Tous les articles par P. Jean-Daniel Planchot

La nouvelle création

La nouvelle création

(4e semaine de Carême) Is 65,17-21 – Jn 4,43-54

On goûtera la joie et l’allégresse éternelle de ce que je vais créer (Is 65,18)

Bernard Preynet vitrail de la Création 7ème jour Église des Villettes 43
Bernard Preynet vitrail de la Création 7ème jour Église des Villettes 43

Voici venu le règne de la vie et renversé le pouvoir de la mort. Une autre naissance est apparue ainsi qu’une autre vie, me autre manière d’être, une transformation de notre nature elle-même. Cette naissance-là n’est le fait ni du de l’homme ni du désir de la chair, mais de Dieu (Jn 1,13). Comment cela ? Je vais te le montrer le plus clairement possible.

Ce nouveau germe de vie est porté par le sein de la foi ; il est amené à la lumière par la nouvelle naissance du baptême ; sa nourrice, c’est l’Église qui l’allaite par son enseignement ; son aliment, c’est le pain d’en haut ; la maturité de son âge, c’est une conduite parfaite ; son mariage, c’est son union avec la Sagesse ; ses enfants, c’est l’espérance ; sa maison, le Royaume ; son héritage et ses richesses, les délices du paradis ; sa fin, ce n’est pas la mort, mais la vie éternelle dans le bonheur préparé pour les saints…

Voici le jour que le Seigneur a fait (Ps 117,24). Jour bien différent de ceux du commencement, car en ce jour Dieu fait un ciel nouveau et une terre nouvelle, comme dit le prophète (cf. Is 65,17). Quel ciel ? Le firmament de la foi au Christ. Quelle terre ? Le cœur bon, comme dit le Seigneur, la terre qui s’imprègne de la pluie qui descend sur elle, la terre qui fait pousser d’abondantes moissons.

Dans cette création, le soleil, c’est la vie pure ; les astres, ce sont les vertus ; l’air, c’est une conduite limpide ; la mer, c’est la riche profondeur de la sagesse et de la connaissance ; l’herbe et le feuillage, c’est la bonne doctrine et les ensei­gnements divins dont se nourrit le troupeau des pâturages, c’est-à-dire le peuple de Dieu ; les arbres portant du fruit, c’est la pratique des commandements.

En ce jour est créé l’homme véritable, celui qui est fait à l’image et à la res­semblance de Dieu.

N’est-ce pas tout un monde qu’inaugure pour toi ce jour qu’a fait le Seigneur ? En parlant de lui, le prophète Zacharie dit que ce n’est pas un jour comme les autres jours, ni une nuit comme les autres nuits (cf. Za 14,7). Et nous n’avons pas encore parlé du plus grand privilège de ce jour de grâce.

C’est qu’il a détruit les affres de la mort et donné naissance au premier-né d’entre les morts, … lui qui a dit : Je vais vers mon Père et votre Père, mon Dieu et votre Dieu (Jn 20,17). Quelle belle et bonne nouvelle ! Celui qui pour nous est devenu comme nous, pour que devenu des nôtres il fasse de nous ses frères, amène sa propre humanité vers le Père véritable afin d’y entraîner avec lui tous ceux de sa race.

(Saint Grégoire de Nysse Premier discours sur la Résurrection : PG 46, 603, 606, 626-627. Traduction Orval)

« ‘Aimer quelqu’un, a écrit Gabriel Marcel, c’est lui dire : tu ne mourras pas.’ En Jésus Christ, voilà ce que nous pouvons dire aux hommes : la mort est vaincue, le Christ est ressuscité, mon frère, tu es vivant — à jamais ! » (Olivier Clément)

 

Carême avec Marie – Prière litanique

Carême avec Marie – Prière litanique

Vierge Marie priante
Vierge Marie priante

Sainte Marie, Mère de Dieu, prie pour nous, pécheurs,
Vierge fidèle, Dieu nous presse aujourd’hui d’écouter sa voix :

Obtiens-nous un cœur nouveau,
accueillant à son appel, accordé à sa volonté.
Servante du Seigneur,
Dieu nous presse aujourd’hui de ne pas endurcir notre cœur !
Obtiens-nous un cœur libre pour marcher à la suite de ton Fils.

