Action de grâce pour la libération de la mort

Action de grâce pour la libération de la mort

Lecture:  Psaume 29

1. Une intense et douce action de grâce s’élève vers Dieu du cœur de l’orant, une fois dissipé en lui le cauchemar de la mort. Tel est le sentiment qui ressort avec force du Psaume 29, qui vient de retentir non seulement à nos oreilles, mais sans aucun doute également dans nos coeurs.

Cet hymne de gratitude possède une grande finesse littéraire et repose sur une série de contrastes qui expriment de façon symbolique la libération obtenue du Seigneur.

Ainsi, à la phrase « tu as tiré mon âme du shéol » s’oppose « me ranimant d’entre ceux qui descendent à la fosse » (v. 4); la « colère d’un instant », manifestée par Dieu, est suivie de « sa faveur pour la vie » (v. 6); aux « pleurs » du soir suit la « joie » du matin (ibid.); la « danse » succède au « deuil », le vêtement d' »allégresse » au « sac » revêtu en signe de deuil (v. 12).

Une fois passée la nuit de la mort, naît donc l’aube d’un jour nouveau. C’est pourquoi la tradition chrétienne a lu ce Psaume comme un chant pascal. C’est ce qu’atteste la citation d’ouverture, que l’édition du texte liturgique des Vêpres reprend d’un grand auteur monastique du IV siècle, Jean Cassien:  « Le Christ rend grâce au Père pour sa résurrection glorieuse ».

2. L’orant s’adresse à plusieurs reprises au « Seigneur » – pas moins de huit fois -, que ce soit pour annoncer qu’il le louera (cf. vv. 2 et 13), ou pour rappeler le cri lancé vers Lui au moment de l’épreuve (cf. vv. 3 et 9) et son intervention libératrice (cf. vv. 2.3.4.8.12), ou encore pour invoquer à nouveau sa miséricorde (cf. v. 11). Dans un autre passage, l’orant invite les fidèles à chanter des hymnes au Seigneur pour Lui rendre grâce (cf. v. 5).

Les sensations oscillent constamment entre le souvenir terrible du cauchemar traversé et la joie de la libération. Certes, le danger auquel il a échappé est grave et réussit encore à faire frissonner; le souvenir de la souffrance passée est encore net et vif; les larmes n’ont été séchées des yeux que depuis peu. Mais désormais pointe l’aube d’un jour nouveau; la mort a laissé place à la perspective de la vie qui continue.

3. Le Psaume démontre ainsi que nous ne devons jamais nous laisser entraîner dans l’enchevêtrement obscur du désespoir, lorsqu’il semble que tout est désormais perdu. Bien sûr, il ne faut pas non plus tomber dans l’illusion que l’on peut se sauver tout seul, par ses propres moyens. En effet, le Psalmiste est tenté par l’orgueil et l’idée de se suffire à lui-même:  « Moi, j’ai dit dans mon bonheur:  Rien à jamais ne m’ébranlera! » (v. 7).

Les Pères de l’Église se sont eux aussi arrêtés sur cette tentation qui s’insinue dans les moments de bien-être, et ils ont vu dans l’épreuve un rappel divin à l’humilité.

C’est par exemple le cas de Fulgence, Evêque de Ruspe (467-532), dans son Epistola 3, adressée à la religieuse Proba, où il commente le passage du Psaume par ces mots:  « Le Psalmiste confessait que parfois il s’enorgueillissait d’être sain, comme s’il s’agissait d’une de ses vertus, et qu’en cela il avait compris que se trouvait le danger d’une très grave maladie. Il dit en effet:  … »Moi,  j’ ai dit dans mon bonheur:  Rien à jamais ne m’ébranlera! »

Mais puisqu’en disant cela, il avait été abandonné par le soutien de la grâce divine et, troublé, était tombé dans la maladie, il poursuit en disant:  « Yahvé, ta faveur m’a fixé sur de fortes montagnes; tu caches ta face, je suis bouleversé ». En outre, pour montrer que l’aide de la grâce divine, bien qu’on la possède déjà, doit toutefois être invoquée humblement sans interruption,  il  ajoute encore:  « Vers toi, Yahvé, j’appelle, à mon Dieu je demande pitié ».

