Tous les articles par P. Jean-Daniel Planchot

s’inspirer de la compassion du Samaritain

27-04-2016 source : Radio Vatican – Ce mercredi matin, 27 avril 2016, lors de l’audience générale place Saint-Pierre au Vatican, le Pape François a poursuivi son exploration du thème de la miséricorde dans les enseignements de Jésus, en s’arrêtant cette fois-ci sur la parabole du Bon Samaritain, tirée du chapitre 10 de l’Évangile selon saint Luc.

PAPE FRANÇOIS

AUDIENCE GÉNÉRALE

Mercredi 27 avril 2016
condensé

Frères et sœurs, dans la parabole du bon Samaritain Jésus nous montre que l’amour du prochain ne peut se limiter à une théorie abstraite, mais engage tout l’être humain dans le concret de la vie. A l’exemple du prêtre et du lévite de la parabole, il ne suffit pas de pratiquer le culte pour exercer la miséricorde envers le prochain. Le Samaritain, au contraire, éprouve de la compassion envers celui qui souffre. La compassion est une caractéristique essentielle de la miséricorde que Dieu exerce à travers nous. En effet, celui qui est compatissant, par son agir, exerce la miséricorde même de Dieu. Jésus nous enseigne à ne pas classifier les autres pour voir qui est le prochain et qui ne l’est pas. On peut devenir le prochain de tous ceux que l’on rencontre ; et on le deviendra par la compassion que l’on éprouve envers eux.

Frères et sœurs, ne soyons pas indifférents aux souffrances des personnes que nous rencontrons. À l’exemple de Jésus, notre bon Samaritain qui se penche sur nous pour guérir nos blessures, sachons éprouver de la compassion et leur porter secours.

Que Dieu vous bénisse !

 


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Le cléricalisme déforme l’Église

26-04-2016 source :  Radio Vatican

«Les laïcs sont des protagonistes de l’Église et du monde», le Pape François invite les pasteurs à «les servir et non à se servir d’eux».

Le Saint-Père s’exprime ainsi dans une lettre adressée au cardinal Marc Ouellet, président de la commission pontificale pour l’Amérique latine. Un document qui fait suite à la rencontre du Saint-Père avec les participants à l’assemblée plénière de la commission. Elle s’était réunie en mars dernier sur le thème «L’indispensable engagement des laïcs dans la vie publique». Ce texte peut être valable pour tout pays.

Dans ce long texte le Pape précise le rôle et la mission des laïcs. «Ce n’est pas le pasteur qui doit dire au laïc ce qu’il doit faire et dire, il le sait bien et mieux que nous». Le ton est donné et le Saint-Père est très clair lorsqu’il évoque la place des laïcs dans l’Église, dans «nos villes qui sont devenues de véritables lieus de survie». «Personne n’a été baptisé prêtre ou évêque» mais bien en tant que laïc, «un signe indélébile que personne ne pourra jamais effacer». «Oublier que l’Église n’est pas une élite de prêtres, consacrés et évêques, et que nous formons tous le Saint Peuple de Dieu comporte de nombreux risques». Ainsi «l’une des déformations les plus grandes que l’Amérique latine ait à affronter : le cléricalisme».

Le cléricalisme déforme l’Église

«Cette attitude, déplore le Saint-Père, non seulement annule la personnalité des chrétiens mais tend aussi à amoindrir et à sous-évaluer la Grâce baptismale». «Le cléricalisme plutôt que de donner une impulsion aux différentes contributions et propositions éteint peu à peu le feu prophétique dont l’Église tout entière est appelée à rendre témoignage dans le cœur de ses peuples». «Sans nous en rendre compte, nous avons généré une élite laïcale, en croyant que les laïcs engagés sont seulement ceux qui travaillent pour les prêtres et nous avons oublié, en le négligeant, le croyant qui souvent brûle son espérance dans la lutte quotidienne pour vivre sa foi».

Le Saint-Père met alors en relief «la pastorale populaire» qui en Amérique latine est «l’un des rares espaces dans lequel le peuple de Dieu a été libéré de l’influence du cléricalisme». Tout en reconnaissant qu’elle peut avoir des «limites» le Pape indique que «bien orientée en particulier à travers une pédagogie de l’évangélisation, elle est riche de valeurs».

Au regard de ce constat, le Pape interpelle les pasteurs appelés à se demander comment ils sont en train de «stimuler et promouvoir la charité et la fraternité, le désir de vérité et de justice». «Comment faisons nous en sorte que la corruption ne se niche pas dans nos cœurs». Et le Saint-Père indique qu’«il n’est pas logique même impossible de penser qu’en tant que pasteurs nous devrions avoir le monopole des solutions face aux nombreux défis de la vie contemporaine». Au contraire, «nous devons être du côté de nos fidèles, en les accompagnant dans leur recherche et en stimulant l’imagination capable de répondre aux problématiques actuelles».

