La centralité de l’Eucharistie dans la vie de l’Église

La centralité de l’Eucharistie dans la vie de l’Église

VOYAGE APOSTOLIQUE DU SAINT-PÈRE
À BUDAPEST, À L’OCCASION DE LA MESSE DE CLÔTURE
DU 52e CONGRÈS EUCHARISTIQUE INTERNATIONAL, ET EN SLOVAQUIE
(12-15 SEPTEMBRE 2021)

RENCONTRE AVEC LES ÉVÊQUES 

DISCOURS DU PAPE FRANÇOIS

Musée des Beaux-Arts (Budapest)
Dimanche 12 septembre 2021

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Chers frères dans l’Épiscopat, bonjour !

Je suis très content de me trouver ici au milieu de vous à l’occasion de la conclusion du 52e Congrès Eucharistique International. Je suis reconnaissant à Mgr András Veres pour la bienvenue qu’il m’a souhaitée, ainsi que pour le cadeau qu’il m’a fait en votre nom à tous : très beau, très beau ! Merci. Et je vous salue tous, vous remerciant pour l’accueil et pour la promotion de cet évènement, qui rappelle la centralité de l’Eucharistie dans la vie de l’Église.

Je voudrais partager quelques réflexions en partant du geste eucharistique : dans le Pain et dans le Vin nous voyons le Christ qui offre son Corps et son Sang pour nous. L’Église en Hongrie, avec sa longue histoire – marquée par une foi inébranlable, par des persécutions et par le sang des martyrs – est associée de façon particulière au sacrifice du Christ.

Beaucoup de frères et sœurs, beaucoup d’évêques et de prêtres ont vécu ce qu’ils célébraient sur l’autel : ils ont été moulus comme des grains de blé afin que tous puissent être nourris par l’amour de Dieu ; ils ont été pressés comme des raisins pour que le sang du Christ devienne la lymphe d’une vie nouvelle ; ils ont été brisés, mais leur offrande d’amour a été une semence évangélique de renaissance plantée dans l’histoire de ce peuple.

En regardant cette histoire, une histoire passée, faite de martyre et de sang, nous pouvons marcher vers l’avenir avec le même désir des martyrs : vivre la charité et témoigner l’Évangile. Mais dans la vie de l’Église il faut toujours tenir ensemble ces deux réalités : veiller sur le passé et regarder vers l’avenir. Garder nos racines religieuses, garder l’histoire d’où nous venons, sans cependant regarder en arrière : regarder vers l’avenir, regarder devant et trouver de nouvelles voies pour annoncer l’Évangile.

Je conserve vivant dans le cœur le souvenir des Sœurs hongroises de la Société de Jésus (Englische Fräulein), qui, à cause de la persécution religieuse, ont dû laisser leur patrie. Avec le courage de leur personnalité et leur fidélité à leur vocation, elles ont fondé le Collège “Maria Ward” dans la ville de Plátanos, proche de la capitale Buenos Aires.

De leur force, leur courage, leur patience et leur amour de la patrie j’ai beaucoup appris ; pour moi elles ont été un témoignage. En me souvenant d’elles ici aujourd’hui, je rends aussi hommage à de nombreux hommes et femmes qui ont dû aller en exil mais encore à tous ceux qui ont donné la vie pour la patrie et pour la foi.

Comme Pasteurs, vous êtes d’abord appelés à rappeler ceci à votre peuple : la tradition chrétienne – comme affirmait Benoît XVI – « n’est pas une collection de choses, de mots, comme une boîte remplie de choses mortes ; la Tradition est le fleuve de la vie nouvelle qui vient des origines, du Christ jusqu’à nous, et qui nous fait participer à l’histoire de Dieu avec l’humanité » (Audience générale, 3 mai 2006).

Vous avez choisi comme thème du Congrès un verset du Psaume 88 : « En toi, toutes nos sources ». L’Église vient de la source qui est le Christ et est envoyée afin que l’Évangile, comme un fleuve d’eau vive, infiniment plus large et accueillant que votre grand Danube, atteigne l’aridité du monde et du cœur de l’homme, en le purifiant et en le désaltérant.

Le ministère épiscopal ne sert donc pas répéter une nouvelle du passé, mais il est la voix prophétique de l’actualité perpétuelle de l’Évangile dans la vie du Peuple saint de Dieu et dans l’histoire d’aujourd’hui.

Je voudrais vous suggérer quelques indications pour poursuivre votre mission.

