RENCONTRE AVEC JEUNES ET PERSONNES ÂGÉES AU CANADA

VOYAGE APOSTOLIQUE DU PAPE FRANÇOIS AU CANADA
(24 – 30 JUILLET 2022)

RENCONTRE AVEC JEUNES ET PERSONNES ÂGÉES

DISCOURS DU SAINT PÈRE

Parvis de l’école primaire à Iqaluit
vendredi 29 juillet 2022

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Chers frères et sœurs, bonsoir !

Je salue cordialement la gouverneure générale et vous tous, heureux de vous rencontrer. Je vous remercie pour vos paroles, ainsi que pour les chants, les danses et la musique, que j’ai tant appréciés !

Il y a peu, j’écoutais plusieurs d’entre vous, anciens élèves des pensionnats : merci pour ce que vous avez eu le courage de dire, partageant une grande souffrance, que je n’aurais pas imaginée.

Cela réveilla en moi l’indignation et la honte qui m’accompagnaient depuis des mois. Aujourd’hui encore, ici aussi, je voudrais vous dire que je suis très attristé et que je souhaite demander pardon pour le mal commis par de nombreux catholiques dans les écoles qui ont contribué aux politiques d’assimilation et de libération culturelles. Mamianak [je suis désolé].

Je me suis souvenu du témoignage d’un aîné, qui a décrit la beauté du climat qui régnait dans les familles autochtones avant l’avènement du système des pensionnats. Il a comparé cette saison, où grands-parents, parents et enfants se côtoient harmonieusement, au printemps, où les petits oiseaux chantent joyeusement autour de leur mère. Mais soudain – dit-il – le chant s’est arrêté : les familles ont été éclatées, les petits enlevés, loin de leur environnement ; l’hiver est tombé sur tout.

*

De tels propos, tout en causant de la douleur, suscitent aussi le scandale ; encore plus si nous les comparons à la Parole de Dieu, qui a commandé : « Honore ton père et ta mère, afin que tes jours se prolongent dans le pays que l’Éternel, ton Dieu, te donne » (Ex 20, 12). Cette possibilité n’existait pas pour beaucoup de vos familles, elle a disparu lorsque les enfants ont été séparés de leurs parents et que leur pays a été perçu comme dangereux et étranger.

Ces assimilations forcées évoquent une autre page biblique, l’histoire du juste Naboth (cf. 1 Rois, 21), qui ne voulut pas donner la vigne héritée de ses pères à ceux qui, en gouvernant, voulurent user de tous les moyens pour arracher cela de lui.

Et ces paroles fortes de Jésus viennent aussi à l’esprit contre ceux qui scandalisent les petits et ne méprisent qu’un seul d’entre eux (cf. Mt 18, 6.10). Qu’elle est mauvaise à rompre les liens entre parents et enfants, à blesser les affections les plus chères, à blesser et à scandaliser les plus petits !

*

Chers amis, nous sommes ici avec la volonté de voyager ensemble dans un voyage de guérison et de réconciliation qui, avec l’aide du Créateur, nous aidera à faire la lumière sur ce qui s’est passé et à surmonter le sombre passé. En parlant de vaincre les ténèbres, même maintenant, comme lors de notre réunion de fin mars, vous avez allumé le qulliq.

Elle, en plus de donner de la lumière pendant les longues nuits d’hiver, permettait, en diffusant la chaleur, de résister à la rigueur du climat : elle était donc indispensable pour vivre. Aujourd’hui encore, il reste un beau symbole de vie, d’une vie lumineuse qui ne s’abandonne pas à l’obscurité de la nuit. Ainsi es-tu, témoignage éternel d’une vie qui ne s’éteint jamais, d’une lumière qui brille et que personne n’a pu étouffer.

*

Je suis rempli de gratitude pour l’opportunité d’être ici au Nunavut, dans l’Inuit Nunangat. J’ai essayé d’imaginer, après notre rencontre à Rome, ces vastes lieux que vous habitez depuis des temps immémoriaux et qui pour d’autres seraient hostiles.

Vous avez su les aimer, les respecter, les chérir et les valoriser, en leur transmettant des valeurs fondamentales de génération en génération, telles que le respect des personnes âgées, un véritable sens de la fraternité et le souci de l’environnement. Il existe une belle et harmonieuse correspondance entre vous et la terre que vous habitez, car elle aussi est forte et résistante, et répond avec tant de lumière à l’obscurité qui l’enveloppe pendant la majeure partie de l’année.

Mais même cette terre, comme chaque personne et chaque population, est délicate et doit être entretenue. Prendre soin, transmettre : les jeunes y sont particulièrement appelés, soutenus par l’exemple des personnes âgées ! Prendre soin de la terre, prendre soin des gens, prendre soin de l’histoire.

