Le Pape au cimetière militaire français de Rome

Le Pape au cimetière militaire français de Rome

Perché en haut de la colline de Monte Mario, sur la rive droite du Tibre, le cimetière militaire français surplombe la ville éternelle depuis bientôt 75 ans. Il est cette année le lieu choisi par le Pape François pour la célébration de la messe pour les défunts, ce mardi 2 novembre.
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CÉLÉBRATION DE LA SAINTE MESSE
POUR LA COMMÉMORATION DE TOUS LES FIDÈLES MORTS

HOMÉLIE DU SAINT-PÈRE FRANÇOIS

Cimetière militaire français à Rome
Mardi 2 novembre 2021

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Une écriture me vient à l’esprit, à la porte d’un petit cimetière, au nord : « Toi qui passes, pense à tes pas, et à tes pas pense au dernier pas ».

Toi qui passes. La vie est un voyage, nous sommes tous en chemin. Nous tous, si nous voulons faire quelque chose dans la vie, sommes sur le chemin. Ce qui n’est pas une promenade, même pas un labyrinthe, non, c’est une promenade. En chemin, nous passons devant tant de faits historiques, devant tant de situations difficiles. Et aussi devant les cimetières.

Le conseil de ce cimetière est : « Vous qui passez, arrêtez le pas et pensez, à vos pas, au dernier pas ». Nous aurons tous une dernière étape. Quelqu’un peut me dire : « Père, ne sois pas si triste, ne sois pas tragique ». Mais c’est la vérité.

L’important est que cette dernière étape nous trouve sur le chemin, pas seulement en nous promenant ; dans le voyage de la vie et non dans un labyrinthe sans fin. Être en chemin pour que le dernier pas nous trouve en train de marcher. C’est la première pensée que je voudrais dire et elle vient de mon cœur.

La deuxième pensée est  à propos des tombes. Ces gens – de bonnes personnes – sont morts à la guerre, ils sont morts parce qu’ils étaient appelés à défendre leur patrie, à défendre des valeurs, à défendre des idéaux et, bien d’autres fois, à défendre des situations politiques tristes et lamentables.

Et ce sont les victimes, les victimes de la guerre, qui mangent les enfants de la patrie. Et je pense à Anzio, à Redipuglia ; Je pense à la Piave du 14ème – beaucoup y sont restées – ; Je pense aux plages de Normandie : quarante mille, dans ce débarquement ! Mais ce n’est pas grave, ils sont tombés…

Je m’arrêtai là devant une tombe : « Inconnu. Mort pour la France. 1944″. Pas même le nom. Dans le cœur de Dieu est notre nom à tous, mais c’est la tragédie de la guerre. Je suis sûr que tous ceux qui sont partis de bonne volonté, appelés de leur patrie pour la défendre, sont avec le Seigneur.

Mais nous qui sommes en chemin, combattons-nous suffisamment pour qu’il n’y ait pas de guerres ? Pourquoi les économies des pays ne sont-elles pas fortifiées par l’industrie de l’armement ? Aujourd’hui, le sermon devrait regarder les tombeaux : « Morts pour la France » ; certains ont des noms, d’autres non. Mais ces tombes sont un message de paix : « Arrêtez, frères et sœurs, arrêtez ! Arrêtez, armuriers, arrêtez ! ».

Ces deux pensées je vous laisse. « Toi qui passe, pense, à tes pas, au dernier pas » : que ce soit en paix, en paix de cœur, en paix tout. La seconde pensée : ces tombeaux qui parlent, crient, crient à eux-mêmes, crient: « Paix ! ».

Que le Seigneur nous aide à semer et à garder ces deux pensées dans nos cœurs.


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Texte traduit et présenté par l’Association de la Médaille Miraculeuse