Du jeune qui partage aux multiples restes du repas

Le pape François appelle à soutenir le courage et la générosité des jeunes et à les imiter, à l’exemple du « jeune courageux » de l’évangile de ce dimanche qui « donne le peu qu’il a pour nourrir une grande multitude ». Le pape a en effet parlé sur l’épisode de la multiplication des pains et des poissons, lors de l’angélus. « Ayez du courage, toujours », a-t-il dit.

Puis il a insisté sur cet « examen de conscience » : « que faites-vous à la maison avec les restes de nourriture? » Il a amplifié en priant que « les programmes consacrés au développement, à l’alimentation, à la solidarité prévalent dans le monde, et non ceux de la haine, des armements et de la guerre ». Après l’angélus, il a  lancé un appel à combattre la traite des êtres humains.

PAPE FRANÇOIS

ANGÉLUS

Place Saint-Pierre – Rome
Dimanche 22 juillet 2018

Chers frères et sœurs, bonjour!

Vous êtes courageux avec ce soleil sur la Place! Compliments!

L’Évangile d’aujourd’hui (cf. Jn 6,1-15) présente le récit de la multiplication des pains et des poissons. Voyant la grande foule qui l’avait suivi près du lac de Tibériade, Jésus s’adresse à l’apôtre Philippe et il demande: « Où pourrons-nous acheter du pain pour qu’ils aient à manger? » (v. 5).

En fait, le peu d’argent que Jésus et les apôtres possèdent ne suffit pas à nourrir cette multitude. Et voilà qu’André, un autre des Douze, amène à Jésus un garçon qui met à disposition tout ce qu’il a: cinq pains et deux poissons; mais bien sûr – dit André – ce n’est rien pour cette foule (cf. v. 9) Il est bien ce garçon! Courageux.

Lui aussi a vu la foule et il a vu ses cinq pains. Il dit: « J’ai ceci: si c’est utile, je suis disponible ». Ce garçon nous fait réfléchir … Ce courage … Les jeunes sont ainsi, ils ont du courage. Nous devons les aider à poursuivre ce courage.

Pourtant, Jésus ordonne aux disciples de faire asseoir les gens, puis il prend ces pains et ces poissons, il rend grâce au Père et les distribue (cf. v. 11), et tous peuvent avoir de la nourriture à satiété. Tous ont mangé ce qu’ils voulaient.

Par cette page évangélique, la liturgie nous amène à ne pas détourner les yeux de ce Jésus qui, dimanche dernier, dans l’Évangile de Marc, en voyant «une grande foule, a eu compassion d’eux» (6, 34). Ce garçon des cinq pains a lui aussi compris cette compassion, et il dit: «Pauvres gens! Moi, voilà ce que j’ai … » La compassion l’a amené à offrir ce qu’il avait.

En effet, aujourd’hui Jean nous montre encore Jésus attentif aux besoins premiers des personnes. L’épisode découle d’un fait concret: les gens ont faim et Jésus implique ses disciples pour que cette faim soit satisfaite. Voilà le fait concret.

Jésus ne s’est pas borné à donner cela aux foules – il a offert sa Parole, sa consolation, son salut et finalement sa vie – mais il a certainement aussi fait ceci: il s’est soucié de la nourriture pour le corps. Et nous, ses disciples, ne pouvons pas faire semblant de rien.

Ce n’est qu’en écoutant les demandes les plus simples des gens et en se tenant à côté de leurs situations existentielles concrètes que l’on pourra être entendus quand on parlera de valeurs supérieures.

L’amour de Dieu pour l’humanité qui a faim de pain, de liberté, de justice, de paix et surtout de sa grâce divine, ne manque jamais. Jésus continue aujourd’hui à nourrir, à se faire présence vivante et consolante, et il le fait à travers nous.

Par conséquent, l’Évangile nous invite à être disponibles et actifs, comme ce garçon qui se rend compte qu’il a cinq pains et dit: « Je donne ceci, ensuite, à toi de voir … » Face au cri de la faim – toute sorte de «faim» – de tant de frères et sœurs dans toutes les parties du monde, nous ne pouvons pas rester en spectateurs détachés et tranquilles.