*

Je voudrais donc m’adresser à vous, jeunes Inuits, avenir de cette terre et présent de son histoire. Je voudrais vous dire, en citant un grand poète : « Ce que vous avez hérité de vos pères, reconquérez-le si vous voulez vraiment le posséder » (J.W. von Goethe, Faust, I, Nacht). Il ne suffit pas de vivre de revenus, il faut récupérer ce qui a été reçu en cadeau.

N’ayez donc pas peur d’écouter et d’écouter les conseils des personnes âgées, d’embrasser votre histoire pour écrire de nouvelles pages, de vous passionner, de prendre position devant les faits et les gens, de vous impliquer ! Et pour t’aider à faire briller la lampe de ton existence, je voudrais aussi te donner trois conseils de grand frère.

La première : marcher vers le haut. Vous habitez ces vastes régions du nord. Puissent-ils vous rappeler votre vocation à tendre vers le haut, sans vous laisser entraîner vers le bas par ceux qui veulent vous faire croire qu’il vaut mieux ne penser qu’à vous et utiliser le temps dont vous disposez uniquement pour vos loisirs et vos intérêts.

Ami, tu n’es pas fait pour te débrouiller, pour passer les journées à concilier devoirs et plaisirs, tu es fait pour t’élancer vers les plus vrais et les plus beaux désirs que tu portes dans ton cœur, vers Dieu à aimer et ton prochain à servir. Ne pensez pas que les grands rêves de la vie sont des cieux inaccessibles.

Vous êtes fait pour prendre votre envol, pour embrasser le courage de la vérité et promouvoir la beauté de la justice, pour « élever votre tempérament moral, être compatissant, servir les autres et construire des relations » (cf. Inunnguiniq Iq Principes 3-4), pour semer la paix et prends soin d’où tu es; pour enflammer l’enthousiasme de ceux qui vivent à côté de vous; aller plus loin, pas tout niveler.

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Mais – me direz-vous peut-être – vivre comme ça est plus difficile que de voler. Bien sûr, ce n’est pas facile, car cette « gravité spirituelle » qui pousse à nous entraîner vers le bas, à paralyser les désirs, à affaiblir la joie est toujours aux aguets.

Alors, pensez à l’hirondelle arctique que nous appelons « charrán » : elle ne laisse pas les vents contraires ou les brusques changements de température l’empêcher d’aller d’un bout à l’autre de la terre ; il choisit parfois des chemins qui ne sont pas directs, accepte des détours, s’adapte à certains vents… mais garde toujours le but clair, va toujours vers la destination.

Vous rencontrerez des personnes qui tenteront de réinitialiser vos rêves, qui vous diront de vous contenter de peu, de ne vous battre que pour ce qui vous convient. Ensuite, vous vous demanderez : Pourquoi dois-je faire tout mon possible pour ce en quoi les autres ne croient pas ?

Et encore : comment puis-je décoller dans un monde qui semble descendre de plus en plus bas au milieu des scandales, des guerres, des tricheries, de l’absence de justice, de la destruction de l’environnement, de l’indifférence envers les plus faibles, des déceptions de la part de ceux qui devraient donner le ‘ Exemple? Face à ces questions, quelle est la réponse ?

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Je voudrais te dire, jeune homme, à toi, frère, jeune sœur : tu es la réponse. Toi, frère, toi, soeur. Non seulement parce que si vous abandonnez, vous avez déjà perdu depuis le début, mais parce que l’avenir est entre vos mains. La communauté qui vous a généré, l’environnement dans lequel vous vivez, l’espoir de vos pairs, de ceux qui, même sans vous le demander, attendent de vous le bien original et irremplaçable que vous pouvez entrer dans l’histoire, sont entre vos mains, car  » chacun de nous est unique » (voir Principe 5).

Le monde dans lequel vous vivez est la richesse dont vous avez hérité : aimez-le, comme celui qui vous a donné la plus grande vie et les plus grandes joies vous a aimé, comme Dieu vous aime, qui a créé pour vous ce qui est beau et ne cesse de vous faire confiance même pour un très bref instant. Il croit aux talents qu’il vous a donnés.

Chaque fois que vous le chercherez, vous comprendrez comment le chemin qui vous appelle à voyager tend toujours vers le haut. Vous le sentirez lorsque vous regarderez le ciel en priant et surtout lorsque vous regarderez le Crucifix. Vous comprendrez que Jésus de la croix ne vous pointe jamais du doigt, mais vous embrasse et vous encourage, car il croit en vous même lorsque vous avez cessé de croire en vous.

Alors ne perdez jamais espoir, battez-vous, donnez tout et vous ne le regretterez pas. Avancez sur votre chemin, « pas à pas vers le meilleur » (cf. Principe 6). Réglez le navigateur de votre existence vers un grand but, vers le haut !

