Tous les articles par P. Jean-Daniel Planchot

Sous ta protection nous nous réfugions, Sainte Mère de Dieu

Ce dimanche 28 janvier, le Pape François a célébré en la basilique romaine de Sainte-Marie-Majeure la messe pour la fête de la translation de la Salus Populi romani, une image de la Vierge particulièrement populaire à Rome. Dans son homélie, il a expliqué le sens de l’antiphone marial.

antiphone marial -sub tuum praeasidium confugimus
antiphone marial – sub tuum praesidium confugimus

«Sous ta protection nous nous réfugions, Sainte Mère de Dieu : ne méprise pas nos prières quand nous sommes dans l’épreuve, mais délivre-nous de tous les dangers, ô Vierge glorieuse et bénie.»

Marie, Salus Populi Romani
Marie, Salus Populi Romani

En cherchant refuge, «la Vierge Marie, la plus haute femme du genre humain» nous abrite et nous accueille de son manteau, «toujours ouvert». Elle «protège la foi, elle protège les relations, sauve dans les intempéries et préserve du mal. Là où la Vierge est chez elle, le diable n’entre pas ; là où la Mère est présente, l’inquiétude ne prévaut pas, la peur ne l’emporte pas.» «Marie est l’arche sûre au milieu du déluge. Ce ne seront pas les idées ou la technologie qui nous donneront réconfort et espérance, mais le visage de la Mère, ses mains qui caressent la vie, son manteau qui nous abrite. Apprenons à trouver refuge, en allant chaque jour vers la Mère.»

Ne méprise pas nos prières

«Quand l’espérance nous manque, suivant toujours le texte de l’antiphone, quand la joie diminue, quand les forces s’épuisent, quand l’étoile de la vie s’obscurcit, la Mère intervient. Elle est attentive aux peines, sensible aux difficultés, proche du cœur».

«Elle n’a jamais honte de nous, au contraire elle attend seulement de pouvoir aider ses enfants.» À travers toutes nos épreuves, «la Mère de Dieu et la nôtre sait prendre sur elle, consoler, veiller, guérir.»

Délivre-nous de tous les dangers

«La Mère n’est pas en option, elle est le testament du Christ.» «C’est un grand danger pour la foi que de vivre sans Mère, sans protection, nous laissant balloter par la vie comme les feuilles par le vent.»

«Le Seigneur le sait et nous recommande d’accueillir la Mère. Ce sont ne sont pas de bonnes manières spirituelles, c’est une exigence de vie.  L’aimer, ce n’est pas de la poésie, c’est savoir vivre. Car sans Mère, nous ne pouvons pas être des enfants. Et nous, avant tout, nous sommes des enfants, des enfants bien-aimés, qui ont Dieu pour Père et la Vierge pour Mère.»

C’est pourquoi «on ne peut pas rester neutre ou séparé de la Mère, autrement nous perdons notre identité de fils et de peuple, et nous vivons un christianisme fait d’idées et de programmes, sans confiance, sans tendresse, sans cœur. Mais sans cœur, il n’y a pas d’amour et la foi risque de devenir une belle fable d’un autre temps.»

reconnaissance de 19 martyrs en Algérie

Ce vendredi 26 janvier, le Pape François a autorisé la Congrégation pour les Causes des Saints à promulguer les décrets de béatification des 19 martyrs d’Algérie, au cours d’une audience avec le cardinal Angelo Amato, préfet de cette Congrégation .

les 19 martyrs entourant le Christ en croix | DR
les 19 martyrs entourant le Christ en croix | DR

L’évêque d’Oran, Mgr Pierre Claverie, six religieuses et onze moines, dont les sept cisterciens de Tibhirine, voient donc leur martyre reconnu par l’Église catholique, 21 ans après leur assassinat. Leur cause de béatification avait, elle, été ouverte en 2006 à Alger.

Les deux premiers de ces martyrs sont donc le Frère mariste Henri Vergès et Sœur Paul-Hélène Saint-Raymond, des petites Sœurs de l’Assomption, assassinés le 8 mai 1994 à Alger. Six mois plus tard, le 23 octobre 1994, deux autres religieuses sont assassinées: les Espagnoles Sœur Esther Paniagua Alonso et Sœur Caridad Alvarez Martín, religieuses augustines missionnaires.

