Tous les articles par P. Jean-Daniel Planchot

la guerre commence dans le cœur de l’homme

Noé et l’arc en ciel 1966 – Marc Chagall

« Nous sommes tous responsables de la paix » a dit le Pape François, ce jeudi 16 février 2017, lors de la messe matinale célébrée en la chapelle de la maison Sainte-Marthe, au Vatican. Le Saint-Père a mis en lumière la souffrance de tant de personnes qui sont happées par les guerres voulues par les puissants et les marchands d’armes. Et il a raconté comment, enfant, il a vécu les nouvelles de la fin de la guerre.

La colombe, l’arc-en-ciel, l’alliance: le Pape s’est attardé sur ces trois images de la première lecture du livre de la Genèse, qui relate que Noé «lâcha une colombe» après le déluge. Cette colombe, qui revient avec la branche d’olivier, est «le signe de ce que Dieu voulait après le déluge: la paix, que tous les hommes soient en paix».

«La colombe et l’arc-en-ciel sont fragiles. L’arc-en-ciel est beau après la tempête, mais vient un nuage et il disparaît. Même la colombe est fragile.» Le Pape se souvient que lors de l’Angélus il y a deux ans, deux colombes, libérées par des enfants depuis la fenêtre du Palais apostolique, avaient été tuées par une mouette.

Les gens meurent à cause des guerres voulues par les puissants

«L’alliance que Dieu fait est forte. Dieu fait la paix avec nous, mais il est difficile de prendre soin de la paix. C’est un travail de chaque jour, car à l’intérieur de nous il y a encore cette semence, ce péché originel, l’esprit de Caïn qui par envie, jalousie, cupidité et désir de domination, fait la guerre. De votre sang, peut-on lire dans la première lecture, je demanderai des comptes, je demanderai des comptes à chaque être vivant, et je demanderai des comptes de la vie de l’homme à l’homme, à chacun de ses frères. Nous sommes donc gardiens des frères et quand il y a effusion de sang, il y a péché et Dieu nous demandera des comptes.»

«Dans le monde d’aujourd’hui, il y a effusion de sang. Aujourd’hui, le monde est en guerre. Tant de frères et sœurs, même innocents, meurent, parce que les grands, les puissants, veulent un morceau en plus de terre, veulent un peu plus de pouvoir ou veulent faire un peu plus de gain avec le trafic d’armes. Et la Parole du Seigneur est clair: de votre sang, je demanderai des comptes. Même à nous, qui semblons être en paix, ici, le Seigneur demandera des compte du sang de nos frères et sœurs qui souffrent de la guerre.»

La déclaration de guerre commence en chacun de nous

«Comment est-ce que je prends soin de la colombe ? Qu’est-ce que je fais pour que l’arc-en-ciel soit toujours un guide, pour que ne soit plus versé plus de sang dans le monde ? Nous sommes tous impliqués dans ce domaine. La prière pour la paix n’est pas une formalité, le travail pour la paix n’est pas une formalité.»

«La guerre commence dans le cœur de l’homme, elle commence à la maison, dans les familles, entre amis, puis va plus loin, dans le monde entier. Comment est-ce que je chéris la paix dans mon cœur, dans mon âme, dans ma famille?»

Le souvenir de la fin de la guerre dans la mémoire d’un enfant

Le Pape François achève son homélie en confiant une anecdote personnelle à propos de la paix, lorsqu’il était enfant : «Je me souviens, que l’alarme des pompiers a commencé à sonner, puis celle des journaux et dans la ville … Aussitôt j’ai entendu la voisine appeler ma mère: « Madame venez, venez ». Et ma mère est sortie, un peu effrayée: « Qu’est-il arrivé? » Et la voisine de l’autre côté du jardin déclara en pleurs: « la guerre est finie. »»

Le Saint-Père évoque alors l’étreinte des deux femmes, les larmes et la joie parce que la guerre était finie et il conclut: «Que le Seigneur nous donne la grâce de dire: la guerre est finie, et en pleurant d’affirmer la guerre est finie dans mon cœur, dans ma famille dans mon quartier, dans le monde».

16-02-2017 source : Radio Vatican et Osservatore Romano

L’espérance ne déçoit pas

«L’espérance ne déçoit pas» : c’est sur ces mots tirés de la Lettre de saint Paul aux Romains que le Pape François, dans le cadre de l’audience générale de ce 15 février 2017 en la salle Paul VI au Vatican, a développé ce matin une nouvelle étape de sa série de catéchèses sur l’espérance chrétienne. Il a invité les chrétiens à assumer cette espérance en liant leur fierté avec une fraternité vécue en actes.

PAPE FRANÇOIS

AUDIENCE GÉNÉRALE

Mercredi 15 février 2017


Frères et sœurs, depuis notre enfance, nous savons qu’il n’est pas bien de se vanter : c’est à la fois une marque d’orgueil et un manque de respect envers les autres. Pourtant, l’Apôtre Paul nous exhorte à nous enorgueillir de l’abondance de la grâce dont nous avons été comblés en Jésus-Christ, au moyen de la foi.

Nous sommes ainsi invités à reconnaître, dans la lumière de l’Esprit Saint, que tout est grâce, pour être en paix avec Dieu, avec nous-mêmes, et avec toutes les personnes rencontrées. L’Apôtre nous exhorte aussi à nous enorgueillir de nos épreuves.

Car la paix que le Seigneur nous offre n’est pas synonyme d’absence de déceptions ou de souffrances. Elle est ce don extraordinaire qui permet de reconnaître que Dieu nous aime et qu’il est toujours à nos côtés. Et ce don produit en nous la patience car nous savons que rien ne pourra nous séparer de l’amour du Seigneur.