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Le deuxième conseil : venez à la lumière. Dans les moments de tristesse et de désespoir, pensez au qulliq : il contient un message pour vous. Quel est? Que tu existes pour te révéler chaque jour. Pas seulement le jour de ta naissance, quand ça ne dépendait pas de toi, mais chaque jour.

Chaque jour vous êtes appelés à apporter une nouvelle lumière au monde, celle de vos yeux, de votre sourire, du bien que vous et vous seul pouvez y ajouter. Personne d’autre ne peut le faire. Mais, pour venir à la lumière, il faut lutter chaque jour avec les ténèbres.

Oui, il y a un affrontement quotidien entre la lumière et les ténèbres, qui ne se produit pas quelque part là-bas, mais à l’intérieur de chacun de nous. La voie de la lumière demande des choix de cœur courageux face aux ténèbres des mensonges, elle nous demande de « développer de bonnes habitudes pour bien vivre » (voir Principe 1), de ne pas chasser des traînées lumineuses qui disparaissent rapidement, des feux d’artifice qui ne laissent que de la fumée.

Ce sont des « illusions, des parodies de bonheur », comme disait saint Jean-Paul II ici au Canada : « Il n’y a peut-être pas de ténèbres plus profondes que celles qui s’insinuent dans l’âme des jeunes quand de faux prophètes éteignent en eux la lumière de la foi, de l’espérance , l’amour » (Homélie pour la XVIIe Journée mondiale de la Jeunesse, Toronto, 28 juillet 2002).

Frère, sœur, Jésus est proche de vous et souhaite éclairer votre cœur pour vous faire venir à la lumière. Il a dit : « Je suis la lumière du monde » (Jn 8, 12), mais il a aussi dit à ses disciples : « Vous êtes la lumière du monde » (Mt 5, 14). Par conséquent, vous aussi vous êtes la lumière du monde et vous le deviendrez de plus en plus, si vous vous battez pour ôter de votre cœur les tristes ténèbres du mal.

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Pour apprendre à le faire, il existe un art continu d’apprendre, qui nécessite « de surmonter les difficultés et les contradictions par une recherche continue de solutions » (voir Principe 2). C’est l’art de séparer chaque jour la lumière des ténèbres. Pour créer un monde bon, dit la Bible, Dieu a commencé ainsi, séparant la lumière des ténèbres (cf. Gn 1, 4).

Nous aussi, si nous voulons devenir meilleurs, nous devons apprendre à distinguer la lumière des ténèbres. Où allons-nous commencer? Vous pouvez commencer par vous demander : qu’est-ce qui m’apparaît brillant et séduisant, mais qui me laisse ensuite un grand vide ? C’est l’obscurité ! Qu’est-ce qui, en revanche, est bon pour moi et me laisse la paix dans mon cœur, même s’il me demande d’abord de sortir de certains conforts et de dominer certains instincts ? C’est léger !

Et – je me demande encore – quelle est la force qui nous permet de séparer la lumière des ténèbres en nous, qui nous fait dire « non » aux tentations du mal et « oui » aux opportunités du bien ? C’est la liberté. La liberté qui ne consiste pas à faire tout ce que je veux et aime ; ce n’est pas ce que je peux faire malgré les autres, mais pour les autres ; ce n’est pas une volonté totale, mais une responsabilité. La liberté est le plus grand cadeau que notre Père céleste nous ait fait avec la vie.

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Enfin, le troisième conseil : faites équipe. Les jeunes font de grandes choses ensemble, pas seuls. Parce que vous, les jeunes, vous êtes comme les étoiles dans le ciel, qui brillent ici d’une manière merveilleuse : leur beauté vient de l’ensemble, des constellations qu’elles composent, et qui éclairent et orientent les nuits du monde. Toi aussi, appelés vers les hauteurs du ciel et à briller sur la terre, tu es fait pour briller ensemble.

Il faut permettre aux jeunes de se regrouper, de rester en mouvement : ils ne peuvent pas passer leurs journées isolés, pris en otage par un téléphone ! La grande glace de ces terres me rappelle le sport national du Canada, le hockey sur glace. Comment le Canada parvient-il à obtenir toutes ces médailles olympiques?

Comment Sarah Nurse ou Marie-Philip Poulin ont-elles marqué tous ces buts? Le hockey combine bien discipline et créativité, tactique et physique; mais l’esprit d’équipe fait toujours la différence, condition sine qua non pour faire face à des circonstances de jeu imprévisibles.

Être une équipe, c’est croire que pour atteindre de grands objectifs, vous ne pouvez pas continuer seul ; il faut bouger ensemble, avoir la patience de tisser des réseaux denses de passages. C’est aussi laisser de la place aux autres, sortir rapidement quand c’est votre tour et encourager vos coéquipiers. Voici l’esprit d’équipe !

