Tous les articles par P. Jean-Daniel Planchot

Suzanne et la femme adultère

Suzanne et ses servantes, puis regardée au bain, enfin avec les vieillards église des Iffs

Ce lundi 3 avril matin lors de la messe à la Maison Sainte Marthe, le Pape François a invité à ne pas juger les autres mais à pardonner. Dans son homélie, il a commenté l’évangile de Saint-Jean, dans lequel le Seigneur répond à des hommes qui lui amènent une femme surprise en train de commettre un adultère. «Celui d’entre vous qui est sans péché, qu’il soit le premier à lui jeter la pierre» dit alors le Seigneur. Le Pape François s’est appuyé aussi sur l’épisode biblique de Suzanne, dans le livre du Prophète Daniel, qui raconte comment deux vieillards avaient accusé faussement cette jeune femme d’adultère, car elle avait refusé leurs propositions malhonnêtes.  Dans ces deux épisodes, «l’innocence, le péché, la corruption et la loi» se rencontrent, car dans les deux cas, «les juges sont corrompus».

Encore aujourd’hui «partout dans le monde, il y en a la corruption est lorsque le péché entre, entre, entre dans ta conscience et ne laisse aucune place même à l’air.» Les corrompus croient avec impunité bien faire. Dans le cas de Suzanne, les vieillards «ont été corrompus par le vice de la luxure», menaçant de faire de faux témoignages contre la jeune femme. Ce n’est pas la première fois que dans les Écritures se trouvent de faux témoignages, même Jésus a été condamné à mort «avec des faux témoignages.»

Concernant la femme adultère, ceux qui jugent «avaient perdu la tête», faisant croitre en eux une interprétation de la loi «très rigide et qui ne laisse aucune place à l’esprit Saint.» Jésus juge avec miséricorde. « Nous aussi, jugeons-nous les autres ? Sommes-nous corrompus ? Arrêtez-vous. Arrêtons-nous. Regardons Jésus qui toujours juge avec miséricorde : «Je ne te condamne pas. Va en paix et ne pèche plus », dit Jésus.»

voir aussi : Là où il n’y a pas de miséricorde, il n’y a pas de justice (sur l’épisode de Suzanne au livre de Daniel)

Le Christ et la femme adultère

Pietro DELLA VECCHIA (Venise, 1603 – 8 septembre 1678) – Le Christ et la femme adultère (vers 1650-1655) – Musée Calvet d’Avignon, musée des Beaux-Arts et d’Archéologie – huile sur toile, 151 × 206 cm

«Les lectures d’aujourd’hui nous parlent de l’adultère», qui avec le blasphème et l’idolâtrie était considéré comme «un très grave péché dans la loi de Moïse», puni «de la peine de mort» par lapidation.

Dans le passage évangélique proposé dans la liturgie (Jean 8, 1-11), qui raconte l’histoire de la femme adultère, les scribes et les pharisiens posèrent cette question à Jésus: «Que devons-nous faire de cette femme? Tu nous parles de bonté mais Moïse nous a dit que nous devons la tuer!» Ils «disaient cela pour le mettre à l’épreuve, pour avoir un motif pour l’accuser.»

Leur unique objectif était «de mettre à l’épreuve et précisément de tendre un piège» à Jésus. «La femme ne leur importait pas, les adultères ne leur importaient pas». D’ailleurs, «peut-être certains d’entre eux étaient-ils adultères.» Pour sa part, bien qu’il y ait autant de gens autour, «Jésus voulait rester seul avec la femme, voulait parler au cœur de la femme: c’était la chose la plus importante pour Jésus».

Et «le peuple s’en était allé lentement» après avoir entendu ses paroles: «Que celui d’entre vous qui est sans péché lui jette la première pierre.» La femme ne se proclame pas victime d’«une fausse accusation», elle ne se défend pas en affirmant: «Je n’ai pas commis d’adultère». Non, «elle reconnaît son péché» et répond à Jésus: «Personne, Seigneur, ne m’a condamnée.»

A son tour Jésus lui dit: «Moi non plus je ne te condamne pas, va et à présent ne pèche plus, pour ne pas passer un mauvais moment, pour ne pas avoir autant honte, pour ne pas offenser Dieu, pour ne pas salir la belle relation entre Dieu et son peuple.» Donc «Jésus pardonne. Mais il y a quelque chose de plus que le pardon. Car comme confesseur Jésus va au-delà de la loi». En effet, «la loi disait qu’elle devait être punie». D’ailleurs Jésus «était pur et pouvait jeter le premier la pierre.».

Mais il «va au-delà. Il ne lui dit pas: l’adultère n’est pas un péché. Mais il ne la condamne pas avec la loi». Précisément «cela est le mystère de la miséricorde de Jésus». Ainsi «Jésus pour faire miséricorde» va au-delà de «la loi qui commandait la lapidation». Au point de dire à la femme d’aller en paix.

«La miséricorde est quelque chose de difficile à comprendre: elle n’efface pas les péchés», car ce qui efface les péchés «c’est le pardon de Dieu». «La miséricorde est la manière dont pardonne Dieu». Cela «vaut aussi pour nous». Et il a affirmé: «Combien de nous mériteraient peut-être une condamnation! Et cela serait même juste. Mais lui il pardonne!» Comment? «Avec cette miséricorde» qui «n’efface pas le péché: c’est le pardon de Dieu qui l’efface», alors que «la miséricorde va au-delà».

