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Savons-nous défendre les enfants ?

25-05-2014 source : Radio Vatican

C’est au cœur de Bethléem, Place de la Mangeoire, devant la Basilique de la Nativité que le Pape célèbre une grand messe pour les chrétiens de Terre Sainte, du moins, ceux qui ont réussi à venir jusqu’ici dans cette enclave, en ayant les autorisations requises. Quelques 10 000 fidèles, dont une poignée venue par miracle de la Bande de Gaza, d’autres de Galilée, -où le Pape n’ira pas-, de Jérusalem aussi, où pour les chrétiens il sera ensuite difficile de retrouver ou seulement voir le successeur de Pierre, tant les mesures de sécurité sont draconiennes. Et pas mal de quartiers sont bouclés.

Homélie centrée sur l’enfant

Le Pape des pauvres et des exclus, comme titrait ce dimanche matin la presse palestinienne, a célébré la messe de Noël, sur fond d’une grande peinture représentant la crèche, avec notamment pour personnages les Papes Paul VI, Jean-Paul II, et Benoît XVI en adoration. La place de la Mangeoire, inondée de soleil, résonnait de chants de Noël, que les fidèles entonnaient avec ferveur.

Une liturgie en latin et en arabe durant laquelle le Pape François nous a livré une très belle homélie centrée sur l’enfant. L’enfant signe d’espérance, signe de vie, mais baromètre pour comprendre l’état de santé d’une famille, d’une société, du monde entier. « Quand les enfants sont accueillis, aimés, défendus, protégés dans leurs droits, a déclaré le Pape, la famille est saine, la société est meilleure, le monde est plus humain ». Et le Pape rappelait qu’aujourd’hui également les enfants ont besoin d’être accueillis et défendus.

Savoir écouter les enfants, les défendre

« Malheureusement, dans notre monde qui a développé les technologies les plus sophistiquées, il y a encore de nombreux enfants dans des conditions inhumaines, qui vivent en marge de la société, dans les périphéries des grandes villes ou dans les zones rurales. De nombreux enfants aujourd’hui encore sont exploités, maltraités, tenus en esclavage, objets de violence et de trafics illicites. De nombreux enfants sont aujourd’hui déracinés, réfugiés, parfois noyés dans les mers, spécialement dans les eaux de la Méditerranée. De tout cela nous avons honte aujourd’hui devant Dieu, ce Dieu qui s’est fait Enfant ».

Le Pape François recommandait de savoir écouter les enfants, de vouloir les défendre, de prier pour eux et avec eux. Car dans notre monde du rebut quotidien de tonnes de nourriture et de médicaments, des enfants aujourd’hui encore pleurent de faim, et souffrent de maladies. Et le Pape de condamner une fois encore le trafic d’armes qui finissent dans les mains d’enfants-soldats, la main-d’œuvre des petits travailleurs esclaves pour les multinationales.

Chaque enfant et ses conditions de vie doivent provoquer une interrogation sur l’état de santé de notre monde. « De ce diagnostic franc et honnête, peut jaillir un nouveau style de vie, où les relations ne soient plus de conflit, d’oppression, de ‘‘consommation’, mais soient des relations de fraternité, de pardon et de réconciliation, de partage et d’amour ».

Étape imprévue au mur de séparation

Le Patriarche Twal lui aussi devait parler des enfants, des enfants de Terre Sainte, dénonçait-il, pour lesquels il n’y a plus de place dans les législations, qui sont absents des négociations pour une paix qui ne trouve pas le chemin pour arriver jusqu’à nous, une paix qui ne réussit pas à détruire les murs de la peur et de la méfiance qui entourent cette ville de Bethléem.

Des murs que le Pape a pu voir se dresser devant lui et toucher du doigt. Décidé à marquer les esprits, et espérons, les coeurs, le Pape François se rendant au coeur de Bethléem a fait arrêté le convoi au pied du Mur de séparation, le Mur de sécurité construit par les israéliens pour isoler les territoires palestiniens. Au pied d’une impressionnante tour de guet, couverte de barbelés et de graffitis réclamant la liberté, le Pape a prié.

