Tous les articles par P. Jean-Daniel Planchot

La croix est un signe d’amour

le serpent d’airain

Le Pape François a invité les fidèles à s’interroger sur le sens de la croix lors de la messe matinale à la Maison Sainte-Marthe ce mardi 4 avril au Vatican. Il appelé à changer de regard sur le Crucifix, pas seulement symbole d’appartenance mais surtout signe de l’amour de Dieu.

Le Pape s’appuie sur le récit des serpents mortels, venus mordre ceux qui s’éloignaient du chemin, lors de la traversée du désert de Moïse. Le Seigneur dit alors à Moïse de faire un serpent de bronze et de le mettre en hauteur, et quiconque sera mordu, sera guéri en regardant ce serpent.

Ce serpent est «le symbole du diable», «le père du mensonge», «le père du péché, ce qui a rendu l’humanité pécheresse. » et pourtant, il guérit comme Jésus : « quand je serai élevé, tout le monde va venir à moi.» Voilà le mystère du Christ,  «ce serpent était le signe de croix du Christ, c’était une prophétie.»

Ainsi, Jésus a pris sur lui toute les impuretés de l’humanité, il s’est élevé pour que tous ceux qui ont été blessés par le péché le regarde. C’est Dieu qui s’est fait pécheur pour nous guérir. Et la croix en est le symbole, c’est «de cette croix de Dieu faite de chair que  vient le salut», «il n’y pas de salut dans les idées, dans la bonne volonté, dans l’envie d’être bien, non !» «L’unique salut est dans le Christ crucifié, car seul lui, comme le serpent de bronze, est capable de prendre tout le venin des péché et nous en guérir».

Le Pape appelle donc chacun à retrouver la foi en cette croix,  en mémoire à celui qui s’est fait pécheur, et à s’interroger sur le sens de la croix, et «la façon dont nous la portons» : comme un signe d’appartenance à un groupe religieux, un signe d’équipe, «un ornement ou un pierre précieuse qu’il faut faire voir?» Souvenons-nous que «à chaque fois que vous regardez le Crucifix, vous regardez celui qui s’est fait pécheur, pour que nous, nous ne mourions pas dans nos péchés.»

Suzanne et la femme adultère

Suzanne et ses servantes, puis regardée au bain, enfin avec les vieillards église des Iffs

Ce lundi 3 avril matin lors de la messe à la Maison Sainte Marthe, le Pape François a invité à ne pas juger les autres mais à pardonner. Dans son homélie, il a commenté l’évangile de Saint-Jean, dans lequel le Seigneur répond à des hommes qui lui amènent une femme surprise en train de commettre un adultère. «Celui d’entre vous qui est sans péché, qu’il soit le premier à lui jeter la pierre» dit alors le Seigneur. Le Pape François s’est appuyé aussi sur l’épisode biblique de Suzanne, dans le livre du Prophète Daniel, qui raconte comment deux vieillards avaient accusé faussement cette jeune femme d’adultère, car elle avait refusé leurs propositions malhonnêtes.  Dans ces deux épisodes, «l’innocence, le péché, la corruption et la loi» se rencontrent, car dans les deux cas, «les juges sont corrompus».

Encore aujourd’hui «partout dans le monde, il y en a la corruption est lorsque le péché entre, entre, entre dans ta conscience et ne laisse aucune place même à l’air.» Les corrompus croient avec impunité bien faire. Dans le cas de Suzanne, les vieillards «ont été corrompus par le vice de la luxure», menaçant de faire de faux témoignages contre la jeune femme. Ce n’est pas la première fois que dans les Écritures se trouvent de faux témoignages, même Jésus a été condamné à mort «avec des faux témoignages.»

Concernant la femme adultère, ceux qui jugent «avaient perdu la tête», faisant croitre en eux une interprétation de la loi «très rigide et qui ne laisse aucune place à l’esprit Saint.» Jésus juge avec miséricorde. « Nous aussi, jugeons-nous les autres ? Sommes-nous corrompus ? Arrêtez-vous. Arrêtons-nous. Regardons Jésus qui toujours juge avec miséricorde : «Je ne te condamne pas. Va en paix et ne pèche plus », dit Jésus.»

voir aussi : Là où il n’y a pas de miséricorde, il n’y a pas de justice (sur l’épisode de Suzanne au livre de Daniel)

Le Christ et la femme adultère

Pietro DELLA VECCHIA (Venise, 1603 – 8 septembre 1678) – Le Christ et la femme adultère (vers 1650-1655) – Musée Calvet d’Avignon, musée des Beaux-Arts et d’Archéologie – huile sur toile, 151 × 206 cm

«Les lectures d’aujourd’hui nous parlent de l’adultère», qui avec le blasphème et l’idolâtrie était considéré comme «un très grave péché dans la loi de Moïse», puni «de la peine de mort» par lapidation.

