UNITÉ 2019 : 1 QUE LE DROIT JAILLISSE COMME LES EAUX

18 JANVIER

QUE LE DROIT JAILLISSE COMME LES EAUX

Lectures bibliques

Amos 5,22-25 : Quand vous me présentez des holocaustes et des offrandes, je ne les accueille pas ; vos sacrifices de bêtes grasses, je ne les regarde même pas. Éloignez de moi le tapage de vos cantiques ; que je n’entende pas la musique de vos harpes. Mais que le droit jaillisse comme une source ; la justice, comme un torrent qui ne tarit jamais ! Des sacrifices et des offrandes, m’en avez vous apporté pendant quarante ans au désert, maison d’Israël ?

Luc 11,37-44 : Pendant que Jésus parlait, un pharisien l’invita pour le repas de midi. Jésus entra chez lui et prit place. Le pharisien fut étonné en voyant qu’il n’avait pas fait d’abord les ablutions précédant le repas. Le Seigneur lui dit : « Bien sûr, vous les pharisiens, vous purifiez l’extérieur de la coupe et du plat, mais à l’intérieur de vous-mêmes vous êtes remplis de cupidité et de méchanceté. Insensés ! Celui qui a fait l’extérieur n’a-t-il pas fait aussi l’intérieur ? Donnez plutôt en aumône ce que vous avez, et alors tout sera pur pour vous. Quel malheur pour vous, pharisiens, parce que vous payez la dîme sur toutes les plantes du jardin, comme la menthe et la rue et vous passez à côté du jugement et de l’amour de Dieu. Ceci, il fallait l’observer, sans abandonner cela. Quel malheur pour vous, pharisiens, parce que vous aimez le premier siège dans les synagogues, et les salutations sur les places publiques. Quel malheur pour vous, parce que vous êtes comme ces tombeaux qu’on ne voit pas et sur lesquels on marche sans le savoir. »

Réflexion

Les chrétiens sont parfois très engagés à prier et à célébrer, mais moins préoccupés des pauvres et des marginaux. Il nous arrive de prier à l’église mais en même temps d’opprimer nos frères et sœurs humains, ou de maltraiter l’environnement.

Les chrétiens d’Indonésie reconnaissent que, dans leur pays, certains s’efforcent autant qu’ils le peuvent de pratiquer leur foi mais assujettissent ceux qui ont d’autres croyances, y compris par la violence.

Mais dans l’Évangile de Luc, Jésus nous rappelle que l’on manifeste extérieurement son vrai culte envers Dieu en agissant selon la justice. Il est féroce dans sa condamnation de ceux qui négligent cette obligation.

Dans la prophétie d’Amos, Dieu rejette le culte de ceux qui négligent la justice et voudraient pourtant que « le droit jaillisse comme les eaux, et la justice comme un torrent intarissable » (5,24). Le prophète insiste sur le lien absolu qui doit exister entre le culte et les actions menées selon la justice.

Lorsque des chrétiens travaillent ensemble à écouter le cri des pauvres et des opprimés, ils croissent en communion les uns avec les autres, et avec le Dieu Trinité.

Prière

Dieu de la veuve, de l’orphelin et de l’étranger, tu nous as montré le chemin de la justice. Aide-nous à suivre tes voies en pratiquant la justice, te rendant ainsi un culte véritable. Que l’Esprit Saint nous aide et nous conduise à travailler ensemble pour la justice, où que nous soyons, et qu’ainsi beaucoup de personnes en soient fortifiées. Nous te le demandons au nom de Jésus. Amen

C’est la justice, rien que la justice que tu rechercheras

Le Pape François a présidé ce vendredi les vêpres qui ouvre la 52ème semaine de prière pour l’unité des chrétiens, en la basilique romaine de Saint-Paul-hors-les-Murs. Dans son homélie, il a rappelé que «la solidarité et la responsabilité commune doivent être les lois qui régissent la famille chrétienne» et que «nous devons reconnaitre la valeur de la grâce concédée aux autres communautés chrétiennes».

 

Semaine de l'Unité des Chrétiens 2019
Semaine de l’Unité des Chrétiens 2019

Cette année, le thème de la semaine de prière pour l’unité des chrétiens est tiré du Deutéronome : «C’est la justice, rien que la justice que tu rechercheras» et a été choisi par des chrétiens indonésiens. Le Pape François a parlé de ce thème et de ses implications pour les chrétiens dans leur vie quotidienne.

En présence des représentants d’Églises, notamment une délégation œcuménique de Finlande et des étudiants de l’Institut œcuménique de Bossey, il a dit que «l’unité des chrétiens est un fruit de la grâce de Dieu» et que «nous devons nous disposer à l’accueillir avec un cœur généreux et disponible».

«Les fêtes elles-mêmes exhortent le peuple à la justice, rappelant l’égalité fondamentale de tous les membres, toutes également tributaires de la miséricorde divine, et invitant chacun à partager les biens reçus avec les autres. Rendre honneur et gloire au Seigneur lors des fêtes de l’année va de pair avec rendre honneur et justice à son prochain, surtout s’il est faible et dans le besoin.»

La croissance au service de tous

Précisément à partir de l’extrait du Deutéronome, il a souligné combien «est vivante la préoccupation que la croissance économique laisse beaucoup de personnes dans la pauvreté permettant seulement à un petit nombre de s’enrichir grandement.»