Pourquoi chercher le vivant parmi les morts

le tombeau videC’est une joie vraie, profonde, fondée sur la certitude que, désormais, le Christ ressuscité ne meurt plus, mais qu’il est vivant et qu’il œuvre dans l’Église et dans le monde. Cette certitude habite le cœur des croyants depuis ce matin de Pâques où les femmes allèrent au tombeau de Jésus et où les anges leur dirent : « Pourquoi cherchez-vous le vivant parmi les morts ? » (Lc 24, 5). « Pourquoi cherchez-vous le vivant parmi les morts ? » Ces paroles sont comme une pierre milliaire dans l’histoire ; mais aussi une « pierre d’achoppement », si nous ne nous ouvrons pas à la Bonne nouvelle, si nous pensons qu’un Jésus mort dérange moins qu’un Jésus vivant ! Pourtant, combien de fois, sur notre chemin quotidien, avons-nous besoin de nous entendre dire : « Pourquoi cherchez-vous le vivant parmi les morts ? » Combien de fois cherchons-nous la vie parmi les choses mortes, parmi les choses qui ne peuvent pas donner la vie, parmi les choses qui sont aujourd’hui et qui demain ne seront plus, les choses qui passent… « Pourquoi cherchez-vous le vivant parmi les morts ? »

Nous en avons besoin lorsque nous nous replions sur une quelconque forme d’égoïsme et d’auto-complaisance ; lorsque nous nous laissons séduire par les pouvoirs terrestres et par les choses de ce monde, en oubliant Dieu et notre prochain ; lorsque nous plaçons nos espérances dans des vanités mondaines, dans l’argent, dans le succès. Alors la Parole de Dieu nous dit : « Pourquoi cherchez-vous le vivant parmi les morts ? » Pourquoi cherches-tu là ? Cette chose-là ne peut pas te donner la vie ! Oui, peut-être te donnera-t-elle de la joie pendant une minute, un jour, une semaine, un mois… et ensuite ? « Pourquoi cherchez-vous le vivant parmi les morts ? » Cette phrase doit entrer dans notre cœur et nous devons la répéter. Voulons-nous la répéter ensemble trois fois ? Voulons-nous faire cet effort ? Tous : « Pourquoi cherchez-vous le vivant parmi les morts ? » Aujourd’hui, en rentrant chez nous, disons-la dans notre cœur, dans le silence, et posons-nous cette question : pourquoi est-ce que, dans ma vie, je cherche le vivant parmi les morts ? Cela nous fera du bien.

Il n’est pas facile d’être ouverts à Jésus. Il n’est pas évident d’accepter la vie du Ressuscité et sa présence parmi nous. L’Évangile nous montre diverses réactions : celle de l’apôtre Thomas, celle de Marie de Magdala et celle des deux disciples d’Emmaüs : cela nous fait du bien de nous confronter à eux. Thomas pose une condition à la foi, il demande de toucher l’évidence, les plaies ; Marie-Madeleine pleure, elle le voit mais ne le reconnaît pas, elle ne se rend compte que c’est Jésus que lorsqu’il l’appelle par son prénom ; les disciples d’Emmaüs, déprimés et animés par un sentiment d’échec, rencontrent Jésus en se laissant accompagner par ce mystérieux pèlerin. Chacun à travers des chemins différents ! Ils cherchaient le vivant parmi les morts et c’est le Seigneur lui-même qui a corrigé la route. Et moi, qu’est-ce que je fais ? Quelle route est-ce que j’emprunte pour rencontrer le Christ vivant ? Il sera toujours auprès de nous pour corriger la route, si nous nous sommes trompés.

« Pourquoi cherchez-vous le vivant parmi les morts ? » (Lc 24, 5). Cette question nous fait dépasser la tentation de regarder en arrière, vers ce qui était hier, et nous pousse en avant vers l’avenir. Jésus n’est pas dans le tombeau, il est le Ressuscité! Il est le Vivant, celui qui renouvelle toujours son corps qui est l’Église et le fait marcher en l’attirant à lui. « Hier » est la tombe de Jésus et la tombe de l’Église, le tombeau de la vérité et de la justice; « aujourd’hui » est la résurrection éternelle vers laquelle nous pousse l’Esprit Saint, en nous donnant la pleine liberté.

Aujourd’hui, cette question nous est posée à nous aussi. Toi, pourquoi cherches-tu le vivant parmi les morts, toi qui te replies sur toi- même après un échec et toi qui n’as plus la force de prier ? Pourquoi cherches-tu le vivant parmi les morts, toi qui te sens seul, abandonné par tes amis et peut-être aussi par Dieu ? Pourquoi cherches-tu le vivant parmi les morts, toi qui as perdu l’espérance et toi qui te sens prisonnier de tes péchés ? Pourquoi cherches-tu le vivant parmi les morts, toi qui aspires à la beauté, à la perfection spirituelle, à la justice, à la paix ?

Nous avons besoin de nous entendre répéter et de nous rappeler mutuellement l’avertissement de l’ange ! Cet avertissement, « pourquoi cherchez-vous le vivant parmi les morts », nous aide à sortir de nos espaces de tristesse et nous ouvre aux horizons de la joie et de l’espérance. Cette espérance qui déplace les pierres des tombeaux et qui encourage à annoncer la Bonne nouvelle, capable d’engendrer les autres à une vie nouvelle. Répétons cette phrase de l’ange pour l’avoir dans notre cœur et dans notre mémoire et ensuite, que chacun réponde en silence : « Pourquoi cherchez-vous le vivant parmi les morts ? » Répétons-la. Voyez, frères et sœurs, il est vivant, il est avec nous! N’allons pas vers tous ces tombeaux qui, aujourd’hui, te promettent quelque chose, la beauté, et qui, ensuite, ne te donnent rien ! Il est vivant ! Ne cherchons pas le vivant parmi les morts !

Pape François, Audience Générale, place Saint-Pierre à Rome, mercredi 23 avril 2014