La première : être annonciateurs de l’Évangile. N’oublions pas qu’au centre de la vie de l’Église il y a la rencontre avec le Christ. Parfois, spécialement lorsque la société qui nous entoure ne semble pas enthousiaste par notre proposition chrétienne, la tentation est celle de s’enfermer dans la défense des institutions et des structures. Votre pays aujourd’hui est traversé par de grands changements qui touchent en général toute l’Europe.

Après un long moment où il était interdit de professer la foi, avec l’avènement de la liberté de nouveaux défis à affronter se présentèrent, dans un contexte où le sécularisme grandit et la soif de Dieu s’affaiblit. Mais rappelons-nous : la source d’eau vive, qui coule toujours et désaltère, est le Christ. Les structures, les institutions, la présence de l’Église dans la société servent seulement à réveiller dans les personnes la soif de Dieu et à leur porter l’eau vive de l’Évangile.

C’est pourquoi il vous est demandé avant tout, à vous les évêques, ceci : non pas la bureaucratie administrative des structures, que d’autres fassent cela ; non pas la recherche des privilèges et avantages. S’il vous plaît, soyez des serviteurs. Des serviteurs, non pas des princes. Qu’est-ce que je vous demande ?

La passion ardente pour l’Évangile, tel qu’il est : l’Évangile. Fidélité et passion à l’Évangile. Être des témoins et des annonciateurs de la Bonne Nouvelle, diffuseurs de joie, proches des prêtres – proches des prêtres – et des religieux avec un cœur paternel, exerçant l’art de l’écoute.

Je me permets de sortir du texte et de vous rappeler les quatre proximités de l’évêque. La proximité à Dieu est la première. Moi, comme frère, je te demande : tu pries ? Ou vas-tu seulement dire le bréviaire ? Ton cœur prie-t-il ? Toi, prends-tu le temps pour prier ? “Mais, c’est que je suis trop occupé…” Mais dans ton activisme de chaque jour, mets aussi ceci : prier.

Deuxièmement : proximité entre vous. La fraternité épiscopale, la conférence épiscopale, est une grâce. Aucun de vous ne pense la même chose que l’autre : c’est une richesse. Mais cherchez à mettre aussi dans l’unité de l’épiscopat les différences et ne cherchez pas la voie des réseaux d’influence. Tous frères. Tu penses différemment de moi, mais tu es frère. Discutons ? Discutons. Crions ? Crions. Mais comme des frères, on ne touche pas à ceci : l’unité de la Conférence épiscopale. C’est une grâce : nous devons la demander. C’est garder le peuple de Dieu dans l’unité des évêques.

La troisième proximité est celle que j’ai citée : proximité aux prêtres. Le “prochain le plus proche” de l’évêque est le prêtre. Je vous dis une chose qui me fait tant de peine. J’ai trouvé, dans certains diocèses, que ce soit dans ma patrie, quand j’étais là-bas, dans le diocèse précédent, que ce soit maintenant à Rome où je suis, des prêtres qui se plaignent, difficiles : mais ils se plaignent parce qu’ils ont envie, ils ont besoin de parler avec l’évêque.

Ainsi disent-ils. Et plusieurs fois j’ai entendu ceci : “J’ai appelé et la secrétaire a dit qu’il est très occupé, qu’il a vu et elle m’a dit : ‘dans trois semaines, peut-être, il vous donnera une rendez-vous d’un quart d’heure’”. Et le prêtre dit : “Non, merci, je ne veux pas”, ou : “oui”. Mais ça ne va pas. Le prêtre sent son évêque loin, il ne le sent pas père.

Je vous conseille, comme frère : quand vous rentrerez à l’évêché après une mission, après une visite dans une paroisse, fatigués, et vous verrez l’appel d’un prêtre, appelez-le : le même jour ou au plus tard le jour suivant : pas plus. La proximité. Et ce prêtre, s’il est appelé immédiatement, saura qu’il a un père. C’est très important.

Proximité aux prêtres, et cela signifie aussi aux religieux. “Eh, mais vous savez, ce prêtre est difficile…” Mais, dis-moi, quel père n’a pas un enfant difficile ? Tous. Les enfants, on les aime tels qu’ils sont, non pas comme je voudrais qu’ils soient. Et puis, la quatrième proximité : proximité au saint peuple fidèle de Dieu.

S’il vous plaît, n’oubliez pas votre peuple, d’où le Seigneur vous a pris. “Je t’ai pris derrière le troupeau” : n’oublie pas le troupeau d’où tu as été enlevé. Paul, qu’est-ce qu’il recommandait à Timothée ? “Souviens-toi de ta maman et de ta grand-mère, ton peuple”. L’auteur de la Lettre aux Hébreux disait : “Souviens-toi de ceux qui t’ont initié à la foi”.

