
Une grâce particulière s’exprime avec ferveur dans le «MOIS DE MARIE*», dont l’épanouissement, rapide comme celui de certaines fleurs d’exception, marqua la fin de l’ancien régime et vint contraster avec l’impiété de son agonie et l’inconscience des temps nouveaux.
Tour à tour attribué à saint Philippe de Néri qui en eut évidemment l’esprit de confiance ; aux Jésuites qui en adoptèrent les ferveurs ; aux Camilliens qui en voulurent les premiers la forme ecclésiale, le mois de Marie réalisait une pensée antique. En effet, moins païenne que primitive, une célébration populaire du renouveau, bientôt offerte à Marie, s’accuse à travers tout le Moyen Age, préparant la tendre fête moderne du mois des fleurs.
Des chants qui sont presque des chansons, les mots de la langue maternelle, ces fleurs de l’âme apportées avec les fleurs des champs à l’autel de Marie qu’illuminent en même temps la clarté des cierges et celle des plus beaux soirs, voilà une « liturgie intime » (eût dit Verlaine) qui exauce les plus purs instincts du cœur, aussi les plus profonds.
C’est le mois de Marie,
C’est le mois le plus beau.
Ce naïf cantique d’un jésuite injustement oublié, le Père Lambillotte, obtint l’immortalité de ces airs populaires qui ne quittent plus la mémoire de la foule, qui demeurent à jamais liés à son âme innombrable. N’en dédaignons pas plus la vulgarité que celle des fleurettes en qui s’émeuvent d’abord les forces les plus profondes de la nature, celles dont l’éclosion signifiera toute l’aventure des esprits et des cœurs.
Le regret des printemps, la « recherche du temps perdu », résument et pleurent nos destins.
E. Joly
* voir le mot – très marial – de Benoit XVI dimanche 10 mai 2009 (il y a10 ans!) lors du Regina Caeli depuis Amman (Jordanie)