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Amis, marchez vers le haut, venez à la lumière tous les jours, faites équipe ! Et faites tout cela dans votre propre culture, dans la belle langue inuktitut. Je vous souhaite, en écoutant les aînés et en puisant dans la richesse de vos traditions et de votre liberté, d’embrasser l’Évangile conservé et transmis par vos ancêtres et de rencontrer le visage Inuk de Jésus-Christ. Je te bénis du fond du cœur et je te dis : qujannamiik ! [Merci!]


Copyright © Dicastero per la Comunicazione – Libreria Editrice Vaticana

texte présenté par l’Association de la Médaille Miraculeuse

Rencontre avec une délégation d’Autochtones présents au Québec à l’Archevêché

Voyage apostolique du Pape François au Canada

Rencontre avec une délégation d’Autochtones
présents au Québec à l’Archevêché, 29.07.2022

Chers frères et sœurs, bonjour!

Je vous salue cordialement et vous remercie d’être venu ici de divers endroits. L’immensité de cette terre suggère la longueur du chemin de guérison et de réconciliation que nous traversons ensemble. En fait, la phrase qui nous accompagne depuis le mois de mars, depuis que les délégués autochtones m’ont rendu visite à Rome, et qui caractérise ma visite ici parmi vous, est Marcher Ensemble.

Je suis venu au Canada en tant qu’ami pour vous rencontrer, pour voir, entendre, apprendre et apprécier la vie des peuples autochtones de ce pays. Je ne suis pas venu en touriste, je suis venu en frère, pour découvrir de première main les bons et les mauvais fruits produits par les membres de la famille catholique locale au fil des ans.

Je suis venu dans un esprit pénitentiel pour vous exprimer la douleur que nous portons dans nos cœurs en tant qu’Église pour le mal que de nombreux catholiques vous ont causé en soutenant des politiques oppressives et injustes à votre égard. Je suis venu en pèlerin, avec mes possibilités physiques limitées, pour faire d’autres pas en avant avec vous et pour vous : afin que nous puissions continuer dans la recherche de la vérité, afin que nous puissions avancer dans la promotion de chemins de guérison et de réconciliation, afin que nous puissions aller de l’avant pour semer l’espoir pour les générations futures d’autochtones et d’allochtones qui souhaitent vivre ensemble fraternellement, en harmonie.

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Mais je voudrais vous dire, maintenant que s’approche la fin de cet intense pèlerinage, que si je suis venu animé par ces désirs, je reviendrai chez moi bien plus enrichi, car je porte dans mon cœur le trésor incomparable fait de personnes et des populations qui m’ont marqué ; des visages, des sourires et des mots qui restent à l’intérieur ; d’histoires et de lieux que je ne pourrai pas oublier; de sons, de couleurs et d’émotions qui vibrent fortement en moi. Je peux vraiment dire que, pendant que je vous visitais, ce sont vos réalités, les réalités autochtones de cette terre, qui ont visité mon âme : elles sont entrées en moi et m’accompagneront toujours.

J’ose dire, si vous me le permettez, que maintenant, dans un certain sens, je me sens moi aussi faire partie de votre famille, et j’en suis honoré. Le souvenir de la fête de Sainte Anne, vécue avec plusieurs générations et de nombreuses familles autochtones, restera indélébile dans mon cœur.

Dans un monde qui est malheureusement si souvent individualiste, combien précieux est ce sentiment de familiarité et de communauté qui est si authentique avec vous ! Et qu’il est important de bien cultiver le lien entre les jeunes et les personnes âgées, et de préserver une relation saine et harmonieuse avec l’ensemble de la création !

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Chers amis, je voudrais confier au Seigneur ce que nous avons vécu ces jours-ci et la suite du chemin qui nous attend ; et les confier aussi aux soins bienveillants de ceux qui savent garder ce qui compte dans la vie : je pense aux femmes, et à trois femmes en particulier. Tout d’abord à Sainte Anne, dont j’ai pu ressentir la tendresse et la protection, la vénérant avec un peuple de Dieu qui reconnaît et honore ses grands-mères.

Deuxièmement, je pense à la Sainte Mère de Dieu : aucune créature ne mérite plus qu’elle d’être définie comme pèlerine, car toujours, même aujourd’hui, même maintenant, elle est en voyage : en voyage entre Ciel et terre, pour prendre soin de nous au nom de Dieu et pour nous conduire par la main de son Fils.

Et enfin, mes prières et mes pensées se sont souvent tournées ces jours-ci vers une troisième femme à la présence douce qui nous accompagnait, et dont la dépouille est conservée non loin d’ici : il s’agit de sainte Kateri Tekakwitha.

Nous la vénérons pour sa vie sainte, mais nous ne pouvions pas penser que sa sainteté de vie, caractérisée par un dévouement exemplaire dans la prière et le travail, ainsi que la capacité de supporter de nombreuses épreuves avec patience et douceur, était aussi rendue possible par certains traits noble et vertueux hérité de sa communauté et du milieu indigène dans lequel il a grandi ?

