Conception virginale de Jésus

Vierge du Magnificat« Dans toute génération naturelle, c’est l’homme, conscient de son pouvoir, fort de sa volonté, fier de sa puissance créatrice, l’homme autonome et souverain, qui se trouve au premier plan. Le processus de la génération naturelle ne serait donc pas un signe adéquat au Mystère qu’il s’agit d’indiquer ici […] L’union sexuelle […] ne saurait entrer en considération comme signe de l’Agapé divine, qui, elle, ne cherche pas son intérêt. La volonté de puissance et de domination de l’homme, telle qu’elle s’exprime en particulier dans l’acte sexuel, indique tout autre chose que la majesté de la miséricorde divine. Voilà pourquoi c’est la virginité de Marie, et non pas l’union de Joseph et de Marie, qui est le signe de la Révélation et la connaissance du Mystère de Noël […] »

« L’histoire de l’humanité […] est en fait une histoire de mâles, une histoire d’œuvres et d’entreprises masculines […]. Dans cette perspective on saisit mieux le signe du Mystère de Noël, selon toute sa portée. Le fait que Jésus n’a pas de père terrestre mérite attention. L’homme, conscient de son vouloir et de son pouvoir, l’homme, créateur et maître, ne saurait participer à l’œuvre de Dieu […]. Il faut donc que le mâle soit exclu lorsqu’un signe devient nécessaire pour indiquer l’Incarnation […] L’Église sait très bien ce qu’elle a fait lorsqu’elle a placé ce dogme (la Conception virginale) comme une sentinelle au seuil du mystère de Noël. »

Karl Barth, Dogmatique, éd. française, vol. 1 t. 2 fasc. 1 pp. 180-181.