Tous les articles par P. Jean-Daniel Planchot

deuxième méditation sur la miséricorde

Ce jeudi midi, le Pape François a poursuivi sa série de méditations en sur la miséricorde, en se rendant à la basilique Sainte-Marie-Majeure, où il a, comme il le fait régulièrement, déposé un bouquet au pied de l’icône de la Vierge « Salus Populi Romani ».

Pour cette deuxième méditation, après l’enseignement présenté deux heures plus tôt à Saint-Jean-de-Latran, le Pape s’est appuyé cette fois sur le péché comme un «réceptacle» de la Miséricorde, en insistant sur le fait que même si ce réceptacle est souvent percé, «Dieu ne se lasse pas de pardonner, même s’il voit que sa grâce semble ne pas parvenir à s’enraciner fortement dans la terre de notre cœur, qui est un chemin dur, encombré de mauvaises herbes et pierreux. Il revient semer sa miséricorde et son pardon.»

Les pécheurs peuvent eux-mêmes devenir des transmetteurs de la miséricorde de Dieu. «Nous voyons que, parmi ceux qui travaillent à combattre la toxicodépendance, ceux qui se sont libérés sont généralement ceux qui comprennent mieux, qui aident et savent exiger des autres. Et le meilleur confesseur est d’ordinaire celui qui se confesse le mieux. Presque tous les grands saints ont été de grands pécheurs ou, comme la petite sainte Thérèse, ils étaient conscients que ne pas l’avoir été était une pure grâce prévenante.»

Le Pape François s’est donc arrêté sur la capacité des différents saints à vivre leur condition de pécheur en se laissant toucher par la miséricorde de Dieu, évoquant les figures des apôtres Paul, Pierre et Jean, de François d’Assise et Ignace de Loyola, mais aussi les figures plus contemporaines du curé Brochero, en Argentine, et du cardinal Van Thuan, au Vietnam.

Le Pape François a même évoqué un exemple tiré de la littérature française : «Dans le « Journal d’un curé de campagne », Bernanos nous relate la vie du curé d’un village, en s’inspirant de la vie du Saint Curé d’Ars», a rappelé le Pape, citant un paragraphe dans lequel ce prêtre en fin de vie réfléchit aux joies de son sacerdoce : «Au cours des dernières semaines….que Dieu me laissera, aussi longtemps que je pourrai garder la charge d’une paroisse, j’essaierai, comme jadis, d’agir avec prudence. Mais enfin j’aurai moins souci de l’avenir, je travaillerai pour le présent. Cette sorte de travail me semble à ma mesure… Car je n’ai de réussite qu’aux petites choses, et si souvent éprouvé par l’inquiétude, je dois reconnaître que je triomphe dans les petites joies. » «Un récipient de la miséricorde, tout petit, a un lien avec les petites joies de notre vie pastorale, là où nous pouvons recevoir et exercer la miséricorde infinie du Père dans de petits gestes», a commenté le Pape.

Enfin, puisqu’il se situait à la basilique Sainte-Marie-Majeure, le Saint-Père s’est arrêté longuement sur la figure de Marie, «le vase simple et parfait, pour recevoir et distribuer la miséricorde». «Marie observe avec attention, elle se tourne et s’implique entièrement avec celui qui est devant elle, comme une mère toute attentive à son petit enfant qui lui raconte quelque chose» :  Marie est ainsi un modèle d’attention que toute l’Église doit imiter : «Il nous revient de ne pas nous rendre imperméables à ces regards, de garder en nous chacun d’eux, de les conserver dans le cœur, de les sauvegarder. Seule une Église capable de sauvegarder le visage des hommes qui viennent frapper à sa porte est capable de leur parler de Dieu. Si nous ne déchiffrons pas leurs souffrances, si nous ne nous rendons pas compte de leurs besoins, nous ne pourrons rien leur offrir.»

En conclusion, le Pape et tous les prêtres présents ont entonné un Salve Regina.

première méditation sur la miséricorde

Le Pape François a délivré ce jeudi matin à la basilique Saint-Jean-de-Latran la première de ses trois méditations, dans le cadre du Jubilé des prêtres. Il doit ensuite se déplacer pour deux autres enseignements, à midi à Sainte-Marie-Majeure, et à 16h à Saint-Paul-Hors-les-Murs.