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Ces femmes peuvent aider à reconstituer, à renouer avec le tissage d’une réconciliation qui garantit les droits des plus vulnérables et sait regarder l’histoire sans ressentiment ni oubli. Deux d’entre elles, la Très Sainte Vierge Marie et sainte Kateri, ont reçu un projet de vie de Dieu et, sans demander à personne, elles ont dit « oui » avec courage.

Ces femmes auraient pu mal répondre à tous ceux qui s’opposaient à ce projet, ou elles auraient pu rester soumises aux normes patriarcales de l’époque et se résigner, sans se battre pour les rêves que Dieu lui-même avait imprimés dans leur âme. elles n’ont pas fait ce choix, mais avec douceur et fermeté, avec des paroles prophétiques et des gestes décisifs, elles ont ouvert la voie et accompli ce à quoi elles avaient été appelés.

Qu’elles bénissent notre chemin commun, qu’elles intercèdent pour nous, et pour cette grande œuvre de guérison et de réconciliation si agréable à Dieu, je vous bénis de tout mon cœur. Et je vous demande, s’il vous plaît, de continuer à prier pour moi.


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Texte traduit par l’Association de la Médaille Miraculeuse

Comme Jésus le Berger de nos vies

Comme Jésus le Berger de nos vies

VOYAGE APOSTOLIQUE DU PAPE FRANÇOIS AU CANADA
(24 – 30 JUILLET 2022)

VÊPRES AVEC LES ÉVÊQUES, LES PRÊTRES, LES DIACRES, LES CONSACRÉS,  LES SÉMINARISTES ET LES AGENTS PASTORAUX

 HOMÉLIE DU SAINT-PÈRE

Cathédrale Notre-Dame de Québec
Jeudi 28 juillet 2022

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Chers frères Évêques, chers prêtres et diacres, consacrées, consacrés et séminaristes, agents pastoraux, bonsoir !

Je remercie Mgr Poisson pour ses paroles de bienvenue à mon égard, et je vous salue tous, en particulier ceux qui ont dû parcourir un long chemin pour venir ici : les distances dans votre pays sont vraiment grandes ! Merci ! Je suis heureux de vous rencontrer.

Il est significatif que nous nous trouvions dans la Basilique Notre-Dame de Québec, la cathédrale de cette Église particulière et le siège primatial du Canada, dont le premier évêque, Saint François de Laval, a ouvert le Séminaire en 1663 et s’est dédié tout au long de son ministère à la formation des prêtres.

La brève lecture que nous avons entendue nous a parlé des « anciens », c’est-à-dire des presbytres. Saint Pierre nous a exhortés : « soyez les pasteurs du troupeau de Dieu qui se trouve chez vous ; veillez sur lui, non par contrainte mais de plein gré » (1 P 5, 2).

Alors que nous sommes réunis ici en tant que Peuple de Dieu, rappelons-nous que c’est Jésus le Berger de nos vies, qui prend soin de nous parce qu’il nous aime vraiment. Il nous est demandé, à nous les pasteurs de l’Église, cette même générosité dans la conduite du troupeau, afin que se manifeste la sollicitude de Jésus pour tous et sa compassion pour les blessures de chacun.

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Et c’est précisément parce que nous sommes un signe du Christ que l’apôtre Pierre nous exhorte : paissez le troupeau, guidez-le, ne le laissez pas s’égarer pendant que vous vaquez à vos occupations. Prenez soin de lui avec dévouement et tendresse.

Et – ajoute-t-il – faites-le « de plein gré », sans contraintes : pas comme un devoir, pas comme des religieux salariés ou des fonctionnaires du sacré, mais avec un cœur de pasteurs, avec enthousiasme. Si nous nous tournons vers Lui, le Bon Pasteur, avant nous-mêmes, nous découvrons qu’il s’occupe tendrement de nous, nous ressentons la proximité de Dieu.

C’est de là que vient la joie du ministère, et avant cela, la joie de la foi : non pas en voyant ce que nous sommes capables de faire, mais en sachant que Dieu est proche, qu’il nous a aimés en premier et qu’il nous accompagne chaque jour.

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C’est cela, frères et sœurs, notre joie : pas une joie bon marché, comme celle que le monde nous propose parfois, en nous faisant miroiter des feux d’artifice ; cette joie n’est pas liée aux richesses et aux sécurités ; elle n’est non plus liée à la persuasion que tout se passera toujours bien dans la vie pour nous, sans croix ni problèmes.

Au contraire, la joie chrétienne est unie à une expérience de paix qui demeure dans nos cœurs même lorsque nous sommes assaillis par les épreuves et les afflictions, parce que nous savons que nous ne sommes pas seuls mais accompagnés par un Dieu qui n’est pas indifférent à notre sort. Comme lorsque la mer est agitée : en surface, elle est houleuse, mais dans les profondeurs, elle reste calme et paisible.

