Tous les articles par P. Jean-Daniel Planchot

quand Dieu pardonne, Dieu oublie

01-03-2016 source : Radio Vatican

parabole des deux débiteursQue le temps du Carême «nous prépare le cœur» au pardon de Dieu et à pardonner à notre tour comme Lui, c’est-à-dire «en oubliant» les fautes d’autrui, c’est la demande exprimée par le Pape François lors de la messe célébrée à la chapelle de la Maison Sainte-Marthe ce mardi 1er mars 2016. La perfection de Dieu s’exprime dans la capacité de pardonner.

L’extrait de l’Évangile de ce jour présente la fameuse question de Pierre à Jésus : combien de fois dois-je pardonner un frère qui a commis une faute contre moi ? La lecture, tirée du Prophète Daniel, est centrée sur la prière du jeune Azarias, qui mis à mort dans un four pour avoir refusé d’adorer une idole d’or, invoque dans les flammes la miséricorde de Dieu pour le peuple, en lui demandant pardon pour les erreurs de son peuple. Ceci est la façon juste de prier. En sachant pouvoir compter sur un aspect particulier de la bonté de Dieu.

«Quand Dieu pardonne, son pardon est si grand que c’est comme s’il oubliait. Tout le contraire ce que nous faisons nous, des bavardages : « Mais celui-ci il a fait ça, il fait ça, etc. »» Trop souvent, nous ne savons pas oublier le passé des personnes car «nous n’avons pas le cœur miséricordieux. « Fais avec nous selon Ta clémence », dit ce jeune Azarias. « Selon Ta grande miséricorde, sauve-nous. » C’est un appel à la miséricorde de Dieu, pour qu’il nous donne le pardon et le salut, et qu’il oublie nos péchés.»

L’équation du pardon

Dans l’extrait de l’Évangile, pour expliquer à Pierre qu’il faut toujours pardonner, Jésus raconte la parabole des deux débiteurs. Le premier obtient une remise de son patron, alors qu’il lui doit une somme énorme, mais il est lui-même incapable peu après d’être aussi miséricordieux avec un autre qui lui doit seulement une petite somme.

«Dans le Notre Père nous prions ‘Pardonne-nous nos dettes comme nous pardonnons aussi à nos débiteurs’.» (dans la liturgie francophone, cette phrase correspond à « Pardonne-nous nos offenses, comme nous pardonnons aussi à ceux qui nous ont offensés »).

«C’est une équation, tout cela va ensemble. Si toi, tu n’es pas capable de pardonner, comment Dieu pourrait-il te pardonner ? Lui, il veut te pardonner, mais il ne pourra pas le faire si tu as le cœur fermé, et que la miséricorde ne peut pas entrer. « Mais, Père, je pardonne, mais je ne peux pas oublier cette chose mauvaise qu’il m’a fait… » « Alors, demande au Seigneur qu’il t’aide à oublier. » Mais c’est une autre chose. On peut pardonner, mais oublier, on n’y arrive pas toujours. Mais “pardonner” et tu me le paieras” : ça, non! Il faut pardonner comme pardonne Dieu. Le pardon au maximum.»

La miséricorde qui “oublie”

«Miséricorde, compassion, pardon, le pardon du cœur que nous donne Dieu est toujours miséricorde».

«Que le Carême nous prépare le cœur pour recevoir le pardon de Dieu. Mais le recevoir et ensuite faire la même chose avec les autres. Pardonner du fond du cœur. « Peut-être que tu ne me salues plus, mais dans mon cœur, moi, je t’ai pardonné ». Et ainsi nous nous rapprochons de cette chose tellement grande, de Dieu, qui est la miséricorde. Et en pardonnant, ouvrons notre cœur pour que la miséricorde de Dieu et nous pardonne. Parce que nous tous, nous avons à demander pardon. Pardonnons, et nous serons pardonnés. Ayons de la miséricorde avec les autres, et nous sentirons cette miséricorde de Dieu, qui, quand il pardonne, oublie.»

LE PAIN ROMPU D’EMMAÜS

LA CÈNE À EMMAÜS - Le CaravageCette route de Jérusalem à Emmaüs, longue d’onze kilomètres et de deux bonnes heures de marche, ressemble bien, au long chemin de notre vie ! Passés vingt siècles, nous, disciples de Jésus, nous risquons d’être aussi peu intelligents des choses divines. Ne nous berçons-nous pas d’espoirs chimériques, escomptant une sorte de paix, un repos charnel et une exaltation trop humaine ? Nous risquerions d’être déçus et de marcher le regard triste sur le grand chemin de la vie. Ne prêtons pas à Jésus nos idées terrestres et n’attendons pas trop de lui la réalisation de nos désirs humains, continuant souvent à déformer dans notre cœur son enseignement et celui de l’Église. Il pourrait bien alors nous dire encore : “ Hommes sans intelligence et lents à croire !”

