Notre Dame de Bonaria à Cagliari
22-09-2013 source : Radio Vatican
Le pape François a fait le geste de s’exprimer en sarde, dimanche matin, à l’occasion de la messe célébrée, devant une marée humaine, au Sanctuaire de Notre Dame de Bonaria, à Cagliari, en Sardaigne. Un Sanctuaire dont la ville natale du pontife argentin, Buenos Aires, tire son nom. Ce nom a, en effet, été choisi au XVI° siècle par des marins sardes qui avaient une dévotion pour Notre Dame de Bonaria. Son homélie, le Saint-Père a voulu la commencer par une invocation en sarde et la conclure par une prière à la Vierge Marie, toujours dans la langue du lieu.
Une homélie dans laquelle il a évoqué la puissance de la prière, et l’intercession de Marie. «Marie nous apprend que Dieu ne nous abandonne pas, il peut faire de grandes choses même avec notre faiblesse.» Nous avons besoin, selon lui, du regard maternel de Marie, plein de tendresse et de compassion. «Marie, prie, prie ensemble avec la communauté des disciples et nous enseigne à avoir pleine confiance en Dieu, dans sa miséricorde. C’est la puissance de la prière ! Elle ne se lasse pas de frapper à la porte de Dieu !»
Et le Saint-Père a prié la Sainte Vierge de nous donner son regard qui accueille, accompagne et protège : « Aujourd’hui, je suis venu parmi vous, en effet, nous venons tous ensemble pour répondre au regard de Marie. Nous avons besoin de votre regard attendri, de votre regard maternel qui nous connaît mieux que quiconque, les yeux pleins de compassion et de soins. Marie, aujourd’hui, nous voulons vous dire : Mère, donnez-nous votre regard ! Votre regard nous conduit à Dieu,votre regard est un bon cadeau du Père, qui nous attend à chaque tournant de notre chemin, c’est un don de Jésus-Christ sur la croix, qui prend sur lui nos souffrances, nos luttes, notre péché. »
Marie nous invite à être des frères, dit le Pape, parce que nous ne sommes pas seuls sur notre chemin, nous sommes un peuple. Laissons-nous apprendre d’elle à regarder ceux qui ont le plus besoin et qu’on considère instinctivement moins. Ne permettons pas que quelque chose ou quelqu’un se mettent entre nous et le regard de la Vierge. N’ayons pas peur de porter sur les autres un regard fraternel, et n’oublions pas que sur notre chemin, malgré les difficultés, nous ne sommes jamais seuls. »
A la fin de la messe, devant la statue de la Vierge, placée près de l’autel, le pape a prononcé l’acte de consécration de tous à Notre-Dame de Bonaria à laquelle il confie tout :
« Je prie pour chaque famille de cette ville et de cette région (…) pour les jeunes, les personnes âgées et les malades, pour ceux qui sont seuls et pour ceux qui sont en prison pour ceux qui ont faim et pour ceux qui ne trouvent pas de travail, et pour ceux qui ont perdu l’espoir et pour ceux qui n’ont pas la foi. Je vous prie aussi pour les dirigeants et les éducateurs. »
Il a conclu : « douce Mère, montre-nous Jésus et enseigne-nous à faire toujours et seulement ce qu’Il nous dira. » Avant de réciter l’Angélus, le pape François a remercié ceux qui, pour diverses raisons, ont collaboré à organiser sa visite. Ses pensées vont à tous les nombreux sanctuaires mariaux de la Sardaigne. « Votre terre a un lien fort avec Marie, un lien que vous montrez dans votre dévotion et votre culture. Soyez toujours de vrais enfants de Marie et de l’Église, et prouvez-le par votre vie ».
Le Pape tance les dirigeants politiques incapables de résoudre la crise
Après le vibrant discours qu’il avait adressé au monde du travail, dès son arrivée à Cagliari, avant la célébration de la messe, le pape François a profité de cette célébration pour lancer une mise en garde contre les bonimenteurs qui promettent des illusions. Il s’est alors livré à une critique sévère des politiques qui ne résolvent pas les problèmes. Pour sortir de la crise – a-t-il martelé – les responsables des institutions doivent assurer avec loyauté le respect des droits fondamentaux des personnes et des familles et promouvoir une société plus fraternelle et solidaire.
Le pape François a donc exhorté les fidèles à porter un regard fraternel surtout sur ceux qui en ont plus besoin et auxquels généralement on attache moins d’importance : ceux qui sont abandonnés, les malades, ceux qui manquent de tout, les jeunes sans emploi, ceux qui ne connaissent pas Jésus….. Répondant à son invitation, les fidèles ont répété avec lui : Marie, donne-nous ton regard.
Le Pape appelle à la solidarité et à l’intelligence face à la crise économique
En visite à Cagliari, en Sardaigne, dimanche matin, le pape François s‘est ému du drame que représente la crise de l’emploi sur l’île. Dès son arrivée, le Saint-Père a voulu s’adresser au monde du travail pour répondre aux problèmes et aux attentes de la population. La rencontre a été marquée par les témoignages touchants d’un ouvrier, d’un chef d’entreprise et d’un agriculteur. Après avoir lu la première partie du discours qu’il avait préparé, le Pape est sorti de son texte pour manifester sa proximité avec les jeunes chômeurs, avec ceux qui sont en arrêt de travail ou en situation précaires avec les chefs d’entreprise et les commerçants qui n’arrivent pas à joindre les deux bouts.
« C’est une situation que je connais bien, par mon expérience en Argentine » – a-t-il confié, évoquant le cas de sa famille. Son père a quitté son pays quand il était jeune avec l’illusion de trouver son chemin en Amérique. « Il a beaucoup souffert lors de la terrible crise des années ’30. Ils ont tout perdu ! On ne trouvait pas de travail ! Et j’ai entendu parler de cela pendant mon enfance à la maison ». Fort de son expérience le pape François a eu des paroles d’encouragement pour la population sarde. Il a appelé à la solidarité et à l’intelligence pour relever ce défi historique.
Le pape dénonce l’idolâtrie de l’argent
Ils étaient des milliers à l’écouter dans un climat empreint d’émotion. Sous les ovations, le pape a alors noté avec tristesse que les personnes touchées par le chômage ont le sentiment de perdre leur dignité. « Où il n’y a pas de travail, c’est la dignité qui manque ! » – a-t-il lancé en soulignant que la Sardaigne et l’Italie ne sont pas les seules régions du monde concernées. Et le Saint-Père s’en est pris ouvertement au système économique, au choix mondial, qui a mené à cette tragédie : « Un système économique dont le cœur est une idole qui s’appelle argent. Un système dépourvu d’éthique où c’est l’argent qui commande. Or Dieu veut que les hommes et les femmes soient au centre du monde avec leur travail ».
Ce sont les plus faibles – note encore François – qui paient les conséquences de ce système économique idolâtre : les personnes âgées qu’on laisse tomber, les jeunes qui ne trouvent pas d’emploi ….. Et le Pape a suscité l’enthousiasme de la foule en scandant : « Travail, travail, travail…. Il faut prier pour le travail. Le travail c’est la dignité, c’est subvenir aux besoins de sa famille, travailler cela veut dire aimer ! ». Le Souverain Pontife a exhorté ses auditeurs à réclamer un système juste, à rejeter ce système économique globalisé qui cause tant de souffrance. Il avait préparé un texte qu’il remettra à l’évêque de Cagliari, mais en regardant la foule – a-t-il expliqué – il a préféré parler du fond du cœur.