Combien d’humbles catéchistes, combien de grands-mères sont derrière nous. Que le cœur soit proche du peuple. C’est mauvais quand le cœur d’un évêque s’éloigne du peuple. Les quatre proximités. Faites un examen de conscience sur la façon dont elles vont : je crois qu’elles vont bien, mais j’aime le répéter.

Proximité à Dieu, proximité entre vous – “je vois certains avec une spéciale particularité historique, liturgique, et d’autres très différents : proximité à leur liturgie, à leur histoire, sans envie de les prendre, de les latiniser : non, s’il vous plaît, non. Proximité entre vous, proximité avec les prêtres et proximité au saint peuple fidèle de Dieu.

Pour être évêque aujourd’hui – toujours, mais je souligne, aujourd’hui – il faut exercer l’art de l’écoute. Et ce n’est pas facile.” N’ayez pas peur de mettre à l’honneur la Parole de Dieu et d’impliquer les laïcs : ils seront des canaux par lesquels le fleuve de la foi irriguera de nouveau la Hongrie.

Une deuxième indication : être témoins de fraternité. Votre pays est l’endroit où cohabitent depuis longtemps des personnes venant d’autres peuples. Différentes ethnies, minorités, confessions religieuses et migrants ont aussi transformé ce pays en un environnement multiculturel. Cette réalité est nouvelle et, au moins au début, faisait peur.

La diversité fait toujours un peu peur parce qu’elle met en péril les sécurités acquises et brave la stabilité atteinte. Cependant, elle est une grande opportunité pour ouvrir son cœur au message évangélique : « Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés » (Jn 15, 12).

Devant les diversités culturelles, ethniques, politiques et religieuses, nous pouvons avoir deux attitudes : nous enfermer dans une défense radicale de notre soi-disant identité ou nous ouvrir à la rencontre avec l’autre et cultiver ensemble le rêve d’une société fraternelle.

J’aime rappeler ici que dans cette capitale européenne, en 2017, vous vous êtes rencontrés avec les représentants d’autres Conférences Épiscopales de l’Europe centrale et orientale et vous avez alors réaffirmé que l’appartenance à son identité ne doit jamais devenir un motif d’hostilité et de mépris des autres, mais plutôt une aide pour dialoguer avec des cultures différentes. Dialoguer, sans négocier son appartenance.

Sur le grand fleuve qui traverse cette ville se dresse l’imposant Pont des Chaînes : il a remplacé un fragile pont de bois et a servi à unir Buda et Pest. Si nous voulons que le fleuve de l’Évangile atteigne la vie des personnes, en faisant germer aussi ici en Hongrie une société plus fraternelle et solidaire, nous avons besoin que l’Église construise de nouveaux ponts de dialogue.

Comme Évêques, je vous demande de montrer toujours, avec les prêtres et les collaborateurs pastoraux, le visage vrai de l’Église : elle est mère. Elle est mère ! Un visage accueillant envers tous, y compris ceux qui viennent de l’extérieur, un visage fraternel, ouvert au dialogue. Soyez des Pasteurs qui ont à cœur la fraternité. Non pas des patrons du troupeau, mais des pères et frères.

Que le style de la fraternité, que je vous demande de cultiver avec les prêtres et avec tout le Peuple de Dieu, devienne un signe lumineux pour la Hongrie. Ainsi prendra forme une Église où spécialement les laïcs, dans chaque domaine de leur vie quotidienne, familiale, sociale et professionnelle, deviendront le levain de fraternité évangélique. Que l’Église hongroise soit construite de ponts et promotrice de dialogue !

Enfin, la troisième chose, être constructeurs d’espérance. Si nous mettons l’Évangile au centre et le témoignons dans l’amour fraternel, nous pouvons regarder l’avenir avec espérance, même si aujourd’hui nous traversons de petites ou de grandes tempêtes.

C’est ce que l’Église est appelée à répandre dans la vie des personnes : la certitude rassurante que Dieu est miséricorde, qu’il nous aime à chaque instant de la vie et est toujours prêt à nous pardonner et à nous relever. N’oubliez pas le style de Dieu, qui est un style de proximité, compassion et tendresse. C’est le style de Dieu. Allons sur cette route, avec le même style.

La tentation de nous abattre et de nous décourager ne vient jamais de Dieu. Jamais. Elle vient de l’ennemi, mais elle s’alimente de nombreuses situations : derrière la façade du bien-être, derrière un vêtement de traditions religieuses peuvent se cacher de nombreux côtés obscurs.