Tu es pure, ô Marie, et nous sommes pécheurs,
Tu es pauvre, ô Marie, et nous sommes trop riches,
Tu es libre, ô Marie, et nous sommes esclaves…
Prie pour nous, pécheurs.

Tu es accueil, ô Marie, et nous sommes refus,
Tu es don, ô Marie, et nous sommes dureté,
Tu es joie, ô Marie, et nous sommes tristesse…
Prie pour nous, pécheurs.

Tu es paix, ô Marie, et nous vivons dans la peur,
Tu es marche, ô Marie, et nous butons sur le chemin,
Tu es debout, ô Marie, et nous ployons sous le fardeau…
Prie pour nous, pécheurs.

L. Le Pan s.m.m.

MOIS DE SAINT JOSEPH – XIe JOUR

MOIS DE SAINT JOSEPH – XIe JOUR

Saint Joseph dépositaire du Père Éternel et ministre du Saint-Esprit.

I

BOSSUET

« Le Seigneur s’est cherché un homme selon son cœur. »

Saint Joseph et l’enfant Jésus. Peinture de Guido Reni vers 1635
Saint Joseph et l’enfant Jésus. Peinture de Guido Reni vers 1635

« C’est une opinion reçue et un sentiment commun parmi tous les hommes, que le dépôt a quelque chose de saint, et que nous devons le conserver à celui qui nous le confie, non-seulement par fidélité, mais encore par une espèce de religion.

« Mais s’il y eut jamais un dépôt qui méritât d’être appelé saint, et d’être ensuite gardé saintement, c’est celui dont je dois parler, et que la providence du Père Éternel commet à la foi du juste Joseph : si bien que sa maison me paraît un temple, puisqu’un Dieu y daigne habiter, et s’y est mis lui-môme en dépôt; et Joseph a dû être conservé pour garder ce sacré trésor. En effet, il l’a été, chrétiens : son corps l’a été par la continence, et son âme par tous les dons de la grâce.

« Dans le dessein que je me propose d’appuyer les louanges de saint Joseph, non point sur des conjectures douteuses, mais sur une doctrine solide, tirée des écritures divines et des Pères, leurs interprètes fidèles, je ne puis rien faire de plus convenable que de vous représenter ce grand saint comme un homme que Dieu choisit parmi tous les autres, pour lui mettre en main son trésor, et le rendre ici-bas son dépositaire.

«Je prétends vous faire voir que, comme rien ne lui convient mieux, il n’est rien aussi qui soit plus illustre ; et que ce beau titre de dépositaire, nous découvrant les conseils de Dieu sur ce bienheureux Patriarche, nous montre la source de toutes ses grâces, et le fondement assuré de tous ses éloges.

« Et, premièrement, chrétiens, il m’est aisé de faire voir combien cette qualité lui est honorable. Car si le nom de dépositaire emporte une marque d’estime, et rend témoignage à la probité ; si pour confier un dépôt nous choisissons ceux de nos amis dont la vertu est plus reconnue, dont la fidélité est plus éprouvée, enfin, les plus intimes, les plus confidents :

« quelle est la gloire de saint Joseph, que Dieu fait dépositaire, non – seulement de la bienheureuse Marie, que sa pureté angélique rend si agréable à ses yeux, mais encore de son propre Fils, qui est l’unique objet de ses complaisances, et l’unique espérance de notre salut ; de sorte qu’en la personne de Jésus-Christ, saint Joseph est établi le dépositaire du trésor commun de Dieu et des hommes ! Quelle éloquence peut égaler la grandeur et la majesté de ce titre ?

« Le premier de tous les dépôts qui a été commis à sa foi (j’entends le premier dans l’ordre des temps), c’est la sainte virginité de Marie, qu’il lui doit conserver entière sous le voile sacré de son mariage, et qu’il a toujours saintement gardée, ainsi qu’un dépôt sacré qu’il ne lui était pas permis de toucher. Voilà quel est le premier dépôt.