Oui, comme le dit François Mauriac dans sa Vie de Jésus : qui n’a pas marché sur cette route, un soir où tout semblait perdu ? Le Christ était mort en nous. On nous l’avait pris : le monde, les philosophes et les savants, notre passion. Il n’y avait plus de Jésus pour nous sur cette terre. Nous suivions un chemin, et quelqu’un marchait à nos côtés. Nous étions seul et nous n’étions pas seul. C’est le soir. Voici une porte ouverte, cette obscurité d’une salle où la flamme de la cheminée n’éclaire que la terre battue et fait bouger les ombres. Oui, à qui d’entre nous l’auberge d’Emmaüs n’est-elle familière ? Ô pain rompu ! Ô fraction du pain consommée malgré notre misère ! “ Reste avec nous, car le jour baisse… ”

Combien nous envions aux disciples d’Emmaüs cette secrète présence ! Pourtant, nous avons le témoignage rendu plus tard par Cléophas et son compagnon : “ Notre coeur n’était-il pas brûlant en nous, tandis qu’il nous parlait sur la route et nous ouvrait les Écritures ? ” ■

P. Jean-Daniel Planchot, cm

source : page 1 de la LETTRE 114

 

la simplicité de Dieu nous offre le Salut

29-02-2016 source : Radio-Vatican

le bain du lépreux Naaman le SyrienLe Salut de Dieu ne vient pas des choses grandes, du pouvoir ou de l’argent, des cordées cléricales ou politiques, mais des choses petites et simples : le Pape l’a rappelé lors de la messe matinale de ce lundi 29 février 2016, à la chapelle de la Maison Sainte-Marthe.

La Salut vient de la simplicité des choses de Dieu, pas des puissants.

Les lectures du jour nous parlent du dédain : un lépreux s’indigne, Naaman le Syrien, qui demande au prophète Élisée de le guérir, mais n’apprécie pas le mode simple dans lequel cette guérison devrait advenir : le bain dans le Jourdain. Et les habitants de Nazareth s’indignent face aux paroles de Jésus. C’est l’indignation face au projet de Salut de Dieu qui ne suit pas nos schémas. Ce n’est pas «comme nous pensions que devait être le Salut, ce Salut que nous voulons tous.» Jésus sent le «mépris» des «docteurs de la Loi qui cherchaient le Salut dans la casuistique de la morale» et dans tant de préceptes, mais le peuple n’avait pas confiance en eux.

«Les sadducéens qui cherchaient le Salut dans les compromis avec les pouvoirs du monde, avec l’Empire… Les uns unis avec les cordées cléricales, les autres avec les cordées politiques, ils cherchaient le Salut comme ça. Mais le peuple avait du flair, et il ne croyait pas. Si, il croyait à Jésus car il parlait ‘avec autorité’. Mais pourquoi ce dédain ? Parce que dans notre imaginaire, le Salut doit venir de quelque chose de grand, de quelque chose de majestueux. Seuls nous sauvent les puissants, ceux qui ont la force, qui ont de l’argent, qui ont du pouvoir : ceux-là peuvent nous sauver… Mais le plan de Dieu est tout autre ! Ils s’indignent parce qu’ils ne peuvent pas comprendre que le Salut vient seulement du petit, de la simplicité des choses de Dieu.»

Les deux piliers de l’Évangile qui indignent

«Quand Jésus fait la proposition de la voie du Salut, il ne parle jamais de grandes choses» mais «de petites choses». Ce sont «les deux piliers de l’Évangile»  qui sont lus dans l’Évangile de Matthieu, les Béatitudes, et dans le chapitre 25, le Jugement final : «Viens, viens avec moi parce que tu as fait ceci.»

«Des choses simples. Tu n’as jamais cherché la Salut ou ton espérance dans le pouvoir, dans les cordées, dans les négociations… non… tu as fait simplement cela. Et cela en indigne beaucoup. Comme préparation pour Pâques,  je vous invite – moi aussi, je le ferai – à lire les Béatitudes et à lire Matthieu 25, et penser et voir si quelque chose de cela m’indigne, me retire la paix. Parce que le dédain est un luxe qui seuls peuvent se permettre les vaniteux, les orgueilleux. Jésus déclare ‘bienheureux celui qui ne se scandalise pas de moi’.»

La folie de la Croix

«Cela nous fera du bien de prendre un peu de temps, aujourd’hui, demain, de lire les Béatitudes, de lire Matthieu 25, et d’être attentifs à ce qui succède dans notre cœur : demander la grâce de comprendre que l’unique voir du Salut est la folie de la Croix, c’est-à-dire l’annihilation du Fils de Dieu, de se faire petit. Représenté ici, dans le bain du Jourdain ou dans le petit village de Nazareth.»