L’Église en Hongrie a récemment eu l’occasion de réfléchir sur la façon dont le passage de l’ère de la dictature à celle d’une liberté retrouvée est une transition marquée par des contradictions : la dégradation de la vie morale, l’augmentation de la mafia, le commerce de la drogue, jusqu’à la plaie du trafic des organes et de nombreux faits d’enfants, assassinés pour cela.

Il y a des problèmes sociaux : les difficultés des familles, la pauvreté, les blessures qui frappent le monde des jeunes, dans un contexte où la démocratie a encore besoin de se consolider. L’Église ne peut qu’être protagoniste de proximité, dispensatrice d’attention et de consolation pour les personnes, afin qu’elles ne se laissent jamais voler la lumière de l’espérance.

L’annonce de l’Évangile revigore l’espérance parce qu’elle nous rappelle qu’en tout ce que nous vivons Dieu est présent, nous accompagne, nous donne courage, nous donne créativité pour commencer toujours une histoire nouvelle.

C’est émouvant de rappeler ce qu’affirmait le Vénérable Cardinal József Mindszenty, fils et père de cette Église et de cette terre, qui, à la fin d’une vie remplie de souffrances à cause de la persécution, a laissé ces paroles d’espérance : « Dieu est jeune. Le futur lui appartient. C’est lui qui évoque ce qui est nouveau, jeune et l’avenir des individus et des peuples. C’est pourquoi nous ne pouvons pas nous abandonner au désespoir » (Message au Président du Comité organisateur et aux Hongrois en exil, in J. Közi Horváth, Mindszenty bíboros, p. 111). Dieu est jeune.

Devant les crises, sociales ou ecclésiales, puissiez-vous toujours être des constructeurs d’espérance. Comme Evêques du pays, avoir toujours des paroles d’encouragement. Qu’on ne trouve pas sur vos lèvres des expressions qui marquent des distances et imposent des jugements, mais qui aident le Peuple de Dieu à regarder avec confiance l’avenir, aident les personnes à devenir des protagonistes libres et responsables de la vie qui est un don de grâce à accueillir, non pas un casse-tête à résoudre.

Le cube de votre valeureux et célèbre architecte Rubik demeure un jeu génial, mais non un modèle pour la vie ! Et rappelez-vous : pasteurs du troupeau. Le pasteur doit être au sein du troupeau : au début du troupeau pour indiquer le chemin, au milieu du troupeau pour en saisir l’odeur, derrière le troupeau pour aider ceux qui restent en arrière et pour laisser aussi que le troupeau aille un peu de l’avant, parce qu’il a un flair spécial pour indiquer où se trouvent les terrains bons, nourrissants.

Chers frères, même la Hongrie a besoin d’une annonce renouvelée de l’Evangile, d’une nouvelle fraternité sociale et religieuse, d’une espérance à construire jour après jour pour regarder l’avenir avec joie. Vous êtes des Pasteurs protagonistes de ce processus historique, de cette belle aventure.

Frères, que Dieu vous confirme dans la joie de la mission – la joie de la mission ! Je vous remercie pour tout ce que vous faites et vous bénis de cœur. Que la Vierge Marie vous protège et que saint Joseph vous garde. Et, si vous avez un peu de temps, priez pour le Pape. Merci.


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Le Pape exhorte les Hongrois à être enracinés, ouverts et respectueux

Le Pape exhorte les Hongrois à être
enracinés, ouverts et respectueux

Le Pape François,  avant la récitation de la prière de l’angélus, s’est adressé au peuple hongrois en le remerciant pour son accueil. Il a souhaité que la croix soit pour ce pays «un pont entre le passé et l’avenir».

VOYAGE APOSTOLIQUE DU SAINT-PÈRE À BUDAPEST,
À L’OCCASION DE LA MESSE DE CLÔTURE
DU 52e CONGRÈS EUCHARISTIQUE INTERNATIONAL,
ET EN SLOVAQUIE
(12-15 SEPTEMBRE 2021)

PAPE FRANÇOIS

ANGÈLUS

Place des Héros (Budapest)
Dimanche 12 septembre 2021

Chers frères et sœurs,

Eucharistie signifie “action de grâce”, et, au terme de cette célébration qui conclut le Congrès Eucharistique et ma visite à Budapest, je voudrais de tout cœur rendre grâce. Merci à la grande famille chrétienne hongroise que je désire embrasser dans ses rites, dans son histoire, dans les sœurs et dans les frères catholiques et ceux d’autres Confessions, tous en marche vers la pleine unité.

