Tous les articles par P. Jean-Daniel Planchot

La foi n’est pas un spectacle

Le bain de Naaman
Le bain de Naaman

L’Église nous demande une conversion de la pensée, selon les enseignements du Christ. La religion et la foi ne sont pas «un spectacle».

Dans la Première lecture dédiée à Naaman le Syrien et dans l’Évangile de Luc, Jésus explique qu’aucun prophète n’est bien accepté dans sa patrie. Le Pape a expliqué que dans ce temps de Carême, l’Église nous fait réfléchir aujourd’hui sur la conversion de la pensée, ainsi que sur la conversion des œuvres et des sentiments.

La conversion de la pensée

«L’Église nous dit que nos œuvres doivent se convertir, et il nous parle du jeûne, de l’aumône, de la pénitence : c’est une conversion des œuvres. Faire des œuvres nouvelles, avec le style chrétien, ce style qui vient des Béatitudes, dans Matthieu 25 : faire cela. L’Église aussi nous parle de la conversion des sentiments : les sentiments doivent aussi se convertir.»

«Pensons par exemple à la parabole du Bon Samaritain : se convertir à la compassion. Des sentiments chrétiens. Conversion des œuvres, conversion des sentiments : mais aujourd’hui, les textes nous parlent de la conversion de la pensée ; non pas de ce que nous pensons, mais aussi de comment nous pensons, du style de pensée. Je pense avec un style chrétien ou un style païen ? Ceci est le message que l’Église nous donne aujourd’hui.»

Ne pas attendre de Dieu un spectacle

Dans l’épisode de Naaman le Syrien, malade de la lèpre,  ce dernier «va voir Élisée pour être guéri», et on lui conseille de se baigner sept fois dans le Jourdain. Il pense au contraire que les fleuves de Damas sont meilleurs que les eaux d’Israël, «il s’énerve, il s’indigne et veut s’en aller sans le faire», parce que «cet homme attendait le spectacle». Mais le style de Dieu est tout autre : «Il guérit d’une autre façon.»

L’Esprit Saint agit dans les cœurs

La même chose arrive avec Jésus, quand il revient à Nazareth et va à la Synagogue. Au début, «les gens le regardaient, ils étaient surpris, ils étaient contents». Mais ensuite ont commencé les bavardages, les critiques. L’attitude des gens a changé, et ils ont voulu le tuer. «De l’admiration, de l’étonnement, à la volonté de le tuer. Ceux-ci aussi, ils voulaient le spectacle.»

«’Mais, qu’ils fassent des miracles, ce qu’ils disent qu’il a fait en Galilée, et nous croirons.’ Et Jésus explique : ‘En vérité, moi je vous dis : aucun prophète n’est bien accepté dans sa patrie‘. Parce que nous résistons quand quelqu’un de nous peut nous corriger. Il doit venir nous corriger d’une façon spectaculaire… Et la religion n’est pas un spectacle. La foi n’est pas un spectacle : c’est la Parole de Dieu et l’Esprit Saint qui agit dans les cœurs.»

La grâce de la conversion

L’Église nous invite donc à changer la façon de penser, le style de pensée. On peut réciter «tout le Credo, et même tous les dogmes de l’Église», mais si on ne le fait pas «avec l’esprit chrétien», cela ne sert à «rien». «La conversion de la pensée. Il n’est pas habituel que nous pensions de cette façon. Ce n’est pas habituel. Aussi la façon de penser, la façon de croire, doit être convertie.»

«Nous pouvons nous poser cette question : Avec quel esprit est-ce que je pense ? Avec l’esprit du Seigneur, ou avec mon propre esprit, avec l’esprit de la communauté à laquelle j’appartiens , ou du petit groupe, ou de la classe sociale à laquelle j’appartiens, ou du parti politique auquel j’appartiens ? Avec quel esprit est-ce que je pense ?»

«Chercher si je pense vraiment avec l’Esprit de Dieu. Demander la grâce de discerner quand je pense avec l’esprit du monde, et quand je pense avec l’Esprit de Dieu. Et demander la grâce de la conversion de la pensée.»