C’est la joie chrétienne : un don gratuit, la certitude de se savoir aimé, soutenu et embrassé par le Christ dans toutes les situations de la vie. Car c’est Lui qui nous libère de l’égoïsme et du péché, de la tristesse de la solitude, du vide intérieur et de la peur, en nous donnant un nouveau regard sur la vie, un nouveau regard sur l’histoire : « Avec Jésus-Christ, la joie naît et renaît toujours » (Evangelii gaudium, n. 1).

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Nous pouvons donc nous demander : comment se porte notre joie ? Comment se porte ma joie ? Notre Église exprime-t-elle la joie de l’Évangile ? Y-a-t-il dans nos communautés une foi qui attire en raison de la joie qu’elle communique ?

Si l’on veut s’attaquer à ces questions à la racine, on ne peut s’empêcher de réfléchir à ce qui, dans la réalité de notre temps, menace la joie de la foi et risque de l’obscurcir, mettant sérieusement en crise l’expérience chrétienne. On pense alors immédiatement à la sécularisation, qui a depuis longtemps transformé le mode de vie des femmes et des hommes d’aujourd’hui, laissant Dieu presque au second plan.

Il semble avoir disparu de l’horizon, sa Parole ne semble plus être une boussole d’orientation pour la vie, pour les choix fondamentaux, pour les relations humaines et sociales.

devons toutefois apporter immédiatement une précision : lorsque nous observons la culture dans laquelle nous sommes immergés, ses langages et ses symboles, nous devons veiller à ne pas rester prisonniers du pessimisme et de l’amertume, en nous laissant aller à des jugements négatifs ou à des nostalgies inutiles.

Il existe en fait deux regards possibles sur le monde dans lequel nous vivons : l’un que j’appellerais le « regard négatif », l’autre le « regard de discernement ».

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Le premier, le regard négatif, naît souvent d’une foi qui, se sentant attaquée, se voit comme une sorte d’ »armure » pour se défendre du monde. Elle accuse amèrement la réalité en disant : « le monde est mauvais, le péché règne », et court ainsi le risque de se revêtir d’un « esprit de croisade ».

Soyons attentifs à cela, car ce n’est pas chrétien ; ce n’est pas non plus la voie de Dieu, qui – nous rappelle l’Évangile – « a tellement aimé le monde qu’il a donné son Fils unique, afin que quiconque croit en lui ne se perde pas, mais obtienne la vie éternelle » (Jn 3, 16). Le Seigneur, qui déteste la mondanité, a un regard bon sur le monde.

Il bénit notre vie, il dit du bien de nous et de notre réalité, il s’incarne dans les situations de l’histoire non pas pour condamner, mais pour faire germer la graine du Royaume précisément là où les ténèbres semblent triompher. Au contraire, si nous nous arrêtons à un regard négatif, nous finirons par nier l’incarnation, car nous fuirons la réalité au lieu de nous y incarner.

Nous nous refermerons sur nous-mêmes, nous pleurerons sur nos pertes, nous nous plaindrons constamment et nous tomberons dans la tristesse et le pessimisme : tristesse et pessimisme qui ne viennent jamais de Dieu. Au contraire, nous sommes appelés à avoir un regard semblable à celui de Dieu, qui sait discerner le bien et s’obstine à le chercher, à le voir et à le cultiver. Il ne s’agit pas d’un regard naïf, mais d’un regard qui discerne la réalité.

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Pour affiner notre discernement sur le monde sécularisé, inspirons-nous de ce qu’a écrit saint Paul VI dans Evangelii nuntiandi, une Exhortation apostolique encore aujourd’hui pleinement actuelle : pour lui, la sécularisation est « l’effort en lui-même juste et légitime, nullement incompatible avec la foi ou la religion » (Exhort. ap. Evangelii nuntiandi, n. 55), pour découvrir les lois de la réalité et de la vie humaine établies par le Créateur.

En effet, Dieu ne veut pas que nous soyons des esclaves, mais des enfants, il ne veut pas décider à notre place, ni nous opprimer avec un pouvoir sacré dans un monde régi par des lois religieuses. Non, Il nous a créés libres et nous demande d’être des personnes adultes, des personnes responsables dans la vie et dans la société.

Une autre chose – distinguait saint Paul VI – est le sécularisme, une conception de la vie qui sépare totalement du lien avec le Créateur, de sorte que Dieu devient « superflu et encombrant » et que naissent des « formes nouvelles d’athéisme », sournoises et variées : « une civilisation de consommation, l’hédonisme érigé en valeur suprême, une volonté de puissance et de domination, des discriminations de toute sorte » (ibid.).

