui nous séparaient de la vie et de l’espérance.

Maintenant, les distances entre le Ciel et la terre, entre Dieu et l’homme étant annulées, la paix de Jésus est donnée aux disciples.

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Mettons-nous de leur côté. Ils étaient ce jour-là complètement abasourdis par le scandale de la croix, blessés intérieurement d’avoir abandonné Jésus en fuyant, déçus de l’issue de son histoire, craignant de finir comme lui. Il y avait en eux de la culpabilité, de la frustration, de la tristesse, de la peur…

Eh bien, alors que dans le cœur des disciples ce sont des ruines, Jésus proclame la paix; alors qu’ils ressentent en eux la mort, il annonce la vie. En d’autres termes, la paix de Jésus survient au moment où tout semble fini pour eux, au moment le plus inattendu et inespéré, où il n’y a aucune lueur de paix.

Ainsi fait le Seigneur : il nous étonne, il nous tend la main lorsque nous sommes sur le point de sombrer, il nous relève quand nous touchons le fond. Frères et sœurs, avec Jésus, le mal ne l’emporte jamais, il n’a jamais le dernier mot. «C’est lui, le Christ, qui est notre paix » (Ep 2, 14) et sa paix est toujours victorieuse.

C’est pourquoi, nous qui appartenons à Jésus, nous ne pouvons pas laisser la tristesse l’emporter sur nous, nous ne pouvons pas laisser la résignation et le fatalisme s’installer. Si l’on respire cette atmosphère autour de nous, qu’il n’en soit pas ainsi pour nous : dans un monde découragé par la violence et la guerre, les chrétiens doivent faire comme Jésus.

Il a répété, avec insistance, aux disciples: La paix, la paix soit avec vous ! (Cf. Jn 20, 19.21) ; et nous sommes appelés à faire nôtre et dire au monde cette annonce inespérée et prophétique du Seigneur, cette annonce de paix.

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Mais, nous demandons nous, comment garder et cultiver la paix de Jésus ? Lui-même nous indique trois sources de paix, trois sources pour continuer à la cultiver. Elles sont le pardon, la communauté et la mission.

Voyons la première source : le pardon. Jésus dit aux siens : «À qui vous remettrez ses péchés, ils seront remis » (v. 23). Cependant, avant de donner aux apôtres le pouvoir de pardonner, il leur pardonne ; non pas avec des mots, mais avec un geste, le premier que le Ressuscité accomplit devant eux. L’Évangile dit: «Il leur montra ses mains et son côté» (v. 20).

C’est-à-dire qu’il leur montre ses plaies, il les leur offre, parce que le pardon naît des blessures. Il naît lorsque les blessures subies ne laissent pas des cicatrices de haine, mais deviennent le lieu où faire de la place aux autres et accueillir leurs faiblesses. Les fragilités deviennent alors des opportunités, et le pardon devient le chemin de la paix.

Il ne s’agit pas de tout laisser derrière soi comme si de rien n’était, mais d’ouvrir son cœur aux autres avec amour. C’est ce que fait Jésus : face à la misère de ceux qui l’ont renié et abandonné, il montre ses plaies et ouvre la source de la miséricorde. Il n’utilise pas beaucoup de mots, mais il ouvre grand son cœur blessé pour nous dire qu’il est toujours blessé d’amour pour nous.

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Frères et sœurs, lorsque la culpabilité et la tristesse nous oppressent, lorsque les choses ne vont pas bien, nous savons où regarder : vers les plaies de Jésus, prêt à nous pardonner avec son amour blessé et infini. Il connaît tes blessures, il connaît les blessures de ton pays, de ton peuple, de ta terre !

Ce sont des blessures qui brûlent, continuellement infectées par la haine et la violence, alors que le remède de la justice et le baume de l’espérance ne semblent jamais arriver.

Frère et sœur, Jésus souffre avec toi, il voit les blessures que tu portes en toi et désire te consoler et te guérir, en te présentant son Cœur blessé. Dieu répète à ton cœur les paroles qu’il a prononcées aujourd’hui par le prophète Isaïe : «Je le guérirai, je le conduirai, je le comblerai de consolations» (Is 57, 18).