Le Pape François arrive en Jordanie

24-05-2014 source : Radio Vatican

Le Pape François est arrivé en Jordanie, première étape de son voyage apostolique. Il a été accueilli à sa descente d’avion par le représentant du Roi Abdallah II, le Patriarche latin de Jérusalem et le custode de Terre Sainte. Des enfants lui ont offert un bouquet d’iris noirs, la fleur nationale du Royaume hachémite de Jordanie. De nombreux fidèles, jordaniens bien sûr, mais également Syriens, Libanais, Irakiens et Égyptiens, venus spécialement pour l’occasion, étaient présents. Le Pape s’est ensuite rendu au Palais Al-Husseini d’Amman, résidence des souverains de Jordanie. Il a été accueilli par le Roi Abdallah II et sa femme. Le Pape François s’est ensuite retiré à l’intérieur pour un entretien privé avec le Roi, et une rencontre avec la famille royale.

Après, le Pape François a rencontré les plus hautes autorités du royaume hachémite, les chefs religieux et le corps diplomatique, soit quelque 300 personnes rassemblées dans le grand salon du palais. Le Roi Abdallah II a chaleureusement souhaité la bienvenue au Pape, saluant son engagement pour la Paix et l’harmonie entre les religions et les cultures. Il a d’ailleurs annoncé la tenue au Vatican, en novembre prochain, d’une rencontre en vue de promouvoir le dialogue interreligieux.

Le Pape s’est adressé, à son tour, au Roi et à son auditoire. Dans son discours, il a évoqué les deux principaux conflits qui déchirent la région : la crise syrienne et le conflit israélo-palestinien. Il a exprimé sa douleur face à la permanence de fortes tensions au Moyen-Orient et a également tenu à renouveler son profond respect et son estime pour la communauté musulmane tout en plaidant en faveur du respect de la liberté religieuse partout au Moyen Orient et dans le monde entier.

Le Pape a rendu un hommage appuyé à la Jordanie, un pays qui accueille généreusement des réfugiés palestiniens, irakiens et syriens et qui mérite l’estime et le soutien de la communauté internationale. Il a par ailleurs exprimé sa reconnaissance aux autorités du Royaume hachémite pour avoir encouragé diverses initiatives importantes en faveur du dialogue interreligieux, parmi lesquelles le Message Interreligieux d’Amman. Le Pape a enfin souhaité que sa visite en Jordanie contribue à augmenter et à promouvoir les bonnes et cordiales relations entre chrétiens et musulmans.

Discours du Pape aux autorités jordaniennes 24-05-14

C’est dans le Stade international de Amman que le Pape François a pu nouer le contact avec des dizaines de milliers de fidèles, lors d’une messe célébrée sous les portraits des Papes Jean XXIII et Jean-Paul II. Messe très recueillie, mais aussi décontractée, et chantée en arabe, durant laquelle 1 400 enfants ont fait leur première communion, visiblement réjouis.

Le Pape dans son homélie a offert une longue réflexion sur l’Esprit Saint, et son action dans le Christ et en nous. L’Esprit saint prépare, il oint, il envoie.

La paix est un don qu’on reçoit

La mission de l’Esprit Saint est de générer l’harmonie, et de faire la paix dans les différents contextes et entre des sujets divers. Il nous faut donc lui demander de préparer la route de la paix et de l’unité. Avec l’onction de l’Esprit, notre humanité est marquée de la sainteté de Jésus Christ et cette onction nous rend capables d’aimer nos frères. Il est donc nécessaire de poser des gestes d’humilité, de fraternité, de pardon, de réconciliation : les prémices et la condition pour une paix vraie, solide et durable.

Et comme l’Esprit aussi envoie, nous sommes envoyés comme messagers de paix. Or, la Paix n’est pas un bien qu’on achète. « La paix ne peut s’acheter : elle est un don à recevoir avec patience et à construire ‘de manière artisanale’ par des petits et des grands gestes qui impliquent notre vie quotidienne. Le chemin de la paix se consolide si nous reconnaissons que nous avons tous le même sang et faisons partie du genre humain ; si nous n’oublions pas que nous avons un unique Père céleste et que nous sommes tous ses enfants, faits à son image et à sa ressemblance. »

Message pour les réfugiés chrétiens

Le Pape s’est adressé alors de manière particulière aux nombreux réfugiés chrétiens provenant de la Palestine, de la Syrie et de l’Irak : « portez à vos familles et à vos communautés mon salut et ma proximité » leur a-t-il dit. Rappelons que la Jordanie a dû faire face à un flux énorme de réfugiés venus de Syrie pour échapper à la guerre. Des centaines de milliers de familles, venues s’ajouter à d’autres populations réfugiées, palestinienne et irakienne, arrivées avec d’autres vagues d’émigration.

