Tous les articles par P. Jean-Daniel Planchot

jeunesse mexicaine, richesse du pays

16-02-2016 source : Radio Vatican

Le Pape François, mardi 16 février 2016, dans le stade José Maria Morellos y Pavon de Morelia, dans l’État de Michoacán, a rencontré environ 100 000 jeunes, leur livrant un long discours, improvisant souvent et fut coupé fréquemment par des applaudissements. Visiblement heureux et enthousiaste, il a retrouvé toute son énergie au contact de cette jeunesse du Mexique qu’il a qualifiée de « richesse » comme il l’avait dans son discours aux autorités samedi. Il a particulièrement insisté sur cet aspect, exhortant les jeunes à vivre leurs rêves et à ne pas se les laisser voler, résumant son propos en trois mois : richesse, dignité, celle que l’on doit revendiquer et défendre, espérance, celle que l’on ne doit pas perdre.

Comme il avait conseillé aux familles du Chiapas de mettre de l’enthousiasme dans leur vie, aux jeunes réunis à Morelia, le Pape a directement transmis cet enthousiasme, tant il a mis de passion dans son discours.

Si la jeunesse est la richesse, elle n’est pas l’espérance. Car pour cela , il faut « d’abord se valoriser ». Or la principale menace qui pèse sur cette espérance « ce sont les discours qui te dévalorisent, qui te font sentir être de seconde catégorie. » Ce sont aussi les miroirs aux alouettes de la vie contemporaine que constituent les vêtements dernier cri, la célébrité ou l’argent qui pousse à vouloir tout acheter, « même l’affection des autres ».

Difficile aussi de se sentir la richesse du pays « quand nous voyons des amis ou des proches continuellement exposés à se perdre à cause du narcotrafic, des drogues, des organisations criminelles qui sèment la terreur ». Difficile aussi quand l’accès à l’éducation et à la formation sont difficiles.

Si le Pape a tenu ce discours, c’est parce qu’il croit en Jésus-Christ, qui est « capable d’éveiller le meilleur » de lui-même, qui « déjoue toutes les tentatives » de « rendre [les jeunes] inutiles ou simples mercenaires des ambitions d’autrui. » C’est grâce à Jésus qu’il « est possible de vivre à fond », « d’être le ferment, sel et lumière au milieu de ses amis, de son quartier, de sa communauté. »

Et le Seigneur appelle ces jeunes à construire un sanctuaire, « appelé paroisse,(…) Nation ». Le sentiment d’appartenance à cette communauté est d’ailleurs « un des principaux antidotes contre tout ce qui nous menace, parce que cela nous permet de nous sentir membre de cette grande famille de Dieu ». C’est ainsi que l’on peut « annoncer aux autres qu’être jeune au Mexique est la plus grande richesse et que, par conséquent, celle-ci ne peut pas être sacrifiée. »

face à une réalité si paralysante et injuste

16-02-2016 source : Radio Vatican

Le Pape François s’est adressé aux prêtres, aux personnes consacrées et aux séminaristes mardi 16 février dans la matinée, dans le stade Venusiano Carranza de Morelia, la capitale du Michoacan. Il y a célébré la messe et dans son homélie, il a appelé les prêtres à imiter Jésus, à ne pas être des «fonctionnaires du divin». Il les a conviés à vivre en priant et à prier en vivant, disant «Notre Père» comme Jésus l’a fait avec les siens.

C’est une véritable ligne de conduite que le Pape François a donné aux prêtres. Cette ligne, c’est celle tracée par Jésus lui-même, qui «nous a invités à participer à sa vie, à sa vie divine, malheur à nous si nous ne la partageons pas, malheur à nous si nous ne sommes pas des témoins de ce que nous avons vu et entendu». Pas question d’être des «employés de Dieu». La mission du prêtre est de dire avec sa vie: Notre Père.

Ce père, nous lui demandons également de ne pas nous laisser tomber en tentation. Et cette tentation, c’est la «résignation», qui vient «de milieux souvent dominés par la violence, la corruption, le trafic de drogue, le mépris de la dignité de la personne, l’indifférence face à la souffrance et à la précarité».

Cette résignation est une arme du démon qui peut faire «retrancher» les prêtres dans leurs sacristies et dans leurs «sécurités apparentes». Elle les menace de ne plus leur permettre «d’annoncer» et de «louer», de ne plus «prendre de risques et de transformer».

Pour combattre cette tentation, outre la prière à Dieu, le Pape François a proposé à l’assemblée de recourir à notre mémoire. «Comme cela nous aide de regarder l’étoffe dont nous sommes fait. Tout n’a pas commencé avec nous, tout ne finira pas avec nous, par conséquent, cela nous fait du bien de récupérer l’Histoire qui nous a conduit jusqu’ici».

Le Pape a voulu ainsi rappeler la mémoire du premier évêque du Michoacan, Vasco Vásquez de Quirogq, témoin au XVIème siècle des premiers sévisses dont ont été victimes les autochtones. «Leur situation a stimulé sa foi, sa vie. Elle a stimulé sa compassion, elle a incité à réaliser divers projets qui ont donné du souffle face à cette réalité si paralysante et injuste».

La douleur de la souffrance de ses frères s’est faite prière et la prière s’est faite réponse. Ce qui a voulu à cette évêque le nom de «Tata Vasco», ce qui veut dire en langue indigène «papa». C’est cet exemple que le Pape propose donc, pour que nous ne tombions pas en tentation, pour que nous n’oublions pas ce que nos anciens nous ont appris par leur vie à dire : Notre Père.

défendre la famille, même blessée

16-02-2016 source : Radio Vatican

Guadalupe face originale de Notre DameLors de la seconde partie de sa journée dédiée au Chiapas, le Pape François a rencontré des familles dans le stade de Tuxtla Guterrez, la capitale de cet État du sud du Mexique. Le Saint-Père a défendu la famille, « remise en question » par « un modèle fondé sur l’isolement ». Après le témoignage de quatre familles, le Pape a appelé à prier la Vierge de Guadalupe pour que « ce rêve appelé famille ne se perde pas à cause de la précarité et de la solitude. »

« Je préfère une famille blessée qui essaie tous les jours de vivre l’amour, à une société malade de l’enfermement et de la facilité de la peur d’aimer. Je préfère une famille qui essaie sans cesse de recommencer, à une société narcissique et obnubilée par le luxe et le confort. Je préfère une famille au visage épuisé par le don de soi, aux visages maquillés qui n’ont pas su ce qu’est la tendresse et la compassion. » La famille n’est pas « un modèle déjà dépassé et n’ayant plus de place dans nos sociétés ».

Mais outre la modernité qui la menace, la famille doit compter avec deux écueils : la précarité et l’isolement. « La précarité, la pénurie, le manque fréquent du minimum peuvent nous désespérer », « elle peut aussi menacer l’âme, elle peut démotiver » et mener à des chemins dangereux, allusion à la délinquance, à la criminalité ou à la drogue.

Il faut donc des « législations, qui protègent et garantissent le minimum nécessaire pour que chaque famille et pour que chaque personne puisse se développer par la formation et un travail digne ». Il faut aussi servir et se donner aux autres. Pour cela, il faut de l’enthousiasme. Et c’est l’Esprit Saint qui nous le donne, qui nous fait don de raisons de continuer à risquer, à rêver, et à construire une vie qui ait un goût de foyer, de famille.