Tous les articles par P. Jean-Daniel Planchot

annoncer l’Évangile avec humilité et confiance

Le Christ et les symboles des quatre évangélistes – enluminure

« L’annonce de l’Évangile doit être faite avec humilité, en surmontant la tentation de l’orgueil. »

Ce mardi matin, 25 avril, à l’occasion de la Fête de saint Marc, fondateur de l’Église d’Alexandrie en Égypte, le Pape François a voulu dédier la messe au patriarche copte Tawadros II et aux fidèles coptes, qu’il rencontrera dans trois jours au cours de son voyage apostolique en Égypte.

«Aujourd’hui, c’est la fête de saint Marc Évangéliste, fondateur de l’Église d’Alexandrie. J’offre cette messe pour mon frère, le Pape Tawadros II, Patriarche d’Alexandrie des coptes, en demandant la grâce que le Seigneur bénisse nos deux Églises, avec l’abondance de l’Esprit Saint.»

Durant son homélie, le Pape François a rappelé la nécessité pour les chrétiens de «sortir pour annoncer» et il a expliqué qu’un prédicateur doit toujours être en chemin et demeurer ferme et sûr.

Jésus donne la mission aux disciples : annoncer l’Évangile, «ne pas rester à Jérusalem», mais sortir pour proclamer la Bonne Nouvelle à tous. L’Évangile de Marc évoque le mandat remis par le Seigneur aux disciples : «l’Évangile est proclamé toujours en chemin, jamais assis, toujours en chemin.»

Il faut «sortir là où Jésus n’est pas connu, ou là où il est persécuté, là où Jésus est défiguré, pour proclamer le véritable Évangile. Sortir pour annoncer. Et dans cette sortie se joue la vie du prédicateur. Il n’y a pas d’assurance-vie pour les prédicateurs.»

L’Évangile, l’annonce de Jésus-Christ, se fait toujours en sortie, en chemin. Que ce soit en chemin physique, en chemin spirituel, ou dans le chemin de la souffrance : pensons à l’annonce de l’Évangile que font de si nombreux malades, tellement de malades, qui offrent leurs douleurs pour l’Église, pour les chrétiens. Mais toujours, ils sortent d’eux-mêmes.»

Saint Pierre précise toujours que «l’Évangile doit être annoncé avec humilité, parce que le Fils de Dieu s’est humilié, il s’est annihilé». «L’annonce de l’Évangile n’est pas une fête, un carnaval.»

«L’Évangile ne peut pas être annoncé avec le pouvoir humain, ne peut pas être annoncé en escaladant, en passant au-dessus», «ceci, ce n’est pas l’Évangile». Tous sont appelés à se revêtir «d’humilité les uns envers les autres», parce que «Dieu résiste aux superbes, mais donne la grâce aux humbles.»

«Et pourquoi cette humilité est-elle nécessaire ? Justement parce que nous faisons avancer une annonce d’humiliation, de gloire, mais à travers l’humiliation. Et l’annonce de l’Évangile subit la tentation : la tentation du pouvoir, la tentation de la superbe, la tentation de la mondanité.»

«Un Évangile édulcoré, sans force, un Évangile sans Christ crucifié et ressuscité. Saint Pierre dit : « Soyez vigilants, soyez vigilants… Votre ennemi, le diable, comme un lion rugissant, se promène à cherchant qui dévorer. Résistez-lui, solides dans la foi, en sachant que les mêmes souffrances sont imposées à vos frères répandus dans le monde. » L’annonce de l’Évangile, si elle est vraie, subit la tentation.»

Si un chrétien dit annoncer l’Évangile, mais qu’il n’est jamais tenté, cela signifie alors que «le diable ne se préoccupe pas», parce que «nous sommes en train de prêcher une chose qui ne sert pas.»

«Pour cela, dans la vraie prédication, il y a toujours une dimension de tentation et de persécution.» Quand nous sommes dans la souffrance, c’est «le Seigneur qui nous reprendra, nous donnera la force, parce que c’est ce que Jésus a promis quand il a envoyé les Apôtres.»

«C’est le Seigneur qui nous réconfortera, nous donnera la force pour aller de l’avant, pour que Lui, Il agisse avec nous si nous, nous sommes fidèles à l’annonce de l’Évangile, si nous, nous sortons de nous-même pour prêcher le Christ crucifié, scandale et folie, et si nous, nous faisons ceci avec un style d’humilité, de vraie humilité.»

«Que le Seigneur nous donne cette grâce, comme baptisés, tous, de prendre la voie de l’évangélisation avec humilité, avec confiance en Lui-même, en annonçant le véritable Évangile : « le Verbe s’est fait chair ». Et ceci est une folie, c’est un scandale ; mais le faire dans la conscience que le Seigneur est auprès de nous, qu’il agit avec nous, et confirme notre travail.»

Notre foi est concrète, sans compromis et idéalisations

Jésus et Nicodème, vitrail de Louis Comfort Tiffany, 1848-1933

« Ne jamais oublier que notre foi est concrète, et refuser les compromis et idéalisations. » Ainsi s’est exprimé le Pape François, lors de la messe matinale à la Maison Sainte-Marthe le 24 avril. Il a mis l’accent sur la liberté que nous donne l’Esprit Saint, et qui permet à l’annonce de l’Évangile de s’accomplir sans compromis ni rigidité.

La rencontre de Nicodème avec Jésus et le témoignage de Pierre et Jean après la guérison de l’estropié ont été au centre de cette homélie. Jésus explique à Nicodème qu’avec amour et patience il faut «naître d’en haut», «naître de l’esprit» et donc passer «d’une mentalité à une autre».

