Tous les articles par P. Jean-Daniel Planchot

partager le sel et la lumière

La prière est la batterie du chrétien, pour faire de la lumière. C’est ce que le Pape a dit lors de la messe matinale de ce mardi 7 juin 2016 à la Maison Sainte-Marthe. Le Souverain pontife a mis en garde contre le fait de devenir «un sel fade», et a ajouté qu’il faut vaincre la tentation de la «spiritualité du miroir», dans laquelle on se préoccupe plus de s’éclairer soi-même que de porter aux autres la lumière de la foi.

La lumière et le sel… Jésus selon l’Évangile du jour, parle toujours «avec des paroles faciles, avec des comparaisons faciles, pour que tous puissent comprendre le message». Comme, par exemple, la définition du chrétien qui doit être lumière et sel. Aucune des deux choses n’est pour elle-même : «La lumière sert à illuminer autre chose, le sel sert à donner une saveur à autre chose, à la conserver.»

La batterie du chrétien, pour faire de la lumière, c’est la prière

Mais comment peut donc faire le chrétien pour que le sel et la lumière ne manquent pas, pour faire en sorte que l’huile ne manque pas pour allumer les lampes ?

«Quelle est la batterie du chrétien pour faire la lumière ? Simplement la prière. Tu peux faire beaucoup de choses, beaucoup d’œuvres, aussi des œuvres de miséricorde, tu peux faire beaucoup de grandes choses pour l’Église, une université catholique, un collège, un hôpital, et ils te feront un monument de bienfaiteur de l’Église, mais si tu ne pries pas, il sera un peu obscur et sombre. Beaucoup d’œuvres deviennent sombres, par manque de lumière, par manque de prière. Ce qui maintient la lumière, ce qui donne la vie à la lumière chrétienne, ce qui illumine, c’est la prière.»

La prière «sérieuse, la prière d’adoration au Père, de louange à la Trinité, la prière de remerciement, aussi la prière de demander les choses au Seigneur, mais la prière du cœur.»

Le chrétien donne de la saveur à la vie des autres avec l’Évangile

L’Évangile «est l’huile, c’est la batterie, qui donne vie à la lumière». Et comme le sel, il ne prend sa valeur que s’il est utilisé pour autre chose que lui-même. «Le sel devient sel quand il se donne. Et ceci est une autre attitude du chrétien : se donner, donner de la saveur à la vie des autres, donner de la saveur à tant de choses avec le message de l’Évangile.»

«Se donner, ne pas se conserver soi-même. Le sel n’est pas pour le chrétien, il est pour le donner. Le chrétien l’a pour le donner, il est sel pour se donner, mais il ne l’est pas pour lui-même. La lumière ne s’illumine pas elle-même. Le sel ne se rend pas savoureux lui-même.»

Certes, a-t-il observé, on pourrait se demander jusqu’à quand pourraient durer le sel et la lumière, et si nous pouvions continuer à nous donner sans arrêt. Mais alors, et c’est la réponse de François, «entre la force de Dieu, parce que le chrétien est un sel donné par Dieu dans le baptême», c’est «une chose qui t’est donnée et continue à t’être donnée si toi tu continues à la donner, en illuminant et en donnant. Et elle ne finit jamais.»

Se garder de la tentation de la «spiritualité du miroir»

Ceci est justement ce qui arrive dans la Première lecture à la veuve de Sarepta qui se fie au prophète Élie, et ainsi sa farine et l’huile ne s’épuisent jamais. Donc, le Pape a fait le lien avec la vie présente du chrétien :

«Illumine avec ta lumière, mais défend-toi de la tentation de t’illuminer toi-même. Ceci est une chose mauvaise, c’est un peu la spiritualité du miroir : illumine-moi. Défend-toi de la tentation de prendre soin de toi-même. Sois lumière pour illuminer, sois sel pour donner de la saveur et conserver.»

Le sel et la lumière n’existent pas «pour eux-mêmes», mais existent pour donner aux autres «dans les bonnes œuvres». Et ainsi «resplendit votre lumière devant les hommes. Pourquoi ? Parce qu’ils voient vos bonnes œuvres et rendent gloire à votre Père qui est dans les Cieux. C’est-à-dire : retourner à Celui qui t’a donné la lumière et t’a donné le sel.»

«Que le Seigneur nous aide en cela, toujours prendre soin de la lumière, ne pas la cacher, la mettre en acte». Et le sel, «en donner la juste proportion, ce qui est nécessaire, mais le donner», parce qu’ainsi il grandit. «Ce sont les bonnes œuvres du chrétien.»

suivre et vivre les Béatitudes

Suivre et vivre les Béatitudes, qui comme un «navigateur», un GPS, indiquent aux chrétiens le juste itinéraire de la vie. C’est l’invitation que le Pape François a envoyé durant l’homélie de la messe matinale célébrée à la Maison Sainte-Marthe. Le Pape a invité, au contraire, à ne pas glisser le long des trois grades de «l’anti-loi chrétienne, l’idolâtrie des richesses, de la vanité et de l’égoïsme».

