Tous les articles par P. Jean-Daniel Planchot

hommages en Azerbaïdjan

Après un entretien privé avec le président azéri, Ilham Aliyev, le Pape a visité, à 8km du palais présidentiel, le monument édifié en hommage aux personnes mortes pour l’Indépendance du pays, en 1991, après la chute de l’URSS. Le Pape a déposé une gerbe de fleurs et s’est recueilli au pied du monument : une immense tour dont le sommet arrondi protège une immense flamme qui, toujours, brûle en mémoire des défunts.

Le Monument aux morts a été construit en 1998 sur une zone appelée «l’allée des martyrs». Il est considéré comme l’emblème de la lutte pour la liberté et l’intégrité nationale de l’Azerbaïdjan. En 1918, déjà, des soldats azéris et turcs tombés pour défendre la cité y ont été enterrés. En 1990, le site fut le théâtre de manifestations populaires contre l’armée soviétique qui furent violemment réprimées. Les victimes de cette répression y sont enterrées, tout comme les personnes ayant perdu la vie durant la guerre du Nagorny- Karabagh entre 1992 et 1994. Malgré un cessez-le-feu conclut en 1994 avec le voisin arménien qui lui dispute la région, des combats ont repris sur place en avril dernier.

Le parcours accompli par l’Azerbaïdjan en 25 ans d’indépendance, a été salué par le Souverain Pontife lors de sa rencontre avec les autorités du pays, en présence du corps diplomatique, et les représentants des différentes religions présentes dans le pays. C’est avec cette rencontre interreligieuse que le Pape a achevé son voyage dans le Caucase.

Le Pape François s’est dit admiratif de la richesse d’une société qui a su reconnaitre les bénéfices du multiculturalisme. En Azerbaïdjan de fait, les diverses composantes de la communauté civile ont en plusieurs occasions œuvré ensemble dans un climat de collaboration et de respect mutuel. Un effort qui revêt une signification particulière car «il montre qu’il est possible de témoigner de ses propres idées et de sa propre conception de la vie sans empiéter sur les droits de ceux qui sont porteurs d’autres conception et d’autres visions (…) Tout chemin authentique ne peut qu’exclure des attitudes qui instrumentalisent les convictions personnelles ou le nom de Dieu pour légitimer des desseins d’oppression et de domination ». Le Pape souhaite que grandisse la culture de la paix, qui n’a d’autre voie que celle du dialogue «patient et assidu» en mesure d’ouvrir des pistes vers des accords durables.

Évoquant le drame de «nombreux conflits alimentés par l’intolérance», le Pape exprime une nouvelle fois sa proximité avec les réfugiés, «ceux qui ont dû laisser leur terre et les nombreuses personnes qui souffrent à cause de conflits sanglants» demandant à la communauté internationale d’apporter une aide constante afin de rendre possible un engagement sur le chemin d’une paix stable dans le Caucase. Sans jamais citer le Nagorny Karabakh, cette enclave arménienne disputée avec le voisin arménien et théâtre de violents affrontements, le Pape François a appelé ses interlocuteurs «à continuer avec sagesse et courage sur la voie qui conduit au progrès authentique et à la liberté des peuples», et à tout tenter pour arriver à une solution satisfaisante.

Pour le Pape, les religions sont une boussole dont la mission est d’orienter l’homme vers le bien et l’éloigner du mal. Elles ont en cela une tâche éducative : aider l’homme à tirer le meilleur de lui-même, et lui donner des réponses authentiques alors qu’il est perdu dans le tourbillon du nihilisme de celui qui ne croit plus à rien sinon à ses propres intérêts, et le tourbillon du fondamentalisme de celui veut imposer des attitudes extrêmes et radicalisées par la violence. Au cours de cette rencontre interreligieuse, le Pape a une nouvelle fois condamné la prolifération des armes. «La voix de trop de sang crie vers Dieu.»

homélie à Bakou : la foi et le service

VOYAGE APOSTOLIQUE DU PAPE FRANÇOIS
EN GÉORGIE ET AZERBAÏDJAN
(30 SEPTEMBRE – 2 OCTOBRE 2016)

MESSE DANS L’ÉGLISE DE L’IMMACULÉE

HOMÉLIE DU SAINT-PÈRE

Centre Salésien – Bakou
Dimanche, 2 octobre 2016

 


La Parole de Dieu nous présente aujourd’hui deux aspects essentiels de la vie chrétienne : la foi et le service. À propos de la foi, deux demandes particulières sont adressées au Seigneur.

