Tous les articles par P. Jean-Daniel Planchot

Confessions, prisons et Angelus

26-07-2013 source :  Radio Vatican

Après l’accueil très chaleureux de centaines de milliers de jeunes jeudi soir sur la plage de Copacabana, une nouvelle journée chargée pour le pape François qui retrouve ces mêmes jeunes vendredi soir au même endroit pour un chemin de croix. Mais le Pape prend le temps aussi de rencontres plus réservées, en tête à tête. Et notamment au Parc Quinta da Boa Vista, la confession de cinq jeunes de langue italienne, espagnole et portugaise.
Signe de la miséricorde de Dieu, la confession est l’une des dimensions importantes des JMJ. Des milliers de prêtres, de toutes les langues sont à la disposition des jeunes pour leur administrer le sacrement du pardon. Certains auront donc la chance d’être confessés directement par le pape.
Au cinquième jour de son voyage au Brésil, vendredi matin, le pape François a confessé une italienne, trois brésiliens et un vénézuélien. A Madrid, Benoît XVI avait lui aussi administré le sacrement de réconciliation. La confession, c’est depuis des années l’un des points forts des journées mondiales de la jeunesse. A Rio, selon les organisateurs, entre 10 et 15 000 confessions ont lieu chaque jour. Pas moins de 50 confessionnaux ont été installés sur les lieux de la Foire aux vocations, dans un parc magnifique, le Parco Quinta da Boa Vista, ancienne propriété de la Compagnie de Jésus, qui fut également résidence officielle de la famille impériale brésilienne au 19° siècle. Les confessionnaux en bois blanc évoquent la forme du Corcovado, la colline de Rio sur laquelle se trouve l’emblématique statue du Christ Rédempteur, surplombant la ville. C’est donc là que le Saint-Père s’est rendu dans la matinée de vendredi pour confesser lui-même des jeunes.
C’est à la résidence de l’archevêque de Rio de Janeiro que le pape s’est ensuite rendu pour rencontrer cinq jeunes détenus, troisième et dernière des rencontres symboliques avec des personnes en difficulté qu’il a voulu ajouter à son programme, après les toxicomanes mercredi et les habitants d’une favela jeudi. Le pape François s’y est entretenu en privé avec les détenus, à l’abri des caméras. Le jeudi Saint, à Rome, quelques jours après son élection, le Saint-Père avait lavé les pieds de douze détenus, dont deux jeunes filles, dans un centre de détentions pour mineurs, dans la banlieue de Rome, un geste sans précédent. Déjà quand il était archevêque de Buenos Aires, le cardinal Bergoglio avait coutume de rencontrer les détenus et il est resté en contact téléphonique avec eux ; il les appelle tous les quinze jours. Rien d’étonnant à ce qu’il ait voulu ajouter à ces JMJ une perspective résolument sociale, en profonde cohérence avec les quatre premiers mois de son pontificat.

L’angélus, une prière simple, belle expression populaire

A la mi-journée, le Pape François est apparu au balcon de l’archevêché pour la prière de l’Angélus, et devant une foule nombreuse et chaleureuse, saluer au passage le Comité d’Organisation et les sponsors de ces JMJ sans qui rien n’aurait pu se réaliser. C’est alors de la richesse que représentent les grands-parents que le Pape a voulu parler, en ce jour où l’Église célèbre les parents de la Vierge Marie, les grands-parents de Jésus : les saints Joachim et Anne, et alors qu’on célèbre donc au Brésil et dans d’autres pays la Journée des grands-parents. « Ils sont importants dans la vie de la famille pour transmettre ce patrimoine d’humanité et de foi qui est essentiel pour toute société ». « Le dialogue entre générations, a ajouté le Pape, est un trésor à conserver et à entretenir. A l’occasion de cette Journée mondiale, les jeunes des JMJ veulent remercier leurs grands-parents pour le témoignage de sagesse qu’ils nous offrent continuellement ». Le pape prononçait la prière de Marie, l’Angélus, qu’il définissait comme « une très belle expression populaire », une « prière simple » qu’il a conseillé de réciter « le matin, à la mi-journée et au coucher du soleil ».
Le Pape déjeunait ensuite, toujours à l’archevêché, en compagnie de douze jeunes de diverses nationalités, représentant tous les continents, ainsi que de deux jeunes brésiliens, leur pays étant le pays hote de ces JMJ 2013. Vendredi soir, le Pape doit retrouver des centaines de milliers de Jmjistes pour un chemin de croix sur la plage de Copacabana. Autre signe fort de ce vendredi à l’enseigne de la pénitence et de la confession.

