Tous les articles par P. Jean-Daniel Planchot

Dieu de la vie qui vainc la mort

COLIN D’AMIENS (Originaire d’Amiens, connu à Paris de 1461 à 1488 – après 1495) La Résurrection de Lazare vers 1450 – 1460 Louvre

Le Pape François est arrivé ce dimanche 2 avril 2017 à Carpi, dans le nord de l’Italie, pour une visite pastorale dans une région frappée en 2012 par un séisme meurtrier (27 morts). Arrivé en hélicoptère, il a présidé la messe sur la place des Martyrs, devant la cathédrale. Dans son homélie, le Pape s’est appuyé sur les lectures du jour «qui parlent du Dieu de la vie qui vainc la mort» pour exhorter à choisir l’espérance de Dieu plutôt que la tristesse des tombeaux.

Le Pape est arrivé au milieu d’une foule nombreuse devant la cathédrale de Carpi flambant neuve, l’un des nombreux bâtiments endommagés par le séisme et tout récemment rénovée. Dans son homélie, commentant l’épisode biblique de la résurrection de Lazare, le Saint-Père appelle à choisir entre rester «du côté du tombeau», «enfermé dans la tristesse», «coincé dans les décombres de la vie» ou aller «du côté de Jésus», ouvert «à l’espérance», «comme vous», «avec l’aide de Dieu» soulever les décombres et reconstruire «avec une patiente espérance.»

Dans une comparaison à peine voilée avec ce qu’ont vécu les habitants de l’Émilie-Romagne après le tremblement de terre,  devant la tombe de Lazare, fermée d’une grande pierre, «tout semble fini» et même Jésus «est secoué par le mystère dramatique de la perte d’une personne chère.»  «Il ne fuit pas la souffrance, qui appartient à cette vie, mais il ne se fait pas emprisonner par le pessimisme» ou «emporter par le découragement.»

«Ouvrir la voie du lève-toi! Lève-toi! Viens dehors!»

Le Pape appelle ainsi à laisser la «grande désillusion» que constitue «la précarité de notre vie mortelle» pour s’ouvrir à «l’espérance qui s’appelle Jésus». Comment? En identifions nos blessures , nos «petits tombeaux», et en laissant Jésus y entrer. «Quel que soit le poids du passé, la grandeur du péché, la force de la honte, ne barrons jamais l’entrée au Seigneur.» Le Pape rappelle la parole de Jésus: «Enlevez la pierre!» qui bloque le tombeau. «Le Seigneur désire au contraire ouvrir la voie de la vie, celle de la rencontre avec Lui, de la confiance en Lui, de la résurrection du cœur.» «La voie du lève-toi! Lève-toi! Viens dehors! Voilà ce que nous demande le Seigneur. Et lui est à coté de nous pour le faire.»

Certes, «il y aura toujours des problèmes», mais nous pouvons trouver une «nouvelle stabilité» en Jésus, qui «est la résurrection et la vie: avec Lui la joie habite le cœur, l’espérance renait, la douleur se transforme en paix, la peur en confiance, l’épreuve en offrande d’amour.» «Il y aura toujours sa main qui relève, sa Parole qui encourage et nous dis, à nous tous, à chacun de nous: “Viens dehors! Viens à moi!”» Ainsi, «visités et libérés par Jésus», nous pourrons être des «témoins de vie dans ce monde qui en est assoiffé, des témoins qui suscitent et ressuscitent l’espérance du Dieu vivant.»

La Colombie, le Kasaï, le Venezuela et le Paraguay étaient au cœur des prières du Pape François. Avant de réciter la prière de l’angélus, il a évoqué une catastrophe naturelle et trois situations politiques particulières.

« Je suis profondément attristé par la tragédie qui a frappé la Colombie où une gigantesque coulée de boue provoquée par des pluies torrentielles a déferlé sur la ville de Mocoa, causant de nombreux morts et blessés. Je prie pour les victimes. J’assure de ma et de votre proximité ceux qui pleurent la disparition de leurs proches. Je remercie ceux qui prêtent secours. »

la résurrection de Lazare, signe prodigieux de Jésus

Giotto La résurrection de Lazare 1304-1306. Fresque Chapelle des Scrovegni Padoue Italie.

