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L’histoire de Caïn et Abel

Le Pape François a voulu offrir la Messe célébrée dans la matinée du lundi 13 février dans la chapelle de Sainte-Marthe pour un missionnaire spécial, qui partira mercredi pour l’Orient. « Une pensée familiale » parce que le missionnaire est le père Adolfo Nicolás Pachón, ancien préposé général de la Compagnie de Jésus. « Que le Seigneur rende tout le bien fait et l’accompagne dans sa nouvelle mission : merci, père Nicolás. »

Caïn et Abel panneau d’ivoire provenant de la cathédrale de Saverne v. 1084 Musée du Louvre | DR

Se référant ensuite à la première lecture, tirée du livre de la Genèse (4, 1-15,25), le Pape a remarqué dans son homélie que «c’est la première fois que dans la Bible, est prononcé le mot frère.» L’histoire de Caïn et Abel « est l’histoire d’une fraternité qui devait grandir, être belle » mais qui au contraire « finit détruite.» L’histoire a commencé par une petite jalousie.

Quand Caïn vit que son sacrifice n’avait pas été accepté, il fut très irrité et commença à nourrir ce sentiment. Le Seigneur lui dit : «Pourquoi es-tu irrité et pourquoi ton visage est-il abattu ? Si tu es bien disposé, ne relèveras-tu pas la tête ? Mais si tu n’es pas bien disposé, le péché n’est-il pas à la porte, une bête tapie qui te convoite, pourras-tu la dominer ? »

A la fin, « Caïn préféra l’instinct. Ce péché qu’il commettra ensuite, qui est tapi derrière le sentiment, grandit. » Précisément ainsi croient les inimitiés entre nous : elles commencent par une petite chose, puis cela grandit et nous voyons la vie uniquement de cette perspective. » Au point qu’ensuite, « notre vie tourne autour de cela, et cela détruit le lien de fraternité, détruit la fraternité. »

Ce qui « est arrivé au début peut nous arriver à tous. » C’est pourquoi il s’agit d’un « processus » qui doit être arrêté immédiatement, au début.

« Dans nos presbytères aussi, dans nos collèges épiscopaux, combien de fissures commencent ainsi ! » De cette manière, « avec des petites choses, des fissures, se détruit la fraternité. »

Devant cette attitude de l’homme, « que fait le Seigneur ? » Le passage de la Genèse suggère que, comme à Caïn, « il nous demande : « où est Abel, ton frère ? » La réponse de Caïn est ironique : « Je ne sais pas. Suis-je le gardien de mon frère ? » » Mais on a envie de lui répondre : « Oui, tu es le gardien de ton frère. » Pour sa part, « Caïn aurait pu répondre : « Oui, je sais où est Abel, mais je ne sais pas où est mon frère, parce qu’Abel n’est pas mon frère : j’ai détruit cette fraternité. »

Sur ce point, continue la Genèse, « le Seigneur est fort :  » Écoute le sang de ton frère crier vers moi du sol! »» C’est vrai que chacun de nous peut dire : « »Père, je n’ai jamais tué personne, personne, jamais ! »» Toutefois, «pensons à l’Évangile d’hier : si tu as un mauvais sentiment envers ton frère, tu l’as tué ; si tu insultes ton frère, tu l’as tué dans ton cœur.» Parce que « le meurtre est un processus qui commence dans le plus profond du cœur, comme ici. »

« Aujourd’hui aussi, la voix de Dieu, demande non seulement à chacun de nous, mais à toute l’humanité : « Où est ton frère, où est ta sœur ? » » Et notre réponse est : « Je sais où sont ceux qui sont bombardés là, qui sont chassés de là, mais eux ne sont pas mes frères, j’ai détruit le lien ». De la même façon, « combien de puissants de la terre peuvent dire : « Ce territoire, ce morceau de terre, cette autre chose m’intéresse, si la bombe tombe et tue deux cents enfants ce n’est pas ma faute ; il n’y a que le territoire qui m’intéresse ». »

Donc « tout commence par ce sentiment qui te conduit à te détacher, à dire à l’autre : « Celui-ci est untel, celui-ci est comme ceci, mais ce n’est pas un frère ». » Et « cela finit dans la guerre qui tue. » Mais « tu as tué au début. Cela est le processus du sang et aujourd’hui, le sang de tant de personnes dans le monde crie vers Dieu du sol ». Et « tout est lié : ce sang-là a une relation – sans doute une petite goutte de sang – que, avec mon envie, ma jalousie, j’ai fait sortir quand j’ai détruit une fraternité : ce n’est pas le nombre qui détruit la fraternité, c’est ce qui sort du cœur de chacun de nous. »

Que le Seigneur nous aide aujourd’hui à répéter sa parole : « Où est ton frère ? » » Et que « chacun de nous » pense « à tous ceux dont nous nous sommes détachés ». Et « pensons aussi à tous ceux qui, dans le monde, sont traités comme des choses et non comme des frères. »

13 février 2017 source : Osservatore Romano

comment accomplir pleinement la volonté de Dieu

«Jésus est venu pour achever et pour promulguer définitivement la loi de Dieu». Le Pape François a repris ce dimanche 12 février 2017 lors de la prière de l’angélus place Saint-Pierre, sa méditation surle discours de la montagne cité dans l’évangile de ce jour. «Jésus enseigne comment accomplir pleinement la volonté de Dieu, avec une “justice supérieure” par rapport à celle des scribes et des pharisiens.»

