Tous les articles par P. Jean-Daniel Planchot

messe et angelus conclusifs des JMJ

28-07-2013 source : Radio Vatican

Dernier jour de fête et de prière pour les participants aux 28ème Journées Mondiales de la Jeunesse à Rio de Janeiro. Le pape François a célébré la messe conclusive de ce rassemblement sur la plage de Copacabana.

Au moins trois millions de personnes se sont retrouvées à Copacabana, la célèbre plage de Rio de Janeiro, pour prier autour du pape François, lors la messe conclusive des JMJ. Messe à laquelle a assisté la présidente brésilienne Dilma Roussef et des chefs d’États voisins, la présidente de l’Argentine Cristina Kirchner et Evo Morales, le président de la Bolivie.
Dans son homélie, le Saint-Père a exhorté les jeunes venus des quatre coins du monde à devenir missionnaires. « Jésus vous appelle à être des disciples en mission », leur a-t-il dit en leur livrant un mandat en trois points : « Allez, sans peur, pour servir ». Mais pour le Souverain Pontife l’évangélisation doit aussi s’enraciner sur le terrain social : « Porter l’Évangile, c’est porter la force de Dieu pour arracher et démolir le mal et la violence ; pour détruire et abattre les barrières de l’égoïsme, de l’intolérance et de la haine ; pour édifier un monde nouveau. »
Affronter ensemble les défis
« L’expérience de la rencontre avec Jésus ne peut rester renfermée dans votre vie ou dans le petit groupe de votre paroisse, de votre mouvement, de votre communauté. L’Évangile est pour tous et non pour quelques-uns jusqu’aux périphéries existentielles. Savez-vous quel est le meilleur instrument pour évangéliser les jeunes ? Un autre jeune. Voilà la route qu’il faut parcourir. » Le Pape argentin a cependant précisé que le mandat que le Seigneur confie à toute l’Église ne vient pas d’un désir de domination ou de pouvoir, mais de la force de l’amour. Jésus ne nous traite pas en esclaves, mais en hommes libres, et il nous accompagne. Évangéliser, c’est aussi témoigner, dépasser nos égoïsmes, c’est servir en nous inclinant pour laver les pieds de nos frères comme a fait Jésus. Enfin cette œuvre d’évangélisation, il faut la mener ensemble : « Quand nous affrontons ensemble les défis, alors nous sommes forts, nous découvrons des ressources que nous ne pensions pas avoir. Jésus n’a pas appelé les Apôtres à vivre isolés, il les a appelés pour former un groupe, une communauté ». Et le Saint-Père a invité les prêtres accompagnateurs à faire en sorte que les jeunes ne se sentent jamais seuls. Celui qui évangélise est évangélisé, celui qui transmet la joie de la foi, reçoit la joie.
La liturgie eucharistique s’était ouverte par l’hymne officiel des JMJ entonné par une chorale formée de prêtres venus de tout le pays. Parmi eux des religieux qui ont largement recours à la musique dans leur travail d’évangélisation. Les chants de la messe ont été composés par de jeunes brésiliens. Et si la messe a été célébrée en portugais, la langue du pays d’accueil, la prière des fidèles a été dite en six langues dont l’arabe et le japonais.
