Tous les articles par P. Jean-Daniel Planchot

Aimer sans être possessifs

Le Pape François a célébré ce matin, place Saint-Pierre, la messe pour le Jubilé des jeunes ce dimanche 24 avril. Devant 70 000 adolescents, venus des quatre coins du monde, il a souligné dans son homélie que l’amour était la carte d’identité du chrétien, un amour concret.

«Voulez-vous vivre l’amour que Jésus nous donne ?» demande le Saint-Père aux jeunes âgés de 13 à 16 ans présents sur la place. Car aimer, «c’est la voie pour être heureux, mais ce n’est pas facile, c’est exigeant.» «Aimer, en effet, veut dire donner, non pas seulement quelque chose de matériel, mais quelque chose de soi-même.»

Et le Seigneur est invincible en générosité. Il est toujours avec celui qui pense ne compter pour personne, qui est mis à l’écart, empêché ainsi de bien grandir : «Comme il l’a fait avec ses jeunes disciples, il te regarde dans les yeux et t’appelle à le suivre, à prendre le large. Jésus t’attend patiemment, il attend ton « oui ».»

Aimer sans être possessifs

À ces jeunes qui grandissent, et chez qui émerge, «d’une nouvelle manière», le désir d’aimer, et d’être aimés, le Pape leur fait des recommandations.  Celle «d’aimer sans être possessifs», comme l’enseigne le Seigneur. «Aimer les personnes sans les vouloir comme vôtres, mais en les laissant libres.» Une tentation qui est renforcée par la culture consumériste alors qu’il faut «prendre soin de l’autre personne, ce qui veut dire la respecter, la protéger et l’attendre».

La richesse matérielle ne donne pas plus de valeur 

Chez ces adolescents existe aussi un grand désir de liberté. Mais attention là-aussi, «il faut savoir dire des ‘non’. La liberté n’est pas pouvoir toujours faire ce qui me convient.» Car le risque, c’est de s’éloigner de ses amis. «Ce n’est pas vrai que lorsque je me sens bien tout va bien.» «Ne vous contentez pas de la médiocrité, de vivoter dans le confort et assis», car on est alors distrait de la vraie richesse, différente de la richesse matérielle. «Le masque des forts, comme les héros des films ou quand vous endossez des habits derniers cris» ne donnent pas plus de valeur. Et le bonheur n’est pas une application qu’on télécharge sur un téléphone portable.

Reprenant un point déjà évoqué lors de l’audience du 30 mars, le Pape rappelle l’importance de saisir la main de Jésus quand on tombe, cette main qui relève et qui sauve. L’important est de ne pas rester à terre, « car Dieu t’a créé pour que tu sois debout.»

«Entrainez-vous pour devenir des champions de la vie ! ainsi, vous serez reconnus comme des disciples de Jésus.»

*

Au terme de la célébration, lors de la prière du Regina Caeli, le Pape François a dit : «Confions toutes nos aspirations et nos espoirs à l’intercession de Marie, Mère de Miséricorde.» Il a renouvelé son invitation aux jeunes à «aller de l’avant avec courage» et les a remerciés pour leur «témoignage joyeux et bruyant». «Maintenant, vous retournez à la maison avec la joie de votre identité chrétienne. Debout, la tête haute, et votre carte d’identité dans vos mains et dans votre cœur ! Que le Seigneur vous accompagne !»

Il a aussi exprimé sa «préoccupation toujours vive pour les frères évêques, prêtres et religieux, enlevés depuis longtemps en Syrie. Que Dieu miséricordieux touche le cœur des ravisseurs, et permette dès que possible à nos frères d’être libérés et de pouvoir retourner à leurs communautés. Pour cela, je vous invite tous à prier, sans oublier les autres personnes enlevées dans le monde.»

prière pour migrants disparus en mer

Avant de quitter l’île de Lesbos, l’archevêque Hierònymos, le patriarche Bartholomée et le Pape François ont fait mémoire des victimes des migrations en récitant chacun une prière et en lançant à la mer des couronnes de laurier.

*

Nous publions ci-dessous le texte de la prière prononcée en italien par le Pape.

Dieu de miséricorde,

nous te prions pour tous les hommes,

pour toutes les femmes et pour tous les enfants,

qui sont morts après avoir quitté leur pays à la recherche d’une vie meilleure.

Bien que beaucoup de leurs tombes ne portent aucun nom,

chacun d’eux est connu, aimé et chéri de toi.

Puissions-nous ne jamais les oublier,

mais honorer leur sacrifice plus par les actes que par les paroles.

Nous te confions tous ceux qui ont fait ce voyage,

affrontant la peur, l’incertitude et l’humiliation,

en vue de parvenir en un lieu de sécurité et d’espérance.

Tout comme tu n’as jamais abandonné ton Fils

lorsqu’il a été conduit en un lieu sûr par Marie et par Joseph,

de même à présent sois proche de tes fils et de tes filles que voici,

à travers notre tendresse et notre protection.