L’Évangile de ce cinquième dimanche de Carême, nous raconte la résurrection de Lazare. C’est le sommet des « signes » prodigieux accomplis par Jésus : c’est un geste trop grand, trop clairement divin pour être toléré par les grands prêtres, qui, ayant appris l’événement, ont pris la décision de tuer Jésus (cf. Jn 11, 53).

Lazare était déjà mort depuis trois jours quand Jésus est arrivé ; et à ses sœurs, Marthe et Marie, il a dit des paroles qui sont restées imprimées pour toujours dans la mémoire de la communauté chrétienne. Jésus dit ceci : « Je suis la résurrection et la vie, qui croit en moi, même s’il meurt, vivra ; et quiconque vit et croit en moi ne mourra jamais » (Jn 11, 25).

Sur cette parole du Seigneur, nous croyons que la vie de qui croit en Jésus et suit son commandement, sera, après la mort, transformée en une vie nouvelle, pleine et immortelle. Comme Jésus est ressuscité dans son corps, mais n’est pas revenu à une vie terrestre, ainsi nous ressusciterons avec nos corps qui seront transfigurés en corps glorieux. Il nous attend auprès du Père et la force de l’Esprit Saint, qui l’a ressuscité, ressuscitera aussi celui qui est en union avec lui.

Devant la tombe scellée de son ami Lazare, Jésus « s’est écrié d’une voix forte : “Lazare, viens dehors !”. Le mort sortit, debout, les pieds et les mains liés de bandelettes, et son visage était enveloppé d’un suaire » (vv. 43-44). Ce cri péremptoire s’adresse à tout homme, parce que nous sommes tous marqués par la mort, nous tous ; c’est la voix de celui qui est le maître de la vie et qui veut que tous « nous l’ayons en abondance » (Jn 10, 10).

Le Christ ne se résigne pas aux tombeaux que nous nous sommes construits avec nos choix de mal et de mort, avec nos erreurs, avec nos péchés. Il ne se résigne pas à cela ! Il nous invite, il nous ordonne presque de sortir du tombeau où nos péchés nous ont ensevelis. Il nous appelle avec insistance à sortir des ténèbres de la prison dans laquelle nous nous sommes enfermés, en nous contentant d’une vie fausse, égoïste, médiocre. « Viens dehors ! » nous dit-il, « Viens dehors ! »

C’est une belle invitation à la véritable liberté, à nous laisser saisir par ces paroles que Jésus répète aujourd’hui à chacun de nous. Une invitation à nous laisser libérer des « bandelettes », des bandelettes de l’orgueil. Parce que l’orgueil nous rend esclaves, esclaves de nous- mêmes, esclaves de tant d’idoles, de tant de choses.

Notre résurrection commence là : quand nous décidons d’obéir au commandement de Jésus en sortant à la lumière, à la vie ; quand les masques tombent de notre visage — si souvent, nous sommes masqués par le péché, les masques doivent tomber ! — et que nous retrouvons le courage de notre visage original, créé à l’image et à la ressemblance de Dieu.

Le geste de Dieu qui ressuscite Lazare montre jusqu’où peut arriver la force de la grâce de Dieu, et donc jusqu’où peut arriver notre conversion, notre changement. Mais écoutez bien : il n’y a pas de limite à la miséricorde divine offerte à tous ! Il n’y a pas de limite à la miséricorde divine offerte à tous !

Rappelez-vous bien de cette phrase. Nous pouvons la dire tous ensemble : « Il n’y a pas de limite à la miséricorde divine offerte à tous ». Disons-le ensemble : « Il n’y a pas de limite à la miséricorde divine offerte à tous ». Le Seigneur est toujours prêt à soulever la pierre tombale de nos péchés qui nous sépare de lui, Lumière des vivants.