Par ailleurs, personne n’élève sa prière et n’avance des requêtes sans reconnaître avoir commis des fautes, et personne ne considère pouvoir conserver ce qu’il possède en ne comptant que sur sa propre vertu » (Fulgence de Ruspe, Les lettres, Rome 1999, p. 113).

4. Après avoir confessé la tentation de l’orgueil qu’il a éprouvée au temps de sa prospérité, le Psalmiste rappelle l’épreuve qui a suivi, en disant au Seigneur:  « Tu caches ta face, je suis bouleversé » (v. 8).

L’orant rappelle alors de quelle manière il a imploré le Seigneur (cf. vv. 9-11):  il a crié, demandé de l’aide, supplié d’être préservé de la mort, en donnant comme raison que la mort n’apporte aucun avantage à Dieu, car les morts ne sont plus en mesure de louer Dieu et n’ont plus aucun motif de proclamer la fidélité à Dieu, ayant été abandonnés par lui.

Nous retrouvons la même argumentation dans le Psaume 87, dans lequel l’orant, proche de la mort, demande à Dieu:  « Parle-t-on de ton amour dans la tombe, de ta vérité au lieu de perdition? » (Ps 87, 12). De même, le roi Ézéchias, gravement malade puis guéri, disait à Dieu:  « Ce n’est pas le shéol qui te loue, ni la mort qui te célèbre… Le vivant, le vivant lui seul te loue » (Is 38, 18-19).

C’est ainsi que l’Ancien Testament exprimait l’intense désir humain d’une victoire de Dieu sur la mort et rapportait de nombreux cas dans lesquels cette victoire avait été obtenue:  des personnes menacées de mourir de faim dans le désert, des prisonniers ayant échappé à la peine de mort, des malades guéris, des marins sauvés du naufrage (cf. Ps 106, 4-32).

Il s’agissait cependant de victoires qui n’étaient pas définitives. Tôt ou tard, la mort réussissait toujours à l’emporter.

Malgré tout, l’aspiration à la victoire a toujours été conservée et est devenue, à la fin, une espérance de résurrection. La satisfaction de cette puissante aspiration a été pleinement assurée à travers la résurrection du Christ, pour laquelle nous n’aurons jamais fini de rendre grâce à Dieu.

Saint JEAN-PAUL II – AUDIENCE GÉNÉRALE Mercredi 12 mai 2004


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Les parents se rapprochent de Dieu en pardonnant toujours avec joie

Les parents se rapprochent de Dieu en pardonnant toujours avec joie

Commentant la parabole du fils prodigue lors de sa catéchèse du 4ème dimanche du Carême, dimanche 27 mars, le Pape François a médité sur l’importance d’être solidaire de ceux qui sont sur le chemin de la repentance, mais également sur le besoin de se réjouir de la conversion du prochain, «car le bien de l’autre est aussi le mien». Après la prière de l’angélus, le Pape a de nouveau appelé à la paix en Ukraine, dénonçant une guerre cruelle et insensée.

 

PAPE FRANÇOIS

ANGÉLUS

Place Saint-Pierre
Dimanche 20 mars 2022

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Chers frères et sœurs, bon dimanche, bonjour !

L’Évangile de la liturgie de ce dimanche raconte la parabole dite du fils prodigue (cf. Lc 15, 11-32). Cela nous amène au cœur de Dieu, qui pardonne toujours avec compassion et tendresse, toujours. Dieu pardonne toujours, c’est nous qui nous lassons de demander pardon mais Il pardonne toujours.

Il nous dit que Dieu est Père, qui non seulement accueille à nouveau, mais se réjouit et célèbre son fils, qui est revenu à la maison après avoir dilapidé tous ses biens. Nous sommes ce fils, et c’est émouvant de penser à quel point le Père nous aime toujours et nous attend.

Mais dans la même parabole, il y a aussi le fils aîné, qui entre en crise devant ce Père. Et cela peut aussi nous mettre en crise. En fait, en nous il y a aussi ce fils aîné et, au moins en partie, nous sommes tentés d’être d’accord avec lui : il avait toujours fait son devoir, il n’était pas sorti de chez lui, alors il s’indigne de voir le Père étreindre son frère encore une fois, il s’est mal conduit.