Cette justice est «animée par l’amour, la charité, la miséricorde, et est par conséquent capable de réaliser la substance des commandements, évitant le risque du formalisme». Ce sont les trois aspects que Jésus aborde dans l’évangile de ce dimanche.

Le meurtre, l’adultère, et le serment: voilà les trois points abordés. Ne pas tuer, le premier commandement souligné par Jésus, ne concerne pas que le meurtre proprement dit. Il inclut aussi «ces comportements qui offensent la dignité de la personne humaine, y compris les paroles injurieuses. Qui insulte son frère tue son frère dans son propre cœur. N’insultez pas, s’il vous plaît

Ces petits actes sont les prémisses du meurtre et révèlent la même malveillance. «Jésus nous invite à ne pas établir une échelle des offenses mais à les considérer toutes dommageables puisqu’elles ont toutes l’intention de faire du mal au prochain.»

Concernant l’adultère, Jésus va à la racine du mal. L’adultère commence dans le regard que l’homme porte sur une femme qui n’est pas la sienne. Tous les péchés «sont d’abord conçus au fond de nous, et une fois que le mauvais choix est fait dans le cœur, ils se concrétisent dans notre comportement.»

Enfin, le serment: Jésus demande à ses disciples de ne pas jurer car «le serment est signe de l’insécurité et de la duplicité». «On instrumentalise l’autorité de Dieu pour donner des garanties à nos histoires humaines.» Il faut, au contraire, «instaurer un climat de transparence et de confiance réciproque entre nous, dans les familles et les communautés», car «la défiance et le soupçon réciproque menacent toujours la sérénité.»

un manuel pratique contre les tentations

Le Christ tenté par Satan 1903 Ilya Repin

le Pape François a suggéré un “manuel” pratique essentiel contre les tentations lors de la Messe célébrée le vendredi 10 février dans la chapelle de la Maison Sainte-Marthe.

Dans la faiblesse des tentations, que nous éprouvons tous tôt ou tard — il suffit de penser à la tragédie de la corruption qui commence toujours avec de petites faiblesses — on ne doit pas avoir la naïveté de s’enferrer dans le dialogue: il faut en revanche avoir le courage de la prière, avec la certitude que la grâce nous aide à ne pas nous cacher du Seigneur et à demander pardon pour nous relever et aller de l’avant.

«Que ce soit au début de la création, ou au début de la re-création, le premier événement qui apparaît est la tentation» a dit le Pape, en faisant référence à la première lecture, tirée du livre de la Genèse (3,1-8).

«Nous avons entendu ce passage du livre de la Genèse, la première tentation, celle d’Adam et Eve». Le texte biblique «nous dit» que «’le serpent était le plus astucieux’ : le diable se fait voir sous la forme d’un serpent séduisant et grâce à son astuce il cherche à tromper. Au point qu’ Eve «se sent bien, elle a confiance et, pas à pas, il la conduit là où il veut». Le diable cherche à faire «la même chose avec Jésus dans le désert».

«Quand le diable dupe une personne, il le fait au moyen du dialogue, il cherche à dialoguer». Mais à la fin, le diable «fait voir son véritable visage: ‘Viens, viens!’». «Il lui fait voir le monde entier et il lui propose l’idolâtrie: ‘Adore-moi, je te donnerai tout cela!’».

Jésus est soumis à la tentation: il ne dialogue pas avec le diable, mais «il écoute le diable et donne une réponse, mais ce n’est pas la sienne: il emprunte sa réponse à la parole de Dieu». En effet, «les trois réponses de Jésus au diable sont tirées de la Bible, de l’Ancien Testament, de la parole de Dieu, parce qu’avec le diable on ne peut pas dialoguer».

Avec Eve, en revanche, la tentation du diable a fini d’une autre façon. Elle était «naïve». Mais cela a mal fini. Le fait est que le diable est un mauvais payeur.

Donc «le serpent, le diable est rusé: on ne peut pas dialoguer avec le diable». De plus, «nous savons tous ce que sont les tentations, nous le savons tous parce que nous en avons tous: de nombreuses tentations de vanité, d’orgueil, de cupidité, d’avarice, beaucoup!» Mais toutes «commencent » quand nous disons: «mais, on peut, on peut…» Lire la suite →