Tous les articles par P. Jean-Daniel Planchot

témoins du Seigneur Ressuscité

Le témoignage du chrétien « est d’autant plus crédible qu’il transparaît dans un mode de vie évangélique, joyeux, courageux, doux, pacifique, miséricordieux », a dit le pape François lors du Regina Coeli de ce IIIe dimanche de Pâques. Nous prenons cette exhortation pour nous en tant qu’associés de la Médaille Miraculeuse.

PAPE FRANÇOIS

REGINA COELI

Place Saint Pierre
Dimanche 19 avril 2015

Chers frères et sœurs, bonjour !

Dans les Lectures bibliques de la liturgie de ce jour, résonne par deux fois l’expression “témoins”. La première fois, sur les lèvres de Pierre lorsqu’après la guérison du paralytique, à la porte du temple de Jérusalem, il s’exclame : “Vous avez fait mourir le Prince de la vie, que Dieu a ressuscité des morts; nous en sommes témoin” ( Actes 3,15). La deuxième fois, c’est sur les lèvres de Jésus ressuscité : le soir de Pâques, Il ouvre l’esprit des disciples au mystère de sa mort et de sa résurrection, et Il leur dit : « C’est vous qui en êtes les témoins » (Lc 24,48). Les apôtres, qui virent de leurs propres yeux le Christ ressuscité, ne pouvaient pas ne pas parler de leur expérience extraordinaire. Le Christ leur était apparu afin que la vérité de sa résurrection puisse atteindre tout le monde à travers leur témoignage. Et l’Église a le devoir de prolonger dans le temps cette mission ; chaque baptisé est appelé à témoigner par la parole et par les actes, que Jésus est ressuscité, qu’il est vivant et présent parmi nous. Nous sommes tous appelés à témoigner que Jésus est vivant.

Nous pouvons nous demander : mais qui est le témoin ? Le témoin est celui qui a vu, qui se souvient et raconte. Voir, se souvenir et raconter sont les trois verbes qui décrivent l’identité et la mission du témoin. Le témoin est celui qui a vu, mais pas avec un avec œil indifférent ; il a vu et il s’est senti concerné par l’événement. C’est pour cette raison qu’il se souvient, pas seulement parce qu’il sait reconstruire précisément les événements, mais parce que ces faits lui ont parlé et il en a saisi le sens profond. Alors le témoin raconte, non pas avec froideur et détachement, mais comme celui qui s’est remis en question, et qui depuis ce jour a changé de vie. Le témoin est quelqu’un qui a changé de vie.

Le contenu du témoignage chrétien n’est pas une théorie, une idéologie ou un système complexe de préceptes et d’interdits, mais un message de Salut, un événement concret, même une personne: le Christ est ressuscité, vivant et unique Sauveur de tous. Ceux qui ont fait l’expérience personnelle du Christ, dans son Église, à travers un cheminement qui a son fondement dans le baptême, sa nourriture dans l’Eucharistie, son sceau dans la Confirmation, sa conversion continue de la Pénitence rendent témoignage de cela. Grâce à ce cheminement, toujours guidé par la Parole de Dieu, tout chrétien peut devenir témoin de Jésus ressuscité. Et son témoignage est d’autant plus crédible lorsqu’il irradie à travers un style de vie évangélique, joyeux, courageux, doux, paisible, miséricordieux. Si au contraire le chrétien cède au confort, à la vanité, à l’égoïsme, il devient sourd et aveugle à la demande de « résurrection » de tant de frères, comment communiquera-t-il alors Jésus vivant, sa puissance libératrice et sa tendresse infinie ?

Que Marie, notre Mère, nous soutienne par son intercession, afin que nous puissions devenir, avec nos limites, mais avec la grâce de la foi, les témoins du Seigneur Ressuscité, conduisant les gens que nous rencontrons vers les dons pascals de joie et de paix.