Au moment de l’offertoire, une petite fille née sans cerveau a été portée à l’autel par ses parents. La mère de l’enfant avait refusé d’avorter même si la loi brésilienne l’y autorisait. Elle a préféré accueillir cette vie. Sa présence au cours de la messe conclusive des JMJ était donc hautement symbolique.  La famille de Ruhama, la petite fille atteinte d’anencéphalie portée dans les bras de son père au cours de la procession de l’offertoire, a une dévotion particulière pour Jean-Paul II, qui sera bientôt saint. Un être frêle pesant à peine trois kilos, tandis que son frère jumeau en pèse déjà huit, et qui avec ses 17 mois de volonté de vivre a déjà fait s’écrouler de nombreuses certitudes scientifiques, étant donné que normalement, ceux qui sont frappés par cette grave malformation congénitale ne parviennent même pas à naître: le taux de survie est d’un sur mille et les médecins conseillent l’avortement thérapeutique.
Elle a reçu la caresse paternelle du Pape François, qui a célébré la Messe après avoir parcouru, encore une fois, la quatrième depuis son arrivée, l’Avenida Atlantica qui longe la mer, parmi la foule immense des jeunes pèlerins.
À la fin de la messe s’est déroulé le traditionnel « envoi missionnaire » : le Saint-Père a remis à cinq couples de jeunes une petite reproduction du Christ Rédempteur du Corcovado, ainsi qu’un livre de prières.
« Nous sommes la jeunesse du pape »
Après la veillée de prière samedi soir, toujours sur la plage de Copacabana, de nombreux jeunes avaient préféré passer la nuit sur place malgré les conditions difficiles. Certains avaient installé leur sac de couchage à même les trottoirs des rues avoisinantes. Beaucoup étaient venus en scandant : « Nous sommes la jeunesse du pape », dans une ambiance joyeuse et chaleureuse, aussi empreinte de ferveur.
En raison des fortes pluies de ces derniers jours, les autorités avaient dû déplacer le lieu de la veillée et de la messe conclusive. Le vaste terrain aménagé à grand frais pour accueillir les deux temps forts des JMJ s’était transformé en dangereux bourbier. Il était trop tard pour installer les infrastructures nécessaires sur le bord de mer. Une situation inconfortable donc qui n’a pas découragé l’enthousiasme des jeunes. Son retour à Rome est prévu lundi 29 juillet en fin de matinée.
Prochaines JMJ en 2016 à Cracovie, en Pologne
En 2016, Cracovie accueillera les Journées Mondiales de la Jeunesse. Le pape l’a annoncé juste avant la prière de l’Angélus, à la fin de la messe conclusive des 28ème JMJ à Rio.
« Chers jeunes, pour les prochaines Journées mondiales de la Jeunesse, nous nous donnons rendez-vous en 2016, à Cracovie, en Pologne. Par l’intercession maternelle de Marie, demandons la lumière de l’Esprit Saint pour éclairer le chemin qui nous conduira à cette nouvelle étape de célébration joyeuse de la foi et de l’amour du Christ ».
Immédiatement, l’applaudissement de la marée humaine rassemblée le long de la plage – trois millions de personnes selon les estimations – a été adressé précisément à lui, au Pape Wojtyła, l’inventeur de ces rencontres des nouvelles générations avec le Successeur de Pierre. Sa relique avait été portée sur l’autel, à côté de la petite statue de la Vierge d’Aparecida. La Pologne est la terre d’origine du pape Jean-Paul II, qui a institué les JMJ et dont la prochaine canonisation a déjà été annoncée. L’archevêque de Cracovie, le cardinal Stanislaw Dziwisz, ancien secrétaire personnel de Jean-Paul II, avait déjà indiqué qu’il avait proposé sa ville pour accueillir les prochaines Journées mondiales de la jeunesse. D’autant que 2016 marque le 1050ème anniversaire du baptême de la Pologne.

