Tous les articles par P. Jean-Daniel Planchot

le Notre Père, prière chrétienne par excellence

PAPE FRANÇOIS

AUDIENCE GÉNÉRALE

Mercredi 7 juin 2017


Frères et sœurs,

Il y avait quelque chose de fascinant dans la prière de Jésus, si fascinant qu’un jour ses disciples ont demandé à y être introduits. Les Évangélistes ont documenté ce mystère du Christ.Les disciples de Jésus ont été impressionnés par ce fait que lui, surtout le matin et le soir, il se réfugiait dans la solitude et «plongeait» dans la prière. Et pour cela, un jour, ils lui ont demandé de leur enseigner aussi à prier. (cf. Lc 11,1)

C’est alors que Jésus a transmis ce qui est devenu par excellence la prière chrétienne : le « Notre Père ». En fait, Luc, par rapport à Matthieu, nous donne la prière de Jésus d’une manière un peu raccourcie, qui commence par la simple prière : « Père » (v. 2).

Jésus nomme Dieu du nom de « Père », résumé de toute prière chrétienne. Nous serions tentés d’utiliser un titre plus élevé et plus conforme à la transcendance divine. Mais le mot « Père » nous établit dans une relation de confiance avec lui ; comme un enfant qui se sait aimé de lui.

C’est la grande révolution que le christianisme introduit dans la psychologie religieuse de l’homme. Le mystère de Dieu, devant qui nous sommes si petits, ne nous fait plus peur ; mais nous avons parfois du mal à l’accepter. Dieu est Père, mais à sa manière, un père bon, sans défense face au libre arbitre de l’homme, qui n’applique pas les critères de la justice humaine, mais qui a besoin de pardonner, capable seulement de décliner le mot « aimer ».

Ainsi, que nous soyons au loin, hostiles ou que nous nous proclamions sans Dieu, nous ne sommes jamais seuls. Cette certitude est la source de notre espérance : en toute circonstance nous avons un Père qui nous regarde avec amour et ne nous abandonne pas.

Maintenant, je vais vous faire une proposition : tout le monde a tant de problèmes et tant de besoins. Réfléchissons un peu en silence à ces problèmes et ces besoins. Pensons aussi au Père, à notre Père, qui ne peut être sans nous, et qui en ce moment nous regarde. Et tous ensemble, avec confiance et espérance, prions: « Notre Père, qui es aux cieux … »

***

Que l’Esprit-Saint nous introduise dans la prière de Jésus. Osons entrer dans une véritable relation filiale, d’amour et de confiance avec Dieu notre Père, une relation qui exclue toute crainte et toute angoisse : nous ne nous sentirons plus jamais seuls et notre vie en sera transformée.

Que Dieu vous bénisse !


© Copyright – Libreria Editrice Vaticana

l’hypocrite tue la communauté et nuit à l’Église

la parole hypocrite

«L’hypocrisie n’est pas le langage de Jésus», et comme «l’hypocrisie est capable de tuer une communauté», il ne doit pas non plus être celui des chrétiens.  Ce mardi 6 juin 2017, lors de sa messe quotidienne dans la chapelle de la Maison Sainte-Marthe, le Pape a dit que, suivant l’exemple de Jésus, le langage des chrétiens doit être vrai, loin des tentations que sont le faux-semblant et l’adulation.

L’hypocrite n’est pas chrétien

Dans son homélie, le Pape a insisté sur l’adjectif «hypocrite» tant de fois utilisé par Jésus pour qualifier les docteurs de la loi, «parce qu’ils font voir une chose mais en pense une autre, comme le suggère l’étymologie même de cette parole», l’hypocrisie. L’hypocrisie n’est pas le langage de Jésus, et ce n’est pas non plus le langage des chrétiens. «Un chrétien ne peut être hypocrite, un hypocrite n’est pas chrétien.»

Mais comment procèdent les hypocrites ? Ils commencent toujours par l’adulation. «L’hypocrite est toujours un adulateur, qu’il en fasse état de manière forte ou plus nuancée.» Et ceux-ci cherchent à aduler Jésus. «Les hypocrites ne disent pas la vérité, ils exagèrent et font croître la vanité.» François dit se souvenir d’un prêtre connu il y a fort longtemps et qui «buvait toutes les adulations qu’on lui faisait. C’était sa faiblesse.»

Répondre par la réalité

Quant à l’adulation, elle commence avec «de mauvaises intentions», comme c’est le cas avec les docteurs de la loi qui, dans l’Évangile du jour, testent Jésus pour le faire tomber, d’abord en l’adulant puis en lui demandant s’il est juste de payer l’impôt à César. «L’hypocrisie a ce double visage.»

