Tous les articles par P. Jean-Daniel Planchot

L’image du Pasteur solidaire

17-04-2016 source : Radio Vatican

Lors de la prière du Regina Caeli, le Pape a commenté l’Évangile de ce dimanche, tiré de Saint Jean qui revient sur les propos de Jésus lors de la dédicace du temple de Jérusalem. Jésus se trouve précisément dans l’enceinte du temple, un espace sacré qui fait penser à l’image du pasteur et de sa bergerie. Jésus se présente comme le Bon Pasteur et déclare : « Mes brebis écoutent ma voix ; moi, je les connais, et elles me suivent. » Ces paroles nous révèlent que personne ne peut prétendre suivre Jésus s’il n’écoute sa voix. Cette écoute n’est pas à comprendre de manière superficielle, mais implique quelque chose qui nous entraîne, au point de rendre possible une vraie connaissance réciproque qui permette de suivre avec générosité. Il s’agit non de l’écoute de l’oreille mais du cœur.

L’image du pasteur et de ses brebis indique donc le rapport étroit que Jésus veut créer avec chacun de nous. Il est notre guide, notre maître, notre ami et notre modèle, mais surtout notre Sauveur. «Je leur donne la vie éternelle: jamais elles ne périront, et personne ne les arrachera de ma main»: sécurité absolue et immense tendresse.

Notre vie est toute sûre dans les mains de Jésus et du Père, qui sont un unique amour, une seule miséricorde, révélés une fois pour toutes dans le sacrifice de la Croix. Le Pasteur, pour sauver les brebis perdues, s’est fait agneau immolé pour prendre sur lui le péché du monde. Il nous a donné ainsi la vie en abondance. Mystère qui se renouvelle avec une humilité toujours surprenante à la table eucharistique où les brebis se réunissent pour se nourrir et font corps entre elles et avec le Bon Pasteur.

C’est pourquoi nous n’avons plus peur, notre vie est désormais sauvée de la perdition. Personne ne peut nous arracher des mains de Jésus, parce que rien ne peut vaincre son amour. Le Malin tente de nombreuses fois de nous arracher à la vie éternelle, mais il ne peut rien sauf si nous ouvrons les portes de notre âme à ses trompeuses flatteries.

« La Vierge Marie a écouté et suivi doucement la voix du Bon Pasteur. Qu’elle nous aide à accepter avec joie l’invitation de Jésus à devenir ses disciples et à vivre toujours en la certitude d’être dans les mains paternelles de Dieu. »

A l’issue de la prière du Regina Caeli, le Pape François a parlé de sa visite de la veille à Lesbos. Il a remercié tous ceux qui l’ont accompagné par la prière durant ce voyage émouvant. « J’ai apporté la solidarité de l’Église aux réfugiés et au peuple grec, avec moi se trouvaient le Patriarche œcuménique Bartholomée et l’Archevêque Hieronimus d’Athènes, pour marquer l’unité dans la charité de tous les disciples du Seigneur. »

Le Saint-Père a dit avoir salué près de 300 réfugiés, un par un, provenant d’Irak, d’Afghanistan, de Syrie, d’Afrique, de tant de pays. « Nombre d’entre eux étaient des enfants  dont certains ont assisté à la mort de leurs parents et de leurs compagnons de voyage, certains morts noyés en mer. J’ai vu tant de douleur ! »  Une scène l’a bouleversé : sa rencontre dans le camp de Moria d’un jeune homme musulman et de ses deux fils. Lui était marié à une chrétienne. « Ils s’aimaient et se respectaient mutuellement. Mais hélas cette jeune femme a été égorgée par des terroristes, parce qu’elle n’a pas voulu renier le Christ et abandonner sa foi. C’est une martyre ! Et cet homme pleurait tant. »

Le Saint-Père a aussi fait part de sa proximité envers toutes les victimes des séismes qui ont secoué ces dernières heures, l’Équateur et le Japon, ainsi que les travailleurs qui peinent à vivre dignement, en particulier ceux des Call Center en Italie.

Visite du Pape aux réfugiés de Lesbos

16-04-2016 source : Radio Vatican

L’île grecque de Lesbos est touchée par le drame des réfugiés qui fuient leurs pays en guerre. A son arrivée dans cette île, ce samedi 16 avril 2016, le Pape François a été accueilli par le Premier ministre grec Alexis Tsipras. Les deux hommes ont eu un entretien privé avant que le Saint-Père n’aille visiter le camp de Moira.

Il a débuté cette rencontre en remerciant Alexis Tsipras pour son accueil. «Je suis avant tout venu pour remercier le peuple grec de sa générosité. La Grèce est le berceau de l’humanité (…) Et on voit qu’elle continue à donner un exemple d’humanité», malgré la difficile situation économique du pays. Il a également rappelé sa visite, trois ans auparavant, sur l’île de Lampedusa pour alerter aussi les consciences sur le drame des migrants et réfugiés.

Ont été soulignées la nécessité d’une réponse compréhensive à la crise migratoire, qui respecte les législations européennes et internationales et la nécessité de protéger les personnes qui risquent leur vie en traversant la mer Egée et la Méditerranée, notamment en combattant les réseaux du trafic d’êtres humains et en développant des procédures sécurisées de répartition en Europe.