«Lorsque la société ne repose plus sur le principe de la solidarité et du bien commun, nous assistons au scandale des personnes vivant dans l’extrême pauvreté aux côtés de gratte-ciel, d’hôtels imposants et de centres commerciaux de luxe, symboles d’une richesse incroyable. Nous avons oublié la sagesse de la loi de Moïse selon laquelle, si la richesse n’est pas partagée, la société est divisée.»

Saint Paul l’a rappelé bien plus tard dans sa lettre aux Romains : «ceux qui sont forts doivent s’occuper des faibles». «La solidarité et la responsabilité commune doivent être les lois qui régissent la famille chrétienne.»

Ne pas mépriser les autres chrétiens

Or, il y a le risque chez les chrétiens que «prédomine la logique connues des Israélites dans les temps anciens et du peuple indonésien aujourd’hui, c’est-à-dire que (…) dans la tentative d’accumuler des richesses, nous oublions les faibles et les personnes dans le besoin. Il est facile d’oublier l’égalité fondamentale qui existe entre nous.»

«Il est facile de penser que la grâce spirituelle qui nous a été donnée est notre propriété» comme il est possible que «les dons reçus de Dieu nous rendent aveugles sur les dons faits aux autres chrétiens.»

«C’est un péché grave que de minimiser ou de mépriser les dons que le Seigneur a donnés à d’autres frères, croyant qu’ils sont en quelque sorte moins privilégiés de Dieu. Si nous partageons les mêmes idées, nous permettons à la même grâce reçue de devenir une source d’orgueil, d’injustice et de division.Et comment pouvons-nous alors entrer dans le Royaume promis?»

Alors il faut «reconnaitre avec humilité que les bénédictions reçues ne sont pas nôtres de droit, mais qu’elles sont nôtres par don, et qu’elles nous ont été données afin que nous les partagions avec les autres», et cela vaut aussi et surtout dans le cadre de l’œcuménisme. «Un peuple chrétien renouvelé et enrichi par cet échange de dons sera un peuple capable de marcher d’un pas assuré et confiant sur la voie qui conduit à l’unité.»

La parole de Dieu, non pas idéologie mais vie qui fait grandir

Que signifie pour un chrétien avoir un «cœur pervers» qui peut le porter à la pusillanimité, à l’idéologie et au compromis ? C’est l’interrogation de l’homélie du Pape François lors de la messe ce jeudi matin en la Maison Sainte-Marthe.

 

«Frères, veillez à ce que personne d’entre vous n’ait un cœur mauvais que le manque de foi sépare du Dieu vivant». C’est le «dur» message, «l’avertissement», que l’auteur de la Lettre aux Hébreux (3, 7-14), dans la liturgie d’aujourd’hui, adresse à la communauté chrétienne. Cette dernière, dans toutes ses composantes, «prêtres, sœurs et évêques» coure le risque de «glisser vers un cœur pervers».

Mais que signifie pour nous cet avertissement ? trois mots, tirés de la Première lecture,  peuvent nous aider à le comprendre : «dureté», «obstination» et «séduction».

Chrétiens pusillanimes, sans le courage de vivre

Un cœur dur est un cœur «fermé», qui «ne veut pas grandir, qui se défend et se ferme». Dans la vie, cela peut arriver à cause, par exemple, d’«une forte douleur», parce que «les coups durcissent la peau». C’est arrivé aux disciples d’Emmaüs et à Thomas. Celui qui reste dans cette «vilaine attitude», est «pusillanime». Et «un cœur pusillanime est pervers».

Chrétiens obstinés

Le deuxième mot est «obstination». «Encouragez-vous les uns les autres jour après jour, aussi longtemps que retentit l’“aujourd’hui” de ce psaume, afin que personne parmi vous ne s’endurcisse» en se laissant tromper par le péché. C’est «l’accusation qu’Étienne lance à ceux qui le lapideront après». L’obstination est «l’entêtement spirituel». C’est le profil des «idéologues», également orgueilleux et superbes.

«L’idéologie est une obstination. La Parole de Dieu, la grâce de l’Esprit Saint, ce n’est pas une idéologie : c’est la vie qui te fait grandir toujours, qui te fait aller de l’avant et ouvrir le cœur aux signaux de l’Esprit, aux signes des temps». «Les obstinés ne dialoguent pas, ils ne savent pas, parce qu’ils se défendent toujours avec les idées, ce sont des idéologues. Et les idéologies, combien elles font mal au peuple de Dieu ! parce qu’elles enferment l’activité de l’Esprit Saint».

Les chrétiens de compromis, esclaves des séductions

Le dernier mot sur lequel le Pape s’arrête est «séduction», celle du péché, de l’œuvre du diable, «le grand séducteur», un «grand théologien mais sans foi, haineux», qui veut «entrer et dominer» le cœur et sait comment faire. Alors un «cœur pervers est celui qui se laisse aller à cause de la séduction, et la séduction le porte à l’obstination, à la fermeture et à tant d’autres choses».

En cédant à la séduction, «tu commences à mener une double vie chrétienne». «Pour utiliser le mot du grand Élie au peuple d’Israël à cette époque : “vous boitez des deux jambes”. Boiter des deux jambes, sans en avoir une ferme. C’est la vie du compromis.»

Que l’Esprit Saint «nous illumine pour que personne n’ait un cœur pervers», dur, qui nous porte à la pusillanimité, à avoir un cœur obstiné qui te porte à la rébellion, à l’idéologie, à avoir un cœur séduit, esclave de la séduction qui nous porte à un christianisme de compromis.

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