Pour ne pas se perdre le long de la voie de la foi, les chrétiens ont un précieux indicateur de direction : les Béatitudes. Les ignorer peut vouloir dire glisser les longs des trois marches des idoles de l’égoïsme, l’idolâtrie de l’argent, la vanité, la satiété d’un cœur qui rit de satisfaction individuelle, en ignorant les autres.

Les navigateurs de la vie chrétienne

Le Pape a délivré une série de réflexions tirées de l’Évangile de Matthieu, qui montre Jésus s’adresser aux foules avec le célèbre sermon sur la montagne. «Il enseignant la nouvelle loi, qui n’annule pas l’antique loi mais la perfectionne en la portant à sa plénitude.»

«Celle-ci est la loi nouvelle, celle que nous appelons les Béatitudes. C’est la nouvelle loi du Seigneur pour nous. Elles sont le plan de navigation, le plan de route de la vie chrétienne. Justement ici nous voyons, sur cette route, selon les indications de ce navigateur, nous pouvons aller de l’avant dans notre vie chrétienne.»

Les trois marches de la perdition

Le Pape François a poursuivi son homélie en complétant, d’une certaine façon, le texte de Matthieu avec les considérations que l’évangéliste Luc met à la fin du même récit des Béatitudes, c’est-à-dire, comme il l’a appelé, « la liste des quatre gardes » : « garde aux riches, aux repus, à ceux qui rient, à ceux dont tout le monde dit du bien ». «Les richesses sont bonnes», mais «ce qui fait mal, c’est l’attachement aux richesses», qui deviennent ainsi «une idolâtrie».

«Ceci est l’anti-loi, c’est le mauvais navigateur. C’est curieux : ce sont les trois marches qui mènent à la perdition, justement comme ces Béatitudes sont les marches qui font avancer dans la vie. Et ces trois marches qui mènent à la perdition sont l’attachement aux richesses, parce que je n’ai besoin de rien. La vanité, pour que tous disent du bien de moi : je me sens important, trop encensé… et je crois être juste.» «Pensons à la parabole du pharisien et du publicain, a ajouté le Pape, reprenant une réflexion abordée récemment lors d’une audience générale : « je te remercie parce que je ne suis pas comme celui-là… » « Merci, Seigneur, pour être à ce point un bon catholique, pas comme la voisine, le voisin. » Tous les jours cela arrive. Donc, deuxièmement la vanité. Et troisièmement, l’orgueil, c’est-à-dire la satiété, les ricanements qui ferment le cœur.»

La clé est dans la douceur

Parmi toutes les Béatitudes, une est essentielle : «Bienheureux les doux».

«Jésus dit lui-même : apprenez de moi qui suis doux et humble de cœur. La douceur est une façon d’être qui nous rapproche tellement de Jésus. Au contraire, l’attitude contraire toujours procure les inimitiés, les guerres… tant de choses mauvaises qui arrivent. Mais la douceur, la douceur du cœur qui n’est pas une bêtise, non : c’est une autre chose. C’est la profondeur dans la compréhension de la grandeur de Dieu, c’est l’adoration»,

Jeune homme je te l’ordonne lève-toi

Aujourd’hui, deux cortèges se rencontrent. Un cortège qui accompagne la mort, et un autre qui accompagne la vie. Une pauvre veuve, suivie par ses familiers et amis, amenait son fils au cimetière et soudainement, voit la multitude qui allait avec Jésus. Les deux cortèges se croisent et s’arrêtent, et Jésus dit à la mère qui allait enterrer son fils: «Ne pleure pas» (Lc 7,13). Tous les regards se posent sur Jésus, qui ne demeure pas indifférent à la douleur et à la souffrance de cette pauvre mère, sinon au contraire, qui sent la compassion et rend la vie à son fils. C’est que croiser Jésus, c’est trouver la vie, ce qu’il dit de lui-même: «Je suis la résurrection et la vie» (Jn 11,25).

Avec la lecture du fragment de l’Évangile qui nous parle de la résurrection du jeune de Naïm, on pourrait insister à nouveau sur la divinité de Jésus, en disant que seulement Dieu peut rendre la vie à un jeune; mais aujourd’hui je préfèrerais mettre en évidence son humanité, pour que nous ne voyons pas Jésus comme un être lointain, comme un personnage tant différent à nous, ou comme quelqu’un si excessivement important qui ne nous inspire pas la confiance que peut nous inspirer un bon ami.

Les chrétiens doivent apprendre à imiter Jésus. Nous devons demander à Dieu qu’il nous donne la grâce d’être Christ pour les autres. Si seulement tous ceux qui nous voyaient pouvaient contempler une image de Jésus sur la terre! Qui voyait Saint François d’Assis, par exemple, voyait l’image vivante de Jésus. Les saints sont ceux qui portent Jésus dans leurs paroles et leurs œuvres et imitent sa façon d’agir et sa bonté. Notre société a soif de saint et tu peux être l’un deux dans ton entourage.

Abbé SERRA i FONTANET