Une semaine difficile vient de se passer, plus difficile, qu’une bourse qui s’affole. Et le résultat est là. Pas brillant ! En suspension ! Elevé entre ciel et terre ! Tout a sombré et la vie vient de quitter ce corps définitivement inanimé aux yeux des hommes, ce corps de condamné, qu’on regarde avec plein de mépris, car il n’a pas réussi, c’est le moins que l’on puisse dire.
Quelques personnes sont là à distance, car on ne permet pas d’approcher les condamnés, cela fait aussi partie du supplice. Parmi elles, pauvre femme entre toutes celles qui voient partir leur enfant dans la mort, une mère qui se tient encore debout, douloureuse, comme nous l’a traduit un chant écrit une bonne douzaine de siècles plus tard : Stabat Mater dolorosa…
Aller au séjour des morts, aux enfers, comme on disait, c’est ce qui s’est donc fait. Maintenant le peuple, avec ses chefs, débarrassé de ses canailles, peut tranquillement célébrer sa Pâque, qui évoque le passage antique de la Mer Rouge, aux couleurs du sang récemment répandu. On peut sacrifier l’agneau sans tache. Mais cet Agneau ne vient-il pas d’être déjà sacrifié au crépuscule de la veille ?
N’anticipons pas, il repose actuellement, enseveli à l’écart des autres, dans un tombeau neuf. Il ne peut plus déranger qui que ce soit et même par sécurité on a mis des gardes. On ne sait jamais. Les corps peuvent disparaître et on peut bâtir des contes là-dessus.
Et pourtant, quand la fête est passée, le lendemain, on a bien affaire à une disparition ! Malgré la garde, le tombeau est trouvé vide, tout comme est restée nue cette croix qu’on n’a pas démontée durant le temps de la Pâque et qui porte encore les traces du martyre de la veille.
Mais qui est celui auquel s’adresse Marie Madeleine ? Qui est celui qui chemine sur la route s’éloignant de Jérusalem vers la bourgade d’Emmaüs ? Qui est celui qui apparaît au cénacle et qui invite les disciples à aller en Galilée, traduction du cercle des Nations, sinon le Crucifié, Jésus de Nazareth, marqué de ses plaies témoignant, pour notre humanité, de sa Passion divine ?
Jean-Daniel Planchot, cm