La proclamation du Christ, pain de la vie éternelle, exige un engagement généreux de solidarité pour les pauvres, les faibles, les laissés-pour-compte, les sans défense. Cette action de proximité et de charité est la meilleure vérification de la qualité de notre foi, tant sur le plan personnel que communautaire.

Puis, à la fin de l’histoire, quand tout le monde est rassasié, Jésus a dit aux disciples de rassembler les morceaux qui restaient, afin que rien ne soit perdu. Et je voudrais vous proposer cette phrase de Jésus: « Rassemblez les morceaux qui restent, afin que rien ne soit perdu » (v. 12).

Je pense aux gens qui ont faim et à la quantité de restes de nourriture que nous jetons … Que chacun de nous pense: les restes de nourriture à déjeuner, au dîner, où vont-ils? Chez moi, que fait-on avec les restes de nourriture? On les jette? Si tu as cette habitude, je te donne un conseil: parle à tes grands-parents qui ont vécu l’après-guerre, et demande-leur ce qu’ils faisaient avec les estes de nourriture.

Ne jetez jamais de nourriture avancée. Il se réfère à ou donne à ceux qui peuvent le manger, à ceux qui en ont besoin. Ne jetez jamais les restes de nourriture. On les réutilise ou on les donne à qui peut les manger, à qui en a besoin. C’est un conseil et aussi un examen de conscience: que faites-vous à la maison avec les restes de nourriture?

Prions à la Vierge Marie, afin que les programmes consacrés au développement, à l’alimentation, à la solidarité prévalent dans le monde, et non ceux de la haine, des armements et de la guerre.

Après la bénédiction:

Et n’oubliez pas deux choses: une image, une icône et une phrase, une question. L’icône du jeune courageux qui donne le peu qu’il a pour nourrir une grande multitude. Ayez du courage, toujours. Et la phrase, qui est une question, un examen de conscience: que faites-vous à la maison avec les restes de nourriture? Merci!

Après l’angélus, le pape conclut

Demain c’est la Journée mondiale contre la traite des personnes, promue par les Nations Unies. Ce fléau réduit en esclavage de nombreux hommes, femmes et enfants à des fins d’exploitation du travail et sexuelle, du commerce d’organes, de la mendicité et de la délinquance forcée…

Même les routes migratoires sont souvent utilisées par les trafiquants et les exploiteurs pour recruter de nouvelles victimes de la traite. C’est de la responsabilité de tous de dénoncer les injustices et de s’opposer fermement à ce crime honteux.

Je souhaite à tous un bon dimanche. S’il vous plaît, n’oubliez pas de prier pour moi. Bon déjeuner et au revoir!


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multiplication des pains et discours sur le pain de vie

Multiplication des Pains, mosaïque – Saint Sauveur in Chora, Istanbul

Aujourd’hui débute dans la liturgie dominicale la lecture du 6e chapitre de l’Évangile de saint Jean, qui relate la multiplication des pains et rapporte le discours sur le pain de vie. Les foules qui suivent le Christ ont faim. Jésus multiplie le pain que les disciples distribuent.

Je vous invite vous aussi à distribuer la Bonne Nouvelle du Christ. N’hésitez pas à parler de lui autour de vous. Ceux qui cherchent Dieu sont nombreux. Comblez leur faim dans la mesure du possible.

*

Le chapitre 6 de l’Évangile de Jean s’ouvre par la scène de la multiplication des pains, que Jésus commente ensuite dans la synagogue de Capharnaüm, se désignant lui-même comme le « pain » qui donne la vie. Les actions accomplies par Jésus sont parallèles à celles de la dernière Cène : « Jésus prit les pains et, ayant rendu grâces, il les distribua » — ainsi rapporte l’Évangile (Jn 6, 11).

L’insistance sur le thème du « pain », qui est partagé, et sur l’action de grâce (v. 11, en grec eucharistesas), rappellent l’Eucharistie, le Sacrifice du Christ pour le salut du monde.

