Tous les articles par P. Jean-Daniel Planchot

Le style de Dieu est celui de l’humilité

09-03-2015 source : Radio Vatican

Dieu agit dans le silence et l’humilité, son style n’est pas celui du spectacle, c’est ce qu’a dit le Pape François dans son homélie, ce matin 9 mars, lors de la messe quotidienne, célébrée dans la chapelle de la maison Sainte Marthe.

Dans l’Évangile du jour, en Saint Luc, chapitre 4, Jésus reproche aux habitants de Nazareth, leur manque de foi : au début, il est écouté avec admiration, une admiration qui laisse ensuite place à la colère, et à l’indignation.

« Parmi la foule, qui écoutait avec intérêt les paroles de  Jésus, se trouvaient plusieurs personnes qui n’appréciaient pas ce qu’Il disait. Et alors, l’un ou l’autre s’est levé et a dit : ‘mais celui-là, de quoi nous parle-t-il ? Où a-t-il étudié pour dire toutes ces choses ? Qu’il nous fasse voir ses diplômes ! Dans quelle université a-t-il étudié ? C’est le fils du charpentier, et nous le connaissons bien’. Et alors éclate la fureur, la violence aussi. « Et ils le chassèrent hors de la ville, et le menèrent jusqu’à un escarpement de la colline où leur ville est construite, pour le précipiter en bas. » ( Luc 4, 30)

La première lecture, elle, nous parle de Naaman, chef de l’armée syrienne, qui est lépreux. Pour obtenir sa guérison, le prophète Élysée lui dit de se plonger sept fois dans le fleuve Jourdain.  Et Naaman s’indigne, lui aussi, devant l’apparente insignifiance du geste à accomplir, lui qui espérait quelque chose de plus spectaculaire.

Mais il finit par écouter les conseils de ses serviteurs, fait ce que le prophète lui a dit, et sa lèpre disparait. Les habitants de Nazareth, comme Naaman, voulaient un spectacle, mais le style de Dieu n’est justement pas celui de faire du spectacle : Dieu agit dans le silence, l’humilité, les petites choses. Et cela apparait dès la création lorsque Dieu crée l’homme, non pas avec une baguette magique, mais avec la glaise. Et c’est un style qui traverse toute l’Histoire du Salut.

« Quand Il a voulu libérer son peuple, Il l’a fait par la foi et la confiance d’un homme, Moïse. Quand Il veut faire tomber la puissance de Jéricho, Il le fait par l’intermédiaire d’une prostituée. De même, envoyer David combattre Goliath, semble être une folie : le petit David devant ce géant, qui avait une épée et tant d’autres choses, et David, avec seulement sa fronde et ses pierres. Et quand Il fait savoir aux rois mages qu’un roi est né, le Grand Roi, que trouvent-ils ? Un enfant, dans une mangeoire. Les choses simples, l’humilité de Dieu, c’est cela le style divin, pas celui du spectacle. »

Le Pape rappelle également une des tentations de Jésus au désert : celle du « spectacle » justement. Satan l’invite à se jeter du haut du pinacle du Temple, afin que les gens, voyant le miracle, croient en Lui. « Le Seigneur, au contraire, se révèle dans la simplicité, dans l’humilité. Cela nous fera du bien, en ce temps de Carême, de penser à comment Dieu nous a aidés, dans notre vie, à comment les choses ont avancé, grâce à Lui, et nous trouverons toujours qu’Il l’a fait avec les choses simples. »

« C’est ainsi que le Seigneur agit : Il fait les choses simplement. Il te parle au cœur dans le silence. Souvenons-nous de notre vie, et de toutes les fois où nous avons entendu ces choses : l’humilité de Dieu est son style ; la simplicité de Dieu est son style. Et aussi dans la célébration liturgique, dans les Sacrements, qu’il est beau que s’y manifeste l’humilité de Dieu, et non un spectacle mondain. Cela nous fera du bien de parcourir notre vie et de penser à toutes les fois où le Seigneur nous a visités avec sa grâce, et toujours avec ce style humble, le style qu’Il nous demande aussi d’avoir : l’humilité. »

ouvrir son coeur à la miséricorde de Dieu

08-03-2015 source : Radio Vatican

Ce dimanche, le Pape François a visité la paroisse romaine de Sainte Marie Mère du Rédempteur, située dans un faubourg populaire de Rome, synonyme de malaise social et de délinquance : Tor Bella Monaca. Arrivé en voiture en milieu de journée, le Pape a rencontré tout d’abord des malades et des pauvres qui sont aidés par les Missionnaires de la Charité dans l’église de Sainte-Jeanne Antide.