Le 27 décembre 1994, quatre Pères – trois Français et un belge – sont tués à Tizi Ouzou: Jean Chevillard, Alain Dieulangard, Christian Chessel et Charles Deckers. Ils sont suivis le 3 septembre 1995 par deux Sœurs missionnaires de Notre-Dame des Apôtres: Angèle-Marie Littlejohn et Bibiane Leclercq. Le 10 novembre, c’est au tour de Sœur Odette Prévost, des petites Sœurs du Sacré-Cœur, d’être tuée.

Les moines de Tibéhiirine, dont sept martyrs
Les moines de Tibéhiirine, dont sept martyrs

Le 21 mai 1996, ce sont les sept moines de Tibéhirine, enlevés en mars 1996 dans leur monastère de Notre-Dame de l’Atlas, qui sont assassinés: le prieur Frère Christian de Chergé, Frère Luc Dochier, Frère Christophe Lebreton, Frère Michel Fleury, Frère Bruno Lemarchand, Frère Célestin Ringeard et Frère Paul Favre-Miville.

Leur mort avait été annoncé plusieurs semaines plus tard, par un communiqué du Groupe islamique armé (GIA). Seules les têtes des moines avaient ensuite été retrouvées, le 30 mai 1996, au bord d’une route, non loin du monastère.

Quelques mois plus tard, le 1er août 1996, meurt le dernier de ces martyrs d’Algérie: Mgr Pierre Claverie, 58 ans, dominicain et évêque d’Oran depuis octobre 1981, dans l’explosion d’une bombe déposée devant son évêché. Sur ces 19 martyrs, 16 sont ainsi Français, deux Espagnoles et un Belge.

En septembre 2017, le Pape s’était déjà montré très sensible à la signification du sacrifice de l’ancien évêque d’Oran et des 18 autres martyrs. Mgr Paul Desfarges, archevêque d’Alger, accompagné de l’évêque d’Oran, Mgr Jean Paul Vesco et du père Thomas Georgeon, postulateur de la cause en béatification de ces martyrs, avaient été reçus par le Pape François.

face à l’individualisme, réaffirmer la transcendance de l’homme

Que les pasteurs n’abandonnent pas les hommes mais les aident, «avec vérité et miséricorde», à discerner la volonté de Dieu pour le monde !

«L’homme d’aujourd’hui ne sait plus qui il est, et a donc du mal à reconnaitre comment bien agir.» Dans ce contexte, la Congrégation pour la Doctrine de la foi doit rappeler «la vocation transcendante de l’homme et l’indissoluble connexion de sa raison avec la vérité et le bien, introduite par la foi en Jésus Christ».

Photo : le désert lieu d’appel à ma transcendance

Car rien ne peut plus aider l’homme à se connaitre soi-même, et à connaitre le projet de Dieu pour le monde, que «l’ouverture de la raison à la lumière qui vient de Dieu».

Le travail de la congrégation est pour «réaffirmer le sens de la rédemption» face à «un individualisme qui se fie à ses propres forces pour se sauver». Il faut trouver les implications éthiques d’une anthropologie basée sur l’homme, en tant que sujet «essentiellement relationnel et muni d’une raison ample et spécifique», notamment dans le champ économique et financier.

Opposition à l’euthanasie et l’avortement

Enfin, les concepts «d’autodétermination et d’autonomie», ont porté à l’accroissement des demandes d’euthanasie «comme affirmation idéologique de la volonté de puissance de l’homme sur la vie». Il faut S’opposer aussi à la revendication de l’avortement comme «choix de société», le Pape encourage la réflexion mené durant la session plénière sur ces questions.

«Il est clair que là où la vie ne vaut pas pour sa dignité, mais pour son rendement et sa productivité, tout cela devient possible.» La dignité  de la vie humaine  est «intangible», de sa conception à sa fin naturelle.

«Prendre l’homme par la main»

«La douleur, la souffrance, le sens de la vie et de la mort sont des réalités que la mentalité contemporaine a du mal à affronter avec un regard plein d’espérance». C’est cette espérance que l’Église, et plus particulièrement la Congrégation pour la Doctrine de la Foi, doivent porter au monde.

Il revient donc aux pasteurs de ne pas abandonner les hommes mais de les aider, «avec vérité et miséricorde», à retrouver leur destin authentique au bien. «Toute action visant à prendre l’homme par la main, quand il a perdu le sens de sa dignité et de son destin, pour le conduire avec confiance à reconnaitre la paternité aimante de Dieu, son bon destin et les routes pour construire un monde plus humain.»

Extraits du discours du Pape adressé en salle Clémentine aux membres de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi, réunis en assemblée plénière, ce vendredi 26 janvier 2018