Les mots du Pape Paul VI résonnent encore actuels, alors qu’affirmant à nouveau la priorité de l’évangélisation, il rappelait à tous les fidèles : « Il se serait pas inutile que chaque chrétien et chaque évangélisateur approfondisse dans la prière cette pensée : les hommes pourront se sauver aussi par d’autres chemins, grâce à la miséricorde de Dieu, même si nous ne leur annonçons pas l’Évangile ; mais nous, pouvons-nous nous sauver si par négligence, par peur, par honte – ce que saint Paul appelait ‘rougir de l’Évangile’ – ou par suite d’idées fausses nous omettons de l’annoncer ? »
Dès son origine, l’Église a dû affronter de semblables difficultés, en expérimentant le péché de ses membres. L’histoire des disciples d’Emmaüs, lue hier dans la liturgie eucharistique (cf. Lc 24, 13-35), est emblématique de la possibilité d’une connaissance du Christ vouée à l’échec. Les deux disciples parlaient d’un mort (cf. Lc 24, 21-24), de leur frustration et de leur espérance perdue. Ils représentent, pour l’Église de toujours, la possibilité d’apporter une annonce qui n’est pas source de vie, mais qui garde enfermés dans la mort le Christ annoncé, les annonceurs et, en conséquence, les destinataires aussi de l’annonce. Il en est de même à propos de l’épisode rapporté par l’évangéliste Jean dans la liturgie de ce jour (cf. Jn 21, 1-14), celui des disciples qui, séparés du Christ, sont en train de pêcher mais vivent leurs actions sans profit. Et, comme pour les disciples d’Emmaüs, ce n’est que lorsque le Ressuscité se manifeste, qu’ils retrouvent la confiance, la joie de l’annonce, le fruit de leur action évangélisatrice. C’est uniquement en se rapportant avec force au Christ que celui qui avait été désigné pour être un « pêcheur d’hommes » (Lc 5, 10), Pierre, peut à nouveau jeter ses filets avec succès, en se fiant à la parole de son Seigneur.
D’APRÈS LE SYNODE DES ÉVÊQUES XIIIème ASSEMBLÉE GÉNÉRALE ORDINAIRE – LA NOUVELLE ÉVANGÉLISATION POUR LA TRANSMISSION DE LA FOI CHRÉTIENNE N° 37-38 – CITÉ DU VATICAN – 2012