Tous les articles par P. Jean-Daniel Planchot

la prière du Pape devant les reliques de saints péruviens

Martin de Porres
Martin de Porres
Toribio de Mogrovejo, archevêque de Lima
Toribio de Mogrovejo, archevêque de Lima
Rose de Lima
Rose de Lima

Le Pape François a prié dans la cathédrale Saint-Jean de l’Apôtre de Lima devant les reliques des cinq grands saints péruviens: Toribio de Mogrovejo(+1606), Rosa de Lima († 1617), Martin de Porres (+1579), Francisco Solano (+1610) et Jean Macias (+1645), qui avait été transférés à la cathédrale de Lima pour l’occasion. Dans sa prière, le Saint-Père a appelé à suivre les traces de ces saints pour vivre et annoncer au monde la joie de l’Évangile.

Prière sur les reliques des saints péruviens

Francisco Solano
Francisco Solano
Jean Macias
Jean Macias

«Dieu notre Père, qui par Jésus-Christ a institué ton Église sur le roc des Apôtres, pour que, guidée par l’Esprit Saint, elle soit dans le monde signe et instrument de ton amour et de ta miséricorde, nous te rendons grâce pour les bienfaits que tu as accomplis dans notre Église à Lima.

Nous Te remercions en particulier pour la sainteté qui a fleuri sur notre terre. Notre Église archidiocésaine, fécondée par le travail apostolique de saint Turibio de Mogrovejo ; renforcée par la prière, la pénitence et la charité de sainte Rose de Lima et de saint Martin de Porrès ; embellie par le zèle missionnaire de saint François Solano et par l’humble service de saint Jean Macias ; bénie par le témoignage de vie chrétienne d’autres frères fidèles à l’Évangile, Te remercie pour ton action dans notre histoire et Te demande la fidélité à l’héritage reçu.

Aide-nous à être une Église en sortie, en nous faisant proches de tous, en particulier des moins favorisés ; apprends-nous à être des disciples-missionnaires de Jésus-Christ, le Seigneur des Prodiges, en vivant de l’amour, en recherchant l’unité, et en pratiquant la miséricorde, pour que, protégés par l’intercession de Notre-Dame de l’Évangélisation, nous vivions et annoncions au monde la joie de l’Évangile.»

 

couronnement de la Vierge de la Porte à Trujillo

couronnement de la Vierge de la Porte à Trujillo

Ce samedi 20 janvier 2018, après sa rencontre avec les prêtres, consacrés et séminaristes péruviens, les invitant à se remémorer leurs racine, à un témoignage enthousiaste et à se rappeler avec joie de leur vocation, le Pape François, lors d’une veillée mariale,  place de Las Armas, au coeur de la ville, a rendu hommage à la piété populaire au Pérou en couronnant la «Virgen de la Puerta» («Vierge de la Porte»), portée en procession dans les rue deTrujillo.

Cette statue de Marie vient du sanctuaire d’Otuzco, un village de montagne situé à 75 kilomètres de Trujillo. Le 15 janvier, elle a été transportée en procession jusqu’à la cathédrale de la ville, accompagnée de milliers de personnes chantant et dansant, d’orchestres multicolores.

Parmi eux: «los negritos d’Otuzco», d’anciens travailleurs pauvres descendant d’esclaves d’Afrique, qui portaient une grande vénération pour la Vierge dont ils estiment qu’elle les a affranchis de leur servitude. Cette foi du peuple est chère au Pape François qui ne cesse de vanter ses richesses et son apport à la vie de l’Église locale.

 

La cérémonie très recueillie était placée sous la protection de la «Vierge de la Porte», patronne du Nord du Pérou, particulièrement vénérée dans le pays. Images de Vierges et de saints de la région avaient convergé à cette occasion, incarnant cette fois populaire très enracinée chez les Péruviens.

« Nous sommes réunis aujourd’hui pour nous retrouver avec la ‘‘Petite Mère de Otzuco’’», a dit le Pape avec affection, en évoquant cette Vierge de la Porte, placée sur la tribune installée pour cette veillée, devant la cathédrale. «Sur cette place, on veut faire trésor de la mémoire d’un peuple qui sait que Marie est Mère et qu’elle n’abandonne pas ses enfants», thématique de la mère protectrice évoquée en Amazonie.

Le Pape a également salué les autres images et statues de Vierges ou de saints qui avaient également été portés en procession jusqu’au centre de Trujillo, comme Notre-Dame de Grandes Grâces de Huamachuco, la Vierge de l’Assomption d’Usquil ou encore les reliques des Martyrs Conventuels de Chimbote, ville située sur la côte pacifique, au sud de Trujillo.

Au total elles étaient quarante à avoir rejoint le centre de Trujillo ces derniers jours, chacune portée avec ferveur par les peuples de ses villes et villages alentour.

«Chaque communauté, chaque petite localité de ce territoire est assistée par le visage d’un saint, par l’amour pour Jésus Christ et pour sa Mère.» «Là où il y a de la vie et des cœurs qui battent et qui sont désireux de trouver des raisons pour espérer, pour chanter, pour danser, pour vivre dignement.»

Marie, une mère métisse

Dieu se rend proche de chacun,  de manière à ce qu’on puisse le recevoir, «la langue de l’amour de Dieu, c’est toujours un dialecte». C’est dans cette Amérique Latine et plus particulièrement dans ce pays andin qu’est le Pérou que la Vierge manifeste sa proximité en adoptant les traits caractéristiques de ses enfants. Ainsi «Marie sera toujours une Mère métisse, parce que dans son cœur tous les sangs trouvent une place.»