En prenant soin d’eux, puissions-nous travailler pour un monde

où personne n’est contraint d’abandonner sa maison

et où chacun peut vivre dans la liberté, la dignité et la paix.

Dieu de miséricorde et Père de tous,

réveille-nous du sommeil de l’indifférence,

ouvre nos yeux à leur souffrance,

et libère-nous de l’insensibilité générée

par le confort mondain et l’égo centrisme.

Aide-nous, en tant que nations, communautés et individus,

à voir que ceux qui viennent dans nos contrées sont nos frères et sœurs.

Puissions-nous partager avec eux les bénédictions

que nous avons reçues de tes mains,

et reconnaître qu’ensemble, comme une unique famille humaine,

nous sommes tous des migrants, en chemin dans l’espérance vers toi,

notre vraie maison, où toute larme sera essuyée,

où nous serons tous en paix et en sécurité dans tes bras.

Lire la suite →

annonce, intercession, espérance

Annonce, intercession, espérance : c’est la trilogie dans laquelle s’est concentrée l’homélie du Pape François, ce vendredi 22 avril 2016 lors de la messe célébrée à la chapelle de la Maison Sainte-Marthe au Vatican, en ce jour qui marque le 43e anniversaire de la profession religieuse de Jorge Mario Bergoglio au sein de la Compagnie de Jésus ( et Pape depuis trois ans).

Le chrétien est une personne d’espérance, «qui espère que le Seigneur revienne». Il a à avoir le courage de l’annonce, comme les Apôtres qui ont témoigné de la Résurrection de Jésus, aussi au coût de leur vie.

La vie chrétienne a trois dimensions essentielles : «annonce, intercession, espérance». Sur les lectures du jour, le Saint Père a développé sa méditation sur cette trilogie qui doit distinguer la vie d’un croyant. Le cœur de l’annonce pour un chrétien, c’est que Jésus est mort et est ressuscité pour nous, pour notre salut.

Annoncer Jésus aussi au coût de la vie, comme le firent les Apôtres

«Jésus est vivant ! Ceci est l’annonce des Apôtres aux juifs et aux païens de leur temps, et cette annonce, ils l’ont témoigné aussi avec leur vie, avec leur sang».

«Quand Jean et Pierre ont été emmené au Sanhédrin, après la guérison de l’estropié, et que les prêtres leur ont interdits de parler de ce nom de Jésus, de la Résurrection, eux avec tout leur courage et avec toute leur simplicité, ils disaient ‘Nous, nous ne pouvons pas taire ce que nous avons vu et entendu, l’annonce. Et nous, chrétiens, par la foi, nous avons l’Esprit Saint en nous, qui nous fait voir et écouter la vérité sur Jésus, qui est mort pour nos péchés et est ressuscité.’ Ceci est l’annonce de la vie chrétienne : le Christ est vivant ! le Christ est ressuscité ! Le Christ est parmi nous dans la communauté, il nous accompagne sur le chemin.»

Tant de fois «on a du mal à recevoir cette annonce», mais le Christ ressuscité «est une réalité» et il est nécessaire d’en témoigner, comme l’affirme Jean.

Jésus intercède pour nous en montrant ses plaies au Père

Durant la Cène du Jeudi Saint, les Apôtres étaient tristes, mais Jésus leur disait : «Ne soyez pas troublés dans votre cœur, ayez la foi. Dans la maison de mon Père il y a beaucoup de demeures. Je vais vous préparer une place.»

«Qu’est-ce que cela veut dire ? Comment Jésus prépare-t-il cette place ? Avec sa prière pour chacun de nous. Jésus prie pour nous, et c’est cela l’intercession. Jésus travaille en ce moment avec sa prière pour nous. Ainsi, comme il a dit à Pierre une fois « Pierre, moi, j’ai prié pour toi » avant sa Passion, ainsi, maintenant, Jésus est l’intercesseur entre le Père et nous.»

Demandons-nous si Jésus est vraiment notre espérance

Et comment prie Jésus ? «Moi, je crois que Jésus fait voir ses plaies au Père, parce que les plaies il les a emporté avec lui, après la Résurrection : il fait voir les plaies au Père, et nomme chacun de nous.». Cela, «c’est la prière de Jésus. En ce moment, Jésus intercède pour nous : il est l’intercession.»

Enfin l’espérance. «Le chrétien est une femme, un homme d’espérance, qui espère que le Seigneur revienne». Toute l’Église «est en attente de la venue de Jésus : Jésus reviendra.»  «Nous pouvons nous demander, chacun de nous : comment va l’annonce dans ma vie? Comment va mon rapport avec Jésus, qui intercède pour moi ? Et comment va mon espérance ? J’y crois vraiment, que le Seigneur est ressuscité ? Je crois qu’il prie le Père pour moi ? Chaque fois que moi je l’appelle, Lui, il est en train de prier pour moi, il intercède. Je crois vraiment que Seigneur reviendra ? Cela nous fera du bien de nous poser ces questions, sur notre foi : je crois dans l’annonce ? Je crois dans l’intercession ? Je suis un homme ou une femme d’espérance ?»