Il proteste et dit : « Je t’ai servi pendant tant d’années et je n’ai jamais désobéi à tes ordres », au contraire pour « ce fils à toi » tu fais même la fête ! (v. 29-30). « Je ne vous comprends pas ». C’est l’indignation du fils aîné.

De ces mots émerge le problème du fils aîné. Dans la relation avec le Père, il fonde tout sur la pure observance des commandements, sur le sens du devoir. Ça peut aussi être notre problème, notre problème entre nous et avec Dieu : perdre de vue qu’il est Père et vivre une religion lointaine, faite d’interdits et de devoirs.

Et la conséquence de cet éloignement est la rigidité vis-à-vis du voisin, qui ne se considère plus comme un frère. En effet, dans la parabole, le fils aîné ne dit pas mon frère au Père, non, ton fils dit, comme pour dire : il n’est pas mon frère. Et à la fin, lui-même risque d’être exclu de la maison. En effet – dit le texte – « il ne voulait pas entrer » (v. 28). Parce qu’il y avait l’autre.

Voyant cela, le Père sort pour le supplier : « Mon fils, tu es toujours avec moi et tout ce qui est à moi est à toi » (v. 31). Essayez de lui faire comprendre que pour lui chaque enfant est toute sa vie. Les parents le savent bien, ils frôlent le sentiment de Dieu. C’est beau ce qu’un père dit dans un roman : « Quand je suis devenu père, j’ai compris Dieu » (H. de Balzac, Le Père Goriot, Milan 2004, 112 ).

À ce point de la parabole, le Père ouvre son cœur au fils aîné et exprime deux besoins, qui ne sont pas des commandements, mais des besoins du cœur : « Nous avons dû nous réjouir et nous réjouir, parce que ton frère était mort et est venu à la vie » (v. 32). Voyons si nous aussi avons dans notre cœur les deux besoins du Père : célébrer et se réjouir.

Tout d’abord, pour célébrer, c’est-à-dire pour montrer notre proximité à ceux qui se repentent ou sont en route, à ceux qui sont en crise ou éloignés. Pourquoi devrions-nous faire cela ? Parce que cela aidera à surmonter la peur et le découragement, qui peuvent provenir du souvenir de ses péchés.

Ceux qui se sont trompés se sentent souvent reprochés par leur propre cœur ; la distance, l’indifférence et les paroles acerbes n’aident pas. Il faut donc, selon le Père, lui offrir un accueil chaleureux, qui l’encourage à aller de l’avant. « Mais le papa, il en a fait tant ! » : accueil chaleureux. Et nous ? On cherche qui est loin, on veut faire la fête avec lui ?

Que de bien peut faire un cœur ouvert, une écoute vraie, un sourire transparent ; fête, ne vous mettez pas mal à l’aise ! Le père pourrait dire : OK ! fils, rentre à la maison, retourne travailler, va dans ta chambre, installe-toi et mets-toi au travail ! Et ça aurait été un bon pardon. Main! Dieu ne peut pas pardonner sans célébrer ! Et le père célèbre, pour la joie qu’il a parce que son fils est revenu.

Et puis, selon le Père, il faut se réjouir. Quiconque a un cœur accordé à Dieu se réjouit quand il voit la repentance d’une personne, peu importe la gravité de ses erreurs. Il ne reste pas ferme sur les erreurs, il ne pointe pas du doigt le mal, mais se réjouit du bien, car le bien de l’autre est aussi le mien ! Et nous, savons-nous voir les autres comme ça?

Je me permets de raconter une histoire, fausse, mais qui montre le cœur du père. Il y a eu un opéra pop, il y a trois ou quatre ans, sur le thème du fils prodigue, avec toute l’histoire. Et à la fin, quand ce fils décide de retourner chez son père, il confronte un ami et lui dit : « Tu sais, j’ai peur que mon père me rejette, qu’il ne me pardonne pas ».

Et son ami lui conseille : « Envoie une lettre à ton papa et dis-lui : « Père, je suis repentant, je veux rentrer à la maison, mais je ne sais pas si tu seras heureux. Si vous voulez me recevoir, veuillez mettre un mouchoir blanc à la fenêtre ».

