
Le 26 avril 1830, à Paris, s’est déroulé la translation solennelle des reliques de saint Vincent de Paul. La châsse d’argent contenant les précieux restes a été transportée, la veille, dans l’après-midi, de l’Archevêché (tout proche) à Notre-Dame dont le portail, la nef et le chœur, sur l’ordre du roi, ont été tendus de riches draperies.
Depuis, la basilique métropolitaine n’a pas désempli d’une foule avide de s’approcher des reliques du «Père des pauvres». Le matin, le nonce apostolique, Mgr Lambruschini, a célébré la grand’messe pontificale en présence de l’archevêque et d’une dizaine d’évêques.
L’après-midi, à trois heures, le cortège quitte Notre-Dame. Des associations d’hommes, de nombreux Frères des Écoles chrétiennes, les séminaires de Saint-Sulpice, d’Issy, de Saint-Nicolas, du Saint-Esprit et des Irlandais, les prêtres du diocèse, huit cents Filles de la Charité, [dont la novice Catherine Labouré], avec cinquante orphelines, précèdent la châsse.
Entourée des Prêtres de la Mission, elle est portée par dix hommes. Derrière elle, s’avancent deux cents autres Filles de la Charité avec cinquante orphelins, puis les chanoines, les chapelains du roi, dix-sept évêques et l’archevêque. Tandis qu’un peloton de gendarmes ferme le cortège, quatre compagnies de grenadiers et quatre de voltigeurs marchent le long des rangs du clergé.
En sortant de la cathédrale, la procession, au chant des cantiques et au son des musiques militaires, s’engage sur le Petit-Pont et, par la rue Taranne, la rue du Dragon et le carrefour de la Croix-Rouge, atteint la rue de Sèvres. Le long du parcours, les maisons sont décorées.
Dans la chapelle de la Maison-Mère, où n’ont pu entrer, comme le réglait le cérémonial, que les Filles de la Charité, les curés, le chapitre de Notre-Dame et les évêques, la châsse est placée sur une estrade au milieu du chœur.
Mgr de Quélen, en une touchante allocution, déclare au supérieur général, M. Salhorgne, qu’il lui remet avec joie le précieux dépôt. Le successeur de saint Vincent répond. L’heure tardive, — six heures du soir — ne permet pas à Mgr Cottret, évêque de Caryste, et chanoine de Saint-Denis, de prononcer le panégyrique prévu.
C’est par la bénédiction pontificale que s’achève cette belle journée. En des temps moins troublés par la politique, et si la presse n’avait pas entretenu l’animosité contre Charles X et donc plus ou moins indisposé contre une manifestation religieuse autorisée par le gouvernement, la multitude des curieux qui, massés sur les trottoirs, avaient regardé passer l’imposant cortège, aurait sans doute montré son enthousiasme : elle fit preuve de respect, certes, mais aussi de froideur.
Du haut du ciel, l’humilité de saint Vincent devait, au fond, se réjouir du caractère incomplet de ce triomphe que seule une partie du peuple parisien décernait à son corps, à ce corps que son âme avait tant de fois entraîné dans ce Paris dont il fit une Capitale de la Charité.
Des éphémérides de la Congrégation de la Mission concernant la translation des reliques de saint Vincent de Paul