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aux prêtres et consacrés : faire connaître Jésus dans la joie

Dans le stade couvert La Macarena le Pape François a rencontré ce dimanche 9 septembre 2017 près de 12 000 prêtres, religieux, consacrés, séminaristes et leurs familles. Après plusieurs témoignages, le Saint-Père a commenté l’allégorie biblique de la vraie vigne (Jn 15, 1-11).

«Connaître Jésus est le meilleur don que puisse recevoir toute personne; que nous l’ayons rencontré, nous, est la meilleure chose qui nous soit arrivée dans la vie, et le faire connaître par notre parole et par nos œuvres est notre joie.»

«Beaucoup d’entre vous, [chers] jeunes, auront découvert ce Jésus vivant dans vos communautés; communautés d’une ferveur apostolique contagieuse, qui enthousiasment et suscitent l’attraction. Là où il y a de la vie, de la ferveur, l’envie de conduire les autres au Christ, surgissent des vocations authentiques».

Le Pape évoque aussi les jeunes victimes de la drogue et prie pour la conversion de ceux qui détruisent leur vie. Toutefois, il souligne qu’ils sont nombreux, à s’engager dans le militantisme ou le bénévolat, devenant des «troubadours de la foi», heureux de porter Jésus au monde.

Car ce «peuple de l’alliance», que le Pape compare à la vigne citée par le Christ, ne grandit pas toujours dans un terreau facile. «Sûrement dans des environnements chargés de contradictions, de clair-obscur, de situations relationnelles complexes.» Car malgré la crise culturelle, Dieu continue d’appeler des hommes et des femmes «dans la fragilité de l’histoire personnelle et communautaire».

Discerner «un désir authentique» et non une recherche «d’honneurs»

Mais le Pape appelle cette vigne, «celle de Jésus», à être la vraie «car nous sommes un peuple élu pour la vérité, et notre appel doit être dans la vérité.» Ainsi il faut discerner dès le début du chemin vocationnel «un désir authentique de se configurer à Jésus» qui ne soit pas recherche «d’honneurs», «d’une tranquillité personnelle et de promotion sociale», «des intérêts matériels».

Face à cela, Dieu nous demande de tailler les sarments «de sécheresse et de mort» comme le mensonge ou la manipulation, mais il «purifie» aussi la vigne de ses imperfections. «La promesse, c’est que nous porterons du fruit, et en abondance», poursuit le Pape.

Il cite alors plusieurs exemples: sainte Laura Montoya, première sainte colombienne qu’il avait lui-même canonisée en 2013 et dont les reliques sont présentes à Medellin, mais aussi le bienheureux Mariano de Jésus Euse Hoyos, et tant d’autres anonymes «qui, dans la simplicité de la vie quotidienne, ont su se donner pour l’Évangile».

Maintenir une relation «vitale, existentielle» avec Jésus

À leur suite, le Saint-Père appelle alors en demeurer en Jésus. «Demeurer ne signifie pas seulement rester, mais veut dire maintenir une relation vitale, existentielle, de nécessité absolue; c’est vivre et grandir en union intime et féconde, avec Jésus, “source de vie éternelle”». Pour rendre effectif ce fait de demeurer, le Saint-Père donne trois conseil.

D’abord, demeurer «en touchant l’humanité du Christ». Comment ? «Par le regard et les sentiments de Jésus, qui contemple la réalité, non pas comme un juge, mais comme le bon samaritain»; mais aussi «par les gestes et les paroles de Jésus».

Ensuite, demeurer en contemplant la divinité du Christ, par le goût des études, notamment celles des Saintes Écritures. Ces études doivent permettre «d’interpréter la réalité avec les yeux de Dieu» sans suivre les «va-et-vient des modes ou des idéologies» ni s’alimenter «de nostalgies».

Contempler sa divinité, c’est également pour François faire de la prière un élément «fondamental» de la vie et du service apostolique et réserver une large part à la réconciliation, car «nous sommes tous des pécheurs».

