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LE PAIN ROMPU D’EMMAÜS

LA CÈNE À EMMAÜS - Le CaravageCette route de Jérusalem à Emmaüs, longue d’onze kilomètres et de deux bonnes heures de marche, ressemble bien, au long chemin de notre vie ! Passés vingt siècles, nous, disciples de Jésus, nous risquons d’être aussi peu intelligents des choses divines. Ne nous berçons-nous pas d’espoirs chimériques, escomptant une sorte de paix, un repos charnel et une exaltation trop humaine ? Nous risquerions d’être déçus et de marcher le regard triste sur le grand chemin de la vie. Ne prêtons pas à Jésus nos idées terrestres et n’attendons pas trop de lui la réalisation de nos désirs humains, continuant souvent à déformer dans notre cœur son enseignement et celui de l’Église. Il pourrait bien alors nous dire encore : “ Hommes sans intelligence et lents à croire !”

Oui, comme le dit François Mauriac dans sa Vie de Jésus : qui n’a pas marché sur cette route, un soir où tout semblait perdu ? Le Christ était mort en nous. On nous l’avait pris : le monde, les philosophes et les savants, notre passion. Il n’y avait plus de Jésus pour nous sur cette terre. Nous suivions un chemin, et quelqu’un marchait à nos côtés. Nous étions seul et nous n’étions pas seul. C’est le soir. Voici une porte ouverte, cette obscurité d’une salle où la flamme de la cheminée n’éclaire que la terre battue et fait bouger les ombres. Oui, à qui d’entre nous l’auberge d’Emmaüs n’est-elle familière ? Ô pain rompu ! Ô fraction du pain consommée malgré notre misère ! “ Reste avec nous, car le jour baisse… ”

Combien nous envions aux disciples d’Emmaüs cette secrète présence ! Pourtant, nous avons le témoignage rendu plus tard par Cléophas et son compagnon : “ Notre coeur n’était-il pas brûlant en nous, tandis qu’il nous parlait sur la route et nous ouvrait les Écritures ? ” ■

P. Jean-Daniel Planchot, cm

source : page 1 de la LETTRE 114

 

la simplicité de Dieu nous offre le Salut

29-02-2016 source : Radio-Vatican

le bain du lépreux Naaman le SyrienLe Salut de Dieu ne vient pas des choses grandes, du pouvoir ou de l’argent, des cordées cléricales ou politiques, mais des choses petites et simples : le Pape l’a rappelé lors de la messe matinale de ce lundi 29 février 2016, à la chapelle de la Maison Sainte-Marthe.

La Salut vient de la simplicité des choses de Dieu, pas des puissants.

Les lectures du jour nous parlent du dédain : un lépreux s’indigne, Naaman le Syrien, qui demande au prophète Élisée de le guérir, mais n’apprécie pas le mode simple dans lequel cette guérison devrait advenir : le bain dans le Jourdain. Et les habitants de Nazareth s’indignent face aux paroles de Jésus. C’est l’indignation face au projet de Salut de Dieu qui ne suit pas nos schémas. Ce n’est pas «comme nous pensions que devait être le Salut, ce Salut que nous voulons tous.» Jésus sent le «mépris» des «docteurs de la Loi qui cherchaient le Salut dans la casuistique de la morale» et dans tant de préceptes, mais le peuple n’avait pas confiance en eux.

«Les sadducéens qui cherchaient le Salut dans les compromis avec les pouvoirs du monde, avec l’Empire… Les uns unis avec les cordées cléricales, les autres avec les cordées politiques, ils cherchaient le Salut comme ça. Mais le peuple avait du flair, et il ne croyait pas. Si, il croyait à Jésus car il parlait ‘avec autorité’. Mais pourquoi ce dédain ? Parce que dans notre imaginaire, le Salut doit venir de quelque chose de grand, de quelque chose de majestueux. Seuls nous sauvent les puissants, ceux qui ont la force, qui ont de l’argent, qui ont du pouvoir : ceux-là peuvent nous sauver… Mais le plan de Dieu est tout autre ! Ils s’indignent parce qu’ils ne peuvent pas comprendre que le Salut vient seulement du petit, de la simplicité des choses de Dieu.»