Regina Coeli laetare, alleluia

Chers frères et sœurs,

En ces heures, des informations sur une nouvelle tragédie dans les eaux de la Méditerranée nous parviennent. Une embarcation chargée de migrants a chaviré la nuit dernière à quelque 60 miles de la côte libyenne et on craint qu’il y ait des centaines de victimes. J’exprime ma douleur la plus sincère face à une telle tragédie et j’assure de ma pensée et de ma prière pour les personnes disparues et leurs familles. J’adresse un appel vibrant afin que la communauté internationale agisse avec décision et rapidité, pour éviter que de telles tragédies ne se répètent. Ce sont des hommes et des femmes comme nous, nos frères en recherche d’une vie meilleure, affamés, persécutés, blessés, exploités, victimes de guerres. Ils cherchent une vie meilleure. Ils cherchaient le bonheur… Je vous invite à prier d’abord en silence et puis tous ensemble pour ces frères et sœurs.

En silence, la foule dense présente au Vatican s’est recueillie, avant de prier d’une seule voix avec le pape un « je vous salue Marie ».


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les disciples d’Emmaüs

DISCIPLES D'EMMAUS - REMBRANDTL’évangile de ce dimanche – le troisième dimanche de Pâques – est le célèbre récit dit des « disciples d’Emmaüs » (cf. Lc 24, 13-35). Il parle de deux disciples du Christ qui, le jour après le sabbat, c’est-à-dire le troisième jour de sa mort, tristes et abattus, quittèrent Jérusalem en direction d’un village peu éloigné, appelé justement Emmaüs. Le long du chemin, Jésus ressuscité s’approcha d’eux, mais ils ne le reconnurent pas. Les sentant découragés, il leur expliqua, sur la base des Écritures, que le Messie devait souffrir et mourir pour arriver à sa gloire. Entré avec eux dans la maison, il s’assit à table, bénit le pain et le rompit, et à ce moment-là, ils le reconnurent, mais lui disparut de leur vue en les laissant émerveillés devant ce pain rompu, nouveau signe de sa présence. Tous les deux retournèrent immédiatement à Jérusalem et racontèrent ce qui était arrivé aux autres disciples.

La localité d’Emmaüs n’a pas été identifiée avec certitude. Il y a différentes hypothèses, ce qui ne manque pas d’être assez évocateur, car cela nous permet de penser qu’Emmaüs représente, en réalité, chaque lieu:  la route qui y conduit est le chemin de tout chrétien, et même de tout homme. C’est sur nos routes que Jésus ressuscité se fait notre compagnon de voyage, pour rallumer dans nos cœurs la chaleur de la foi et de l’espérance, et rompre le pain de la vie éternelle. Dans la conversation des disciples avec le voyageur inconnu, on est frappé par l’expression que l’évangéliste Luc place sur les lèvres de l’un d’entre eux:  « Nous espérions… » (Lc 24, 21). Ce verbe au passé dit tout:  Nous avons cru, nous avons suivi, nous avons espéré…, mais désormais tout est fini. Jésus de Nazareth, lui qui s’était montré un prophète puissant en œuvres et en paroles, a lui aussi échoué et nous avons été déçus. Ce drame des disciples d’Emmaüs apparaît comme un reflet de la situation de nombreux chrétiens de notre temps:  il semble que l’espérance de la foi ait échoué. La foi elle-même entre parfois en crise à cause d’expériences négatives qui font que nous nous sentons abandonnés par le Seigneur. Mais cette route d’Emmaüs, sur laquelle nous marchons, peut devenir un chemin de purification et de maturation de notre foi en Dieu. Aujourd’hui aussi, nous pouvons entrer en conversation avec Jésus et écouter sa Parole. Aujourd’hui aussi, il rompt le pain pour nous et se donne lui-même comme notre Pain. Et ainsi, la rencontre avec le Christ ressuscité qui est possible aujourd’hui aussi, nous donne une foi plus profonde et authentique, trempée, pour ainsi dire, au feu de l’événement pascal; une foi robuste parce qu’elle se nourrit non d’idées humaines, mais de la Parole de Dieu, et de sa présence réelle dans l’Eucharistie.