Et puis le voyage a commencé. Et quand il était près de chez lui, là où la route faisait le dernier virage, il faisait face à sa maison. Et qu’a-t-il vu ? Pas un mouchoir : c’était plein de mouchoirs blancs, les fenêtres, tout ! Le Père nous reçoit ainsi, avec plénitude, avec joie. C’est notre Père!

Savons-nous nous réjouir pour les autres ? Que la Vierge Marie nous enseigne à accueillir la miséricorde de Dieu, afin qu’elle devienne la lumière dans laquelle regarder notre prochain.

Après l’Angélus

Chers frères et sœurs !

Plus d’un mois s’est écoulé depuis le début de l’invasion de l’Ukraine, depuis le début de cette guerre cruelle et insensée qui, comme toute guerre, représente une défaite pour tous, pour nous tous. Il faut renier la guerre, un lieu de mort où les pères et les mères enterrent leurs enfants, où les hommes tuent leurs frères sans même les avoir vus, où les puissants décident et les pauvres meurent.

La guerre dévaste non seulement le présent, mais aussi l’avenir d’une société. J’ai lu qu’un enfant sur deux a été déplacé du pays depuis le début de l’attaque contre l’Ukraine. Cela signifie détruire l’avenir, provoquer un traumatisme dramatique chez le plus petit et le plus innocent d’entre nous. Voilà la bestialité de la guerre, un acte barbare et sacrilège !

La guerre ne peut pas être une fatalité : il ne faut pas s’habituer à la guerre ! Au lieu de cela, nous devons convertir l’indignation d’aujourd’hui en engagement de demain. Car, si nous sortons de cette histoire comme avant, nous serons tous coupables d’une certaine manière. Face au danger d’autodestruction, l’humanité comprend que le moment est venu d’abolir la guerre, de l’effacer de l’histoire humaine avant que ce soit elle qui efface l’homme de l’histoire.

Je prie pour que chaque dirigeant politique y réfléchisse, s’y engage ! Et, en regardant l’Ukraine tourmentée, comprendre que chaque jour de guerre la situation s’aggrave pour tout le monde. C’est pourquoi je renouvelle mon appel : ça suffit, arrêtez, taisez-vous, agissons sérieusement pour la paix !

Prions à nouveau, sans nous lasser, la Reine de la Paix, à qui nous avons consacré l’humanité, en particulier la Russie et l’Ukraine, avec une grande et intense participation, dont je vous remercie tous. Prions ensemble. Avé Maria…

Je vous salue tous, Romains et pèlerins d’Italie et de divers pays. En particulier, je salue les fidèles du Mexique, de Madrid et de León ; des étudiants de Pampelune et de Huelva et des jeunes de divers pays qui ont effectué un stage à Loppiano.

Je salue les paroissiens de Nostra Signora di Valme à Rome et ceux de San Giorgio in Bosco, Bassano del Grappa et Gela ; les confirmands de Frascati et le groupe « Amici di Zaccheo » de Reggio Emilia ; ainsi que le Comité Promoteur de la Marche de la Paix et de la Fraternité Pérouse-Assise, qui est venu avec un écolier renouveler l’engagement en faveur de l’éducation pour la paix.

Je salue les participants au Marathon de Rome ! Cette année, à l’initiative de « Athletica Vaticana », de nombreux athlètes se sont impliqués dans des initiatives de solidarité avec les personnes qui vivent dans le besoin dans la ville. Je vous félicite!

Il y a tout juste deux ans, depuis cette place, nous avons lancé le plaidoyer pour la fin de la pandémie. Aujourd’hui, nous l’avons fait pour la fin de la guerre en Ukraine. En sortant de la place, il vous sera offert un livre gratuit, produit par la Commission vaticane Covid-19 avec le Dicastère pour la communication, pour vous inviter à prier dans les moments difficiles, sans crainte, en ayant toujours foi au Seigneur.

Je souhaite à tous un bon dimanche et n’oubliez pas de prier pour moi. Bon déjeuner et au revoir.