A ce propos je salue chaleureusement le Patriarche Bartholomée, un Frère qui nous honore de sa présence. Merci, en particulier, à mes bien-aimés Frères évêques, aux prêtres, aux personnes consacrées, et à vous tous, chers fidèles ! Un grand remerciement à ceux qui ont œuvré pour la réalisation du Congrès Eucharistique et de cette journée.

En renouvelant ma gratitude aux Autorités civiles et religieuses qui m’ont accueilli, je voudrais dire köszönöm [merci] : merci à toi, peuple de Hongrie. L’Hymne qui a accompagné le Congrès s’adresse à toi ainsi : « Pendant mille ans la croix a été colonne de ton salut ; que le signe du Christ soit pour toi, encore aujourd’hui, la promesse d’un avenir meilleur ».

C’est ce que je vous souhaite : que la croix soit pour vous un pont entre le passé et l’avenir ! Le sentiment religieux est la sève de cette nation si attachée à ses racines. Mais la croix, plantée en terre, en plus de nous inviter à bien nous enraciner, élève et étend ses bras vers tous : elle exhorte à garder solides les racines, mais sans cloisonnement ; à puiser aux sources, en nous ouvrant aux assoiffés de notre temps.

Mon souhait est que vous soyez ainsi : ancrés et ouverts, enracinés et respectueux. Isten éltessen ! [Meilleurs vœux] La “Croix de la mission” est le symbole de ce Congrès : qu’elle vous amène à annoncer par votre vie l’Évangile libérateur de la tendresse infinie de Dieu pour chacun. Dans le manque d’amour d’aujourd’hui, il est la nourriture que l’homme attend.

Maintenant, prions l’Angélus, en ce jour où nous vénérons le saint nom de Marie. Autrefois, par respect, vous Hongrois, vous ne prononciez pas le nom de Marie, mais vous l’appeliez avec le même titre honorifique utilisé pour la reine. Que la “Bienheureuse Reine, votre antique patronne” vous accompagne et vous bénisse !

Ma Bénédiction, à partir de cette grande ville, veut atteindre tout le monde, en particulier les enfants et les jeunes, les personnes âgées et les malades, les pauvres et les exclus. Avec vous et pour vous je dis : Isten, áldd meg a magyart ! [Que Dieu bénisse les Hongrois !]


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Catéchèse sur la Lettre aux Galates – 8. Nous sommes fils de Dieu

Catéchèse sur la Lettre aux Galates
– 8. Nous sommes fils de Dieu

Le Pape François a continué sa catéchèse ce mercredi 8 septembre sur la lettre de Saint Paul aux Galates. Il a parlé de l’ l’exhortation faite par Saint Paul aux chrétiens de ne pas oublier la nouveauté de la révélation et sur les principes d’égalité déclarés par Paul, des expressions «révolutionnaires».

PAPE FRANÇOIS

AUDIENCE GÉNÉRALE

Salle Paul VI
Mercredi, 8 septembre 2021

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Frères et sœurs, bonjour!

Nous poursuivons notre itinéraire d’approfondissement de la foi, de notre foi, à la lumière de la Lettre de saint Paul aux Galates. L’apôtre insiste auprès de ces chrétiens pour qu’ils n’oublient pas la nouveauté de la révélation de Dieu qui leur a été annoncée. En plein accord avec l’évangéliste Jean (cf 1 Jn 3, 1-2), Paul souligne que la foi en Jésus Christ nous a permis de devenir réellement fils de Dieu et également ses héritiers.

Nous chrétiens considérons souvent comme évidente cette réalité d’être fils de Dieu. Il est bon au contraire de se souvenir toujours avec reconnaissance du moment où nous le sommes devenus, celui de notre baptême, pour vivre avec une plus grande conscience le grand don reçu.

Si je demandais aujourd’hui: qui de vous connaît la date de son baptême?, je crois qu’il n’y aurait pas beaucoup de mains levées. Et pourtant, c’est la date à laquelle nous avons été sauvés, c’est la date à laquelle nous sommes devenus fils de Dieu.

A présent, que ceux qui ne la connaissent pas demandent à leur parrain, marraine, à leur père, leur mère, leur oncle, leur tante: «Quand ai-je été baptisé? Quand ai-je été baptisée?»; et rappeler chaque année cette date: c’est la date à laquelle nous sommes devenus fils de Dieu. D’accord? Vous le ferez? [les fidèles répondent: oui!]. C’est un «oui» un peu comme ça, hein? [rires] Poursuivons….