Ce merveilleux texte évangélique contient déjà la structure de la messe:  dans la première partie, l’écoute de la Parole à travers les Saintes Écritures; dans la deuxième, la liturgie eucharistique et la communion avec le Christ présent dans le sacrement de son Corps et de son Sang. En se nourrissant à cette double table, l’Église s’édifie sans cesse et se renouvelle de jour en jour dans la foi, dans l’espérance et dans la charité. Par l’intercession de la Très Sainte Vierge Marie, nous prions afin que tout chrétien et toute communauté, en revivant l’expérience des disciples d’Emmaüs, redécouvre la grâce de la rencontre transformatrice avec le Seigneur ressuscité.

BENOÎT XVI – REGINA CÆLI – Place Saint-Pierre – III Dimanche de Pâques, 6 avril 2008

L’humilité chrétienne est amour…

mais elle n’est pas masochisme

2015-04-17 Radio Vatican

L’humiliation en elle-même, c’est du masochisme, alors que celle subie et supportée au nom de l’Évangile rend semblable à Jésus, comme l’a dit le Pape François dans son homélie lors de la messe dans la chapelle de la maison Sainte-Marthe, vendredi matin au Vatican, d’où il a invité les chrétiens à ne jamais cultiver des sentiments de haine, mais à se donner le temps de découvrir en soi des sentiments et des comportements qui plaisent à Dieu : l’amour et le dialogue.

Est-ce possible pour l’homme de réagir à une situation difficile en ligne avec Dieu ? Oui, il s’agit d’une question de temps. Le temps de se laisser traverser par les sentiments de Jésus. Le Pape l’explique en analysant un épisode contenu dans la lecture du livre des Actes des Apôtres. Ceux-ci comparaissent devant le Conseil suprême, accusés de prêcher cet Évangile que les docteurs de la Loi ne veulent pas entendre.

Ne pas laisser le temps à la haine

Intervient alors un pharisien nommé Gamaliel, qui suggère de les laisser faire, car, citant des cas similaires dans le passé, « si leur résolution ou leur entreprise vient des hommes, elle tombera. » Ce ne serait pas le cas si elle venait de Dieu. Le Conseil suprême accepte la suggestion, choisissant de prendre le temps. Il ne réagit pas suivant l’instinctif sentiment de haine. Et cela est un « remède » juste pour chaque être humain. « Si l’on réagit dans un moment de fureur, il est certain que l’on sera injuste. »

Quand on rumine un ressentiment, il est inévitable qu’il éclate « dans l’insulte, dans la guerre. Et avec ces mauvais sentiments contre les autres, on lutte contre Dieu, alors que Dieu aime les autres, aime l’harmonie, aime l’amour, le dialogue, cheminer ensemble. » « Cela m’arrive aussi. Quand quelque chose ne plaît pas, le premier sentiment n’est pas Dieu, il est toujours mauvais. Arrêtons-nous, plutôt, et laissons la place à l’Esprit saint pour qu’il nous fasse arriver à la paix. »

« L’orgueil mène à l’envie de tuer, l’humilité, l’humiliation même, portent à ressembler à Jésus. En ce moment, beaucoup de nos frères et sœurs sont martyrisés à cause du nom de Jésus. Ils sont dans cet état, ils ont en ce moment le bonheur d’avoir souffert des outrages, même la mort, au nom de Jésus. Pour fuir l’orgueil des premiers, il y a seulement la route de l’humilité, où l’on n’arrive pas sans passer par l’humiliation. Cela ne se comprend pas naturellement. C’est une grâce qu’il faut demander. La grâce de l’imitation de Jésus, témoignée non seulement par les martyrs d’aujourd’hui, mais aussi par ces nombreux hommes et femmes qui subissent humiliation chaque jour et pour le bien de leur propre famille, ne parlent pas et supportent par amour pour Jésus. »