Tous les articles par P. Jean-Daniel Planchot

le serpent d’airain

le serpent d'airain
le serpent d’airain

Ce dimanche 18 mars 2012, quatrième dimanche de carême, Benoît XVI a présidé la prière de l’angélus depuis la fenêtre de son bureau donnant sur la place Saint-Pierre, en présence de milliers de visiteurs. Il nous explique la comparaison du Christ sur la croix au serpent d’airain qui sauvait de la mort.

Chers frères et sœurs!

Dans notre cheminement vers Pâques, nous sommes parvenus au quatrième dimanche de Carême. C’est un cheminement avec Jésus à travers le « désert », c’est-à-dire, une période durant laquelle il faut davantage écouter la voix de Dieu et aussi exposer les tentations qui parlent en nous. A l’horizon de ce désert se profile la Croix. Jésus sait qu’elle est l’aboutissement de sa mission : en effet, la Croix du Christ est le sommet de l’amour, qui nous donne le salut. Il dit lui-même dans l’Évangile d’aujourd’hui: «Comme Moïse a élevé le serpent dans le désert, il faut que le Fils de l’homme soit élevé, afin que quiconque croit en lui ait la vie éternelle» (Jn 3,14-15). Il fait référence à l’épisode dans lequel, lors de l’exode d’Egypte, les Juifs ont été attaqués par des serpents venimeux, et beaucoup sont morts. Dieu alors avait ordonné à Moïse de faire un serpent d’airain et l’avait fait placer sur une colonne: si l’on était mordus par des serpents, en regardant le serpent de bronze, on était guéri (cf. Nb 21, 4 à 9). De même Jésus sera élevé sur la croix, afin que  quiconque, en danger de mort à cause du péché, soit sauvé en se tournant avec foi vers Lui qui est mort pour nous. « Car Dieu – écrit saint Jean – n’a pas envoyé son Fils dans le monde pour condamner le monde, mais pour que le monde soit sauvé par lui» (Jn 3:17).

Saint Augustin commente: «Le médecin, pour ce qui dépend de lui, est là pour guérir les malades. Si vous ne suivez pas les prescriptions du médecin, vous allez à la ruine. Le Sauveur est venu dans le monde… Si vous ne voulez pas être sauvés par lui, vous vous jugerez vous-même » (Sur l’Évangile de Jean, 12, 12: PL 35, 1190).  Si donc infini est l’amour miséricordieux de Dieu, qui en est venu à ce point de donner son Fils unique comme rançon pour nos vies, grande est notre responsabilité : chaque fois qu’on est reconnu malade, pour être guéri, on doit confesser son péché, pour que le pardon de Dieu, déjà donné sur la Croix, prenne effet dans le cœur et la vie. Saint Augustin écrit: « Dieu condamne vos péchés, et si vous les condamnez, vous vous joignez à Dieu … Quand tu commences à détester ce que tu as fait, commencent alors tes bonnes œuvres, car tu condamnes tes mauvaises œuvres. Les bonnes œuvres commencent par la reconnaissance des mauvaises actions » (ibid., 13: PL 35, 1191). Parfois, l’homme aime les ténèbres plus que la lumière, parce qu’il est attaché à ses péchés. Mais ce n’est qu’ouvert à la lumière et juste en confessant franchement ses péchés à Dieu que nous trouvons la vraie paix et la vraie joie. Il est donc important de s’approcher du sacrement de la Pénitence régulièrement, surtout pendant le carême, pour recevoir le pardon du Seigneur et renforcer notre chemin de conversion.

Que ce temps du Carême nous donne de recentrer toute notre vie sur le Christ, qui a pris sur Lui nos souffrances et nos peines. Je Lui confie la douleur des parents belges qui, à cause de l’accident tragique en Suisse, ont perdu leur enfant, et celle de ceux qui se sont vus privés d’un proche. Je les assure de ma proximité et de ma prière.

Chers amis, demain, nous célébrons la fête de saint Joseph. Je remercie sincèrement tous ceux qui ont une pensée pour moi dans la prière, au jour de ma fête. En particulier, je vous demande de prier pour le voyage apostolique au Mexique et à Cuba, où je vais partir vendredi prochain. Confions le à l’intercession de la Bienheureuse Vierge Marie, tant aimée et vénérée dans ces deux pays que je vais visiter.  Demain donc, nous célébrerons la fête de Saint-Joseph : puisse le Seigneur, par l’intercession de mon saint patron de baptême, me donner la force de confirmer mes frères et sœurs dans la foi ! Comme Saint Joseph, ne craignez pas de prendre Marie chez vous, qu’elle vous montre son Fils, le Christ notre Sauveur ! Que Dieu vous bénisse !