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Ensemble, aujourd’hui, nous croyons qu’il y a toujours avec Jésus la possibilité d’être pardonné et de recommencer, et aussi trouver la force de pardonner à soi-même, aux autres et à l’histoire ! C’est ce que le Christ veut : nous oindre de son pardon pour nous donner la paix et le courage de pardonner à notre tour, le courage d’accomplir une grande amnistie du cœur.

Comme il nous est bon de purifier nos cœurs de la colère, des remords, de tout ressentiment et de toute rancœur ! Bien-aimés, que ce jour soit un temps de grâce pour accueillir et vivre le pardon de Jésus ! Qu’il soit l’occasion pour toi, qui portes un lourd fardeau dans ton cœur dont tu as besoin de te débarrasser, de recommencer à respirer.

Et qu’il soit un moment propice pour toi, qui t’affirmes chrétien dans ce pays mais qui commets des violences. À toi le Seigneur dit : « Dépose tes armes, embrasse la miséricorde ». Et à tous les blessés et opprimés de ce peuple, il dit : « N’ayez pas peur de mettre vos blessures dans les miennes, vos plaies dans mes plaies.

Faisons-le, frères et sœurs; n’ayez pas peur de sortir le Crucifix de votre col et de vos poches, de le prendre dans les mains et de le porter sur le cœur pour partager vos blessures avec celles de Jésus. De retour à la maison, prenez le Crucifix que vous avez et embrassez-le. Donnons au Christ la possibilité de guérir nos cœurs, jetons en Lui le passé, toutes les peurs, toutes les angoisses.

Comme c’est beau d’ouvrir les portes du cœur et celles de la maison à sa paix ! Et pourquoi ne pas écrire dans vos chambres, sur vos vêtements, à l’extérieur de vos maisons, cette parole : Paix à vous ! Exhibez-la, elle sera une prophétie pour le pays, une bénédiction du Seigneur sur ceux que vous rencontrez. Paix à vous: laissons-nous pardonner par Dieu et pardonnons-nous les uns les autres!

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Voyons maintenant la deuxième source de paix : la communauté. Jésus ressuscité ne s’adresse pas à des disciples individuellement, mais il les rencontre ensemble. Il leur parle au pluriel et il donne sa paix à la première communauté. Il n’y a pas de christianisme sans communauté, tout comme il n’y a pas de paix sans fraternité. Mais en tant que communauté, où marcher, où aller pour trouver la paix ?

Regardons à nouveau les disciples. Avant Pâques, ils suivaient Jésus mais ils raisonnaient encore de manière trop humaine. Ils espéraient un Messie conquérant qui aurait chassé les ennemis, qui aurait accompli des prodiges et des miracles, qui aurait augmenté leur prestige et leur succès.

Mais ces désirs mondains les ont laissés les mains vides, pire, ils ont retiré à la communauté la paix en générant des discussions et des oppositions (cf. Lc 9, 46 ; 22, 24). Pour nous aussi, il y a ce risque : être ensemble mais avancer seul en cherchant dans la société – mais aussi dans l’Église – le pouvoir, la carrière, les ambitions…

Or de cette manière, l’on suit son propre moi au lieu du vrai Dieu, et l’on finit comme les disciples : enfermé chez soi, vide d’espérance et rempli de peur et de désillusions. Mais voici qu’à Pâques ils retrouvent le chemin de la paix grâce à Jésus qui souffle sur eux et dit : «Recevez l’Esprit Saint» (Jn 20, 22).

Grâce à l’Esprit Saint ils ne considèreront plus ce qui les divise mais ce qui les unit ; ils iront dans le monde non plus pour eux-mêmes, mais pour les autres ; non pas pour avoir de la visibilité mais pour donner de l’espérance; non pas pour gagner l’approbation mais pour dépenser leur vie avec joie pour le Seigneur et pour les autres.

