Tous les articles par P. Jean-Daniel Planchot

Les disciples d’Emmaüs reconnaissent Jésus dans la fraction du pain

les disciples d’Emmaüs Rembrandt 1648 – musée du Louvre (détail)

Au cours du temps pascal la liturgie nous offre de multiples encouragements pour renforcer notre foi dans le Christ ressuscité. En ce troisième dimanche de Pâques par exemple, saint Luc raconte comment les deux disciples d’Emmaüs, après l’avoir reconnu « dans la fraction du pain », se rendirent, remplis de joie, à Jérusalem pour informer les autres de ce qui leur était arrivé.

Et précisément au moment où ils parlaient, le Seigneur lui-même est apparu, montrant ses mains et ses pieds avec les signes de la passion. Puis, devant l’étonnement et l’incrédulité des Apôtres, Jésus se fit donner du poisson grillé et le mangea sous leurs yeux (cf. Lc 24, 35-43).

Dans ce récit, comme dans d’autres, on ressent une invitation répétée à vaincre l’incrédulité et à croire à la résurrection du Christ, car ses disciples sont appelés à être des témoins précisément de cet événement extraordinaire.

La résurrection du Christ est l’élément central du christianisme, une vérité fondamentale qui doit être réaffirmée avec force en tout temps, car la nier comme on a tenté de le faire de différentes manières et comme on continue de le faire, ou la transformer en un événement purement spirituel, équivaut à rendre vaine notre foi elle-même. « Mais si le Christ n’est pas ressuscité – affirme saint Paul – vide alors est notre message, vide aussi votre foi » (1 Co 15, 14).

Les jours qui suivirent la résurrection du Seigneur les Apôtres demeurèrent ensemble, réconfortés par la présence de Marie, et après l’Ascension ils persévérèrent avec Elle en attendant la Pentecôte dans un climat de prière. La Vierge fut pour eux une mère et un maître, rôle qu’elle continue de jouer envers les chrétiens de tous les temps.

Chaque année, pendant le temps pascal, nous revivons de manière plus intense cette expérience et peut-être précisément pour cette raison, la tradition populaire a consacré le mois de mai, qui tombe normalement entre Pâques et la Pentecôte, à Marie.

Ce mois de mai, dans lequel nous entrons demain, nous est par conséquent utile pour redécouvrir la fonction maternelle qu’Elle remplit dans notre vie, afin que nous soyons toujours des disciples dociles et des témoins courageux du Seigneur ressuscité.

Nous confions à Marie les besoins de l’Église et du monde entier, spécialement marqué en ce moment par de nombreuses zones d’ombre. En invoquant également l’intercession de saint Joseph, que nous rappellerons demain, en particulier en pensant au monde du travail, nous nous tournons vers Elle à travers la prière du Regina Cæli, prière qui nous fait goûter la joie réconfortante de la présence du Christ ressuscité.

BENOÎT XVI, Regina Caeli, Place Saint-Pierre, IIIe Dimanche de Pâques , 30 avril 2006

Regina Caeli au retour d’Égypte

 PAPE FRANÇOIS

REGINA CÆLI

Place Saint-Pierre
Dimanche 30 avril 2017

Il ne cesse pas d’y avoir des rapports dramatiques sur la situation au Venezuela et l’aggravation des affrontements, avec de nombreux morts, blessés et prisonniers. Alors que je me joins à la douleur des familles des victimes, pour lesquelles j’assure des prières de suffrage, j’adresse un appel sincère au gouvernement et à toutes les parties de la société vénézuélienne afin qu’on évite toute autre forme de violence.

Que soient respectés les droits humains et la recherche de solutions négociées face à la grave crise humanitaire, sociale, politique et économique qui trouble la population. Nous confions à la Très Sainte Vierge Marie l’intention de la paix, la réconciliation et la démocratie en ce cher pays. Et nous prions pour tous les pays qui connaissent de graves difficultés, je pense en particulier ces jours-ci à la République de Macédoine.

Hier, à Vérone, a été béatifiée Leopoldina Naudet, fondatrice des Sœurs de la Sainte Famille. Élevée à la cour des Habsbourg, d’abord à Florence, puis à Vienne, elle avait, depuis jeune fille, un fort engagement à la prière, mais aussi au service éducatif. Elle s’est consacrée à Dieu et, à travers différentes expériences, elle est venue à Vérone pour former une nouvelle communauté religieuse, sous la protection de la Sainte Famille, qui est encore vivante dans l’Église. Nous nous associons à sa joie et à son action de grâce.

Aujourd’hui, en Italie, est à remarquer la Journée de l’Université catholique du Sacré-Cœur. Je vous encourage à soutenir cette importante institution, qui continue d’investir dans la formation des jeunes pour améliorer le monde.

L’éducation chrétienne est fondée sur la Parole de Dieu. Voilà pourquoi j’aime aussi rappeler que, aujourd’hui en Pologne, il y a le « Dimanche de la Bible. » Dans les églises paroissiales, dans les écoles et dans les médias est lue publiquement une partie de l’Écriture Sainte. Je souhaite le meilleur pour cette initiative.