D’après le Pape François, lors de la messe matinale à la Maison Sainte-Marthe au Vatican, ce 5 mars 2018

Jésus chasse les marchands du temple de Jérusalem

Jésus chasse les marchands du Temple - vitrail du XIXe siècle -atelier LORIN - église Saint-Aignan Chartres
Jésus chasse les marchands du Temple – vitrail du XIXe siècle -atelier LORIN – église Saint-Aignan Chartres

L’Évangile d’aujourd’hui présente, dans la version de Jean, l’épisode dans lequel Jésus chasse les marchands du temple de Jérusalem (Jn 2, 13-25). Il fit ce geste en s’aidant d’un fouet avec des cordes, renversa les tables et dit: «Ne faites pas de la maison de mon Père une maison de commerce!» (V. 16).

Cette action décisive, menée dans la proximité de la Pâque, suscita une grande impression dans la foule et l’hostilité des autorités religieuses et de ceux qui se sentaient menacés dans leurs intérêts économiques. Mais comment devons-nous l’interpréter? Ce n’était certes pas une action violente, tant il est vrai qu’elle ne provoqua pas l’intervention des gardes de l’ordre public: de la police. Non!

Mais ce fut compris comme une action typique des prophètes, qui dénonçaient souvent abus et excès au nom de Dieu. La question qui était posée était celle de l’autorité. En effet, les Juifs demandait à Jésus: «Quel signe nous montres-tu pour faire cela ?» (V. 18), c’est-à-dire, quelle autorité as-tu pour le faire ? Comme pour demander la démonstration qu’il avait vraiment agi au nom de Dieu.

Pour interpréter le geste de Jésus de purifier la maison de Dieu, ses disciples ont utilisé un texte biblique du psaume 69 : «L’amour de ta maison fera mon tourment.» (verset 17); C’est ce que dit le psaume: «L’amour de ta maison fera mon tourment.» Ce psaume est une invocation d’aide dans une situation de danger extrême due à la haine des ennemis : la situation que Jésus vivra dans sa Passion.

Le zèle pour le Père et pour sa maison à la fin l’amèneront à la croix : c’est le zèle de l’amour qui mène au sacrifice de soi, et non le faux zèle qui prétend servir Dieu par la violence. En fait, le «signe» que Jésus donnera comme preuve de son autorité sera précisément sa mort et sa résurrection: «Détruisez ce temple – dit-il – et en trois jours je le relèverai» (verset 19).

Et l’évangéliste note: « Il parlait du temple de son corps » (verset 21). Avec la Pâque de Jésus commence le nouveau culte, dans le nouveau temple, le culte de l’amour, et le nouveau temple c’est Lui-même.

L’attitude de Jésus racontée dans le passage évangélique d’aujourd’hui nous pousse à vivre nos vies non pas à la recherche de nos avantages et de nos intérêts, mais pour la gloire de Dieu qui est amour. Nous sommes appelés à garder à l’esprit ces paroles fortes de Jésus: « Ne faites pas de la maison de mon Père une maison de commerce » (verset 16).

C’est très mauvais quand l’Église glisse vers l’attitude de faire de la maison de Dieu une maison de commerce. Cette Parole nous aide à rejeter le danger de faire aussi de notre âme, qui est la demeure de Dieu, un lieu de commerce, vivant dans la recherche continuelle de notre retour plutôt que dans un amour généreux et solidaire.

Cet enseignement de Jésus est toujours actuel, non seulement pour les communautés ecclésiales, mais aussi pour les personnes individuelles, pour les communautés civiles et pour l’ensemble de la société. En fait, il est courant de tenter de profiter d’activités bonnes, parfois nécessaires, pour cultiver des intérêts privés, voire illicites.

C’est un danger sérieux, surtout quand cela exploite Dieu lui-même et le culte qui lui est dû, ou le service à l’homme, son image. C’est pourquoi Jésus a usé de la « manière forte » pour nous débarrasser de ce danger mortel.

Que la Vierge Marie nous soutienne dans notre engagement à faire du Carême une bonne occasion de reconnaître Dieu comme seul Seigneur de notre vie, en supprimant toute forme d’idolâtrie de notre cœur et de nos œuvres.