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Frères et sœurs, le danger pour nous est de suivre l’esprit du monde plutôt que celui du Christ. Et quel est le moyen de ne pas tomber dans les pièges du pouvoir et de l’argent, de ne pas céder aux divisions, aux flatteries du carriérisme qui rongent la communauté, aux fausses illusions du plaisir et de la sorcellerie qui renferment en soi-même ?

Le Seigneur nous le suggère à nouveau par l’intermédiaire du prophète Isaïe, en disant: «Je suis avec qui est broyé, humilié dans son esprit, pour ranimer l’esprit des humiliés, pour ranimer le cœur de ceux qu’on a broyés» (Is 57, 15). Le moyen c’est de partager avec les pauvres : voilà le meilleur antidote contre la tentation de nous diviser et de devenir mondains.

Avoir le courage de regarder les pauvres et de les écouter car ils sont des membres de notre communauté, et non pas des étrangers à ôter de notre vue et de notre conscience. Ouvrir notre cœur aux autres, au lieu de le fermer sur nos problèmes ou sur nos vanités.

Repartons des pauvres et nous découvrirons que nous partageons tous une pauvreté intérieure; que nous avons tous besoin de l’Esprit de Dieu pour nous libérer de l’esprit du monde ; que l’humilité est la grandeur du chrétien et la fraternité sa vraie richesse.

Croyons en la communauté et, avec l’aide de Dieu, édifions une Église vide d’esprit mondain mais remplie d’Esprit Saint, libre de toute richesse pour soi-même et pleine d’amour fraternel !

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Enfin, nous en arrivons à la troisième source de la paix : la mission. Jésus dit aux disciples : «De même que le Père m’a envoyé, moi aussi, je vous envoie » (Jn 20, 21). Il nous envoie comme le Père l’a envoyé. Et comment le Père l’a-t-il envoyé dans le monde ? Il l’a envoyé pour servir et donner sa vie pour l’humanité (cf. Mc 10, 45), pour manifester sa miséricorde pour chacun (cf. Lc 15), pour chercher ceux qui sont loin (cf. Mt 9, 13).

En un mot, il l’a envoyé pour tous : pas seulement pour les justes, mais pour tous. En ce sens, les paroles d’Isaïe résonnent à nouveau : «Paix! La paix à celui qui est loin, et à celui qui est proche! – dit le Seigneur» (Is 57, 19). À ceux qui sont loin d’abord, et aux proches : pas seulement aux « nôtres », mais à tous.

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Frères et sœurs, nous sommes appelés à être des missionnaires de paix, et cela nous donnera la paix.

C’est un choix: c’est faire de la place dans nos cœurs pour tous, c’est croire que les différences ethniques, régionales, sociales, religieuses et culturelles viennent après et ne sont pas des obstacles; croire que les autres sont des frères et des sœurs, membres de la même communauté humaine ; croire que tous sont destinataires de la paix apportée dans le monde par Jésus.

C’est croire que nous, chrétiens, nous sommes appelés à collaborer avec tous, à briser le cercle de la violence, à démanteler les complots de la haine.

Oui, les chrétiens, envoyés par le Christ, sont appelés par définition à être la conscience de paix du monde : non seulement des consciences critiques, mais surtout des témoins d’amour ; non pas ceux qui revendiquent leurs droits mais à ceux de l’Évangile que sont la fraternité, l’amour et le pardon ; non pas ceux qui cherchent leurs intérêts, mais des missionnaires de l’amour fou que Dieu a pour chaque être humain.

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Jésus dit aujourd’hui à chaque famille, communauté, groupe ethnique, quartier et ville de ce grand pays: la Paix soit avec vous. La Paix soit avec vous : que ces paroles de notre Seigneur résonnent dans nos cœurs, en silence. Sentons qu’elles s’adressent à nous et choisissons d’être des témoins du pardon, des acteurs dans la communauté, des personnes en mission de paix dans le monde.

Moto azalí na matói ma koyóka [Celui qui a des oreilles pour entendre] R/Ayoka [Qu’il entende]

Moto azalí na motéma mwa kondima [Celui qui a le cœur pour consentir] R/An R/Andima [Qu’il consente]


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