Ici, en tant qu’Église, surtout en tant que pasteurs du Peuple de Dieu, en tant que pasteurs, en tant que consacrées et consacrés, en tant que séminaristes et en tant qu’agents pastoraux, il nous revient d’être capables de faire ces distinctions, de discerner.

Si nous cédons à un regard négatif et jugeons de manière superficielle, nous risquons d’envoyer un message trompeur, comme si derrière la critique de la sécularisation se cachait la nostalgie d’un monde sacralisé, d’une société d’autrefois où l’Église et ses ministres avaient plus de pouvoir et d’importance sociale. Et c’est un point de vue erroné.

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Au contraire, comme le fait remarquer un grand spécialiste de ces questions, le problème de la sécularisation, pour nous chrétiens, ne devrait pas être la diminution de l’importance sociale de l’Église ou la perte de richesses matérielles et de privilèges ; il nous demande plutôt de réfléchir aux changements dans la société qui ont influencé la façon dont les gens pensent et organisent la vie.

Si nous nous attardons sur ce point, nous nous rendons compte que ce n’est pas la foi qui est en crise, mais certaines formes et manières par lesquelles nous la proclamons. Et donc, la sécularisation est un défi pour notre imagination pastorale, c’est « une opportunité pour la recomposition de la vie spirituelle en de nouvelles formes et de nouvelles façons d’exister » (C. TAYLOR, A Secular Age, Cambridge 2007, p. 437).

Ainsi, le regard qui discerne, tout en nous faisant voir les difficultés que nous avons à transmettre la joie de la foi, nous stimule en même temps à retrouver une nouvelle passion pour l’évangélisation, à chercher de nouveaux langages, à changer certaines priorités pastorales et à aller à l’essentiel.

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Chers frères et sœurs, il est nécessaire de proclamer l’Évangile pour donner aux hommes et aux femmes d’aujourd’hui la joie de la foi. Mais cette annonce ne se fait pas d’abord par des mots, mais par un témoignage débordant d’amour gratuit, comme Dieu le fait avec nous.

C’est une annonce qui demande à être incarnée dans un style de vie personnel et ecclésial capable de raviver le désir du Seigneur, d’insuffler l’espérance, de transmettre la confiance et la crédibilité. Et à ce propos, je me permets, dans un esprit fraternel, de vous proposer trois défis, que vous pourrez poursuivre dans la prière et le service pastoral.

Le premier défi : faire connaître Jésus. Dans les déserts spirituels de notre temps, générés par le sécularisme et l’indifférence, il est nécessaire de revenir à la première annonce. Je le répète : il est nécessaire de revenir à la première annonce.

Nous ne pouvons pas prétendre communiquer la joie de la foi en présentant des aspects secondaires à ceux qui n’ont pas encore accueilli le Seigneur dans leur vie, ou en répétant seulement certaines pratiques ou en reproduisant des formes pastorales du passé. Il faut trouver de nouvelles voies pour annoncer le cœur de l’Évangile à ceux qui n’ont pas encore rencontré le Christ.

Et cela suppose une créativité pastorale pour rejoindre les gens là où ils vivent, en n’attendant pas qu’ils viennent : là où ils vivent, en trouvant des occasions d’écoute, de dialogue et de rencontre. Il faut revenir au caractère essentiel, à l’enthousiasme des Actes des Apôtres, à la beauté de nous sentir aujourd’hui des instruments de la fécondité de l’Esprit.

Il faut retourner en Galilée. C’est le rendez-vous avec Jésus ressuscité : qu’ils aillent en Galilée pour – permettez-moi l’expression – recommencer après l’échec. Revenir en Galilée. Chacun de nous a sa propre « Galilée », celle de la première annonce. Récupérer cette mémoire.

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Mais pour annoncer l’Évangile, il faut aussi être crédibles. Et voici le second défi : le témoignage. L’Évangile est annoncé de manière efficace lorsque c’est la vie qui parle, lorsqu’elle révèle cette liberté qui libère les autres, cette compassion qui ne demande rien en retour, cette miséricorde qui, sans paroles, parle du Christ.

L’Église au Canada a commencé un nouveau parcours, après avoir été blessée et choquée par le mal perpétré par certains de ses enfants. Je pense en particulier aux abus sexuels commis contre des mineurs et personnes vulnérables, des scandales qui appellent des actions fortes et un combat irréversible. Je voudrais, avec vous, demander à nouveau pardon à toutes les victimes.

La douleur et la honte que nous ressentons doivent devenir une occasion de conversion : plus jamais ça ! Et, en pensant au parcours de guérison et de réconciliation avec nos frères et sœurs autochtones, que la communauté chrétienne ne se laisse plus jamais contaminer par l’idée qu’il existe une supériorité d’une culture par rapport à une autre et qu’il soit légitime d’utiliser des moyens de coercition contre les autres.