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Texte traduit par l’Association de la Médaille Miraculeuse

Par Marie, nous entrons dans le plan divin de paix pour le monde

Par Marie, nous entrons dans le plan divin de paix pour le monde

En la solennité de l’Annonciation, coïncidant cette année avec le début de l’initiative «24 heures pour le Seigneur», le Pape François a célébré ce 25 mars une célébration pénitentielle en la Basilique Saint-Pierre, suivie d’un acte spirituel fort: la consécration au Cœur Immaculé de l’Ukraine et de la Russie. Dans son homélie, le Saint-Père a parlé du sens de la confession, «le sacrement de la joie», mais aussi de cette consécration, à la lumière de l’Évangile de l’Annonciation.

 

CÉLÉBRATION DE LA PÉNITENCE
ET ACTE DE CONSÉCRATION AU CŒUR IMMACULÉ DE MARIE

HOMÉLIE DU SAINT-PÈRE FRANÇOIS

Basilique Saint-Pierre
vendredi 25 mars 2022

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Dans l’évangile d’aujourd’hui de la solennité d’aujourd’hui, l’ange Gabriel parle trois fois et s’adresse à la Vierge Marie.

La première fois, en la saluant, il dit : « Réjouis-toi, pleine de grâce : le Seigneur est avec toi » (Lc 1, 28). La raison de se réjouir, la raison de la joie, se révèle en quelques mots : le Seigneur est avec vous. Frère, sœur, aujourd’hui tu peux entendre ces paroles qui s’adressent à toi, à chacun de nous; tu peux les faire tiennes chaque fois que tu t’approches du pardon de Dieu, car là le Seigneur te dit : « Je suis avec toi ».

C’est Lui qui nous visite

Trop souvent nous pensons que la Confession consiste à aller à Dieu la tête inclinée. Mais ce n’est pas d’abord nous qui retournons au Seigneur ; c’est lui qui vient nous visiter, nous combler de sa grâce, nous réjouir de sa joie. Se confesser, c’est donner au Père la joie de se relever. Au centre de ce que nous vivrons il n’y a pas nos péchés, ils seront là, mais ils ne sont pas au centre; son pardon : c’est le centre.

Essayons d’imaginer si au centre du sacrement il y avait nos péchés : presque tout dépendrait de nous, de notre repentir, de nos efforts, de nos engagements. Mais non, au centre c’est Lui, qui nous libère et nous remet sur pied.

Rendons le primat à la grâce et demandons le don de comprendre que la Réconciliation n’est pas d’abord notre pas vers Dieu, mais son étreinte qui nous enveloppe, nous émerveille, nous émeut. C’est le Seigneur qui, comme à Nazareth de Marie, entre dans notre maison et apporte un émerveillement et une joie jusque-là inconnus : la joie du pardon.

Mettons la perspective de Dieu au premier plan : nous reviendrons pour aimer la Confession. Nous en avons besoin, parce que toute renaissance intérieure, tout tournant spirituel part d’ici, du pardon de Dieu.Ne négligeons pas la Réconciliation, mais redécouvrirons-la comme sacrement de la joie.

Oui, le sacrement de la joie, où le mal qui nous fait honte devient l’occasion de faire l’expérience de l’étreinte chaleureuse du Père, de la douce force de Jésus qui nous guérit, de la « tendresse maternelle » de l’Esprit Saint. C’est le cœur de la Confession.

Et puis, chers frères et sœurs, continuons à recevoir le pardon. Vous, frères qui administrez le pardon de Dieu, soyez ceux qui offrent à ceux qui s’approchent la joie de cette annonce : Réjouissez-vous, le Seigneur est avec vous. Pas de raideur, s’il vous plaît, pas d’obstacles, pas d’inconfort ; portes ouvertes à la miséricorde !

Surtout dans la Confession, nous sommes appelés à personnifier le Bon Pasteur qui ramasse ses brebis et les caresse ; nous sommes appelés à être des canaux de grâce qui versent l’eau vive de la miséricorde du Père dans la sécheresse du cœur. Si un prêtre n’a pas cette attitude, s’il n’a pas ces sentiments dans son cœur, il vaut mieux qu’il ne se confesse pas.

Se tourner vers Dieu avec confiance

Pour la deuxième fois, l’Ange parle à Marie. A elle, troublé par l’accueil reçu, il dit : « N’aie pas peur » (v. 30). Premièrement : « Le Seigneur est avec vous » ; deuxième mot : « N’ayez pas peur ».