En effet, une fois «venue la foi» dans le Christ (v. 25), se crée la condition radicalement nouvelle qui fait entrer dans la filiation divine. La filiation dont parle Paul n’est plus celle générale qui touche tous les hommes et les femmes en tant que fils et filles de l’unique Créateur. Dans le passage que nous avons écouté, il affirme que la foi permet d’être fils de Dieu «dans le Christ» (v. 26): telle est la nouveauté.

C’est ce «dans le Christ» qui fait la différence. Pas seulement fils de Dieu, comme tous: nous tous hommes et femmes sommes enfants de Dieu, tous, quelle que soit notre  religion. Non. Mais «dans le Christ» est ce qui fait la différence chez les chrétiens et cela n’a lieu que dans la participation à la rédemption du Christ et en nous dans le sacrement du baptême, c’est ainsi que cela commence.

Jésus est devenu notre frère, et par sa mort et sa résurrection, il nous a réconciliés avec le Père. Qui accueille le Christ dans la foi, à travers le baptême est «revêtu» de Lui et de la dignité filiale  (cf. v. 27).

Dans ses Lettres, saint Paul fait référence à plusieurs reprises au baptême. Pour lui, être baptisé équivaut à prendre part de façon effective et réelle au mystère de Jésus. Par exemple, dans la Lettre aux Romains, il arrivera même à dire que, dans le baptême, nous sommes morts avec le Christ et ensevelis avec Lui pour pouvoir vivre avec Lui (cf. 6, 3-14). Morts avec le Christ, ensevelis avec Lui pour pouvoir vivre avec Lui. C’est la grâce du baptême: participer à la mort et à la résurrection de Jésus. Le baptême n’est donc pas un simple rite extérieur. Ceux qui le reçoivent sont transformés profondément, au plus profond d’eux-mêmes, et possèdent une vie nouvelle, précisément celle qui permet de s’adresser à Dieu et de l’invoquer  par le nom d’«Abbà», c’est-à-dire «papa». «Père»? Non, «papa» (cf. Ga 4, 6).

L’apôtre affirme avec une grande audace que l’identité reçue avec le baptême est entièrement nouvelle, au point de prévaloir sur les différences qui existent sur le plan ethnique et religieux. Il l’explique ainsi: «il n’y a ni Juif ni Grec»; et aussi sur le plan social: «il n’y a ni esclave ni homme libre, il n’y a ni homme ni femme» (Ga 3, 28). On lit souvent ces expressions trop à la hâte, sans saisir la valeur révolutionnaire qu’elles contiennent.

Pour Paul, écrire aux Galates que dans le Christ, «il n’y a ni Juif ni Grec» équivaut à une authentique subversion ethnique et religieuse. Le juif, du fait d’appartenir au peuple élu, était privilégié par rapport au païen (cf. Rm 3, 17-20), et Paul lui-même l’affirme (cf. Rm 9, 4-5). Il n’est donc pas surprenant que ce nouvel enseignement de l’apôtre puisse sembler hérétique.

«Mais comment cela, tous égaux? Nous sommes différents!». Cela semble un peu hérétique non? La deuxième égalité aussi, entre «libres» et «esclaves», ouvre des perspectives troublantes. Pour la société antique, la distinction entre esclaves et citoyens libres était vitale. Ces derniers jouissaient selon la loi de tous les droits, tandis que l’on ne reconnaissait pas même la dignité humaine aux esclaves.

Cela arrive aujourd’hui aussi: beaucoup de gens, dans le monde, beaucoup, des millions, qui n’ont pas le droit à l’alimentation, n’ont pas le droit à l’éducation, n’ont pas le droit au travail: ce sont les nouveaux esclaves, ce sont ceux qui se trouvent aux périphéries, qui sont exploités par tous. Aujourd’hui aussi, il y a l’esclavage. Pensons un peu à cela. Nous nions à ces gens la dignité humaine, ils sont esclaves.

Ainsi, à la fin, l’égalité dans le Christ dépasse la différence sociale entre les deux sexes, en établissant  entre l’homme et la femme une alliance alors révolutionnaire  qu’il faut réaffirmer aujourd’hui aussi. Il faut la réaffirmer aujourd’hui aussi. Combien de fois entendons-nous des expressions qui méprisent les femmes!

Combien de fois avons-nous entendu: «Mais non, ne fais rien, [ce sont] des histoires de femmes». Mais les hommes et les femmes ont la même dignité, et il y a dans l’histoire, aujourd’hui aussi, un esclavage de femmes: les femmes n’ont pas les mêmes opportunités que les hommes. Nous devons lire ce que dit Paul: nous sommes égaux en Jésus Christ.