L’Évangéliste observe que la Pâque, la fête, était désormais proche (cf. v. 4). Le regard se tourne vers la Croix, le don d’amour, et vers l’Eucharistie, la perpétuation de ce don : le Christ se fait pain de vie pour les hommes.

Saint Augustin commente ainsi : « Qui, sinon le Christ, est le pain du Ciel ? Mais pour que l’homme puisse manger le pain des anges, le Seigneur des anges s’est fait homme. S’il ne s’était pas fait tel, nous n’aurions pas son corps ; en n’ayant pas son propre corps, nous ne mangerions pas le pain de l’autel » (Sermon 130, 2).

L’Eucharistie est la grande rencontre permanente de l’homme avec Dieu, dans laquelle le Seigneur se fait notre nourriture, se donne Lui-même pour nous transformer en Lui-même.

Dans la scène de la multiplication, la présence d’un jeune garçon est rapportée, qui, face à la difficulté de rassasier tous ces gens, met en commun le peu qu’il a: cinq pains et deux poissons (cf. Jn 6, 8). Le miracle ne se produit pas à partir de rien, mais à partir d’un premier partage modeste de ce qu’un simple jeune garçon avait avec lui.

Jésus ne nous demande pas ce que nous n’avons pas, mais il nous fait voir que si chacun offre le peu qu’il a, le miracle peut toujours s’accomplir de nouveau : Dieu est capable de multiplier notre petit geste d’amour et nous faire participer à son don.

La foule est frappée par le prodige : elle voit en Jésus le nouveau Moïse, digne du pouvoir, et dans la nouvelle manne, l’avenir assuré, mais elle s’arrête à l’élément matériel, qu’elle a mangé, et le Seigneur, « se rendant compte qu’ils allaient venir s’emparer de lui pour le faire roi, s’enfuit à nouveau dans la montagne, tout seul » (Jn 6, 15).

Jésus n’est pas un roi terrestre qui exerce sa domination, mais un roi qui sert, qui se penche sur l’homme pour satisfaire non seulement la faim matérielle, mais surtout la faim plus profonde, la faim d’orientation, de sens, de vérité, la faim de Dieu.

Chers frères et sœurs, demandons au Seigneur de nous faire redécouvrir l’importance de se nourrir non seulement de pain, mais de vérité, d’amour, du Christ, du corps du Christ, en participant fidèlement et avec une profonde conscience à l’Eucharistie, pour être toujours plus intimement unis à Lui.

En effet, « ce n’est pas l’aliment eucharistique qui se transforme en nous, mais c’est nous qui sommes mystérieusement changés par lui. Le Christ nous nourrit en nous unissant à lui ; il nous attire en lui » (Exhortation apostolique Sacramentum caritatis, n. 70).

Dans le même temps, nous souhaitons prier pour que ne manque à personne le pain nécessaire pour une vie digne, et pour que soient abattues les inégalités, non pas au moyen de la violence, mais par le partage et l’amour.

Nous nous confions à la Vierge Marie, alors que nous invoquons sur nous et sur ceux qui nous sont proches son intercession maternelle.

*

L’Évangile de la multiplication des pains, un signe de la bonté de Dieu pour nous, un signe de la bonté de la création, un signe de la bonté des hommes entre eux. Faisons en sorte que cette lumière de la bonté divine et de la nôtre resplendisse encore en nous et parmi nous, et ainsi que ce soit vraiment un bon dimanche, une bonne semaine. Je vous le souhaite à tous.

Bonnes vacances et que Dieu vous bénisse par l’intercession de la Vierge Marie.

BENOÎT XVI – ANGÉLUS – Castel Gandolfo – Dimanche 29 juillet 2012

© Copyright 2012 – Libreria Editrice Vaticana

le père Jacques Hamel, un martyr pour le Pape

26/07/2018

Père-Jacques-Hamel-sur-lautel-aujourdhui-maison-Sainte-Marthe-au-Vatican
Père-Jacques-Hamel-sur-l’autel-aujourdhui-maison-Sainte-Marthe-au-Vatican

Déjà deux ans jour pour jour, le père Jacques Hamel était tué par deux terroristes islamistes alors qu’il célébrait la messe à Saint-Étienne-du-Rouvray, en Normandie, dans l’ouest de la France. Le Pape, bouleversé, avait immédiatement réagi à son assassinat.