Dans le passage évangélique proposé dans la liturgie (Jean 8, 1-11), qui raconte l’histoire de la femme adultère, les scribes et les pharisiens posèrent cette question à Jésus: «Que devons-nous faire de cette femme? Tu nous parles de bonté mais Moïse nous a dit que nous devons la tuer!» Ils «disaient cela pour le mettre à l’épreuve, pour avoir un motif pour l’accuser.»

Leur unique objectif était «de mettre à l’épreuve et précisément de tendre un piège» à Jésus. «La femme ne leur importait pas, les adultères ne leur importaient pas». D’ailleurs, «peut-être certains d’entre eux étaient-ils adultères.» Pour sa part, bien qu’il y ait autant de gens autour, «Jésus voulait rester seul avec la femme, voulait parler au cœur de la femme: c’était la chose la plus importante pour Jésus».

Et «le peuple s’en était allé lentement» après avoir entendu ses paroles: «Que celui d’entre vous qui est sans péché lui jette la première pierre.» La femme ne se proclame pas victime d’«une fausse accusation», elle ne se défend pas en affirmant: «Je n’ai pas commis d’adultère». Non, «elle reconnaît son péché» et répond à Jésus: «Personne, Seigneur, ne m’a condamnée.»

A son tour Jésus lui dit: «Moi non plus je ne te condamne pas, va et à présent ne pèche plus, pour ne pas passer un mauvais moment, pour ne pas avoir autant honte, pour ne pas offenser Dieu, pour ne pas salir la belle relation entre Dieu et son peuple.» Donc «Jésus pardonne. Mais il y a quelque chose de plus que le pardon. Car comme confesseur Jésus va au-delà de la loi». En effet, «la loi disait qu’elle devait être punie». D’ailleurs Jésus «était pur et pouvait jeter le premier la pierre.».

Mais il «va au-delà. Il ne lui dit pas: l’adultère n’est pas un péché. Mais il ne la condamne pas avec la loi». Précisément «cela est le mystère de la miséricorde de Jésus». Ainsi «Jésus pour faire miséricorde» va au-delà de «la loi qui commandait la lapidation». Au point de dire à la femme d’aller en paix.

«La miséricorde est quelque chose de difficile à comprendre: elle n’efface pas les péchés», car ce qui efface les péchés «c’est le pardon de Dieu». «La miséricorde est la manière dont pardonne Dieu». Cela «vaut aussi pour nous». Et il a affirmé: «Combien de nous mériteraient peut-être une condamnation! Et cela serait même juste. Mais lui il pardonne!» Comment? «Avec cette miséricorde» qui «n’efface pas le péché: c’est le pardon de Dieu qui l’efface», alors que «la miséricorde va au-delà».

C’est «comme le ciel: nous regardons le ciel, ses nombreuses étoiles, mais quand le soleil vient le matin, avec tant de lumière, les étoiles ne se voient pas». Et «la miséricorde de Dieu est ainsi: une grande lumière d’amour, de tendresse». Car «Dieu ne pardonne pas avec un décret, mais avec une caresse». Il le fait «en caressant nos blessures dues au péché car il participe au pardon, il participe à notre salut». A

Avec ce style «Jésus fait le confesseur». Il n’humilie pas la femme adultère, «il ne lui dit pas: qu’as-tu fait, quand l’as-tu fait, comment l’as-tu fait et avec qui l’as-tu fait?» Il lui dit en revanche «d’aller et de ne plus pécher: la miséricorde de Dieu est grande, la miséricorde de Jésus est grande: nous pardonner en nous donnant une caresse.

PAPE FRANÇOIS extrait de sa MÉDITATION MATINALE en la CHAPELLE de la MAISON SAINTE-MARTHE au VATICAN lundi 7 avril 2014