Tous les articles par P. Jean-Daniel Planchot

idéalisme rigide ou sain réalisme

09-06-2016 source : Radio Vatican

Vouloir «ça ou rien» n’est pas catholique, c’est «hérétique». Le Pape l’a affirmé lors de la messe matinale à la Maison Sainte-Marthe, centrée sur le «sain réalisme» que le Seigneur a enseigné à ses disciples. Le Pape a mis l’accent sur le mal qu’infligent au Peuple de Dieu les hommes d’Église qui font le contraire de ce qu’ils disent. Il a donc exhorté à se libérer d’un idéalisme rigide qui ne permet pas de nous réconcilier entre nous.

«Votre justice doit dépasser celle des scribes et des pharisiens». Le Pape François s’est appuyé sur cette exhortation de Jésus, dans l’Évangile du jour, pour s’arrêter sur l’importance du réalisme chrétien. Le peuple était «un peu désorienté», parce que ceux qui enseignaient la loi n’étaient pas cohérents dans leur «témoignage de vie». Jésus demande donc de surmonter cela, de «passer outre». Il prend comme exemple le premier commandement : «aimer Dieu et aimer le prochain». Et il souligne que quiconque en voudra à son frère devra être soumis au jugement.

«Cela fait du bien de l’entendre, en ce temps où nous sommes tellement habitués aux qualificatifs et où nous avons un vocabulaire tellement créatif pour insulter les autres.» Ceci est un péché, c’est «tuer, parce que c’est comme donner une gifle à l’âme du frère», à sa «dignité». Souvent nous disons beaucoup de gros mots «avec beaucoup de charité, mais nous les disons aux autres».

Le Pape, en se référant à la présence des enfants à la messe, a exhorté à rester «tranquilles», parce que «la prédication d’un enfant à l’église est plus belle que celle du prêtre, que celle de l’évêque et que celle du Pape». Il faut le laisser faire , parce que «c’est la voix de l’innocence qui nous fait du bien à tous».

L’homme d’Église qui fait le contraire ce qu’il dit fait scandale

Jésus demande «à ce peuple désorienté» de «passer outre» et d’avancer. Mais il n’a pas manqué de relever quel mal fait au peuple le contre-témoignage des chrétiens.

«Combien de fois nous, dans l’Église, nous entendons ces choses, combien de fois ! « Mais, ce prêtre, cet homme, cette femme de l’Action catholique, cet évêque, ce Pape nous disent : « vous devez faire comme ça ! », et lui, il fait le contraire ». Voilà le scandale qui blesse le peuple et empêche le peuple de Dieu de croître, d’avancer. Il ne libère pas. Aussi, ce peuple avait vu la rigidité de ces scribes et pharisiens, et quand venait un prophète qui leur donnait un peu de joie, ils le persécutaient et le menaçaient : il n’y avait pas de place pour les prophètes. Et Jésus leur dit, aux pharisiens : « Vous, vous avez tué les prophètes, vous avez persécuté les prophètes, ceux qui apportaient un air nouveau ». »

Suivre le sain réalisme de l’Église, non à l’idéalisme et à la rigidité

«La générosité, la sainteté» que nous demande Jésus, «c’est de prendre de la hauteur». Cela c’est la «libération» de la «rigidité de la loi et aussi des idéalismes qui ne nous font pas du bien». Jésus «nous connait bien», «il connait notre nature». Il nous exhorte donc à nous mettre d’accord quand nous avons un conflit avec l’autre. «Jésus nous enseigne aussi un sain réalisme». «Tant de fois on ne peut pas arriver à la perfection, mais au moins faites ce que vous pouvez, mettez-vous d’accord.»

«Ce sain réalisme de l’Église catholique : l’Église catholique n’enseigne jamais « ou ça, ou ça ». Ceci n’est pas catholique. L’Église dit : « ceci et ceci ». « Fais la perfection : réconcilie-toi avec ton frère. Ne l’insulte pas. Aime-le. Mais s’il y a un problème quelconque, au moins mettez-vous d’accord, pour ne pas déclencher la guerre. » Ce sain réalisme du catholicisme. Il n’est pas catholique (de dire) « ou ceci, ou rien » : ceci n’est pas catholique. C’est hérétique. Jésus sait toujours cheminer avec nous, il nous donne l’idéal, il nous accompagne vers l’idéal, il nous libère de cette cage de la rigidité de la loi et nous dit : mais, faites jusqu’au point où vous pouvez aller. Et lui, il nous comprend bien.»

Se réconcilier entre nous, c’est la petite sainteté de la négociation

Le Seigneur nous demande de ne pas être hypocrites, de ne pas aller louer Dieu avec la même langue avec laquelle on insulte le frère. «Faites ce que vous pouvez, c’est l’exhortation de Jésus, au moins évitez la guerre entre vous, mettez-vous d’accord».

