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Saint Joseph, un modèle pour les journalistes

Saint Joseph et Jésus
Saint Joseph et Jésus
Le Pape a reçu en audience quelque 400 employés du quotidien catholique italien l’Avvenire ce mardi midi. Ce qu’il leur a dit est valable pour tous ceux qui traitent de l’information. En ce premier mai, il les a invités à s’inspirer de saint Joseph, dont les caractéristiques sont le reflet du style Dieu : faire silence pour entendre, se laisser interpeller, être le témoin d’une église qui ne regarde pas la réalité avec distance ou supériorité mais de l’intérieur, et annoncer avec passion et joie de l’Évangile de la miséricorde.

 

En la solennité de saint Joseph, patron des travailleurs, le Pape qui en est particulièrement dévot,  juge « facile d’apprécier la figure de saint Joseph et de demander son intercession » mais pour devenir vraiment ses amis, il faut faire siennes ses qualités qui sont le reflet du style de Dieu.»

Il évoque d’abord « l’homme du silence » qui en apparence seulement est l’antithèse du communiquant. « En réalité, c’est seulement en éteignant les bruits du monde et de nos bavardages qu’il est possible d’écouter, contribution première à toute communication ».  Le silence de Joseph est habité par la voix de Dieu et manifeste l’obéissance de la foi. Joseph se laisse guide par Sa volonté.

Ce n’est pas un hasard s’il sait cheminer dans la nuit, sans comprendre, fort d’un appel qui le place face au mystère. «Joseph est l’homme juste capable de s’en remettre au rêve de Dieu, en se chargeant de porter de l’avant ses promesses. C’est un gardien discret et attentif.» Un éducateur qui accompagne et transmet un métier. Or «la dignité de la personne est étroitement liée au travail, et pas à l’argent, à la visibilité ou au pouvoir.»

Collaborer pour mieux communiquer

Dans « leur caisse à outils », les journalistes disposent maintenant d’instruments technologiques qui ont profondément modifié la profession. Une réorganisation du travail est nécessaire et elle implique plus de collaboration et une harmonisation des médias (télévision, radio, agence de presse).

« Une convergence et une interactivité qui doivent favoriser les synergies, l’intégration et une gestion unique ». Le Pape met en garde contre « un attachement au passé » pourrait être une « tentation pernicieuse ». Il demande aux journalistes catholiques de savoir discerner « les signes des temps » pour emprunter de nouveaux chemins.

Il est utile de rappeler que les médias « offrent un potentiel énorme pour contribuer à une culture de la rencontre ».  Comment l’Église peut-elle faire entendre sa voix et annoncer l’Évangile de la miséricorde ? En suivant les enseignements de saint Joseph.

Les vertus du silence

« Le menuisier de Nazareth nous rappelle l’urgence de retrouver un sens de saine lenteur, de calme et de patience ». Le Pape ne manque pas en effet d’observer que la « rapidité de l’information dépasse notre capacité de réflexion et de jugement ».

Une culture de la hâte et de la superficialité qui privilégie l’immédiateté à l’expérience et qui « risque de nous exposer à la pastorale de l’applaudimètre » ou « à un nivellement de la pensée ».

Le silence de saint Joseph rappelle que tout commence par l’écoute pour s’ouvrir à la parole et à l’histoire de l’autre. Et le silence implique deux choses. D’abord, de ne pas perdre ou abîmer ses racines culturelles  et de toujours se ressourcer dans le Seigneur, en faisant notre ses sentiments d’humilité, de tendresse, de gratuité et de compassion.

Le Pape demande ainsi aux journalistes de chercher la vérité avec humilité. Que l’Évangile soit « la ligne éditoriale » dont dépend leur intégrité, car ils auront alors « la lumière qui les aidera à discerner et les mots pour recueillir la réalité et l’appeler par son nom, en évitant de la réduire à une caricature. »

Se laisser interpeller

Ensuite, il faut reconnaître le Seigneur dans le visage de son prochain, et se laisser interpeller par lui, en dépassant « les myopies, la désinformation et les discriminations ». Le dialogue triomphe des suspicions et des peurs. « L’Église, artisan du dialogue, est purifiée et aidée par lui dans sa compréhension de la foi ».

Le Pape demande aux journalistes de contribuer au dépassement d’oppositions stériles et dangereuses, de ne pas succomber à la tentation de ne pas voir, de s’éloigner, d’exclure et de discriminer, de ne pas se contenter de ce que les autres voient, mais aussi de transformer les problèmes en opportunité, et de se faire les compagnons de tous ceux qui se démènent pour la justice et la paix.