Et vous, chers amis de l’Action catholique, à la fin de cette rencontre, je vous remercie de votre présence! Et à travers vous, je salue tous les groupes religieux, les familles, les enfants et les jeunes, les jeunes et les personnes âgées. Allons de l’avant !

Et j’étends mon salut aux pèlerins qui, en cette heure, se sont joints pour la prière mariale, en particulier ceux qui sont venus d’Espagne, de Croatie, d’Allemagne et de Puerto Rico. Ensemble, tournons-nous vers Marie notre Mère. Merci surtout pour le voyage apostolique en Égypte que je viens de faire. Je demande au Seigneur de bénir tout le peuple égyptien, si accueillant, les autorités, les chrétiens et les musulmans; et que soit accordée la paix à ce pays.

Regina Caeli laetare, alleluia…


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deuxième jour du voyage apostolique en Égypte du Pape François

« L’unique extrémisme admis pour le croyant est celui de la charité» : le Pape l’a affirmé avec force ce samedi matin, 29 avril 2017, lors d’une messe qu’il a célébrée à l’Air Defense Stadium, en banlieue du Caire, au deuxième et dernier jour de son 18e voyage apostolique en Égypte.

Devant des milliers de fidèles catholiques, venus de tout le pays et qui lui ont réservé un accueil chaleureux et enthousiaste, le Souverain Pontife est revenu longuement sur l’Évangile du 3e Dimanche de Pâques, celui des disciples d’Emmaüs ; un Évangile que l’on peut résumer en trois mots : «mort, résurrection et vie».

«La rencontre avec le Jésus ressuscité a transformé la vie de ces deux disciples parce que rencontrer le Ressuscité transforme toute vie et rend fructueux ce qui est stérile.»

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VOYAGE APOSTOLIQUE DU PAPE FRANÇOIS EN ÉGYPTE
(28-29 AVRIL 2017)

MESSE

HOMÉLIE DU SAINT-PÈRE

Air Defense Stadium, Le Caire
Samedi 29 avril 2017

Al Salamò Alaikum : la paix soit avec vous !

Aujourd’hui, l’évangile du troisième dimanche de Pâques nous parle de l’itinéraire des deux disciples d’Emmaüs qui ont quitté Jérusalem. Un Évangile qu’on peut résumer en trois mots : mort, résurrection et vie.

Mort : les deux disciples retournent à leur vie quotidienne, chargés de déception et de désespoir : le Maître est mort et il est donc inutile d’espérer. Ils étaient désorientés, sans illusions et déçus. Leur chemin est un retour en arrière ; c’est un éloignement de la douloureuse expérience du Crucifié.

La crise de la Croix, voire le ‘‘scandale’’ et la ‘‘folie’’ de la Croix (cf. 1 Co 1, 18 ; 2, 2), semble avoir enterré toute leur espérance. Celui sur lequel ils ont construit leur existence est mort, vaincu, emportant avec lui dans la tombe toutes leurs aspirations.

Ils ne pouvaient pas croire que le Maître et le Sauveur qui avait ressuscité les morts et guéri les malades puisse finir pendu à la croix de la honte. Ils ne pouvaient pas comprendre pourquoi Dieu Tout-Puissant ne l’avait pas sauvé d’une mort si ignoble.

La croix du Christ était la croix de leurs idées sur Dieu ; la mort du Christ était une mort de ce qu’ils imaginaient que Dieu était. C’étaient eux qui étaient, en effet, les morts dans la tombe de la limitation de leur compréhension.

Que de fois l’homme s’auto paralyse, en refusant de surmonter son idée de Dieu, d’un dieu créé à l’image et à la ressemblance de l’homme ; que de fois il désespère, en refusant de croire que la toute-puissance de Dieu n’est pas la toute-puissance de la force, de l’autorité mais qu’elle n’est que la toute-puissance de l’amour, du pardon et de la vie !

Les disciples ont reconnu Jésus à la ‘‘fraction du pain’’, dans l’Eucharistie. Si nous ne laissons pas rompre le voile qui obscurcit nos yeux, si nous ne rompons pas l’endurcissement de notre cœur et de nos préjugés, nous ne pourrons jamais reconnaître le visage de Dieu.

Résurrection : dans l’obscurité de la nuit la plus sombre, dans le désespoir le plus bouleversant, Jésus s’approche des deux disciples et emprunte leur chemin pour qu’ils puissent découvrir qu’il est « le Chemin, la Vérité et la Vie » (Jn 14, 6). Jésus transforme leur désespoir en vie, car lorsque disparaît l’espérance humaine, commence à briller l’espérance divine : « ce qui est impossible à l’homme est possible à Dieu » (Lc 18, 27 ; cf. 1, 37).

Quand l’homme touche le fond de l’échec et de l’incapacité, quand il se défait de l’illusion d’être le meilleur, d’être autosuffisant, d’être le centre du monde, alors Dieu lui tend la main pour transformer sa nuit en aube, son affliction en joie, sa mort en résurrection, sa marche en un retour vers Jérusalem, c’est-à-dire vers la vie et vers la victoire de la Croix (cf. He 11, 34).