mettre le Christ dans sa vie

Malgré la pluie battante et le vent glacial, des pèlerins de tous les pays ont convergé par centaines de milliers jeudi soir vers la célèbre plage de Copacabana, à Rio de Janeiro, pour accueillir le pape François, une marée humaine en liesse venue participer à la traditionnelle « cérémonie d’accueil », un des temps forts des Journées mondiales de la jeunesse. Certains s’étaient acheminés très tôt, à pied, sous un ciel de plomb.

Brandissant les drapeaux de leurs pays, chantant à tue-tête, criant et applaudissant les jeunes ne se sont pas laissé décourager par le mauvais temps et le froid inhabituel. L’ambiance était à la fête. Et quand la voiture découverte du Saint-Père est arrivée sur le bord de mer, l’enthousiasme était à son comble. Plusieurs rues avaient été interdites à la circulation comme cela est d’ordinaire le cas pour le réveillon de la Saint-Sylvestre. Visiblement ravi, le pape François a embrassé des enfants, échangé sa calotte avec celle que lui tendait un jeune, adressé des gestes d’encouragements à la foule compacte à perte de vue.

Le pape François a cité la jeune française tué à Cayenne

Après avoir relevé que la présence des jeunes était la preuve que la foi est plus forte que le froid et la pluie, le pape François a rappelé le tragique accident en Guyane française où a perdu la vie la jeune Sophie Morinière, et où d’autres jeunes ont été blessés. Il a invité l’assemblée qui l’écoutait dans la nuit à observer une minute de silence. Puis, il a suscité l’enthousiasme de la foule en exprimant sa reconnaissance envers Benoît XVI qui a convoqué ces JMJ et qui –a-t-il confié – lui a promis avant son départ de les suivre à la télévision.

« Comme on ajoute du sel ou de l’huile dans un plat », il a exhorté les jeunes à mettre le Christ dans leur vie. La foi – a-t-il dit – accomplit dans notre vie une révolution que nous pourrions appeler copernicienne, parce qu’elle nous enlève du centre et le rend à Dieu. Et le Saint-Père a demandé aux jeunes d’être des disciples et des missionnaires. Des jeunes représentant les cinq continents ont pris la parole devant lui. Une jeune s’est émue jusqu’aux larmes. La soirée a été animée par des chants et des danses typiques. Elle s’est terminée par le chant du Notre Père et la bénédiction en latin.

Tout ce qui se partage se multiplie

25-07-2013 source :  Radio Vatican

Au cœur de la favela Varginha, à Rio de Janeiro, le Pape François a marché dans le dédale des étroites ruelles, accueilli par des centaines d’habitants au comble de la joie. Le Pape a salué sans compter des dizaines de personnes, embrassant des enfants, offrant son sourire et allant au contact sans se soucier de la pluie incessante. Comme le prévoyait le programme, le Pape François est entré dans une maison de son choix pour y rencontrer en privé ses occupants durant une quinzaine de minutes, la bénir et poursuivre son périple pour arriver ensuite sur le terrain de football de ce quartier défavorisé « pacifié » par la police il y a quelques mois, mais où le trafic de drogue et la violence, selon les médias locaux, n’auraient pas complètement disparu.