© Libreria Editrice Vaticana 2012

Préparer l’Annonciation

la Vierge de l'Annonciation Taddeo di Bartolo (1363 -1422)
la Vierge de l’Annonciation Taddeo di Bartolo (1363 -1422)

Lors de l’Angélus du dimanche 11 mars 2012, Benoît XVI a dit : « La Pâque de Jésus introduit un nouveau culte, le culte de l’amour, et un nouveau sanctuaire qui est Jésus lui-même, le Christ ressuscité, à travers lequel tout croyant peut adorer Dieu le Père « en esprit et en vérité » (Jn 4, 23). L’Esprit- Saint a commencé à construire ce nouveau sanctuaire dans le sein de la Vierge Marie. »

A ce propos, bientôt nous allons célébrer cet événement. Pour nous y préparer, nous pouvons méditer l’homélie donnée justement par le pape Benoît XVI la première année de son pontificat « en la solennité liturgique de l’Annonciation du Seigneur, et sous le soleil que nous donne le Seigneur. »

Dans l’Incarnation du Fils de Dieu, nous reconnaissons en effet les débuts de l’Église. Tout provient de là. Toute réalisation historique de l’Église et également chacune de ses institutions doivent se référer à cette Source originelle. Elles doivent se référer au Christ, Verbe de Dieu incarné. C’est Lui que nous célébrons toujours:  l’Emmanuel, le Dieu-avec-nous, par l’intermédiaire duquel s’est accomplie la volonté salvifique de Dieu le Père. Et cependant (nous contemplons cet aspect du Mystère précisément aujourd’hui) la Source divine s’écoule par un canal privilégié:  la Vierge Marie…

En célébrant l’Incarnation du Fils nous ne pouvons pas, par conséquent, ne pas honorer sa Mère. C’est à Elle que fut adressée  l’annonce  de  l’ange; Elle l’accueillit, et lorsque du plus profond de son coeur elle répondit:  « Je suis la servante du Seigneur; qu’il m’advienne selon ta parole » (Lc 1, 38), à ce moment-là, le Verbe éternel commença à exister comme être humain dans le temps.

De génération en génération, on continue de s’émerveiller devant ce mystère ineffable. Imaginant s’adresser à l’Ange de l’Annonciation, Saint Augustin demande:  « Dites-moi donc, ange de Dieu, d’où vient cette faveur à Marie? » La réponse, dit le Messager, est contenue dans les paroles mêmes de la salutation:  « Je vous salue, pleine de grâce » (cf. Sermo 291, 6). Effectivement, l’Ange, en « entrant chez Elle », ne l’appelle pas par son nom terrestre, Marie, mais par son nom divin, comme Dieu la voit et la qualifie depuis toujours:  « Pleine de grâce », la grâce n’étant rien d’autre que l’amour de Dieu, c’est ainsi que nous pourrions à la fin traduire:  « aimée » de Dieu (cf. Lc 1, 28).

Origène observe que jamais un tel titre ne fut donné à un être humain, que rien de semblable n’est décrit dans l’ensemble des Saintes Écritures (cf. In Lucam, 6, 7). Il s’agit d’un titre exprimé sous une forme passive, mais cette « passivité » de Marie, qui est depuis toujours et pour toujours l’ « aimée » du Seigneur, implique son libre consentement, sa réponse personnelle et originale:  dans le fait d’être aimée, en recevant le don de Dieu, Marie est pleinement active, car elle accueille avec une disponibilité personnelle la vague de l’amour de Dieu qui se déverse en elle.

En cela également, Elle est la parfaite disciple de son Fils, qui à travers l’obéissance à son Père réalise entièrement sa propre liberté et précisément de cette manière exerce la liberté, en obéissant. Dans la deuxième lecture,  l’auteur de la Lettre aux Hébreux interprète le Psaume 39, précisément à la lumière de l’Incarnation du Christ:  « Aussi, en entrant dans le monde, le Christ dit: … Me voici, mon Dieu, je suis venu pour faire ta volonté » (He 10, 5-7). Face au mystère de ces deux « me voici », le « me voici » du Fils et le « me voici » de la Mère, qui se reflètent l’un dans l’autre et forment un unique Amen à la volonté d’amour de Dieu, nous demeurons émerveillés et, remplis de reconnaissance, nous adorons.