‘‘Mère de la Miséricorde et de l’Espérance’’. C’est une Vierge qui a montré son amour pour les enfants de cette terre, quand placée sur une porte, elle les a défendus et les a protégés des menaces qui les affectaient, suscitant l’amour de tous les Péruviens jusqu’à nos jours. «Elle nous accompagne et nous conduit jusqu’à la Porte qui donne la Vie, parce que Jésus ne veut que personne reste dehors, à la merci de l’intempérie.» 

Le Pape est revenu sur l’année jubilaire de la miséricorde qu’il a convoquée il y a deux ans, formulant un vœu pour le Pérou: «que cette terre habitée par la Mère de la Miséricorde et de l’Espérance puisse démultiplier et apporter la bonté et la tendresse de Dieu en tout lieu.»

La violence faite aux femmes

Le Pape a conclu son discours en rendant hommage à d’autres figures maternelles qui marquent l’histoire péruvienne, à savoir les mères et les grand-mères. «Que serait notre vie sans elles! L’amour pour Marie doit nous aider à avoir des attitudes de reconnaissance et de gratitude envers la femme, envers nos mères et nos grands-mères qui sont un rempart dans la vie de nos cités. Presque toujours silencieuses, elles font avancer la vie.»

Le Souverain pontife a enfin dénoncé le fléau du féminicide, qui affecte particulièrement le continent américain, invitant à lutter contre cette source de souffrance. «Il y a de nombreuses situations de violence qui sont étouffées derrière tant de murs»,

«La Vierge de la Porte, Mère de la Miséricorde et de l’Espérance nous montre le chemin et nous indique la meilleure protection contre le mal de l’indifférence et de l’insensibilité.»

Jésus transforme, renouvelle, consolide tout

Notre Dame de la Porte durant la messe face au Pacifique à Trujillo
Notre Dame de la Porte durant la messe face au Pacifique à Trujillo

Le Pape François a présidé ce samedi 20 janvier 2018 une messe sur l’esplanade côtière de Huanchaco, à Trujillo. Dans son homélie, le Saint-Père a rappelé que malgré les nombreuses épreuves, notamment naturelles, qui ont touché cette région, chacun est appelé à remplir sa vie avec l’espérance du Christ.

C’est sur une côte maltraitée par les calamités naturelles, dont les inondations meurtrières d’avril 2017 liées au phénomène El Nino, que le Pape François a célébré cette messe devant 200 000 fidèles venus de tout le nord du Pérou. Dans son homélie, le Pape a d’ailleurs rapproché ce peuple de pécheurs, qui gagnent leur vie sur de frêles bateaux de roseau, aux disciples d’hier.

«Comme les apôtres, vous connaissez la violence de la nature et vous avez subi ses coups. Tout comme eux ont affronté la tempête sur la mer, vous avez été frappés par le terrible coup du phénomène ‘‘El Niño de la côte’’, dont les conséquences douloureuses durent encore dans de nombreuses familles, en particulier chez celles qui n’ont toujours pas pu reconstruire leurs maisons. »

Jésus vient «nous donner la main et nous aider à nous relever». Ces coups, ces chocs, « interpellent» et nous montrent combien il est important d’être  «unis, d’être riches de cette union qui est le fruit de l’Esprit Saint». Dans ces moments nous prenons conscience «de ce avec quoi nous avons rempli notre vie». Comme les jeunes filles prévoyantes de l’Évangile du jour, il est important de les remplir avec une huile pour d’aller de l’avant.

Critique de la violence organisée et du manque de perspectives

«D’autres tempêtes peuvent s’abattre sur ces côtes et avoir des effets dévastateurs sur la vie des enfants de ce pays.» Ces tempêtes s’appellent violence organisée, «telle que l’assassinat et l’insécurité qu’il provoque»; manque de perspectives éducatives et professionnelles, «en particulier dans les rangs des plus jeunes»; et manque d’un toit sûr pour de nombreuses familles. Ces glissements de terrain «détruisent la confiance mutuelle si nécessaire pour construire un réseau de soutien et d’espérance» et «affectent l’âme».

«Pas de meilleure solution que celle de l’Évangile»

Comment faire ? «Il n’y a pas de meilleure solution que celle de l’Évangile.» Car Jésus «transforme tout, renouvelle tout, consolide tout». En lui réside l’Esprit qui empêche de «rendre naturel ce qui nous fait du mal» et «nous vole l’espérance»; en lui que «nous avons l’Esprit qui nous tient unis pour nous soutenir les uns les autres»; en lui que Dieu fait de nous une communauté croyante «qui aime, car elle ne permet pas que nous croisions les bras».

 

Le Pape François a aussi exhorté le pays à ne pas se faire voler son espérance. Une manière d’évoquer la situation politique difficile du pays. «Avec Jésus, l’âme de ce peuple de Trujillo pourra continuer à s’appeler ‘‘la ville de l’éternel printemps’’, parce qu’avec le Seigneur tout est une opportunité pour l’espérance.»

«Je connais l’amour que ce pays a pour la Vierge, et je sais combien la dévotion à Marie vous soutient toujours en vous conduisant jusqu’à Jésus et en nous donnant le même conseil qu’elle répète toujours : ‘Tout ce qu’il vous dira, faites-le’ (cf. Jn 2, 35). Demandons-lui de nous couvrir de son manteau et de nous conduire toujours à son Fils ; mais disons-le-lui par cette belle chanson populaire : ‘Petite Vierge de la porte, accorde-moi ta bénédiction. Petite Vierge de la porte, donne-nous la paix et beaucoup d’amour’.»