« Ne grossissez pas la file de ceux qui courent pour raconter cette petite part de réalité déjà sous le feu des projecteurs. Partez des périphéries qui ne sont pas la fin mais le commencement de la ville ».

Éduquer à penser

 Paul VI invitait les journalistes à « faire le bien de ceux qui les écoutent ». « Nous devons les éduquer à penser et à juger » affirmait le bienheureux en 1971. Le communiquant catholique a horreur des rigidités qui suffoquent ou emprisonnent.

«  Il ne met pas en cage l’Esprit Saint mais cherchent à le laisser voler » afin que « la réalité ne cède pas la place à l’apparence, la beauté à la vulgarité, l’amitié sociale à la conflictualité ». Le communiquant catholique cultive et renforce toute semence de vie et de bien.

Que les journalistes catholiques puissent faire entendre la voix d’une Église qui ne regarde pas la réalité ni avec distance ou supériorité mais de l’intérieur, « qu’elle s’y cale, s’y mêle et l’habite pour susciter et dilater l’espérance de chacun ».

Et si le Pape de nouveau pousse ses interlocuteurs à « avoir en horreur l’information qu’on consomme facilement et qui ne (nous) engage pas, à reconstruire les éléments de contextes et expliquer les causes (de la réalité), à s’approcher des personnes avec toujours un grand respect », il les invite aussi à toujours « miser les relations (interpersonnelles) qui constituent et renforcent la communauté ».

Et rien de telle que la miséricorde pour créer de la proximité. Il les exhortent ainsi à s’en faire messager pour contribuer au renouvellement de la société pour servir le bien commun, la dignité de chacun et à la pleine citoyenneté.

Le Pape juge aujourd’hui nécessaire de donner de la voix aux valeurs propres à la mémoire collective, aux réserves culturelles et spirituelles du peuple, et de contribuer à apporter au monde sociale, politique ou économique la sensibilité et les orientations de la Doctrine sociale de l’Église, en étant les premiers interprètes fidèles et les premiers témoins.

Pourquoi mai est-il appelé mois de Marie ?

Quand le mois de mai revient et que la nature se pare de toute sa beauté, nous nous souvenons que ce mois est dédié à celle que l’Écriture pare aussi de toute beauté, la Vierge Marie. C’est effectivement le mois où nous avons la coutume de l’honorer depuis longtemps et il est bon de continuer à le faire, car nos cœurs se sentent toujours proches de cette Bonne Mère.

Naguère nous le chantions :

C’est le mois de Marie, c’est le mois le plus beau.
À la Vierge chérie disons un chant nouveau.
Oui, ornons le sanctuaire de nos plus belles fleurs.
O
ffrons à notre Mère et nos chants et nos cœurs. – (Père Lambillotte, sj)

À la chapelle Notre-Dame de la Médaille Miraculeuse, beaucoup effectivement apportent des fleurs et chantent pleins de joie. Quant aux cœurs, c’est le secret de chacun certes, mais l’expression des visages en dit assez pour deviner le rapport qui existe avec Elle.

*

La dédicace d’un mois à une dévotion particulière est une forme de piété populaire dont on ne trouve guère l’usage avant le XVIIIe siècle. Mai, mois de Marie, est le plus ancien et le plus connu des mois consacrés, officiellement depuis 1724 ; août, le mois du Cœur Immaculé de Marie ; septembre, le mois de Notre-Dame des douleurs depuis 1857 ; octobre, le mois du Rosaire depuis 1868 ; novembre, pour nous le mois de Notre-Dame de la Médaille Miraculeuse ; décembre, le mois de l’Immaculée Conception. Cela fait six mois de l’année consacrés à la piété mariale.

Cette consécration est née à Rome. La promotion du mois de Marie doit beaucoup aux Jésuites. Au XIIIe siècle, le roi de Castille avait déjà associé dans son chant la beauté de Marie et le mois de mai. Au siècle suivant, mai étant le mois des fleurs, un dominicain avait l’habitude de tresser des couronnes pour les offrir à la Vierge le 1er mai. Au XVIe siècle, saint Philippe Néri exhortait les jeunes gens à manifester un culte particulier à Marie pendant le mois de mai.