« Le Seigneur vous aime tant, le Seigneur est proche de vous, il ne vous abandonne jamais, même dans les moments les plus difficiles » a déclaré le Pape aux malades. A tous ceux qui souffrent, le Pape a rappelé que le Seigneur avait lui aussi souffert : « c’est lui qui a été le premier à tracer la route pour nous tous ». Le Pape a également expliqué que « le Seigneur est aussi notre Mère, et les mères ne laissent jamais leurs enfants. »

Le Pape François s’est ensuite rendu au terrain de sport de la paroisse pour rencontrer les enfants et les catéchumènes. Au sein du théâtre il s’est entretenu avec le conseil pastoral et les animateurs et a confessé quelques pénitents. Le Pape s’est prêté au jeu des questions-réponses avec les enfants qui lui ont notamment demandé ce qu’il avait ressenti quand il avait été élu pape. « Ils m’ont changé de diocèse. Moi j’étais heureux dans un diocèse et maintenant je suis heureux dans un autre. »

A une question sur l’enfer, le Pape a répondu : «  on ne t’envoie pas en enfer, c’est toi qui y vas, parce que tu choisis d’y être ». « L’enfer, c’est s’éloigner de Dieu par ce que je ne veux pas l’amour de Dieu. »

Un des jeunes a exprimé la difficulté de vivre la morale chrétienne en matière de sexualité dans la société d’aujourd’hui où les choix des chrétiens sont moqués. « Vivre moralement est une grâce, c’est une réponse à l’amour que Dieu t’a donné avant. Si tu n’as pas conscience qu’il t’aime, tu ne peux rien faire. » Dans son homélie le Pape a rappelé aux fidèles que « nous ne pouvons pas tromper Jésus. Il nous connait de l’intérieur. » Il a ainsi fustigé ceux qui jouent un double-jeu, ceux qui jouent aux catholiques proches de l’Église et qui vivent ensuite comme un païen. « On ne peut pas faire semblant d’être des saints et fermer les yeux, et ensuite mener une vie qui ne soit pas celle que veut Jésus. » Ces gens résume le Pape, ce sont des « hypocrites ». D’où cet appel aux fidèles d’entrer dans leur cœur. « Si tu dis à Jésus “je suis un pécheur”, il ne s’effraie pas. »

Si chacun reconnait ses péchés, si chacun sait regarder en face ses propres fautes, alors il ouvre sa porte à Jésus et lui pourra ainsi nettoyer notre âme, non avec un fouet comme il nettoya le temple des marchands, mais avec la miséricorde. C’est ainsi que « Jésus aura confiance en nous. »

Être proches des gens

Les paroles les plus fortes, le Pape les a eues en rencontrant le conseil pastoral de la paroisse et les animateurs. « Les habitants de Tor Bella Monaca sont bons, ce sont de bonnes personnes. Ils ont seulement un défaut, mais c’est le même défaut qu’avaient Jésus, Marie et Joseph : être pauvres. Avec la différence que Joseph avait un travail, que Jésus avait un travail. Tant de personnes ici n’en ont pas. » Et le Pape ajoute : « comment s’arrange-t-on ? vous le savez ! la tentation. » Voilà le « drame » que doivent affronter les habitants de ce quartier pauvre de Rome, marqué par le chômage depuis tant d’années. « Les mafieux profitent des gens pauvres pour leur faire faire le sale boulot, et puis, après, la police trouve ces pauvres gens mais pas les mafieux, qui sont tous bien au chaud. »

Pour éviter que ces personnes sans travail soient contraintes de voler un morceau de pain ou de viande pour nourrir leurs enfants, ou tombent dans les rets de la mafia, le Pape adresse ce conseil aux animateurs du conseil pastoral : « être proches des gens. » « Nous devons aller avec cette caresse que Jésus nous a enseigné. Parce que cela ne sert à rien d’aller manifester contre l’injustice en criant et puis après aller manger une belle pizza et boire une bière. »