cadre exceptionnel pour grand temps fort

28-07-2013 source Radio Vatican

Une longue bande de 4 km de sable fin coincée entre l’Océan Atlantique et l’avenue du front de mer bordée d’hôtel. C’est la mythique plage de Copacabana sur laquelle dès la tombée de la nuit une foule compacte de jeunes étaient prêts pour retrouver le Pape qu’ils avaient accueilli ici même jeudi dernier. Scènes identiques de bandières et de drapeaux des pays du monde entier au vent, de chants et de prières dans les langues des cinq continents. Les groupes d’argentins et de brésiliens, d’autrichiens et d’irakiens, de canadiens et de français ont continuer d’affluer jusqu’au dernier moment pour rejoindre ceux qui les avaient précédé sur la plage parsemée de duvets et sur laquelle étaient déjà érigées des tentes. Une nuit de veille et de prières les attendaient au rythme du bruit des vagues de l’océan. Ils ont avant cela accueilli le Pape avec l’enthousiasme et la joie qui caractérise chacune de ses apparitions, confirmant le lien spécial qui s’est déjà instauré entre le Pape et la jeunesse. Il s’est adressé à elle dans un discours simple et direct, dialoguant avec elle, l’interpellant et étant régulièrement interrompu par des applaudissements.
Le Pape appelle les jeunes à construire l’Église pour construire un monde meilleur
Le Pape François a appelé la jeunesse à donner sa contribution à la vie de l’Église, à se mettre à son service en l’aimant et en travaillant, pour qu’en elle reflète toujours davantage le Visage du Christ. Si les jeunes ont besoin de l’Église en cette période de crise profonde, rappelle le Pape François, l’Église à surtout besoin des jeunes. Elle appelle chaque jeune à être missionnaire. Comment ? le Pape a utilisé une triple image, du champ lieu dans lequel on sème, celle du champ comme lieu d’entraînement, et celle du champ comme chantier.
Le champ lieu dans lequel on sème
La première fait évidemment référence à la parabole de Jésus qui parle d’un semeur parti jeter les semences dans son champ. Celui de la foi est « le cœur de chacun de vous, c’est votre vie, a déclaré le Pape, c’est dans votre vie que Jésus demande d’entrer avec sa Parole, avec sa présence. S’il vous plaît, laissez le Christ et sa Parole entrer dans votre vie, germer et grandir ! » Et cela malgré les attraits superficiels qui détournent et étourdissent, malgré l’inconstance qui peuvent être des obstacles pour la jeunesse. Le Pape François a délivré un message de confiance à ceux qui l’écoutaient.
« Je suis certain que la semence tombe dans la bonne terre, que vous voulez être un bon terrain, non pas des chrétiens part-time, « empesés », de façade, mais des chrétiens authentiques. Je suis certain que vous ne voulez pas vivre dans l’illusion d’une liberté qui se laisse entraîner par les modes et les convenances du moment. Je sais que vous visez haut, vous voulez faire des choix définitifs qui donnent plein sens à la vie. Jésus est capable de vous offrir cela. Il est « la voie, la vérité et la vie » (Jn 14, 6). »
Le champ comme lieu d’entraînement.
Grand amateur de football, le Pape a utilisé la métaphore du sport pour toucher les jeunes. « Jésus nous demande de le suivre toute la vie, il nous demande d’être ses disciples, de jouer dans son équipe » leur a-t-il dit. Comme un joueur qui doit s’entrainer lorsqu’il fait partie d’une équipe de football, le jeune chrétien doit s’entrainer spirituellement pour mener une vie de disciple du Seigneur.
« Jésus demande de nous entraîner pour « être en forme », pour affronter sans peur toutes les situations de la vie, en témoignant de notre foi. Comment ? Par le dialogue avec lui : la prière, qui est le colloque quotidien avec Dieu qui toujours nous écoute. Par les sacrements, qui font grandir en nous sa présence et nous configurent au Christ. Par l’amour fraternel, par l’écoute, la compréhension, le pardon, l’accueil, l’aide de l’autre, de toute personne, sans exclure, sans mettre en marge. Chers jeunes, soyez de vrais athlètes du Christ »
Le champ comme chantier
Alors que la solitude frappe de nombreux jeunes le Pape a insisté sur l’amour fraternel qui unit les chrétiens. L’Église est une famille dans laquelle le fidèle ne sent jamais seul en parcourant avec ses frères et sœurs le même chemin. Mais il faut la construire sans relâche a-t-il demandé à l’assistance
« L’Église de Jésus nous sommes, nous, les pierres vivantes, et Jésus nous demande de construire son Église ; et non pas comme une petite chapelle qui ne peut contenir qu’un petit groupe de personnes. Il nous demande que son Église vivante soit grande au point de pouvoir accueillir l’humanité entière, qu’elle soit la maison de tous ! Il dit à toi, à moi, à chacun : « allez, et de tous les peuples faites des disciples »
Un monde meilleur est possible,a lancé le Pape à la jeunesse. A elle de construire une civilisation plus juste et fraternelle. Demeure cependant la question : par où commencer ? Quels critères pour la construction d’une société plus juste ? Quand on demandait à Mère Teresa de Calcutta qu’est-ce qui devait changer dans l’Église, elle répondait : toi et moi !
Les jeunes ont pu alors se concentrer à un temps d’adoration eucharistique dans la nuit brésilienne. Ce dimanche, ils assisteront à la messe célébrée par le Pape sur les lieux même de la veillée des JMJ : la plage de Copacabana. Le maire de Rio, Eduardo Paes, a estimé que près de trois millions de personnes devraient participer à la messe de clôture des Journées mondiales de la jeunesse.« Je m’attends à ce que l’on batte le record d’affluence de l’histoire de la plage de Copacabana. Je pense qu’il y aura entre 2,5 et 3 millions de personnes », a déclaré le maire.