A la fin de la messe, le patriarche latin de Jérusalem, S.B. Fouad Twal s’est adressé au Pape, rappelant la situation des chrétiens en Jordanie, soulignant combien sa visite était un signe d’espérance pour une terre tourmentée et divisée, comparant le Pape François au nouveau St Jean-Baptiste, patron de la Jordanie, le Précurseur qui appelle à la conversion du cœur avant la venue du Messie. Le Patriarche a également profité de ce discours pour demander au Pape la canonisation de Sœur Marie-Alphonsine, palestienne, fondatrice de la congrégation des Sœurs du Rosaire, unique congrégation autochtone de Terre Sainte.

Homélie du Pape dans stade d’Amman 24 05 14

Le Pape François a ensuite quitté Amman pour sa prochaine étape : Béthanie au delà du Jourdain, le site du baptême du Christ, où il doit rencontrer des réfugiés syriens ainsi que de jeunes handicapés.

Comment nouer le dialogue

24-01-2014 source : L’Osservatore Romano

Le dialogue se noue à travers l’humilité, même au prix d’ « avaler des couleuvres », parce qu’il ne faut pas laisser grandir dans notre cœur « des murs » de ressentiment et de haine. Ce sont les mots du Pape François à la Messe célébrée vendredi matin, 24 janvier, mémoire liturgique de saint François de Sales, dans la chapelle de la Maison Sainte-Marthe.

Le point de départ de l’homélie a été le passage du premier livre de Samuel (24, 3-21), qui raconte la confrontation entre Saul et David. « Hier nous avons entendu la parole de Dieu » qui nous faisait voir ce que fait la jalousie, ce que fait l’envie dans les familles, dans les communautés chrétiennes ». Ce sont des attitudes négatives qui « conduisent toujours à beaucoup de disputes, de divisions. Voire à la haine ». Et « cette histoire nous l’avons vue dans le cœur de Saul contre David: il éprouvait cette jalousie » au point « qu’il voulait le tuer ».

Mais « aujourd’hui la parole de Dieu nous fait voir une autre attitude : celle de David ». Qui « savait très bien » qu’il était « en danger ; il savait que le roi voulait le tuer. Et il s’est trouvé dans la situation de pouvoir tuer le roi : et cela aurait été la fin de l’histoire ». Pourtant « il a choisi une autre voie » ; il a préféré « la voie du rapprochement, pour éclaircir la situation, s’expliquer. La voie du dialogue pour faire la paix ».

En revanche le roi Saul «ruminait dans son cœur cette amertume », il insultait « David parce qu’il croyait qu’il était son ennemi. Et celle-ci grandissait dans son cœur ». Malheureusement, « ces pensées grandissent toujours lorsque nous les écoutons, à l’intérieur de nous. Et elles forment un mur qui nous éloigne de l’autre personne ». Ainsi finissons-nous par rester « isolés dans ce bouillon amer de notre ressentiment ».

« Humilité, douceur et se faire tout pour tous » sont les trois éléments de base du dialogue. Mais même si « ce n’est pas écrit dans la Bible, nous savons tous que pour faire ces choses-là, il faut avaler beaucoup de couleuvres : nous devons le faire parce que c’est ainsi qu’on fait la paix ! ». On fait la paix « avec l’humilité, l’humiliation ». Il faut la disponibilité à reconnaître face à l’autre : « Écoute, excuse-moi, moi j’ai cru cela… ». La juste attitude est « s’humilier : il est toujours bon de faire le pont, toujours, toujours ! ». Tel est le style de qui veut « être chrétien » ; même si « Ce n’est pas facile, pas facile ! ».

Le Pape a ensuite suggéré un autre conseil pratique : pour ouvrir le dialogue « il est nécessaire que ne passe pas trop de temps ». Les problèmes en effet doivent être affrontés « le plus tôt possible, au moment où on peut le faire dès qu’est passée la tourmente ». Il faut immédiatement « s’approcher du dialogue, parce que le temps fait grandir le mur », « comme il fait grandir la mauvaise herbe qui empêche au blé de pousser ». Et « quand les murs grandissent, la réconciliation est très difficile ». L’évêque de Rome a fait référence au mur à Berlin qui pendant des années a été un élément de division. Et il a noté que « dans notre cœur aussi » il y a la possibilité de devenir comme à Berlin, avec un mur élevé vers les autres. D’où l’invitation à « ne pas laisser passer trop de temps » et « à chercher la paix le plus tôt possible ».

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Le Pape a reçu dans la matinée François Hollande qui a effectué ce vendredi sa première visite au Vatican, vingt mois après son élection alors qu’il s’était déjà rendu quatre fois en Italie. Lire la suite →