Et d’insister sur cette nécessité d’être proches des gens : « n’ayez pas peur des caresses. Caressez les gens, les malades, les personnes seules même celles qui méritent le nom de misérables. Proximité, caresse, amour » : voilà le triptyque sur lequel doivent se baser les animateurs des centres pastoraux.

femmes bâtissant une société plus humaine

08-03-2015 Radio Vatican

Sous un beau soleil place Saint-Pierre pour l’angélus de ce dimanche 8 mars, journée de la femme, le Pape François n’a pas manqué d’ailleurs de saluer « toutes les femmes qui chaque jour cherchent à construire une société plus humaine et plus accueillante ». Il a alors adressé « un merci fraternel à celles qui, de mille manières, sont des témoins de l’Évangile et travaillent dans l’Église ».

Le Pape a alors profité de cette occasion pour rappeler à ses yeux « l’importance des femmes et la nécessité de leur présence dans la vie. Un monde où les femmes sont marginalisés, est un monde stérile parce que les femmes ne portent pas seulement la vie, elles nous transmettent la capacité de voir plus loin, au-delà d’elles-mêmes. Elles nous transmettent la capacité de comprendre le monde avec des yeux différents, de sentir les choses avec un cœur plus créatif, plus patient, plus tendre. » Il a alors donné sa bénédiction à toutes les femmes présentes place Saint-Pierre et à toutes les autres.

Le corps de Jésus est le temple

Auparavant, avant la prière de l’angélus, le Pape est revenu sur l’Évangile de ce troisième dimanche de Carême. Jésus chasse les marchands du Temple. A ceux qui lui demandent un geste divin qui confirme qu’il est l’envoyé de Dieu, Jésus répond : « Détruisez ce sanctuaire, et en trois jours je le relèverai. » Le Pape explique que ces personnes n’avaient pas compris que « le Seigneur faisait référence au temple vivant de son corps, qui aurait été détruit lors de sa mort sur la croix, mais serait ressuscité le troisième jour. »

« Ce geste de Jésus et son message prophétique se comprennent pleinement à la lumière de sa Pâque. Son corps deviendra lors dans la Résurrection le lieu du rendez-vous universel entre Dieu et les hommes. Son humanité est le vrai temple où Dieu se révèle, parle et se fait connaitre, et les vrais adorateurs de Dieu ne sont pas les gardiens du temple matériel, les détenteurs du pouvoir et du savoir religieux, mais ceux qui adorent Dieu en esprit et en vérité. »

A ce temple de Jésus correspond un autre temple, celui que « nous construisons pour Dieu, dans notre vie ». Pour ce faire, nous devons marcher dans le monde comme Jésus et faire « de toute notre existence un signe de son amour pour nos frères, spécialement les plus faibles et les plus pauvres ». Après la prière de l’angélus, le Pape a d’ailleurs demandé aux fidèles de chercher à être, durant ce Carême, « plus proches des personnes qui vivent des moments de difficultés : proches avec affection, dans la prière et en étant solidaires ».

Laissons entrer Jésus dans nos cœurs

L’objectif de ce temple que nous construisons est de favoriser la rencontre entre Dieu et toutes les personnes que nous rencontrons sur notre route. Le Pape se demande toutefois si nous permettons au Seigneur de « faire le ménage dans notre cœur et de chasser les idoles, c’est-à-dire la cupidité, la jalousie, la mondanité, l’envie, la haine, cette habitude de médire et de critiquer les autres ». Il ne faut pas avoir peur de demander à Jésus de faire le ménage dans nos cœurs car « Jésus ne donne jamais de coup de bâton. Jésus fait le ménage avec tendresse, avec miséricorde et avec amour ».

« Chaque eucharistie que nous célébrons avec foi nous fait croitre comme temple vivant dans le Seigneur, grâce à la communion avec son corps crucifié et ressuscité. »

Pour finir, le Pape invite les fidèles à laisser entrer Jésus « dans notre vie, dans notre famille et dans nos cœurs ».