Il est facile de dire : Dieu nous aime. Nous le disons tous. Mais est-ce que chacun de nous est capable de dire : je suis sûr que Dieu m’aime ? Il n’est pas si facile de le dire. Mais c’est vrai. C’est un bon exercice, ceci, de se dire à soi-même : Dieu m’aime. C’est la racine de notre sécurité, la racine de l’espérance.

Pour cette raison, l’espérance qui nous a été donnée ne nous sépare pas des autres, ni encore moins ne nous porte à les discréditer ou à les marginaliser. Il s’agit au contraire d’un don extraordinaire dont nous sommes appelés à nous faire des canaux, avec humilité et simplicité.

Et alors notre fierté la plus grande sera celle d’avoir comme Père un Dieu qui ne fait pas de préférences, qui n’exclut personne, mais qui ouvre sa maison à tous les êtres humains, à commencer par les derniers et les lointains, parce que comme ses enfants nous essayons de nous consoler et de nous soutenir les uns les autres.

Que l’Esprit Saint ouvre nos cœurs à l’amour dont Dieu nous a comblés pour que nous devenions en Jésus-Christ les témoins de l’espérance auprès de tous, en particulier des petits et des pauvres.

Prions Marie, Mère de Miséricorde, intercède pour nous aider les uns les autres avec le témoignage de notre foi et de notre persévérance, et ainsi développer notre espérance.  Que Dieu vous bénisse !

Cyrille et Méthode, des exemples pour l’Europe

Au terme de l’audience, le Pape a évoqué les figures des saints Cyrille et Méthode, évangélisateurs des peuples slaves et co-patrons de l’Europe», fêtés ce mardi. «Que leur exemple vous aide, chers jeunes, à devenir dans tout environnement des disciples missionnaires; que leur ténacité vous encourage, chers malades, à offrir vos souffrances pour la conversion des lointains, et que leur amour pour le Seigneur vous illumine vous, chers nouveaux époux, à porter l’Évangile comme règle fondamentale de votre vie familiale.


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proclamer la Parole de Dieu avec courage, en prière et avec humilité

Aujourd’hui l’Église célèbre la fête liturgique des saints Constantin-Cyrille et Méthode, «hérauts courageux de l’Évangile» qui «ont tout risqué» et «rendue l’Europe plus forte». Pendant la Messe célébrée dans la chapelle Sainte-Marthe, ce mardi 14 février, le Pape François s’est arrêté pour réfléchir sur «le caractère missionnaire de l’Église» et sur les caractéristiques que doit avoir celui qui est «envoyé proclamer la parole de Dieu.»

La méditation du Pape s’est inspirée de la prière de la collecte du jour, dans laquelle on demande «que tous les peuples — tous les hommes! — accueillent la parole de Dieu et forment le saint peuple fidèle de Dieu». Et si pour «former le peuple», il faut «accueillir la parole», alors «il y a besoin de semeurs de parole, de missionnaires, de véritables hérauts.»

Dans les lectures proposées par la liturgie, on parle également de mission, avec Jésus qui envoie les disciples (Luc 10, 1-9) et avec Paul et Barnabé qui sont envoyés (Actes des apôtres 13, 46-49). Mais quelle doit être «la personnalité d’un envoyé, de celui qui est envoyé pour proclamer la parole de Dieu?» Trois caractéristiques sont apparues.

vitrail Alphonse Mucha – Cathédrale Saint Vitus Prague

Tout d’abord, «on dit à propos de Paul et Barnabé qu’ils parlaient avec franchise». Donc on doit apporter la Parole de Dieu «avec franchise, c’est-à-dire ouvertement; également avec force, avec courage».

Il arrive en effet que «la personne qui n’a pas de courage sera incapable de former le peuple de Dieu», car «seule la Parole de Dieu proclamée avec cette franchise, avec ce courage, est capable de former le peuple de Dieu.»

La deuxième caractéristique de l’envoyé ressort du passage évangélique. Dans celui-ci Jésus dit: «La moisson est abondante, mais les ouvriers sont peu nombreux. Priez le Maître de la moisson pour qu’il envoie des ouvriers à sa moisson. La Parole de Dieu doit être proclamée par la prière» et cela doit «toujours» être fait.

Enfin, dans l’Évangile apparaît «une troisième caractéristique qui est intéressante. « Voilà, je vous envoie comme des agneaux au milieu des loups ». Qu’est-ce que cela signifie? Le véritable prédicateur est celui qui se sait faible, qui sait qu’il ne peut pas se défendre de lui-même.» L’envoyé «au milieu des loups» pourrait objecter: «Mais, Seigneur, pour qu’ils me mangent?». La réponse est: «Va! C’est là le chemin». A cet égard, voici une «réflexion très profonde» de Jean Chrystostome: «Mais si tu ne vas pas comme un agneau, mais que tu vas comme un loup parmi les loups, le Seigneur ne te protège pas: défends-toi seul.»

«Quand celui qui doit apporter la Parole de Dieu le fait comme quelqu’un de sûr de lui-même et non comme un agneau, il finit mal.» Si, en revanche, il le fait «comme un agneau, ce sera le Seigneur qui défendra les agneaux.»

«Ainsi, les grands hérauts qui ont semé et qui ont aidé à faire grandir l’Église dans le monde, ont été des hommes courageux, de prière et humble». Du reste, l’invitation est donc celle de prier les saints Cyrille et Méthode, «patrons d’Europe, hérauts de l’Évangile, pour qu’ils nous aident à proclamer la Parole de Dieu avec courage, en prière et avec humilité.»

14-02-2017 source : L’Osservatore Romano