PAPE FRANÇOIS –  ANGÉLUS – Place Saint Pierre à Rome – IIIe Dimanche de Carême 4 mars 2018


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« Marie Mère de l’Église », célébrée le lundi après la Pentecôte

« Marie Mère de l’Église », célébrée le lundi après la Pentecôte

Selon la volonté du Pape, l’Église de rite romain célèbre maintenant, chaque année, la mémoire de « la bienheureuse Vierge Marie Mère de l’Église » le lundi après la Pentecôte. Sa mémoire  apparait dans tous les calendriers et les livres liturgiques pour la célébration de la messe et de la liturgie des heures.

Valoriser le mystère de la maternité spirituelle de Marie

Commentant le décret signé à l’occasion du cent-soixantième anniversaire de la première apparition de la Vierge à Lourdes, le cardinal Robert Sarah, préfet de la Congrégation pour le Culte divin et la Discipline des sacrements, explique l’intention du Pape.

Celui-ci a pris la décision de célébrer Marie Mère de l’Église, «en considérant l’importance du mystère de la maternité spirituelle de Marie qui, dans l’attente de l’Esprit Saint à la Pentecôte (cf. Ac 1, 14), n’a jamais cessé de prendre soin maternellement de l’Église pèlerine dans le temps».

Il estime que «la promotion de cette dévotion peur favoriser, chez les pasteurs, les religieux et les fidèles, la croissance du sens maternel de l’Église et de la vraie piété mariale».

Le vœu est que cette célébration rappelle à tous les disciples du Christ que, si nous voulons grandir et être remplis de l’amour de Dieu, il faut planter notre vie sur trois grandes réalités – la Croix, l’hostie, et la Vierge – «trois mystères que Dieu a donnés au monde pour structurer, féconder et sanctifier notre vie intérieure, et nous conduire vers Jésus» (Cardinal Sarah).

Le fruit d’un progrès

Le Pape François n’est pas le premier à accorder de l’importance à Marie Mère de l’Église. Le décret souligne les progrès réalisés dans la vénération liturgique réservée à la Vierge Marie.

La Mère du Christ est aussi Mère de l’Église, comme l’indique les «paroles prémonitoires» de saint Augustin et de saint Léon le Grand. L’un dit que Marie est «la mère des membres du Christ», parce qu’elle a coopéré à la renaissance des fidèles dans l’Église. L’autre écrit qu’elle est mère des membres du Corps mystique du Christ, c’est-à-dire de son Église.

«Ils s’appuient tout deux sur la maternité de Marie et de son union intime avec l’œuvre du Rédempteur». En accueillant le disciple bien aimé, Marie a accueilli tous les hommes comme des enfants appelés à renaitre à la vie divine. Dans le disciple bien aimé, le Christ choisit à son tour tous les disciples comme vicaires de son amour envers la Mère.

Et au cours des siècles, la piété chrétienne a honoré Marie avec les titres de Mère des disciples, des fidèles et des croyants. Tel est le fondement sur lequel s’est appuyé le saint Pape Paul VI lorsqu’il a reconnu solennellement à Marie le titre de Mère de l’Église le 21 novembre 1964 en concluant la troisième session du Concile Vatican II.

Depuis, le Saint-Siège a proposé à l’occasion de l’Année Sainte de la Réconciliation en 1975, une messe votive en l’honneur de la bienheureuse Marie Mère de l’Église, insérée par la suite dans le Missel Romain ; il a aussi accordé la faculté d’ajouter l’invocation de ce titre dans les Litanies Laurétanes en 1980 et publié d’autres formules dans le recueil des messes de la bienheureuse Vierge Marie en 1986.

Cas exceptionnels

Le Saint-Siège a également concédé, pour certaines nations, diocèses et familles religieuses qui en ont fait la demande, d’ajouter cette célébration dans leur Calendrier particulier. Parmi ces nations, la Pologne ou l’Argentine.

Dans ces cas particuliers, rien ne change. «Là où la célébration de la bienheureuse Vierge Marie, Mère de l’Église, est déjà célébrée selon les normes du droit particulier approuvé, à un jour différent avec un degré liturgique supérieur, même dans le futur, elle peut être célébrée de la même manière.»