Le Pape, très à l’aise, appréciant visiblement l’accueil des plus chaleureux que lui réservait la population, est alors monté sur l’estrade préparée pour lui, et s’est adressé à un public conquis par sa simplicité et son enthousiasme. « Je frappe à la porte de cette communauté qui aujourd’hui représente tous les quartiers du Brésil ». « J’aurais voulu frapper à la porte de chaque maison, dire bonjour, demander un verre d’eau fraîche, prendre un « cafezinho », parler comme à des amis à la maison, écouter le cœur de chacun, de vous parents, vous les enfants, vous les grands-parents ». « Mais le Brésil est si grand ! » « Alors j’ai choisi de venir ici, de visiter votre ‘Communauté’ qui représente aujourd’hui tous les quartiers du Brésil. Qu’il est beau d’être accueillis avec amour, avec générosité, avec joie ! »

« On peut toujours ajouter plus d’eau aux haricots »

Le Pape François a alors souligné combien les brésiliens sont accueillants, et de préciser : « Lorsque nous sommes généreux dans l’accueil d’une personne, je vous le dis, et que nous partageons quelque chose avec elle – un peu de nourriture, une place dans notre maison, notre temps – non seulement nous ne restons pas plus pauvres, mais nous nous enrichissons. Lorsqu’une personne qui a besoin de manger frappe à votre porte, je sais bien que vous trouvez toujours une façon de partager la nourriture ; comme dit le proverbe, on peut toujours  » ajouter plus d’eau aux haricots  » ! Et vous le faites avec amour, montrant que la véritable richesse n’est pas dans les choses, mais dans le cœur ! »

Pour le Pape François, pas de doute, le peuple brésilien « en particulier les personnes plus simples, peut offrir au monde une précieuse leçon de solidarité, une parole souvent oubliée ou tue, parce qu’elle gêne. » Le Pape a alors lancé un appel aux autorités publiques et à tous les hommes de bonne volonté engagés pour la justice sociale pour qu’ils ne cessent de travailler pour un monde plus juste et plus solidaire ! « Personne ne peut rester insensible aux inégalités qu’il y a encore dans le monde », a ajouté le Pape, invitant à lutter contre la culture de l’égoïsme, de l’individualisme qui souvent régule notre société, et à se décider à construire une culture de la solidarité qui voit dans l’autre non un concurrent ou un numéro, mais un frère.

Une société ne peut abandonner dans la périphérie une partie d’elle-même

Le Pape François encourageait alors les efforts que la société brésilienne fait pour intégrer toutes ses composantes, même les plus souffrantes et nécessiteuses, dans la lutte contre la faim et la misère. « Aucun effort de “pacification” ne sera durable, il n’y aura ni harmonie, ni bonheur pour une société qui ignore, qui met en marge et abandonne dans la périphérie une partie d’elle-même. Une telle société s’appauvrit ainsi simplement et perd même quelque chose d’essentiel pour elle-même. Rappelons-nous-le toujours : c’est seulement quand nous sommes capables de partager que nous nous enrichissons vraiment ; tout ce qui se partage se multiplie ! La mesure de la grandeur d’une société est donnée par la façon dont elle traite celui qui est le plus nécessiteux, qui n’a rien d’autre que sa pauvreté ! »

Promouvoir la famille, défendre la vie, promouvoir l’éducation et la santé

Le Pape François a souligné par ailleurs que l’Église, “avocate de la justice et défenseur des pauvres contre les inégalités sociales et économiques intolérables qui crient vers le ciel” (Document d’Aparecida, p. 395), désire collaborer à toute initiative ayant le sens du vrai développement de tout homme et de tout l’homme. Mais il rappelait « qu’il n’y a ni de véritable promotion du bien commun, ni de véritable développement de l’homme quand on ignore les piliers fondamentaux qui soutiennent une Nation, ses biens immatériels : la vie, qui est don de Dieu, valeur à préserver et à promouvoir toujours ; la famille, fondement de la vie ensemble et remède contre l’effritement social ; l’éducation intégrale, qui ne se réduit pas à une simple transmission d’informations dans le but de produire du profit ; la santé, qui doit chercher le bien-être intégral de la personne, aussi dans sa dimension spirituelle, essentielle pour l’équilibre humain et pour une saine vie en commun ; la sécurité, dans la conviction que la violence peut être vaincue seulement à partir du changement du cœur humain. »

Le Pape François s’est enfin adressé directement aux jeunes de la favela et de tout le Brésil pour les encourager à ne pas se décourager face aux laideurs du monde, mais à continuer à vouloir vaincre les maux de la société. Car « la réalité peut changer, l’homme peut changer ».