une Église simple et à l’écoute du monde

28-07-2013 source :  Radio Vatican

A l’archevêché de Rio, ce samedi midi (heure locale, 18 heures à Rome) le Pape François a déjeuné avec les cardinaux et évêques du Brésil. L’épiscopat brésilien est, en nombre, le plus important du monde avec 459 évêques et 9 cardinaux. Et c’est un discours fleuve à la mesure de l’immensité de ce pays que le pape François a préparé pour eux, un texte majeur qui mérite d’être approfondi. Vendredi soir, lors du chemin de Croix, le Souverain pontife avait dit comprendre les jeunes qui perdent la foi à cause des mauvais prêtres. Et ce samedi il a abordé de front et avec une grande lucidité l’hémorragie des catholiques qui quittent l’Église pour les mouvements ou les sectes ou parce qu’ils ont perdu la foi. Un problème particulièrement grave au Brésil.

L’Église au Brésil a reçu et appliqué avec originalité le Concile Vatican II.
Après avoir dépassé « certaines maladies infantiles », elle est aujourd’hui plus mûre, ouverte, généreuse, missionnaire. Mais aujourd’hui nous sommes à une période nouvelle – constate le pape – un changement d’époque. Des catholiques s’en vont, déçus, par qu’ils pensent que l’Église ne peut plus rien leur offrir de significatif. Peut-être l’Église est-elle apparue trop faible, trop éloignée de leurs inquiétudes, trop froide dans ses contacts, trop emportée elle-aussi par la frénésie de l’efficacité ; peut-être trop autoréférentielle, prisonnière de ses langages rigides ; peut-être le monde perçoit-il l’Église comme une survivance du passé, inadaptée aux questions nouvelles. Il faut donc réagir et le pape François encourage l’Église à ne pas avoir peur de sortir dans la nuit. Elle doit cesser de réduire le mystère qu’elle héberge en elle-même à une explication rationnelle ; chez les gens, au contraire, le mystère entre par le cœur. Le chemin de Dieu est le charme, l’attrait.
Le Pape François veut une Église qui réchauffe les coeurs
L’Église doit retrouver son humilité et surtout sa simplicité. Ses filets sont fragiles, peut-être raccommodés ; la barque de l’Église n’a pas la puissance des grands transatlantiques qui franchissent les océans, certes. Mais le résultat du travail pastoral – avertit le pape argentin – ne s’appuie pas sur la richesse des ressources, mais sur la créativité de l’amour. La ténacité, l’effort, le travail, la programmation, l’organisation servent certainement, mais la force de l’Église n’habite pas en elle-même, elle se cache dans les eaux profondes de Dieu. Parfois, nous perdons ceux qui ne nous comprennent pas parce que nous avons oublié la simplicité, important de l’extérieur une rationalité étrangère à nos gens. Aujourd’hui, il faut une Église qui se mette en chemin avec les personnes et réchauffe les cœurs. Une Église miséricordieuse capable de s’introduire dans un monde de blessés.
Et à noter que dans ce long discours, le pape n’a pas oublié les femmes : Ne réduisons pas leur engagement dans l’Église – a-t-il lancé – mais promouvons leur rôle actif dans la communauté ecclésiale. En perdant les femmes l’Église risque la stérilité.