Dans l’Écriture, lorsque Dieu se présente à ceux qui l’accueillent, il aime dire ces deux mots : n’ayez pas peur. Il les dit à Abraham (cf. Gn 15, 1), il les répète à Isaac (cf. Gn 26, 24), à Jacob (cf. Gn 46, 3) et ainsi de suite, jusqu’à Joseph (cf. n’aie pas peur, n’ai pas peur.

Il nous envoie ainsi un message clair et consolant : chaque fois que la vie s’ouvre à Dieu, la peur ne peut plus nous retenir en otage. Parce que la peur nous tient en otage. Toi, sœur, frère, si tes péchés t’effrayent, si ton passé t’inquiète, si tes blessures ne guérissent pas, si les chutes continues te démoralisent et que tu sembles avoir perdu espoir, s’il te plaît, n’aie pas peur.

Dieu connaît vos faiblesses et est plus grand que vos erreurs. Dieu est plus grand que nos péchés : Il est bien plus grand ! Une chose qu’il vous demande : vos fragilités, vos misères, ne les gardez pas en vous ; Amenez-les à Lui, déposez-les en Lui, et de motifs de désolation ils deviendront des occasions de résurrection. N’ai pas peur! Le Seigneur nous demande pour nos péchés.

Je me souviens de l’histoire de ce moine du désert, qui avait tout donné à Dieu, tout, et mené une vie de jeûne, de pénitence, de prière. Le Seigneur lui a demandé plus. « Seigneur, je t’ai tout donné », dit le moine, « que manque-t-il ? ». « Donnez-moi vos péchés ». Alors le Seigneur nous demande. N’ai pas peur.

La Vierge Marie nous accompagne : elle-même a jeté son trouble en Dieu, l’annonce de l’Ange lui a donné de sérieux motifs de crainte. Il lui proposa quelque chose d’impensable, qui dépassait ses forces et qu’elle ne pouvait gérer seule : il y aurait trop de difficultés, de problèmes avec la loi mosaïque, avec Joseph, avec les gens de son pays et son peuple. Ce sont là des difficultés : n’ayez pas peur.

Mais Marie ne soulève aucune objection. Ne pas avoir peur lui suffit, le réconfort de Dieu lui suffit, elle s’accroche à Lui, comme nous voulons le faire ce soir. Parce que nous faisons souvent le contraire : nous partons de nos certitudes et ce n’est que lorsque nous les perdons que nous allons vers Dieu.

La Madone, par contre, nous enseigne à partir de Dieu, confiants qu’ainsi tout le reste sera qui nous est donné (cf. Mt 6, 33 ). Il nous invite à aller à la source, à aller au Seigneur, qui est le remède radical contre la peur et le mal de vivre.

Ceci est rappelé par une belle phrase, reproduite au-dessus d’un confessionnal ici au Vatican, qui s’adresse à Dieu par ces mots : « S’éloigner de Toi c’est tomber, revenir à Toi c’est se relever, demeurer en Toi c’est exister » (cf. Saint Augustin, Soliloque I, 3).

Ces jours-ci, des nouvelles et des images de mort continuent d’entrer dans nos maisons, tandis que des bombes détruisent les maisons de beaucoup de nos frères et sœurs ukrainiens non armés. La guerre brutale, qui a frappé beaucoup et fait souffrir tout le monde, provoque la peur et la consternation en chacun.

Nous ressentons un sentiment d’impuissance et d’insuffisance à l’intérieur. On a besoin qu’on nous dise « n’ayez pas peur ». Mais la réassurance humaine ne suffit pas, il faut la présence de Dieu, la certitude du pardon divin, le seul qui annule le mal, désamorce le ressentiment, redonne la paix au cœur. Revenons à Dieu, revenons à son pardon.

Invoquer l’Esprit Saint

Pour la troisième fois, l’Ange reprend la parole. Maintenant, il dit à Notre-Dame : « Le Saint-Esprit viendra sur vous » (Lc 1, 35). « Le Seigneur est avec vous »; « N’ai pas peur »; et le troisième mot est « le Saint-Esprit viendra sur vous ». C’est ainsi que Dieu intervient dans l’histoire : en donnant son propre Esprit. Parce que dans ce qui compte, notre force ne suffit pas.