Les deux disciples, en effet, après avoir rencontré le Ressuscité, reviennent pleins de joie, de confiance et d’enthousiasme, prêts pour le témoignage. Le Ressuscité les a fait resurgir de la tombe de leur incrédulité et de leur affliction. En rencontrant le Crucifié-Ressuscité, ils ont trouvé l’explication et l’accomplissement de toute l’Écriture, de la Loi et des Prophètes ; ils ont trouvé le sens de l’échec apparent de la Croix.

Celui qui ne traverse pas l’expérience de la Croix jusqu’à la Vérité de la Résurrection s’auto condamne au désespoir. En effet, nous, nous ne pouvons pas rencontrer Dieu sans crucifier d’abord nos idées limitées d’un dieu qui reflète notre compréhension de la toute-puissance et du pouvoir.

Vie : la rencontre avec Jésus ressuscité a transformé la vie de ces deux disciples, parce que rencontrer le Ressuscité transforme toute vie et rend féconde toute stérilité (cf. Benoît XVI, Audience générale, mercredi, 11 avril 2007). En effet, la Résurrection n’est pas une foi née dans l’Église, mais l’Église est née de la foi en la Résurrection. Saint Paul dit : « si le Christ n’est pas ressuscité, notre proclamation est sans contenu, votre foi aussi est sans contenu » (1 Co 15, 14).

Le Ressuscité disparaît de leurs yeux, pour nous enseigner que nous ne pouvons pas retenir Jésus dans son caractère visible historique : « heureux ceux qui croient sans avoir vu » (Jn 21, 29 ; cf. 20, 17). L’Église doit savoir et croire qu’il est vivant avec elle et la vivifie dans l’Eucharistie, dans les Écritures et dans les Sacrements. Les disciples d’Emmaüs ont compris cela et sont retournés à Jérusalem pour partager avec les autres leur expérience : ‘‘Nous avons vu le Seigneur… Oui, il est vraiment ressuscité’’ (cf. Lc 24, 32).

L’expérience des disciples d’Emmaüs nous enseigne qu’il ne vaut pas la peine de remplir les lieux de culte, si nos cœurs sont vidés de la crainte de Dieu et de sa présence ; il ne vaut pas la peine de prier, si notre prière adressée à Dieu ne se transforme pas en amour du frère ; beaucoup de dévotion ne vaut pas la peine, si elle n’est pas animée par beaucoup de foi et par beaucoup de charité ; il ne vaut pas la peine de soigner l’apparence, car Dieu regarde l’âme et le cœur (cf. 1 Sam 16, 7) et déteste l’hypocrisie (cf. Lc 11, 37-54 ; Ac 5, 3-4)[1]. Pour Dieu il vaut mieux ne pas croire que d’être un faux croyant, un hypocrite !

La vraie foi est celle qui nous rend plus charitables, plus miséricordieux, plus honnêtes et plus humains ; c’est celle qui anime les cœurs pour les porter à aimer tout le monde gratuitement, sans distinction et sans préférences ; c’est celle qui nous conduit à voir dans l’autre non pas un ennemi à vaincre, mais un frère à aimer, à servir et à aider ; c’est celle qui nous conduit à diffuser, à défendre et à vivre la culture de la rencontre, du dialogue, du respect et de la fraternité ; qui nous conduit au courage de pardonner à celui qui nous offense ; de tendre la main à celui qui est tombé ; à vêtir celui qui est nu ; à donner à manger à celui qui a faim ; à visiter le détenu ; à aider l’orphelin ; à donner à boire à celui qui a soif ; à aller au secours de la personne âgée et de celui qui est dans le besoin (cf. Mt 25, 31-45).

La vraie foi est celle qui nous conduit à protéger les droits des autres, avec la même force et avec le même enthousiasme avec lesquels nous défendons les nôtres. En réalité, plus on grandit dans la foi et dans la connaissance, plus on grandit dans l’humilité et dans la conscience d’être petit.

Chers frères et sœurs,

Dieu n’apprécie que la foi professée par la vie, parce que l’unique extrémisme admis pour les croyants est celui de la charité ! Toute autre forme d’extrémisme ne vient pas de Dieu et ne lui plaît pas !

A présent, comme les disciples d’Emmaüs, retournez à votre Jérusalem, c’est-à-dire à votre vie quotidienne, à vos familles, à votre travail et à votre chère patrie, pleins de joie, de courage et de foi. N’ayez pas peur d’ouvrir votre cœur à la lumière du Ressuscité et laissez-le transformer votre incertitude en force positive pour vous et pour les autres. N’ayez pas peur d’aimer tout le monde, amis et ennemis, car c’est dans l’amour vécu que résident la force et le trésor du croyant !

Que la Vierge Marie et la Sainte Famille, qui ont vécu sur cette terre bénie, illuminent nos cœurs et vous bénissent ainsi que la chère Égypte qui, à l’aube du christianisme, a accueilli l’évangélisation de saint Marc et a donné tout au long de l’histoire de nombreux martyrs et un grand cortège de saints et de saintes !

Al Massih Kam/ Bilhakika kam – Le Christ est ressuscité/ Il est vraiment ressuscité !


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