La première est celle du prophète Habacuc, qui implore Dieu pour qu’il intervienne et rétablisse la justice et la paix que les hommes ont rompu par la violence, les querelles et les disputes «Combien de temps, Seigneur, – dit-il- vais-je appeler, sans que tu m’entendes ?» (Ha 1, 2). Dieu, en répondant, n’intervient pas directement, il ne résout pas la situation d’une manière brusque, il ne se rend pas présent par la force. Au contraire, il invite à attendre avec patience, sans jamais perdre l’espérance ; surtout, il souligne l’importance de la foi. Parce que par sa foi, l’homme vivra (cf. Ha 2, 4). Ainsi Dieu fait de même avec nous : il ne cède pas à nos désirs qui voudraient changer le monde et les autres immédiatement et continuellement, mais il vise surtout à guérir le cœur, mon cœur, ton cœur, le cœur de chacun ; Dieu change le monde en changeant nos cœurs, et cela il ne peut le faire sans nous. Le Seigneur désire en effet que nous lui ouvrions la porte de notre cœur, pour pouvoir entrer dans notre vie. Et cette ouverture à lui, cette confiance en Lui est vraiment «la victoire remportée sur le monde : c’est notre foi» (1 Jn 5, 4). Parce que lorsque Dieu trouve un cœur ouvert et confiant, là il peut accomplir des merveilles.

Mais avoir la foi, une foi vive, n’est pas facile ; et voici alors la seconde demande, celle que dans l’Évangile les Apôtres adressent au Seigneur : «Augmente en nous la foi !» (Lc 17, 6). C’est une belle demande, une prière que nous aussi nous pourrions adresser à Dieu chaque jour. Mais la réponse divine est surprenante et aussi dans ce cas renverse la demande : «Si vous aviez de la foi…». C’est Lui qui nous demande d’avoir de la foi. Parce que la foi, qui est un don de Dieu et est toujours demandée, est aussi cultivée de notre part. Ce n’est pas une force magique qui descend du ciel, ce n’est pas une “dot” qui se reçoit une fois pour toutes, et non plus un super-pouvoir qui sert à résoudre les problèmes de la vie. Parce qu’une foi utile pour satisfaire nos besoins serait une foi égoïste, toute centrée sur nous. La foi n’est pas confondue avec le bien-être ou avec le fait de se sentir bien, avec le fait d’être consolé dans l’âme parce que nous avons un peu de paix dans le cœur. La foi est un fil d’or qui nous lie au Seigneur, la pure joie de rester avec Lui, d’être unis à Lui ; c’est le don qui est valable pour la vie entière, mais qui porte du fruit si nous faisons notre part.

Et quelle est notre part ? Jésus nous fait comprendre que c’est le service. Lire la suite →

accueil à la cathédrale orthodoxe de Tbilissi

L’étape géorgienne du 16ème voyage apostolique du Pape François dans le Caucase s’est conclu ce samedi 1er octobre 2016 sur une image forte de respect réciproque dans la Cathédrale patriarcale orthodoxe Svetyskhoveli à Mtsketa. A son arrivée, le Pape a été accueilli par le Patriarche de toute la Géorgie, Ilia II. Le Pape et le Patriarche ont ensemble allumé deux cierges au kiosque de Sainte Sidonie où selon la tradition locale, serait conservée la tunique du Christ.

Intervention du Pape sur la fraternité et l’unité

«Que le Seigneur qui nous a donné la joie de nous rencontrer, répande sur nous l’huile parfumée de la concorde, et qu’il fasse descendre d’abondantes bénédictions sur notre chemin. L’amour du Christ nous pousse à la charité sincère et à la compréhension réciproque, à réparer les lacérations, animés par un esprit de fraternité chrétienne transparente. Tout ceci demande, assurément, un chemin patient, à entretenir avec confiance en l’autre et humilité.»

L’espérance chrétienne pousse à croire les oppositions et les obstacles peuvent être surmontés, et à ne jamais renoncer aux occasions de rencontre et de dialogue.