La joie «premier témoignage de l’amour de Dieu»

Enfin, «il faut demeurer dans le Christ pour vivre dans la joie», termine François. «L’appel de Dieu n’est pas un fardeau lourd qui nous vole la joie.» Au contraire, «notre joie contagieuse doit être le premier témoignage de la proximité et de l’amour de Dieu. Nous sommes de vrais dispensateurs de la grâce de Dieu lorsque nous reflétons la joie de la rencontre avec lui».

Dans la Genèse, «Noé plante une vigne comme signe d’un nouveau commencement.» «Il nous revient d’offrir tout notre amour et notre service en union avec Jésus, notre vigne. Et d’être la promesse d’un nouveau commencement pour la Colombie, qui laisse derrière les déluges de désaccord et de violence, qui veut porter beaucoup de fruits de justice et de paix, de rencontre et de solidarité.»

Jésus n’abandonne personne dans la souffrance

Poursuivant sa journée à Medellin, ce samedi 9 septembre 2017, après la messe célébrée dans la matinée à l’aéroport Enrique Olaya Herrera puis un repas pris au sanctuaire du Sacré Cœur de Jésus, le Pape François s’est rendu en début d’après-midi au Foyer Saint Joseph. Ce centre accueille des enfants dans le besoin, abandonnés ou victimes de violence. Ils y reçoivent des soins médicaux et une formation scolaire.

Reçu dans une ambiance très chaleureuse, avec des fleurs et des chants religieux ou composés spécialement pour le remercier de sa venue, le Saint-Père a pris le temps de prendre des enfants dans ses bras avant d’écouter attentivement l’une des jeunes, Claudia Yesenia, 13 ans, devenue orpheline après l’attaque d’une guérilla.

Ses mots touchent le Pape, lui faisant venir «à la mémoire du cœur» la souffrance des enfants «victimes innocentes de la méchanceté de certains», enfants auxquels on nie d’une manière inacceptable «un avenir d’espérance».

«Jésus n’abandonne personne dans la souffrance»

«L’Enfant Jésus a été lui aussi victime de la haine et de la persécution». «Mais Jésus n’abandonne personne dans la souffrance, encore moins vous, enfants, qui êtes ses préférés». Ainsi Claudia avait trouvé une tante, un hôpital et enfin le centre saint Joseph pour l’aider sur son chemin.

«Ce foyer est une preuve de l’amour que Jésus a pour vous et de son désir d’être très proche de vous. Il le fait à travers l’amour prévenant de toutes les personnes bonnes qui vous accompagnent, qui vous aiment et qui vous éduquent.» Ces religieuses, ce personnel soignant confèrent au foyer «la chaleur d’une famille où nous nous sentons aimés, protégés, acceptés, entourés de soin et accompagnés.»

Suivre l’exemple de saint Joseph

Le Saint-Père affirme d’ailleurs apprécier que le foyer porte le nom d’une figure d’une illustre famille: saint Joseph.  D’après l’Évangile selon saint Matthieu, Joseph a obéi «immédiatement», se levant dans la nuit pour faire ce que Dieu lui avait demandé (Mt 2, 14).

«Je suis sûr que, tout comme Joseph a protégé et défendu des dangers la Sainte Famille, de même il vous défend, vous entoure de soin et vous accompagne. Et avec lui, Jésus et Marie aussi, car saint Joseph ne peut pas rester sans Jésus et sans Marie.»

Aux religieux et laïcs qui accueillent et entourent de soin avec amour des enfants en bas-âge victimes de la souffrance et de la douleur, le Pape rappelle deux réalités qui font «partie de l’identité chrétienne»: «l’amour qui sait voir Jésus présent dans les plus petits et les plus fragiles, et le devoir sacré de conduire les enfants à Jésus».