Retrouvons l’ardeur missionnaire de votre premier évêque, saint François de Laval, qui fulminait contre tous ceux qui exploitaient les autochtones en les incitant à consommer des boissons pour les arnaquer.

Ne permettons à aucune idéologie d’aliéner et de confondre les styles et les modes de vie de nos peuples pour tenter de les soumettre et de les dominer. Que les nouveaux progrès de l’humanité soient assimilables dans leurs identités culturelles avec les clés de la culture.

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Mais pour vaincre cette culture de l’exclusion, il faut commencer par nous : les pasteurs, qu’ils ne se sentent pas supérieurs à leurs frères et sœurs du Peuple de Dieu ; que les personnes consacrées vivent la fraternité et la liberté de l’obéissance dans la communauté ; que les séminaristes soient prêts à être des serviteurs dociles et disponibles, et que les agents pastoraux ne comprennent pas leur service comme un pouvoir.

Cela commence ici. Vous êtes les protagonistes et les bâtisseurs d’une Église différente : humble, douce, miséricordieuse, une Église qui accompagne les processus, qui travaille avec détermination et sérénité à l’inculturation, qui valorise chacun et chaque diversité culturelle et religieuse. Offrons ce témoignage !

Enfin, le troisième défi : la fraternité. Le premier, faire connaître Jésus ; le second, le témoignage ; le troisième, la fraternité. L’Église sera un témoin crédible de l’Évangile dans la mesure où ses membres vivront la communion, en créant des occasions et des espaces pour que quiconque s’approche de la foi trouve une communauté accueillante, qui sait écouter, qui sait dialoguer, qui favorise une bonne qualité des relations.

Votre saint évêque disait ainsi aux missionnaires : « Souvent, une parole amère, une impatience, un visage de rejet détruiront en un instant ce qui a été construit en beaucoup de temps » (Instructions aux missionnaires, 1668).

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Il s’agit de vivre une communauté chrétienne qui devient ainsi une école d’humanité, où l’on apprend à s’aimer comme frères et sœurs, prêts à travailler ensemble pour le bien commun. Au cœur de l’annonce évangélique, en effet, se trouve l’amour de Dieu qui transforme et nous rend capables de communier avec tous et de servir tous.

Un théologien de cette terre a écrit : « L’amour que Dieu nous accorde déborde d’amour… C’est un amour qui pousse le bon Samaritain à s’arrêter et à prendre soin du voyageur agressé par des voleurs. C’est un amour qui n’a pas de frontières, qui cherche le royaume de Dieu… et ce royaume est universel » (B. LONERGAN, « The Future of Christianity », in A Second Collection : Papers by Bernard F.J. Lonergan S.J., London 1974, p. 154).

L’Église est appelée à incarner cet amour sans frontières, à construire le rêve que Dieu a pour l’humanité : être tous frères. Demandons-nous : comment va la fraternité entre nous ? Les évêques entre eux et avec les prêtres, les prêtres entre eux et avec le peuple de Dieu : sommes-nous des frères ou des concurrents divisés en partis ?

Et comment sont nos relations avec ceux qui ne sont pas « des nôtres », avec ceux qui ne croient pas, avec ceux qui ont des traditions et des coutumes différentes ? Voilà le chemin : promouvoir des relations fraternelles avec tous, avec nos frères et sœurs autochtones, avec chaque sœur et frère que nous rencontrons, parce que dans le visage de chacun se reflète la présence de Dieu.

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Chers frères et sœurs, ce ne sont là que quelques défis. N’oublions pas que nous ne pouvons seulement les relever qu’avec la puissance de l’Esprit, que nous devons toujours invoquer dans la prière. Par contre, ne laissons pas entrer en nous l’esprit de sécularisme, en pensant que nous pouvons créer des projets qui fonctionnent seuls et avec les forces humaines uniquement, sans Dieu.

C’est une idolâtrie, l’idolâtrie des projets sans Dieu. Et, je vous le recommande vivement, ne nous enfermons pas dans le « retour en arrière » mais allons de l’avant, avec joie !

Mettons en pratique ces paroles que nous adressons à saint François de Laval :

Tu as été l’homme du partage, visitant les malades,
habillant les pauvres, luttant pour la dignité des peuples autochtones,
soutenant les missionnaires épuisés,
toujours prêt à tendre la main à ceux qui étaient plus mal en point que toi.
Combien de fois tes projets ont été anéantis !
Chaque fois, tu les as remis sur pied.
Tu avais compris que l’œuvre de Dieu n’est pas de pierre,
et qu’en cette terre de découragement,
il fallait un bâtisseur d’espérance.

Je vous remercie pour tout ce que vous faites, je vous bénis du fond du cœur. Et s’il vous plaît, continuez à prier pour moi.


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Texte présenté par l’Association de la Médaille Miraculeuse

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