PAPE FRANÇOIS ANGÉLUS Place Saint-Pierre Ve Dimanche de Carême, 6 avril 2014

l’origine du Messie

Jésus le Messie

Sur les origines de Jésus, les habitants de Jérusalem sont perplexes : étant donné les prétentions qu’il affiche, Jésus est soit un blasphémateur, soit le Messie. Les chefs religieux avaient opté pour la première solution puisqu’ils avaient décidé sa mort. Le fait que Jésus enseigne librement dans le lieu saint, semble indiquer qu’ils aient changé d’avis. A moins qu’ils soient bien trop occupés à s’exhiber à la fête pour se soucier de ce qui se passe au Temple. D’ailleurs comment pourraient-ils reconnaître Jésus comme Messie, puisqu’on «sait d’où il est», alors que le Messie aura une origine mystérieuse ?

Dans le passage de l’Évangile de ce jour, Jésus semble vouloir répondre par anticipation à ses juges ; il « crie » pour couvrir le tumulte et appeler à la conversion, qui consiste à reconnaître en lui l’Envoyé du Père : « Je ne suis pas venu de moi-même : mais celui qui m’a envoyé dit la vérité, lui que vous ne connaissez pas, car si vous le connaissiez, vous ne m’auriez pas condamné. Ainsi vos œuvres témoignent contre vous, puisqu’en méconnaissant le Fils, vous méconnaissez aussi le Père que vous prétendez servir. »

Le Messie est nécessairement un fils d’Israël habitant la Terre Sainte : on sait donc fort bien «d’où il sera» ; on connaît ses origines «d’en bas». Cependant, si l’appartenance au peuple élu est condition nécessaire, elle n’est pas suffisante : le Messie est avant tout l’Élu de Dieu. Être Messie relève d’une libre initiative divine et consiste en une relation particulière, unique avec le Très-Haut.

C’est en ce sens que «personne ne saura d’où il est» ; lui seul pourra révéler son origine «d’en haut», et celle-ci ne sera accessible que dans la foi. L’appartenance de Jésus à l’Israël de Dieu est vérifiable empiriquement ; mais son origine divine demeure mystérieuse : elle relève de la foi en sa Parole et en ses œuvres. De même que le pèlerinage au Temple de Jérusalem est vain s’il n’exprime pas un mouvement intérieur vers Dieu, de même la rencontre avec le Christ demeure stérile si elle n’achemine pas vers une célébration de la présence de Dieu en lui, reconnue dans la foi.

Tout au long de ces quinze jours qui nous séparent de Pâque, l’Évangile de Jean va nous provoquer quotidiennement à nous situer dans le grand procès intenté à Jésus – et qui perdure toujours. Que l’Esprit Saint nous donne de discerner dans le «fils de Joseph» (Jn 6, 42), le Fils de Dieu venu dans la chair, la Parole de « grâce et de vérité » (Jn 1, 25). Et après l’avoir reconnu, puissions-nous lui emboîter résolument le pas, apprenant de lui à nous préparer au grand passage qui nous conduira de la mort à la vie.

Seigneur, ta Parole avait annoncé par les Prophètes et les Sages de ton peuple, quel destin serait réservé à ton Messie : « Voyons si ses paroles sont vraies, regardons où il aboutira. Si ce juste est Fils de Dieu, Dieu l’assistera et le délivrera de ses adversaires. Soumettons-le à des outrages et à des tourments ; nous saurons ce que vaut sa douceur, nous éprouverons sa patience. Condamnons-le à une mort infâme, puisque, dit-il, quelqu’un veillera sur lui”. Ne permets pas que nous nous retrouvions avec la foule ingrate dans le camp de tes accusateurs, nous laissant entraîner par les mouvements d’opinion et les manipulations subtiles des médias. “Ces gens-là s’égarent ; leur méchanceté les a rendu aveugles. Ils ne connaissent pas les secrets de Dieu”. Donne-nous de demeurer fermes dans la foi, et de confesser ouvertement qu’en ton Fils Jésus-Christ, tu as “racheté tes serviteurs : pas de châtiment pour qui trouve en lui son refuge. » (Ps 33)

P. E.