Les deux piliers de l’Évangile qui indignent

«Quand Jésus fait la proposition de la voie du Salut, il ne parle jamais de grandes choses» mais «de petites choses». Ce sont «les deux piliers de l’Évangile»  qui sont lus dans l’Évangile de Matthieu, les Béatitudes, et dans le chapitre 25, le Jugement final : «Viens, viens avec moi parce que tu as fait ceci.»

«Des choses simples. Tu n’as jamais cherché la Salut ou ton espérance dans le pouvoir, dans les cordées, dans les négociations… non… tu as fait simplement cela. Et cela en indigne beaucoup. Comme préparation pour Pâques,  je vous invite – moi aussi, je le ferai – à lire les Béatitudes et à lire Matthieu 25, et penser et voir si quelque chose de cela m’indigne, me retire la paix. Parce que le dédain est un luxe qui seuls peuvent se permettre les vaniteux, les orgueilleux. Jésus déclare ‘bienheureux celui qui ne se scandalise pas de moi’.»

La folie de la Croix

«Cela nous fera du bien de prendre un peu de temps, aujourd’hui, demain, de lire les Béatitudes, de lire Matthieu 25, et d’être attentifs à ce qui succède dans notre cœur : demander la grâce de comprendre que l’unique voir du Salut est la folie de la Croix, c’est-à-dire l’annihilation du Fils de Dieu, de se faire petit. Représenté ici, dans le bain du Jourdain ou dans le petit village de Nazareth.»

jamais trop tard pour se convertir

28-02-2016 source : Radio Vatican

S’appuyant sur l’Évangile du jour selon Saint-Luc, le Pape évoque des événements tragiques qui à cette époque avaient causé beaucoup d’émoi : « une répression sanglante par les soldats romains à l’intérieur du temple; et l’effondrement de la tour de Siloé à Jérusalem, qui avait fait dix-huit victimes (cf. Lc 13,1 à 5). Aujourd’hui aussi des mauvaises nouvelles sont rapportées chaque jour : les meurtres, les accidents, les catastrophes… »

« Jésus connaît la mentalité superstitieuse de ceux qui l’écoutent, et il sait qu’ils interprètent ce genre d’événements dans un mauvais sens. Comme s’ils disaient: ‘ils le méritaient’. En effet, ils pensent que si ces hommes sont morts si cruellement, c’est le signe que Dieu les a punis pour une faute grave qu’ils avaient commise. Et le fait d’avoir été épargné de la disgrâce équivalait à se sentir ‘bien’. Eux le méritaient, moi je vais bien. » 

« Abandonner les compromis avec le mal et les hypocrisies »

Mais nul ne mérite le mal qu’il subit. « Jésus rejette clairement ce point de vue, parce que Dieu ne permet pas la tragédie pour punir les péchés, et affirme que ces pauvres victimes ne sont pas du tout pires que les autres. » Au contraire, « il nous invite à tirer de ces événements douloureux, un avertissement qui concerne tout le monde, parce que nous sommes tous pécheurs. » Et Jésus dit à ceux qui lui avait demandé: ‘Si vous ne vous convertissez pas, vous périrez tous de la même manière' » (v. 3).

« Aujourd’hui encore, face à certains malheurs et aux événements tragiques, on peut être tenté de « décharger » la responsabilité sur les victimes, ou même sur Dieu lui-même ». Mais l’Évangile nous invite à réfléchir : « Quelle idée de Dieu que nous nous sommes faite? Sommes-nous convaincu que Dieu est ainsi? Ou ce n’est autre que notre projection, d’un dieu fait ‘à notre image’? »

« Jésus, au contraire, nous appelle à changer notre cœur, à faire un changement radical dans le chemin de notre vie ». Et pour cela, il faut « abandonner les compromis avec le mal, et ça nous en faisons tous, des compromis », et abandonner « les hypocrisies, que nous avons tous un peu en nous. » Le seul chemin à suivre résolument, c’est celui de l’Évangile. Le Pape nous met devant notre propre hypocrisie : «Mais de quoi devrions-nous nous convertir ? Ne sommes-nous pas, dans l’ensemble, de bonnes personnes? Ne sommes-nous pas croyants, et même assez pratiquants? ». Et ainsi nous nous justifions.