 

Au Vatican, le Pape n’a pas oublié l’abbé Jacques. Il y a deux ans, il avait immédiatement réagi à son assassinat. Un prêtre âgé égorgé en pleine messe, «une action liturgique qui implore de Dieu sa paix pour le monde», à la veille de son départ pour les JMJ de Cracovie :  le Pape se disait bouleversé par cet acte de violence dans une église.

Dans un communiqué envoyé à Mgr Lebrun, l’archevêque de Rouen, le Pape François invoquait Dieu «afin qu’il accueille l’abbé Jacques Hamel dans la paix de sa lumière» ; le Pape assurait sa famille, ses paroissiens et son diocèse de sa proximité spirituelle, s’associant à leur souffrance par la prière. Le Saint-Père ne les a pas oubliés.

Il y a deux ans, le martyre du père Jacques Hamel

Le 14 septembre 2016, un mois et demi après l’assassinat du père Hamel, le Pape François accueille en effet au Vatican, dans la chapelle de sa maison, la résidence Sainte- Marthe, 80 pèlerins du diocèse de Rouen. Parmi eux, deux sœurs du père Hamel et un neveu.

Le Pape a revêtu sa chasuble rouge pour cette messe de suffrage, en la Fête de la Croix glorieuse. L’Église compte aujourd’hui plus de martyrs qu’aux premiers temps, tués parce qu’ils ont refusé de nier le Christ. Le père Jacques Hamel est l’un d’eux.

« Le Père Jacques Hamel a été égorgé sur la Croix. Homme doux, bon, fraternel, qui cherchait toujours à faire la paix, il a été assassiné comme s’il était un criminel, Au moment même où il célébrait le sacrifice du Christ sur la Croix. C’est un martyr et les martyrs sont des bienheureux. Nous devons le prier qu’il nous donne la douceur, la fraternité, la paix. Aussi le courage de dire la vérité : Tuer au nom de Dieu est satanique. »

Le Pape notait alors la lucidité du prêtre de 85 ans, lui qui au milieu de ses souffrances aurait lancé à ses bourreaux « Va-t’en, Satan !», nommant ainsi son véritable assassin.

Sept mois plus tard, le Pape François rendait de nouveau hommage au père Hamel, ainsi qu’à tous les martyrs de l’ère moderne. Il présidait une liturgie de la parole à la basilique Saint-Barthélemy, sur l’île Tibérine, à Rome, sanctuaire des Nouveaux martyrs des 20e et 21e siècles auquel a été confié par sa famille le bréviaire du père Hamel.

Une commémoration en France pour les deux ans de l’assassinat du père Hamel

Ce jeudi, une cérémonie d’hommage a été rendue au père Jacques Hamel : une marche silencieuse, suivie d’une messe présidée par l’archevêque de Rouen.

Mgr Dominique Lebrun a insisté sur la vie de pasteur du père Hamel qui transmettait par son exemple : celui «d’un serviteur fidèle et discret au milieu de sa famille, de sa paroisse et de sa ville», mais aussi par son ministère de prêtres et ses plus de 500 homélies, aujourd’hui au cœur de son procès en béatification, lancé le 13 avril 2017.

Avant même que ce procès ne soit achevé, l’église de Saint-Étienne-du-Rouvray semble être devenue un lieu de pèlerinage. À l’issue de la messe, lors d’une cérémonie républicaine «pour la paix et la fraternité », l’archevêque de Rouen a rappelé combien « le père Jaques est plus vivant que jamais».

Vingt groupes sont annoncés d’ici octobre dans sa paroisse normande. «Les visiteurs anonymes font un détour. D’autres s’intitulent déjà pèlerins», a noté Mgr Lebrun.

 

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