«Et je me permet de vous dire cette parole qui semble un peu étrange : c’est la petite sainteté de la négociation. « Je ne peux pas tout,  mais je veux tout faire, je me met d’accord avec toi, au moins ne nous insultons pas, ne faisons pas la guerre, et vivons tous en paix. » Jésus est grand ! Ils nous libère de toutes nos misères. Aussi de cet idéalisme qui n’est pas catholique. Demandons au Seigneur qu’il nous enseigne, d’abord, à sortir de toute rigidité, pour pouvoir adorer et louer Dieu, qu’Il nous enseigne à nous réconcilier entre nous ; et aussi, qu’il nous apprenne à nous mettre d’accord jusqu’au point où nous pouvons le faire.»

premier signe de miséricorde fait à Cana

PAPE FRANÇOIS

AUDIENCE GÉNÉRALE

Mercredi 8 juin 2016
condensé

 

Frères et sœurs, le premier signe de miséricorde accompli à Cana illumine tout le mystère du Christ et ouvre le cœur des disciples à la foi. Jésus se manifeste comme l’époux du peuple de Dieu et révèle la profondeur de la relation qui nous unit à lui. Le vin exprime l’abondance du banquet et la joie de la fête à laquelle nous sommes appelés. L’ultime recommandation, simple mais essentielle, de la Vierge ­– faites tout ce qu’il vous dira – est le programme de toute vie chrétienne. Il s’agit de s’en remettre à la Parole de Dieu pour faire l’expérience de son efficacité dans la vie. À Cana, Jésus livre le secret de sa personne et le but de sa venue parmi nous : l’époux inaugure les noces qui s’accompliront dans le mystère pascal ; il se lie à ses disciples par une Alliance nouvelle et définitive.

Chers frères et sœurs, Jésus nous invite, chacun, à la joie de le connaître et de l’aimer. Par l’intercession de la Vierge Marie puissions-nous toujours entendre sa voix et avoir le courage de le suivre.

Que Dieu vous bénisse !


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partager le sel et la lumière

La prière est la batterie du chrétien, pour faire de la lumière. C’est ce que le Pape a dit lors de la messe matinale de ce mardi 7 juin 2016 à la Maison Sainte-Marthe. Le Souverain pontife a mis en garde contre le fait de devenir «un sel fade», et a ajouté qu’il faut vaincre la tentation de la «spiritualité du miroir», dans laquelle on se préoccupe plus de s’éclairer soi-même que de porter aux autres la lumière de la foi.

La lumière et le sel… Jésus selon l’Évangile du jour, parle toujours «avec des paroles faciles, avec des comparaisons faciles, pour que tous puissent comprendre le message». Comme, par exemple, la définition du chrétien qui doit être lumière et sel. Aucune des deux choses n’est pour elle-même : «La lumière sert à illuminer autre chose, le sel sert à donner une saveur à autre chose, à la conserver.»

La batterie du chrétien, pour faire de la lumière, c’est la prière

Mais comment peut donc faire le chrétien pour que le sel et la lumière ne manquent pas, pour faire en sorte que l’huile ne manque pas pour allumer les lampes ?

«Quelle est la batterie du chrétien pour faire la lumière ? Simplement la prière. Tu peux faire beaucoup de choses, beaucoup d’œuvres, aussi des œuvres de miséricorde, tu peux faire beaucoup de grandes choses pour l’Église, une université catholique, un collège, un hôpital, et ils te feront un monument de bienfaiteur de l’Église, mais si tu ne pries pas, il sera un peu obscur et sombre. Beaucoup d’œuvres deviennent sombres, par manque de lumière, par manque de prière. Ce qui maintient la lumière, ce qui donne la vie à la lumière chrétienne, ce qui illumine, c’est la prière.»

La prière «sérieuse, la prière d’adoration au Père, de louange à la Trinité, la prière de remerciement, aussi la prière de demander les choses au Seigneur, mais la prière du cœur.»

Le chrétien donne de la saveur à la vie des autres avec l’Évangile

L’Évangile «est l’huile, c’est la batterie, qui donne vie à la lumière». Et comme le sel, il ne prend sa valeur que s’il est utilisé pour autre chose que lui-même. «Le sel devient sel quand il se donne. Et ceci est une autre attitude du chrétien : se donner, donner de la saveur à la vie des autres, donner de la saveur à tant de choses avec le message de l’Évangile.»

«Se donner, ne pas se conserver soi-même. Le sel n’est pas pour le chrétien, il est pour le donner. Le chrétien l’a pour le donner, il est sel pour se donner, mais il ne l’est pas pour lui-même. La lumière ne s’illumine pas elle-même. Le sel ne se rend pas savoureux lui-même.»

Certes, a-t-il observé, on pourrait se demander jusqu’à quand pourraient durer le sel et la lumière, et si nous pouvions continuer à nous donner sans arrêt. Mais alors, et c’est la réponse de François, «entre la force de Dieu, parce que le chrétien est un sel donné par Dieu dans le baptême», c’est «une chose qui t’est donnée et continue à t’être donnée si toi tu continues à la donner, en illuminant et en donnant. Et elle ne finit jamais.»

Se garder de la tentation de la «spiritualité du miroir»

Ceci est justement ce qui arrive dans la Première lecture à la veuve de Sarepta qui se fie au prophète Élie, et ainsi sa farine et l’huile ne s’épuisent jamais. Donc, le Pape a fait le lien avec la vie présente du chrétien :

«Illumine avec ta lumière, mais défend-toi de la tentation de t’illuminer toi-même. Ceci est une chose mauvaise, c’est un peu la spiritualité du miroir : illumine-moi. Défend-toi de la tentation de prendre soin de toi-même. Sois lumière pour illuminer, sois sel pour donner de la saveur et conserver.»

Le sel et la lumière n’existent pas «pour eux-mêmes», mais existent pour donner aux autres «dans les bonnes œuvres». Et ainsi «resplendit votre lumière devant les hommes. Pourquoi ? Parce qu’ils voient vos bonnes œuvres et rendent gloire à votre Père qui est dans les Cieux. C’est-à-dire : retourner à Celui qui t’a donné la lumière et t’a donné le sel.»

«Que le Seigneur nous aide en cela, toujours prendre soin de la lumière, ne pas la cacher, la mettre en acte». Et le sel, «en donner la juste proportion, ce qui est nécessaire, mais le donner», parce qu’ainsi il grandit. «Ce sont les bonnes œuvres du chrétien.»