Comme on peut le voir, Paul affirme la profonde unité qui existe entre tous les baptisés, quelle que soit la condition à laquelle ils appartiennent, que ce soit des hommes ou des femmes, égaux, parce que chacun d’eux, dans le Christ, est une créature nouvelle. Toute distinction devient secondaire par rapport à la dignité d’être fils de Dieu, qui à travers son amour, réalise une véritable et importante égalité. Tous, à travers la rédemption du Christ et le baptême que nous avons reçu, sommes égaux: fils et filles de Dieu. Égaux.

Frères et sœurs, nous sommes donc appelés de façon plus positive à vivre une nouvelle vie qui trouve dans la filiation avec Dieu son expression fondatrice. Égaux parce que fils de Dieu, et fils de Dieu parce que Jésus Christ nous a rachetés et nous sommes entrés dans cette dignité à travers le baptême.

Il est décisif également  pour nous tous aujourd’hui de redécouvrir la beauté d’être fils de Dieu, d’être frères et sœurs entre nous parce qu’insérés dans le Christ qui nous a rachetés. Les différences et les contrastes qui créent la séparation ne devraient pas exister entre les croyants dans le Christ.

Et l’un des apôtres, dans la Lettre de Jacques, dit: «Faites attention avec les différences, parce que vous n’êtes pas justes quand dans l’assemblée (c’est-à-dire à la Messe), quelqu’un entre qui porte un anneau d’or et est bien habillé: “Ah, entrez, entrez!” et ils le font s’asseoir au premier rang. Puis, s’il entre une autre personne qui, la pauvre, peut à peine se couvrir, et on voit qu’elle est pauvre: “oui, oui, assied-toi là, au fond”».

Ces différences, ce sont nous qui les faisons, souvent, de façon inconsciente. Non, nous sommes égaux. Notre vocation est plutôt celle de rendre concret et évident l’appel à l’unité de tout le genre humain (cf. Conc. œcum. Vat. II, Const. Lumen gentium, n. 1). Tout ce qui exacerbe les différences entre les personnes, en provoquant souvent des discriminations, tout cela, devant Dieu, n’a plus de consistance, grâce  au salut réalisé dans le Christ.

Ce qui compte est la foi qui opère selon le chemin de l’unité indiqué par l’Esprit Saint. Et notre responsabilité est de marcher de façon résolue sur ce chemin de l’égalité, mais l’égalité qui est soutenue, qui a été réalisée par la rédemption de Jésus.

Merci. Et n’oubliez pas, quand vous rentrerez chez vous: «Quand ai-je été baptisé? Quand ai-je été baptisée?». Demander, pour avoir toujours cette date à l’esprit. Et également la célébrer quand arrivera la date. Merci.

SALUTATIONS

Je salue cordialement les pèlerins de langue française. En ce jour où nous célébrons la Nativité de la Vierge Marie, demandons à notre Mère de nous aider à redécouvrir la beauté de notre condition d’enfants de Dieu, et, dépassant les différences et les conflits, de nous aider à vivre comme des frères. Que Dieu vous bénisse.

Je salue cordialement les fidèles anglophones. Mes pensées se tournent particulièrement vers les jeunes qui retournent à l’école dans les semaines à venir. Chers jeunes, que cette année académique soit pour vous tous un temps de croissance éducative et d’approfondissement des liens d’amitié. Sur vous et vos familles, j’invoque la sagesse et la joie de notre Seigneur Jésus-Christ. Que Dieu te bénisse!

Je salue cordialement les pèlerins germanophones ! Aujourd’hui, l’Église nous invite à célébrer le jour de la Nativité de Marie, Mère du Seigneur. En tant que frères et sœurs de Jésus, Marie est aussi notre Mère. Formons une famille avec Jésus et Marie ! Que la Sainte Vierge vous protège et vous accompagne toujours.

Je salue cordialement les fidèles hispanophones. Je vous invite à redécouvrir la beauté d’être fils et filles de Dieu, et à rendre grâce pour le don reçu dans le baptême, qui fait de nous des frères et sœurs dans le Christ, membres de l’Église et participants à sa mission dans le monde.

Et ce jour-là, les Cubains célèbrent leur patronne et mère, la Virgen de la Caridad del Cobre [Vierge de la Charité du Cuivre]. Avec un souvenir reconnaissant de mon pèlerinage à votre Sanctuaire, en septembre 2015, je veux à nouveau présenter aux pieds de la Vierge de la Charité la vie, les rêves, les espoirs et les peines du peuple cubain. Que partout où il y a un Cubain aujourd’hui, expérimente la tendresse de Marie, et qu’Elle les conduise tous au Christ, le Sauveur. Que le Seigneur vous bénisse. Merci beaucoup.

