Tous les articles par P. Jean-Daniel Planchot

cœurs de pierre et cœurs de chair

Lapidation de Saint Étienne Enluminure médiévale anonyme (s.d.) Source : BNC

Le Pape François a dénoncé « la fermeture du cœur », lors de la messe ce mardi 2 mai 2017 en la chapelle de la Maison Sainte-Marthe, au Vatican. Commentant la première lecture de ce jour, qui relate le martyr de saint Étienne, le Pape a rappelé que le saint était « un témoin de l’obéissance » qui fut lapidé parce que ses persécuteurs n’entendait pas la Parole de Dieu.

Étienne fustige ceux qui « ont la nuque raide », ceux « dont le cœur et les oreilles sont fermés l’Alliance ». Jésus, lui aussi, critique ceux qui ne comprennent pas la Parole de Dieu comme les disciples d’Emmaüs.

Mais entre la foule qui lapide Étienne et les disciples d’Emmaüs, il y a une différence fondamentale : les seconds ont le cœur ouvert, « ils sont bons », « ils sont ouverts à la vérité », tandis que les premiers « ont le cœur exaspéré » et ne veulent pas écouter. Ils ont « le cœur dur ».

L’Église blessée par les cœurs fermés

Ce sont ces cœurs de pierre qui font souffrir l’Église. « Ils ne connaissent que le langage de la condamnation .» « Il ne savent pas dire : ‘Mais, explique-moi, pourquoi dis-tu cela ? Pourquoi cela ? Explique-moi.’ Non, ils sont fermés. Ils savent tout. Ils n’ont pas besoin d’explications. Ces cœurs fermés ne laissent pas entrer l’Esprit Saint. »

« Aujourd’hui, regardons cette tendresse de Jésus, le témoin de l’obéissance, le grand témoin, Jésus, qui a donné sa vie, nous fait voir la tendresse de Dieu par rapport à nous, à nos péchés, à nos faiblesses. Entrons dans ce dialogue et demandons la grâce pour que le Seigneur adoucisse un peu le cœur de ceux qui sont rigides, de ces gens qui sont fermés dans la Loi et condamnent tout ce qui est hors de cette Loi. »

« Ils ne savent pas que la tendresse de Dieu est capable de déplacer un cœur de pierre et de mettre à sa place un cœur de chair. »

Les 100 ans de Fatima

Il y a cent ans, au mois de mai, Dieu s’est manifesté à 3 jeunes bergers par l’intermédiaire de la Vierge Marie dans un petit village du Portugal, à Fatima, durant la Première Guerre mondiale.

Après les événements dramatiques et cruels du XXe siècle, avec l’attentat sanglant envers saint Jean-Paul II le 13 mai 1981 sur la place Saint-Pierre à Rome,  s’ouvre un voile sur une réalité qui marque l’histoire et qui l’interprète en profondeur, selon une dimension spirituelle à laquelle la mentalité actuelle, souvent empreinte de rationalisme, est réfractaire.

Le message de Fatima, avec l’appel déchirant à la conversion et à la pénitence, porte au cœur de l’Évangile. Fatima est sans aucun doute la plus prophétique des apparitions modernes.

La première et la deuxième partie du « secret » concernent avant tout la vision épouvantable de l’enfer, la dévotion au Cœur immaculé de Marie, la deuxième guerre mondiale, ainsi que la prédiction des très graves dommages que la Russie, abandonnant la foi chrétienne et adhérant au totalitarisme communiste, devait apporter à l’humanité.

La troisième partie du secret se réfère aux paroles de Notre-Dame : « Sinon la Russie répandra ses erreurs à travers le monde, favorisant guerres et persécutions envers l’Église. Les bons seront martyrisés, le Saint-Père aura beaucoup à souffrir, diverses nations seront détruites. »

Le pape François, qui se rend à Fatima les 12 et 13 mai 2017, redira au monde entier que seule une vie vécue dans la foi en Jésus Christ peut combler toutes les aspirations et créer l’unité dans le cœur de l’homme, unité qu’il recherche, parfois sans le savoir, et parfois en se trompant de chemin. Prions pour que Dieu accorde à l’humanité une grâce spéciale de conversion et de paix en ce centenaire de Fatima. ■

P. Jean-Daniel Planchot, cm

NB. Acte de consécration à la  Vierge Marie (Fatima)

Les disciples d’Emmaüs reconnaissent Jésus dans la fraction du pain

les disciples d’Emmaüs Rembrandt 1648 – musée du Louvre (détail)

Au cours du temps pascal la liturgie nous offre de multiples encouragements pour renforcer notre foi dans le Christ ressuscité. En ce troisième dimanche de Pâques par exemple, saint Luc raconte comment les deux disciples d’Emmaüs, après l’avoir reconnu « dans la fraction du pain », se rendirent, remplis de joie, à Jérusalem pour informer les autres de ce qui leur était arrivé.

Et précisément au moment où ils parlaient, le Seigneur lui-même est apparu, montrant ses mains et ses pieds avec les signes de la passion. Puis, devant l’étonnement et l’incrédulité des Apôtres, Jésus se fit donner du poisson grillé et le mangea sous leurs yeux (cf. Lc 24, 35-43).

Dans ce récit, comme dans d’autres, on ressent une invitation répétée à vaincre l’incrédulité et à croire à la résurrection du Christ, car ses disciples sont appelés à être des témoins précisément de cet événement extraordinaire.

La résurrection du Christ est l’élément central du christianisme, une vérité fondamentale qui doit être réaffirmée avec force en tout temps, car la nier comme on a tenté de le faire de différentes manières et comme on continue de le faire, ou la transformer en un événement purement spirituel, équivaut à rendre vaine notre foi elle-même. « Mais si le Christ n’est pas ressuscité – affirme saint Paul – vide alors est notre message, vide aussi votre foi » (1 Co 15, 14).

Les jours qui suivirent la résurrection du Seigneur les Apôtres demeurèrent ensemble, réconfortés par la présence de Marie, et après l’Ascension ils persévérèrent avec Elle en attendant la Pentecôte dans un climat de prière. La Vierge fut pour eux une mère et un maître, rôle qu’elle continue de jouer envers les chrétiens de tous les temps.

Chaque année, pendant le temps pascal, nous revivons de manière plus intense cette expérience et peut-être précisément pour cette raison, la tradition populaire a consacré le mois de mai, qui tombe normalement entre Pâques et la Pentecôte, à Marie.

Ce mois de mai, dans lequel nous entrons demain, nous est par conséquent utile pour redécouvrir la fonction maternelle qu’Elle remplit dans notre vie, afin que nous soyons toujours des disciples dociles et des témoins courageux du Seigneur ressuscité.

Nous confions à Marie les besoins de l’Église et du monde entier, spécialement marqué en ce moment par de nombreuses zones d’ombre. En invoquant également l’intercession de saint Joseph, que nous rappellerons demain, en particulier en pensant au monde du travail, nous nous tournons vers Elle à travers la prière du Regina Cæli, prière qui nous fait goûter la joie réconfortante de la présence du Christ ressuscité.

BENOÎT XVI, Regina Caeli, Place Saint-Pierre, IIIe Dimanche de Pâques , 30 avril 2006