Il leur demande de suivre l’exemple de saint Joseph «dans la garde amoureuse de ces petits, qui sont l’avenir de la société colombienne, du monde et de l’Église.» «Dieu ne vous abandonne pas, il vous protège et vous assiste. Et le Pape vous porte dans son cœur; ne vous lassez pas de prier pour moi.»

intégralité du discours du Pape François au Foyer Saint Joseph de Medellin (page 2)

L’Église n’est pas une douane, ses portes sont ouvertes à tous

Premier rendez-vous de son étape à Medellin: le Pape François a présidé la messe, ce samedi 9 septembre 2017, à l’aéroport Enrique Olaya Herrera de la deuxième ville de Colombie.

C’est en présence de centaines de milliers de fidèles, qui l’ont accueilli avec un enthousiasme débordant malgré la pluie, que le Pape a célébré la mémoire liturgique de saint Pierre Claver (1580-1654), prêtre jésuite catalan, missionnaire auprès des esclaves africains.

Le Pape a centré son homélie sur «la vie chrétienne comme disciple», un style de vie qui suppose d’aller à l’essentiel, de se renouveler et de s’engager. Reprenant l’évangile lu deux jours plus tôt à Bogota, le Saint-Père explique que le chemin sur lequel se sont engagés les premiers disciples, puis les douze, a nécessité  «beaucoup d’efforts de purification», tout en les mettant «face aux lépreux, aux paralytiques, aux pécheurs».

Faire l’expérience «vivante» de Dieu et de son amour

«Ces réalités demandaient beaucoup plus qu’une recette, une norme établie.» les disciples ont dû rompre avec des pratiques plus proches de celles des pharisiens, des docteurs «paralysés par une interprétation et une pratique rigoristes de la loi», que de celles de Jésus. Cette manière de faire du Christ, qui doit se traduire dans notre vie de disciple, en trois attitudes.

«Aller à l’essentiel, en profondeur, à ce qui compte et qui a de la valeur pour la vie». La relation avec Dieu ne peut être ni «un attachement froid à des normes et à des lois», ni «un accomplissement de certains actes extérieurs qui ne nous conduisent pas à un changement réel de vie», ni une simple «habitude, parce que nous avons un certificat de baptême». 

Cette relation doit partir d’une «expérience vivante de Dieu et de son amour», «un mouvement continuel vers le Christ», «un apprentissage permanent par l’écoute de sa Parole». Cette parole, qui «s’impose à nous dans les besoins concrets de nos frères».

«Pondérer ce qui est normatif quand est en jeu la marche à la suite de Jésus»

Deuxième attitude: se renouveler, se laisser «secouer» par l’Esprit comme les docteurs de la loi l’ont été par Jésus. Attention, préviens le Pape: «on ne se renouvelle pas selon son caprice» mais «en restant solidement fondé dans la foi». «Le renouvellement suppose le sacrifice et le courage, non pas pour se considérer comme les meilleurs ou les plus propres, mais pour mieux répondre à l’appel du Seigneur.»

Car le Christ nous appelle «à pondérer ce qui est normatif quand est en jeu la marche à la suite de Jésus; quand ses plaies ouvertes, son cri de faim et de soif de justice nous interpellent et nous imposent des réponses nouvelles.»

«L’Église n’est pas à nous, elle est à Dieu»

«Ils sont nombreux ceux qui ont faim, faim de Dieu, faim de dignité parce qu’ils ont été dépouillés.» «Mes frères, l’Église n’est pas une douane. Elle a besoin de portes ouvertes, parce que le cœur de Dieu n’est pas seulement ouvert, mais est percé de l’amour qui s’est fait douleur.»

Les chrétiens n’ont pas continuellement à lever la bannière «passage interdit» car «l’Église n’est pas à nous, elle est à Dieu» et Dieu a appelé tous les hommes. «Tous». Loin d’empêcher cette rencontre, nous devons la favoriser, suivant l’appel du Christ à donner à nourrir nos frères (Mt 14, 16).

Le Pape conclut en invitant l’Église colombienne «à s’engager avec plus d’audace dans la formation de disciples missionnaires», comme l’ y invitait le document d’Apareceda: «des disciples qui sachent voir, juger et agir».

intégralité de l’homélie prononcée par le Pape François (page 2)