J’adresse un salut cordial aux fidèles lusophones, en particulier à la communauté brésilienne « Notre-Dame d’Aparecida » à Rome. Chers amis, au baptême nous avons été sanctifiés au nom de la Très Sainte Trinité. Nous demandons la grâce de pouvoir vivre nos engagements baptismaux en véritables imitateurs de Jésus, le Fils de Dieu, guidés par l’Esprit Saint, pour la gloire du Père. Merci.

Je salue les fidèles arabophones. Vous, enfants, jeunes, étudiants et enseignants qui retournez à l’école ces jours-ci, que le Seigneur vous aide à conserver la foi et à cultiver la science, à devenir les protagonistes d’un avenir meilleur, dans lequel l’humanité peut jouir de la paix, de la fraternité et du calme. Que le Seigneur vous bénisse tous et vous protège toujours de tout mal !

Je salue cordialement tous les Polonais. J’exprime ma joie pour la prochaine béatification du Cardinal Stefano Wyszyński et de Mère Élisabetta Rosa Czacka. Que le testament spirituel du Primat du Millénium : « Je confie tout à Marie » et la confiance de Mère Élisabeth Rosa dans la Croix du Christ soient toujours la force de votre nation.

Sur le cardinal Wyszyński, saint Jean-Paul II a prononcé ces paroles historiques : « Sur le siège de Pierre, il n’y aurait pas ce Pape polonais, sans votre foi, qui ne s’est pas pliée à la prison et à la souffrance, et à la souffrance, votre espérance héroïque, votre confiance entière dans la Mère de l’Église ». Dieu bénisse la Pologne. Que vos grands saints et bienheureux vous soutiennent.


 

APPEL

Le 11 septembre prochain sera célébré le nouvel an en Éthiopie. J’adresse au peuple éthiopien mon salut le plus cordial et affectueux, et de façon particulière à ceux qui souffrent à cause du conflit en cours et de la grave situation humanitaire qu’il a provoquée. Que ce soit un temps de fraternité et de solidarité au cours duquel écouter le désir commun de paix.

J’adresse un salut cordial aux pèlerins de langue italienne. En particulier, aux membres de l’Archiconfrérie « Maria Santissima Addolorata » de Casolla (Caserta), et aux Officiers et Élèves de l’École Militaire « Nunziatella » de Naples et aux Sœurs Servantes du Sacré-Cœur. Je vous souhaite à tous, pèlerins d’ici, que votre visite sur les tombeaux des Apôtres vous fortifie dans votre adhésion au Seigneur et fasse de vous ses témoins dans la vie de tous les jours.

Enfin, mes pensées vont, comme d’habitude, aux personnes âgées, aux jeunes, aux malades et aux jeunes mariés. Aujourd’hui, nous célébrons la Nativité de la Bienheureuse Vierge Marie. Cette fête nous rappelle que Dieu est fidèle à ses promesses et, par Marie Très Sainte, il a voulu vivre parmi nous : que chacun de vous ait la joie d’accueillir sa présence de paix de joie ! Je vous bénis de tout cœur.


 

Résumé de la catéchèse du Saint-Père :

Frères et sœurs, saint Paul explique, dans la lettre aux Galates, que la foi en Jésus-Christ nous rend réellement fils de Dieu. Cette filiation n’est plus celle qui concerne tous les hommes en tant qu’enfants de l’unique Créateur. Il s’agit d’une condition radicalement nouvelle qui advient au Baptême. Par son incarnation, le Christ nous a réconciliés avec son Père et est devenu notre frère.

Le Baptême n’est pas un simple rite extérieur. Il transforme notre être le plus intime et nous fait prendre part, de manière réelle et effective, au mystère du Christ : nous sommes morts et ensevelis avec lui pour vivre avec lui. L’identité de fils de Dieu est entièrement nouvelle et prévaut sur toute différence ethnique, religieuse et sociale : il n’y a plus ni juif ni grec, ni esclave ni homme libre, ni homme ni femme.

Paul révèle la profonde unité qui existe entre tous les baptisés car ils sont, dans le Christ, une créature nouvelle. Devant cette dignité de fils de Dieu toute distinction devient secondaire entre baptisés, et les conflits qui les divisent ne devraient plus exister. Notre vocation consiste, au contraire, à rendre évident et concret l’appel à l’unité de tout le genre humain.


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