Marie est guide sur le chemin de la prière. C’est parce que le mois de mai se termine par la fête de la Visitation qu’il nous invite à nous rapprocher de Marie pour prier avec elle et nous confier à sa médiation. Sans bruit, bien des personnes se réunissent les soirs du mois de mai, à l’église pour dire le chapelet près d’une statue de la Vierge ornée de fleurs.

Selon le missel marial, Marie nous accompagne vers le terme de la prière, vers Dieu qui est loué pour le salut accompli par son Fils, Marie y étant associée par grâce. Quand nous prions avec Marie, nous nous tournons vers son Fils. Beaucoup de « Je vous salue Marie » sont accompagnés d’une intention de prière car nous avons confiance en Marie pour porter nos suppliques au Seigneur.

« Ô Marie conçue sans péché, priez pour nous qui avons recours à vous. »

« Marie, prenez nos prières, présentez-les à Jésus. » ■

P. Jean-Daniel Planchot, cm, aumônier et directeur
national de l’Association de la Médaille Miraculeuse

contre la mauvaise curiosité

Ce lundi matin lors de sa messe quotidienne dans la chapelle de la Maison Sainte Marthe, le Pape François a commenté l’Évangile du jour (Jn 14, 21-26) : savoir discerner les bonnes et les mauvaises curiosités et ouvrir son cœur à l’Esprit Saint qui donne de la certitude.

« Notre vie est pleine de curiosité »

curiosité
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Mais comment distinguer la bonne curiosité de la mauvaise ? Pour illustrer la « bonne curiosité », le Pape évoque ces petits enfants qui passent leur temps à demander «pourquoi». S’ils le font, c’est parce qu’en grandissant, ils prennent conscience de choses qu’ils ne comprennent pas et cherchent des explications.

Ceci est une bonne curiosité parce qu’elle leur permet de se développer et d’avoir plus d’autonomie. Il s’agit de surcroit d’une curiosité «contemplative» parce que «les enfants voient, contemplent, ne comprennent pas et posent leurs questions».

Être vigilant à son propre comportement

«Patrimoine des femmes comme des hommes », le bavardage est en revanche une mauvaise curiosité. Lorsqu’on veut «mettre son nez dans la vie des autres», qu’on cherche à aller là où, à la fin, les personnes seront salies, quand on cherche à faire comprendre des choses que l’on a pas le droit de savoir. « Ce type de mauvaise curiosité nous accompagne toute la vie : C’est une tentation que nous aurons toujours.»

Faisons attention aux questions posées, aux regards que l’on jette, à nos intentions. Le monde virtuel, les téléphones et tout le reste, suscitent beaucoup de curiosité, notamment chez les enfants. Et ils peuvent y voir tant de choses laides. Il n’y a pas de discipline dans cette curiosité.

Aussi, il est nécessaire d’aider les enfants à vivre dans ce monde, «pour que leur soif de connaissance ne signifie pas le désir d’être curieux, pour qu’ils finissent pas être prisonniers de cette curiosité».

L’Esprit Saint, compagnon de vie du chrétien

L’objet de curiosité des apôtres  est bon au contraire. Ils veulent savoir ce qu’il va arriver et Jésus leur répond en leur donnant des certitudes, et qui «jamais ne trompent» : il leur promet l’Esprit Saint qui leur «enseignera tout, et il (leur) fera souvenir de tout ce que je vous ai dit ».

«C’est l’Esprit Saint qui nous donnera la certitude. L’Esprit Saint ne vient pas avec un paquet de certitudes à prendre. Non. C’est lorsque nous posons nos questions à l’Esprit Saint et que nous lui ouvrons notre cœur qu’il nous donnera de la certitude et la réponse adéquate, à ce moment précis. L’Esprit Saint est le compagnon de vie du chrétien. »

Le dialogue rapporté par l’Évangile entre Jésus et les apôtres est un dialogue «entre curiosité humaine et certitude», il s’achève justement par cette évocation de l’Esprit Saint, «compagnon de la mémoire», qui «nous rappelle les paroles du Seigneur en les illuminant», qui nous conduit «à un bonheur pérenne». Ainsi allons là où la joie est véritable, accompagné par l’Esprit Saint qui aide à ne pas se tromper!

«Demandons au Seigneur de nous purifier en acceptant la curiosité, et de nous aider à savoir discerner la bonne de la mauvaise. Ensuite, demandons au Seigneur d’ouvrir notre cœur à l’Esprit Saint parce qu’il est la certitude, il nous la donnera, en nous rappelant les enseignements du Christ tout au long du chemin.»