Il a consacré son premier enseignement à la miséricorde en partant de la complémentarité entre la forme «féminine» de la miséricorde, «l’amour maternel viscéral, qui s’émeut face à la fragilité de son nouveau-né et l’embrasse et suppléant à tout ce qui lui manque pour qu’il puisse vivre et grandir», et sa forme «masculine», «la ferme fidélité du Père qui soutient toujours, pardonne et remet ses enfants sur le chemin».

«La miséricorde nous permet de passer du fait de nous sentir objets de miséricorde au désir de faire miséricorde. Le sentiment de honte pour les péchés personnels et le sentiment de la dignité à laquelle le Seigneur nous élève peuvent cohabiter, dans une saine tension», une réflexion déjà exprimée lors de précédentes interventions consacrées au sacrement de la réconciliation.

Le Pape s’est appuyé sur une parole de Saint-Ignace-de-Loyola – «Ce n’est pas le fait de savoir beaucoup qui remplit et satisfait l’âme, mais le fait de sentir et de savourer les choses de Dieu intérieurement» – pour mettre en évidence la valeur active et dynamique de la miséricorde, en insistant sur le lien entre «recevoir miséricorde» et «faire miséricorde». Il a ainsi rappelé l’objectif de ce rassemblement jubilaire : «devenir des prêtres toujours plus capables de recevoir la miséricorde et de l’offrir».

François a ensuite articulé sa réflexion sur la parabole de l’enfant prodigue, s’arrêtant sur la notion paradoxale en apparence de «honteuse dignité» : Plutôt que de «sentir la miséricorde de Dieu comme un geste qu’il accomplit occasionnellement en nous pardonnant quelque grand péché» et en s’arrangeant «seuls, de manière autonome», mieux vaut reconnaître pleinement son péché et se situer dans «cette tension féconde dans laquelle la miséricorde du Seigneur nous met : non seulement des pécheurs pardonnés, mais des pécheurs auxquels la dignité est rendue».

Reprenant de nombreux exemples évangéliques sur les «excès de miséricorde», qui peuvent susciter de nombreuses guérisons spirituelles aussi dans les situations contemporaines les plus désespérées en apparence, le Pape a conclu en mettant en évidence la complémentarité entre «honte» et «confiance» : «Prions à partir de cette tension intime qui allume la miséricorde, cette tension entre la honte qui dit : ‘‘Détourne ta face de mon péché, enlève toute ma faute’’ ; et cette confiance qui dit : ‘‘Purifie-moi avec l’hysope et je serai purifié, lave-moi : je serai plus blanc que la neige’’. Confiance qui devient apostolique : ‘‘Rends-moi la joie d’être sauvé, que l’esprit généreux me soutienne et aux pécheurs j’enseignerai tes chemins, vers toi reviendront les égarés’’.»

prier et invoquer la miséricorde du Père

PAPE FRANÇOIS

AUDIENCE GÉNÉRALE

Mercredi 1er juin 2016
condensé

Frères et sœurs, dans la parabole du pharisien et du publicain, Jésus nous enseigne l’attitude juste pour prier et invoquer la miséricorde du Père. Le pharisien prie Dieu, mais en réalité il est tourné vers lui-même. Il est irrépréhensible  pour son observance de la loi. Mais il néglige le commandement le plus important : l’amour pour Dieu et pour le prochain. Il ne suffit pas de nous demander combien de fois nous prions, il vaut mieux nous demander comment est notre cœur, en extirper arrogance et hypocrisie. Il faut apprendre à retrouver le chemin de notre cœur.

Le pharisien est sûr de lui, mais il ne se rend pas compte qu’il a perdu la route de son cœur. Par contre le publicain se présente avec une âme humble et repentie. Ses gestes de pénitence et ses paroles brèves et simples témoignent de la conscience qu’il a de sa pauvre condition. Il est humble, sûr d’être seulement un pécheur qui a besoin de pitié. Si le pharisien ne demande rien parce qu’il a déjà tout, le publicain peut seulement mendier la miséricorde de Dieu. En se présentant « les mains vides », en se reconnaissant pécheur, le publicain nous montre la condition nécessaire pour recevoir le pardon du Seigneur.

L’humilité du pauvre pécheur ouvre grandes les portes du cœur de Dieu. C’est ce que la Vierge Marie exprime dans son Magnificat. Que la Vierge Marie, dont nous avons célébré hier la Visitation à sa cousine Élisabeth, nous aide à nous tourner vers Dieu et nous apprenne à le prier avec un cœur humble. Que Dieu vous bénisse !

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