Mais Jésus ayant connaissance de leur hypocrisie, dit clairement : ‘Pourquoi voulez-vous me mettre à l’épreuve ? Faites-moi voir une pièce d’argent’. «Jésus répond toujours aux hypocrites et aux idéologues par des éléments réels. La réalité est telle quelle, tout le reste est hypocrisie ou idéologie.»

Jésus demande à voir une pièce sur laquelle l’image de César est gravée, et il répond «avec sagesse» : ‘Ce qui est à César, rendez-le à César, et à Dieu ce qui est à Dieu’. «Jésus nous fait voir la réalité qui est le contraire de l’hypocrisie et de l’idéologie.»

Le troisième aspect de l’hypocrisie est son langage, «le langage de la tromperie», celui du serpent qui s’adresse à Eve. Il commence en adulant l’autre pour le détruire, et même «il lui arrache sa personnalité et son âme.» «Il tue les communautés.»

Quand il y a des hypocrites dans les communautés, le danger est grand. Il regrette amer tout le mal que l’hypocrisie peut faire à l’Église. «L’hypocrite peut tuer une communauté. Il parle gentiment, mais juge brutalement une personne. L’hypocrite est un tueur.»

«Rappelons-nous donc cela : L’hypocrite commence par aduler et il faut toujours répondre par la réalité. Car le langage de l’hypocrite qui est celui du diable qui fait rôder sa langue bifide dans nos communautés pour les détruire.»

Le Pape demande au Seigneur de protéger les fidèles pour qu’ils ne tombent pas dans ce vice de l’hypocrisie, qui maquille les comportements avec de mauvaises intentions. Il invite au silence ceux qui ne seraient pas capables de répondre par la réalité à l’hypocrisie.

La miséricorde, c’est partager, compatir et risquer comme Tobit

En ce jour où l’Église se rappelle le martyr de saint Boniface de Mayence, «l’apôtre des Germains», le Pape a rappelé, ce lundi 5 juin 2017, lors de la messe célébrée dans la chapelle de la Maison Sainte-Marthe au Vatican, que les œuvres de miséricorde ne consistent pas à faire l’aumône pour soulager sa conscience, mais à partager la souffrance des autres, même si cela comporte un risque et que cela nous embarrasse.

Partage et compassion

Tobit ensevelit ses compatriotes tués – enluminure KB, 78 D 38 I fol. 236v Koninklijke Bibliotheek – Bibliothèque Nationale des Pays-Bas La Haye

Son homélie part de la première lecture tirée du Livre de Tobie. Les juifs ont été déportés, captifs, au pays des Assyriens, à Ninive. Au risque de sa vie, un homme juste, Tobit, aide ses concitoyens pauvres et enterre en cachette les juifs tués impunément. Il éprouve de la tristesse face à la souffrance des autres.

De là une réflexion sur les quatorze œuvres de miséricorde corporelles et spirituelles. «Les accomplir ne signifie pas seulement partager ce que l’on possède, mais montrer de la compassion.»

Une œuvre de miséricorde ne consiste pas à faire l’aumône pour soulager sa conscience, pour être plus tranquille. «Non ! C’est aussi souffrir avec celui qui souffre.» Le partage et la compassion vont de pair. La question est de savoir si l’on sait partager. «Suis-je généreux ? Quand je vois une personne en difficulté, est-ce que je souffre moi aussi ? Suis-je capable de me mettre à sa place ?»

Risquer

Il était interdit aux Hébreux déportés d’enterrer leurs morts. S’ils le faisaient, ils risquaient la mort. Tobit l’a risquée. Le risque va également de pair avec le partage et la compassion.

Par rapport au diocèse de Rome, «en pleine guerre, combien de personnes on prit des risques, à commencer par Pie XII, pour cacher des juifs, afin qu’ils ne soient pas tués ou déportés. Ils risquaient leur peau ! Mais c’était une œuvre de miséricorde de sauver la vie de ces gens, de risquer

Deux précisions à ce propos. D’abord, accomplir des œuvres de miséricorde peut être pris en dérision par des tiers. Tobit avait compris qu’il pouvait être pris pour un fou et non une personne saine d’esprit. Ensuite, ce n’est pas confortable.

Dépasser l’inconfort et la dérision

«J’ai un ami malade, j’aimerais lui rendre visite, mais je n’en ai pas l’envie, je préfère me reposer ou regarder la télévision.» Accomplir des œuvres, c’est «subir un inconfort», comme le Seigneur qui a été crucifié «pour nous donner sa miséricorde.»

Si l’on est capable de miséricorde, c’est parce que le Seigneur a eu pitié de nous. «Pensons à nos péchés, à nos erreurs, et au Seigneur qui nous a pardonnés, et nous faisons la même chose avec nos frères.» Les œuvres de miséricorde permettent de sortir de l’égoïsme et d’imiter Jésus.