© Libreria Editrice Vaticana 2006

Lumière intérieure

Benoît XVI a présidé la prière de l’angélus de midi, ce 4 mars comme chaque dimanche, de la fenêtre de son bureau sur la place Saint-Pierre à Rome, en présence de milliers de visiteurs. En ce deuxième dimanche de carême, le pape a expliqué le mystère de la Transfiguration du Christ. Il nous demande surtout pendant le carême de prendre « chaque jour un moment pour prier en silence et pour écouter la Parole de Dieu ».

Chers frères et sœurs!

Ce dimanche, le deuxième du Carême, est caractérisé comme étant le dimanche de la Transfiguration du Christ. En fait, pendant le Carême, après nous avoir invités à suivre Jésus dans le désert pour affronter et surmonter les tentations du Christ, la liturgie nous  propose d’aller avec lui sur la montagne de la prière et de contempler sur son visage humain la lumière  glorieuse de Dieu.

L’épisode de la transfiguration du Christ est attesté d’une manière concordante par les évangélistes Matthieu, Marc et Luc. Les éléments essentiels sont au nombre de deux. D’abord Jésus va avec ses disciples Pierre, Jacques et Jean sur une haute montagne et il «fut transfiguré devant eux» (Mc 9,2). De son visage et de ses vêtements émane une lumière brillante, tout à côté de lui  apparaissent  Moïse et Élie. Ensuite une nuée enveloppe le sommet et il en sort une voix qui dit : «Celui-ci est mon Fils bien-aimé, écoutez-le» (Mc 9,7). Donc la lumière et la voix : la lumière divine qui resplendit sur le visage de Jésus et la voix du Père céleste qui témoigne pour lui et commande de l’écouter.

Le mystère de la Transfiguration n’est pas détaché du contexte, du chemin que Jésus suit. Celui-ci est maintenant clairement orienté vers l’accomplissement de sa mission, sachant que pour atteindre la résurrection, il fera l’objet de souffrance et mourra sur une croix. Il en  parle ouvertement à ses disciples, mais ils ne comprennent pas, ils rejettent même ce point de vue, car ils ne raisonnent pas selon Dieu, mais selon les hommes (cf. Mt 16:23).

C’est pourquoi Jésus emmène trois d’entre eux sur la montagne et leur révèle sa gloire divine, splendeur de  Vérité et d’Amour. Pour Jésus, cette lumière pourra éclairer leurs cœurs quand ils passeront à travers les ténèbres épaisses de sa passion et de sa mort, lorsque le scandale de la croix sera insupportable pour eux. Dieu est lumière et Jésus veut donner à ses amis les plus intimes l’expérience de cette lumière qui demeure en Lui.

Ainsi, après cet événement, il sera leur lumière intérieure, capable de les protéger contre les assauts de l’obscurité. Même dans la nuit noire, Jésus est la lumière qui ne s’éteint jamais. Saint Augustin résume ce mystère avec une belle expression, il dit : «Ce qu’est le soleil que nous voyons pour les yeux du corps, [le Christ] l’est pour les yeux du cœur» (Sermo. 78, 2: PL 38, 490).

Chers frères et sœurs, nous avons tous besoin de lumière intérieure pour surmonter les épreuves de la vie. Cette lumière vient de Dieu, et le Christ nous la donne, lui en qui réside la plénitude de Dieu (cf. Col 2,9). Nous allons avec Jésus sur la montagne de la prière et  nous contemplons son visage plein d’amour et de vérité. Laissons-nous remplir de sa lumière intérieure.

Nous demandons à la Vierge Marie, notre guide dans le chemin de la foi, de nous aider à vivre cette expérience en temps de carême, de trouver un certain temps chaque jour pour la prière silencieuse et l’écoute de la Parole de Dieu. À l’exemple de la Vierge Marie, accueillez en vous la vie de Dieu, enracinez votre vie en Dieu ! Je vous souhaite à tous une belle montée vers Pâques !

© Libreria Editrice Vaticana 2012