Accompagné du patriarche œcuménique de Constantinople et de l’archevêque d’Athènes, le Saint-Père a longuement salué des migrants, rassemblés dans une grande tente: des hommes femmes et enfants venant d’Afghanistan, de Syrie, d’Irak ou du Pakistan. Nombre d’entre eux ont baisé la main du Pape et raconté leur histoire. Certains étaient bouleversés aux larmes. Les trois responsables religieux ont ensuite pris la parole pour prononcer un discours. Le Pape François a souligné que beaucoup restait à faire pour assurer un accueil digne des migrants.

« Je veux vous dire que vous n’êtes pas seul, vous avez enduré ces derniers mois et semaines des souffrances  dans la recherche d’une vie meilleure, beaucoup d’entre vous ont été forcés à fuir des situations de conflit et de persécution, surtout pour vos enfants et vos petits. Vous avez fait de grands sacrifices pour vos familles, tout quitté sans savoir ce que l’avenir vous réserverait» 

« Ensemble nous sommes venus pour écouter vos histoires, pour réclamer l’attention du monde sur cette grave crise humanitaire et pour en implorer la résolution… comme hommes de foi, nous désirons unir nos voix pour parler ouvertement en votre nom.»

Un appel à l’Europe
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du cœur fermé au cœur ouvert : St Paul

15-04-2016 source : Radio Vatican

À un cœur dur qui choisit de s’ouvrir avec «docilité» à son Esprit, Dieu donne toujours la grâce et la «dignité» de se relever, si c’est nécessaire, à travers une humiliation. Le Pape François l’a dit durant l’homélie de la messe de ce vendredi 15 avril 2016, célébrée à la Maison Sainte-Marthe du Vatican, en commentant le passage biblique de la conversion de saint Paul.

La conversion de saint Paul sur le chemin de Damas Speckaert XVIe siècle | DR

Avoir du zèle pour les choses sacrées ne veut pas dire avoir un cœur ouvert à Dieu. Le Pape François a apporté l’exemple d’un homme ardent dans la fidélité aux principes de sa foi, Paul de Tarse, mais avec le «cœur fermé», totalement sourd au Christ, et donc «d’accord» pour en exterminer les disciples au point de faire autoriser l’emprisonnement de ceux qui vivaient à Damas.

L’humiliation qui fend le cœur

Tout se renverse justement le long de la route qui le mène à cet objectif, à Damas (voir LE CHEMIN DE DAMAS) et l’histoire de Paul devient «l’histoire d’un homme qui laisse Dieu lui changer le cœur». Paul est accueilli par une lumière puissante, il sent un voix qui l’appelle, il tombe, il devient momentanément aveugle. «Saul le fort, le sûr, était à terre.» Dans cette condition, il comprend sa vérité, celle de ne pas être «un homme comme le voulait Dieu, parce que Dieu nous a créés, nous tous, pour être debout, avec la tête haute». Mais la voix du ciel ne dit pas seulement «Pourquoi me persécutes-tu ?» mais invite Paul à se relever.

«Lève-toi et ont te dira ce que tu dois faire. Tu dois essayer encore. Et quand il a commencé à se lever il ne pouvait pas car il s’est rendu compte qu’il était aveugle : à ce moment il avait perdu la vue. Et il s’est laissé guider : il a commencé, le cœur, à s’ouvrir. Ainsi, en le guidant par la main, les hommes qui étaient avec lui le conduisirent à Damas et pour trois jours il resta aveugle et ne prit ni nourriture ni boisson. Cet homme était à terre mais comprit tout de suite qu’il devait accepter cette humiliation. C’est justement la voie pour le cœur : l’humiliation. Quand le Seigneur nous envoie des humiliations et permet que viennent les humiliations, c’est justement pour cela : pour que le cœur s’ouvre, soit docile, que le cœur se convertisse au Seigneur Jésus.»

L’Esprit saint, protagoniste de l’histoire

Le cœur de Paul se fend. Sa vision intérieure change aussi, dans ces journées de solitude et de cécité. Ensuite, Dieu lui envoie Ananie, qui lui impose les mains et aussi les yeux de Paul recommencent à voir. Mais il y a un aspect dans cette dynamique qui doit être tenu bien présent :

«Souvenons-nous que le protagoniste de ces histoires, ce ne sont pas les docteurs de la loi, ce n’est pas non plus Étienne, ni Philippe, ni l’eunuque, ni Saul… C’est l’Esprit Saint. Le protagoniste de l’Église, c’est l’Esprit Saint qui conduit le peuple de Dieu. Et tout de suite, des écailles tombèrent des yeux de Paul, et il récupéra la vue. Il se leva et fut baptisé. La dureté du cœur de Paul – Saul, Paul- devint docilité à l’Esprit Saint.»

La dignité de se relever

«C’est beau de voir comment le Seigneur est capable de changer les cœurs» et de faire qu’un «cœur dur, têtu, devienne un cœur docile à l’Esprit.»

«Nous avons tous des duretés dans le cœur. Nous tous. Si quelqu’un d’entre vous n’en n’a pas, qu’il lève la main, s’il vous plait ! Demandons au Seigneur qu’il nous fasse voir que ces dureté nous jettent à terre. Qu’il nous envoie la grâce et aussi, si c’est nécessaire, les humiliations pour ne pas rester à terre, et nous relever, avec la dignité avec laquelle Dieu nous a créés, c’est-à-dire la grâce d’un cœur ouvert à l’Esprit Saint.»