Nous sommes seuls incapables de résoudre les contradictions de l’histoire ou même celles de notre cœur. Nous avons besoin de la force sage et douce de Dieu, qui est le Saint-Esprit. Nous avons besoin de l’Esprit d’amour, qui dissout la haine, éteint le ressentiment, éteint l’avidité, nous réveille de l’indifférence. Cet Esprit qui nous donne l’harmonie, parce qu’il est l’harmonie.

Nous avons besoin de l’amour de Dieu car notre amour est précaire et insuffisant. Nous demandons tant de choses au Seigneur, mais nous oublions souvent de lui demander ce qui est le plus important et ce qu’Il veut nous donner : l’Esprit Saint, c’est-à-dire la force d’aimer. Sans amour, en effet, qu’offrirons-nous au monde ?

Quelqu’un a dit qu’un chrétien sans amour est comme une aiguille qui ne coud pas : ça pique, ça fait mal, mais si ça ne coud pas, si ça ne tisse pas, si ça n’unit pas, ça ne sert à rien. J’ose dire : il n’est pas chrétien. Pour cela, il faut puiser la puissance de l’amour dans le pardon de Dieu, puiser le même Esprit qui est descendu sur Marie.

Car, si nous voulons que le monde change, notre cœur doit d’abord changer. Pour ce faire, aujourd’hui, laissons-nous prendre par la main de Notre-Dame. Nous regardons vers son Cœur Immaculé, où Dieu s’est reposé, vers l’unique Cœur d’une créature humaine sans ombres.

Elle est « pleine de grâce » (v. 28), et donc vide de péché : en elle il n’y a aucune trace de mal et donc avec elle Dieu a pu commencer une nouvelle histoire de salut et de paix. Là, l’histoire a pris un tournant. Dieu a changé l’histoire en frappant sur le Cœur de Marie.

Pas une « formule magique »

Et aujourd’hui nous aussi, renouvelés par le pardon, frappons à ce Cœur. En union avec les Évêques et les fidèles du monde, je désire solennellement apporter au Cœur Immaculé de Marie tout ce que nous vivons : lui renouveler la consécration de l’Église et de toute l’humanité et lui consacrer, dans une manière particulière, le peuple ukrainien et le peuple russe, qui avec une affection filiale la vénèrent comme Mère.

Ce n’est pas une formule magique, non, ce n’est pas cela; mais c’est un acte spirituel. C’est le geste de la pleine confiance des enfants qui, dans la tribulation de cette guerre cruelle et de cette guerre insensée qui menace le monde, ont recours à la Mère. Comme les enfants, quand ils ont peur, ils vont vers leur mère pour pleurer, chercher protection.

Nous avons recours à la Mère, jetant la peur et la douleur dans son Cœur, nous abandonnant à elle. C’est déposer dans ce Cœur limpide et non contaminé, où Dieu se reflète, les biens précieux de la fraternité et de la paix, tout ce que nous avons et sommes, afin qu’elle, la Mère que le Seigneur nous a donnée, nous protège et nous garde.

De la bouche de Marie sort la plus belle phrase que l’Ange puisse rapporter à Dieu : « Qu’il me soit fait selon ta parole » (v. 38). Celui de Notre-Dame n’est pas une acceptation passive ou résignée, mais le vif désir d’adhérer à Dieu, qui a « des projets de paix et non de malheur » (Jr 29, 11). C’est la participation la plus étroite à son plan de paix mondial.

Nous nous consacrons à Marie pour entrer dans ce dessein, pour nous mettre à la pleine disposition des desseins de Dieu.La Mère de Dieu, après avoir dit son oui, entreprit un long voyage en montée vers une région montagneuse pour rendre visite à sa cousine enceinte (cf. 1.39 ). Elle est partie en hâte.

J’aime penser à Notre-Dame pressée, toujours comme ça, Notre-Dame qui se dépêche de nous aider, de nous protéger. Prenez notre chemin par la main aujourd’hui : guidez-le sur les chemins escarpés et fatigants de la fraternité et du dialogue, guidez-le sur le chemin de la paix.


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Texte traduit et présenté par l’Association de la Médaille Miraculeuse

La célébration s’est ensuite poursuivie avec le temps des confessions

puis l’acte de consécration au Cœur Immaculé de Marie. [page 2]

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