C’est «comme le ciel: nous regardons le ciel, ses nombreuses étoiles, mais quand le soleil vient le matin, avec tant de lumière, les étoiles ne se voient pas». Et «la miséricorde de Dieu est ainsi: une grande lumière d’amour, de tendresse». Car «Dieu ne pardonne pas avec un décret, mais avec une caresse». Il le fait «en caressant nos blessures dues au péché car il participe au pardon, il participe à notre salut». A

Avec ce style «Jésus fait le confesseur». Il n’humilie pas la femme adultère, «il ne lui dit pas: qu’as-tu fait, quand l’as-tu fait, comment l’as-tu fait et avec qui l’as-tu fait?» Il lui dit en revanche «d’aller et de ne plus pécher: la miséricorde de Dieu est grande, la miséricorde de Jésus est grande: nous pardonner en nous donnant une caresse.

PAPE FRANÇOIS extrait de sa MÉDITATION MATINALE en la CHAPELLE de la MAISON SAINTE-MARTHE au VATICAN lundi 7 avril 2014

Dieu de la vie qui vainc la mort

COLIN D’AMIENS (Originaire d’Amiens, connu à Paris de 1461 à 1488 – après 1495) La Résurrection de Lazare vers 1450 – 1460 Louvre

Le Pape François est arrivé ce dimanche 2 avril 2017 à Carpi, dans le nord de l’Italie, pour une visite pastorale dans une région frappée en 2012 par un séisme meurtrier (27 morts). Arrivé en hélicoptère, il a présidé la messe sur la place des Martyrs, devant la cathédrale. Dans son homélie, le Pape s’est appuyé sur les lectures du jour «qui parlent du Dieu de la vie qui vainc la mort» pour exhorter à choisir l’espérance de Dieu plutôt que la tristesse des tombeaux.

Le Pape est arrivé au milieu d’une foule nombreuse devant la cathédrale de Carpi flambant neuve, l’un des nombreux bâtiments endommagés par le séisme et tout récemment rénovée. Dans son homélie, commentant l’épisode biblique de la résurrection de Lazare, le Saint-Père appelle à choisir entre rester «du côté du tombeau», «enfermé dans la tristesse», «coincé dans les décombres de la vie» ou aller «du côté de Jésus», ouvert «à l’espérance», «comme vous», «avec l’aide de Dieu» soulever les décombres et reconstruire «avec une patiente espérance.»

Dans une comparaison à peine voilée avec ce qu’ont vécu les habitants de l’Émilie-Romagne après le tremblement de terre,  devant la tombe de Lazare, fermée d’une grande pierre, «tout semble fini» et même Jésus «est secoué par le mystère dramatique de la perte d’une personne chère.»  «Il ne fuit pas la souffrance, qui appartient à cette vie, mais il ne se fait pas emprisonner par le pessimisme» ou «emporter par le découragement.»

«Ouvrir la voie du lève-toi! Lève-toi! Viens dehors!»

Le Pape appelle ainsi à laisser la «grande désillusion» que constitue «la précarité de notre vie mortelle» pour s’ouvrir à «l’espérance qui s’appelle Jésus». Comment? En identifions nos blessures , nos «petits tombeaux», et en laissant Jésus y entrer. «Quel que soit le poids du passé, la grandeur du péché, la force de la honte, ne barrons jamais l’entrée au Seigneur.» Le Pape rappelle la parole de Jésus: «Enlevez la pierre!» qui bloque le tombeau. «Le Seigneur désire au contraire ouvrir la voie de la vie, celle de la rencontre avec Lui, de la confiance en Lui, de la résurrection du cœur.» «La voie du lève-toi! Lève-toi! Viens dehors! Voilà ce que nous demande le Seigneur. Et lui est à coté de nous pour le faire.»

Certes, «il y aura toujours des problèmes», mais nous pouvons trouver une «nouvelle stabilité» en Jésus, qui «est la résurrection et la vie: avec Lui la joie habite le cœur, l’espérance renait, la douleur se transforme en paix, la peur en confiance, l’épreuve en offrande d’amour.» «Il y aura toujours sa main qui relève, sa Parole qui encourage et nous dis, à nous tous, à chacun de nous: “Viens dehors! Viens à moi!”» Ainsi, «visités et libérés par Jésus», nous pourrons être des «témoins de vie dans ce monde qui en est assoiffé, des témoins qui suscitent et ressuscitent l’espérance du Dieu vivant.»

La Colombie, le Kasaï, le Venezuela et le Paraguay étaient au cœur des prières du Pape François. Avant de réciter la prière de l’angélus, il a évoqué une catastrophe naturelle et trois situations politiques particulières.

« Je suis profondément attristé par la tragédie qui a frappé la Colombie où une gigantesque coulée de boue provoquée par des pluies torrentielles a déferlé sur la ville de Mocoa, causant de nombreux morts et blessés. Je prie pour les victimes. J’assure de ma et de votre proximité ceux qui pleurent la disparition de leurs proches. Je remercie ceux qui prêtent secours. »