« Le second est le plus auguste : c’est la personne de Jésus-Christ, que le père céleste dépose en ses mains, afin qu’il serve de père à ce saint enfant, qui n’en peut avoir sur la terre. « Dieu choisit ce fidèle et prudent serviteur pour être l’appui de la sainte Vierge, le nourricier de son Fils enfant, et l’unique coadjuteur du conseil céleste. » ( Saint Bernard, Hom. ii.)

« Vous voyez déjà, chrétiens, deux grands et deux illustres dépôts confiés aux soins de Joseph ; mais j’en remarque encore un troisième, que vous trouverez admirable, si je puis vous l’expliquer clairement. Pour l’entendre, il faut remarquer que le secret est comme un dépôt.

« C’est violer la sainteté du dépôt, que de trahir le secret d’un ami, et nous apprenons, par les lois, que si vous divulguez le secret du testament que je vous confie, je puis ensuite agir contre vous comme ayant manqué au dépôt, comme parlent les jurisconsultes.

« Et la raison en est évidente, parce que le secret est comme un dépôt. Par où vous pouvez comprendre aisément que Joseph est dépositaire du Père Éternel, parce qu’il lui a dit son secret.

« Quel secret? Secret admirable, c’est l’incarnation de son Fils. Car, fidèles, vous n’ignorez pas que c’était un conseil de Dieu, de ne pas le montrer au monde, jusqu’à ce que l’heure en fût arrivée; et saint Joseph a été choisi, non-seulement pour le conserver, mais encore pour le cacher.

« Aussi lisons-nous, dans l’évangéliste saint Luc, qu’il admirait, avec Marie, tout ce qu’on disait du Sauveur; mais nous ne lisons pas qu’il parlât, parce que le Père Éternel, en lui découvrant le mystère, lui découvre le tout en secret et sous l’obligation du silence; et ce secret, c’est un troisième dépôt que le Père ajoute aux deux autres, selon ce que dit le grand saint Bernard, que Dieu a voulu commettre à sa foi le secret le plus sacré de son cœur.

« Que vous êtes chéri de Dieu, ô incomparable Joseph ! puisqu’il vous confie ces trois grands dépôts, la virginité de Marie, la personne de son fils unique , le secret de tout son mystère. »

(Bossuet, du 1er Panégyrique de saint Joseph 19 mars 1657)

II

Valentin Esprit FLÉCHIER (1632-1710)

Mais saint Joseph n’est pas seulement le dépositaire du Père éternel, il est le ministre du Saint-Esprit, dans le mystère de l’Incarnation.

« Jésus-Christ devait naître d’une vierge, les prophètes l’avaient prédit : ainsi le portait le décret éternel de la réparation du salut des hommes. Comme cette merveille était au-dessus des lois de la nature, il fallait un Dieu pour l’opérer; comme elle était au-dessus de la portée de la foi et de la créance humaine, il fallait un homme pour la voiler.

Le Saint-Esprit est l’auteur invisible du mystère, et Joseph est le voile mystérieux qui le couvre.

« Ils se partagent ensemble, pour cet effet, leurs fonctions et leurs offices : l’un par une secrète et féconde vertu, suppléant au défaut d’une stérile virginité, formait dans le chaste sein de Marie le corps sacré du Sauveur du monde ; l’autre, par une protection visible, mettait à couvert la naissance du Fils et la réputation de la Mère, sous l’ombre du plus pur et du plus saint mariage qui ait été destiné dans le ciel et qui ait été contracté sur la terre.

« L’un se réservait la puissance de l’opération intérieure, pour former cette foi vive, cette charité parfaite, cette humilité profonde, qui étaient les fondements de sa grandeur ; l’autre était chargé du pouvoir de l’administration extérieure, pour la secourir dans ses besoins, pour pourvoir à toutes les nécessités de sa vie, pour être son consolateur dans ses troubles, et le compagnon de ses travaux dans la garde du dépôt sacré, également commun à l’un et à l’autre.

« Le Saint-Esprit enfin, par sa grâce, était, dans le fond, le chef de ce mystère; saint Joseph, dans la suite, en était, par sa vigilance et par ses travaux, le conducteur et l’économe. »

(Fléchier, du panégyrique de saint Joseph)