Pour mieux comprendre cela, on peut s’arrêter justement sur ce que raconte la Première Lecture, tirée des Actes des Apôtres, Pierre et Jean ont guéri l’estropié et les docteurs de la loi ne savent comment faire pour «cacher» cela, parce que «la chose est publique».

Et dans l’interrogatoire, quand ils leur intiment de ne plus en parler, Pierre répond : «Non ! Nous ne pouvons pas cacher ce que nous avons vu et entendu. Et… nous continuerons comme ça.»

Voilà «l’aspect concret de la foi», par rapport aux docteurs de la loi qui «veulent entrer dans les négociations, pour arriver à des compromis» : Pierre et Jean «ont du courage, ont la franchise, la franchise de l’Esprit», «qui signifie parler ouvertement, avec courage, la vérité, sans compromis.» Ceci est «le caractère concret de la foi».

«Parfois nous oublions que notre foi est concrète : le Verbe s’est fait chair, il ne s’est pas fait idée : il s’est fait chair. Et quand nous récitons le Credo, nous disons des choses concrètes : « Je crois en Dieu le Père, qui a fait le ciel et la terre, je crois en Jésus-Christ, qui est né, qui est mort… », ce sont toutes des choses concrètes. Notre Credo ne nous dit pas : « Moi je crois que je dois faire ceci ou cela » : non ! Ce sont des choses concrètes. L’aspect concret de la foi qui mène à la franchise, au témoignage jusqu’au martyre, qui va contre les compromissions ou l’idéalisation de la foi.»

Pour ces docteurs de la loi, le Verbe «ne s’est pas fait chair : il s’est fait loi : « on doit faire ceci comme ça et rien de plus, on faire ceci et pas cela », et ainsi ils étaient piégés dans cette mentalité rationaliste, qui ne s’est pas finie avec eux… Parce que, dans l’histoire de l’Église, de nombreuses fois, l’Église qui elle-même a condamné le rationalisme, l’illuminisme, est ensuite tombée de nombreuses fois dans une théologie de « cela peut se faire et cela ne peut pas se faire », (…) et a oublié la force, la liberté de l’Esprit, cette renaissance de l’Esprit qui te donne la liberté, la franchise de la prédication, l’annonce que Jésus-Christ est le Seigneur.»

«Demandons au Seigneur cette expérience de l’Esprit qui va et vient et nous fait avancer, de l’Esprit qui nous donne l’onction de la foi, l’onction de la concrétisation de la foi.»

«Le vent souffle où il veut et tu en entends la voix, mais tu ne sais pas où il vient ni où il va. C’est ainsi qu’est quiconque est né de l’Esprit : il entend la voix, il suit le vent, il suit la voix de l’Esprit sans savoir où il finira. Parce qu’il a pris une option pour l’aspect concret de la foi et la renaissance dans l’Esprit. Que le Seigneur nous donne à nous tous cet Esprit pascal, d’aller sur les routes de l’Esprit sans compromis, sans rigidité, avec la liberté d’annoncer Jésus-Christ comme Lui est venu : en chair.»

source : Radio Vatican

La miséricorde ouvre la porte de l’esprit et du cœur

Premier tableau de Jésus Miséricordieux peint par Eugène Kazimirowski à Vilnius (Lituanie) selon les indications de sainte Faustine (22 février 1931), dans le Sanctuaire de la Miséricorde Divine à Vilnius.

 Le Pape François a récité ce dimanche 23 avril la prière du Regina Caeli depuis la fenêtre du palais apostolique. Aujourd’hui, l’Église célèbre la Divine Miséricorde, une fête voulue par le pape Saint Jean-Paul II le dimanche qui suit Pâques.

« En cette période après Pâques, le dimanche a une signification encore plus lumineuse, car dans la tradition de l’Église, on l’appelle « in albis », en souvenir du rite du baptême, où chaque baptisé endossait un vêtement blanc pour indiquer leur dignité d’enfant de Dieu. »

Le Pape a rendu hommage à l’intuition de son prédécesseur polonais d’avoir institué cette fête de la Divine Miséricorde. « Nous avons conclu il y a peu le jubilé extraordinaire de la miséricorde et ce dimanche nous invite à reprendre avec force la grâce qui provient de la miséricorde de Dieu. »

Selon l’Évangile de Jean, Jésus apparait à ses disciples au Cénacle en leur disant : « Comme le Père m’a envoyé, moi aussi je vous envoie. Recevez l’Esprit Saint. À qui vous remettrez ses péchés, ils seront remis ; à qui vous maintiendrez ses péchés, ils seront maintenus. »

Tel est le sens de la miséricorde, celui de Jésus ressuscité qui pardonne les péchés. Ainsi, le Christ ressuscité a transmis comme première mission à son Église de porter à tous l’annonce concrète du pardon. Cette miséricorde, vécue à la lumière de Pâques, se laisse comprendre comme une forme véritable de connaissance du mystère que nous vivons.

« Elle ouvre la porte de l’esprit pour mieux comprendre le mystère de Dieu et de notre existence personnelle. Elle nous fait comprendre que la violence, la rancœur, la vengeance n’ont aucun sens, et que la première victime est celui qui est animé par ces sentiments. La miséricorde ouvre aussi la porte du cœur et permet d’exprimer sa proximité surtout envers ceux qui sont seuls et marginaux, parce qu’elle les fait se sentir frères et fils d’un seul Père. »

« Cette miséricorde, en somme, nous invite tous à être des instruments de justice, de réconciliation et de paixn’oublions jamais qu’elle est la clé de voute de la foi et la forme concrète par laquelle nous rendons visible la résurrection de Jésus. »

A l’issue de la prière, le Pape a remercié les fidèles pour les nombreux messages d’affection qu’il a reçus pour la fête de Pâques.