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Messagers de paix et d’unité

Messagers de paix et d’unité

VOYAGE APOSTOLIQUE DE SA SAINTETÉ FRANÇOIS AU KAZAKHSTAN
(13-15 SEPTEMBRE 2022)

LECTURE DE LA DÉCLARATION FINALE ET CONCLUSION DU CONGRÈS

DISCOURS DU SAINT-PÈRE

Palais de l’Indépendance, Noursoultan
Jeudi 15 septembre 2022

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Chers frères et sœurs!

Nous avons cheminé ensemble. Merci d’être venus de différentes parties du monde, apportant ici la richesse de vos croyances et de vos cultures.

Merci d’avoir vécu intensément ces jours de partage, de travail et d’engagement au nom du dialogue, encore plus précieux en une période si difficile, sur laquelle pèse, en plus de la pandémie, la folie insensée de la guerre. Il y a trop de haines et de divisions, trop d’absence de dialogue et de compréhension de l’autre: dans le monde globalisé, cela est encore plus dangereux et scandaleux.

Nous ne pouvons pas continuer à être connectés et séparés, connectés et déchirés par trop d’inégalités. Merci donc pour les efforts visant à la paix et à l’unité. Merci aux Autorités locales, qui nous ont accueillis, en préparant et en organisant ce Congrès avec grand soin, mais aussi à la population amicale et courageuse du Kazakhstan, capable d’embrasser d’autres cultures tout en préservant sa noble histoire et ses précieuses traditions. Kiop raqmet! Bolshoe spasibo! Thank you very much!

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Ma visite, qui touche maintenant à sa fin, a pour mot d’ordre Messagers de paix et d’unité. Ce mot d’ordre est au pluriel, car le chemin est commun. Et ce septième Congrès, que le Très-Haut nous a donné la grâce de vivre, a marqué une étape importante. Depuis sa création en 2003, l’évènement a pour modèle la Journée de prière pour la paix dans le monde convoquée en 2002 par Jean-Paul II à Assise, pour réaffirmer la contribution positive des traditions religieuses au dialogue et à la concorde entre les peuples.

Après ce qui s’est passé le 11 septembre 2001, il était nécessaire de réagir, et de réagir ensemble, au climat incendiaire auquel la violence terroriste voulait inciter et qui risquait de faire de la religion un facteur de conflit. Mais le terrorisme pseudo-religieux, l’extrémisme, le radicalisme, le nationalisme masqué de sacralité suscitent encore des craintes et des inquiétudes à propos de la religion. Ainsi, il a été providentiel ces jours-ci de nous retrouver et d’en réaffirmer sa véritable et indispensable essence.

À ce propos, la Déclaration de notre Congrès affirme que l’extrémisme, le radicalisme, le terrorisme et toute autre incitation à la haine, à l’hostilité, à la violence et à la guerre, quelle que soit la motivation ou l’objectif qu’ils se fixent, n’ont rien à voir avec l’esprit religieux authentique et doivent être rejetés dans les termes les plus décisifs possibles (cf. n. 5): condamnés, sans «si» et sans «mais».

De plus, partant du fait que le Tout-Puissant a créé tous les hommes égaux, quelle que soit leur appartenance religieuse, ethnique ou sociale, nous avons convenu que le respect et la compréhension mutuels doivent être considérés comme essentiels et indispensables dans l’enseignement religieux (cf. n. 13).

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Le Kazakhstan, au cœur du grand et décisif continent asiatique, était le lieu naturel pour nous rencontrer. Son drapeau nous a rappelé la nécessité de maintenir une relation saine entre la politique et la religion. En effet, si l’aigle royal, présent sur la bannière, rappelle l’autorité terrestre, en rappelant les empires antiques, le fond bleu évoque la couleur du ciel, la transcendance. Il y a donc un lien sain entre la politique et la transcendance, une coexistence saine qui maintient les sphères distinctes.

Distinction, et non confusion ou séparation. «Non» à la confusion, pour le bien de l’être humain, qui a besoin, comme l’aigle, d’un ciel libre pour voler, un espace libre et ouvert à l’infini qui ne soit pas limité par le pouvoir terrestre. Une transcendance qui, en revanche, ne doit pas céder à la tentation de se transformer en pouvoir, sinon le ciel tomberait sur terre, l’au-delà divin serait emprisonné dans l’aujourd’hui terrestre, l’amour du prochain dans des choix partisans.

«Non» à la confusion, donc. Mais «non » également à la séparation entre politique et transcendance, car les plus hautes aspirations humaines ne peuvent être exclues de la vie publique et reléguées à la seule sphère privée. Par conséquent, que ceux qui souhaitent exprimer légitimement leur croyance soient toujours et partout protégés. Combien de personnes, pourtant, sont encore persécutées et discriminées pour leur foi!

Nous avons demandé avec insistance aux gouvernements et aux organisations internationales compétentes à venir en aide aux groupes religieux et aux communautés ethniques qui ont subi des violations de leurs droits humains et de leurs libertés fondamentales, ainsi que des violences commises par des extrémistes et des terroristes, notamment à la suite de guerres et de conflits militaires (cf. n. 6).

Il faut surtout s’engager pour que la liberté religieuse ne soit pas un concept abstrait, mais un droit concret. Défendons pour tous le droit à la religion, à l’espérance, à la beauté: au Ciel. Car non seulement le Kazakhstan, comme le proclame son hymne, est un «Ciel de soleil d’or», mais tout être humain: chaque homme et chaque femme, dans son irremplaçable unicité, s’il est en contact avec le divin, peut irradier une lumière particulière sur la terre.

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C’est pourquoi l’Église catholique, qui ne se lasse pas de proclamer la dignité inviolable de toute personne, créée «à l’image de Dieu» (cf. Gn 1, 26), croit aussi à l’unité de la famille humaine. Elle estime que «tous les peuples forment, en effet, une seule communauté; ils ont une seule origine, puisque Dieu a fait habiter tout le genre humain sur toute la face de la terre» (Conc. Ecum. Vat. II, Déclaration Nostra aetate, n. 1).

C’est pourquoi, depuis le début de ce Congrès, le Saint-Siège y a activement participé, notamment à travers le Dicastère pour le Dialogue Interreligieux. Et il veut continuer ainsi: la voie du dialogue interreligieux est une voie commune de paix et pour la paix et, comme telle, elle est nécessaire et sans retour. Le dialogue interreligieux n’est plus seulement une chance, c’est un service urgent et irremplaçable rendu à l’humanité, à la louange et à la gloire du Créateur de tous.

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Frères et sœurs, en pensant à ce cheminement commun, je me demande: quel est notre point de convergence? Jean-Paul II – qui a visité le Kazakhstan il y a vingt et un ans en ce même mois – a affirmé que «toutes les routes de l’Église conduisent à l’homme» et que l’homme est «la route de l’Église» (Lett. enc. Redemptor hominis, n. 14).

Je voudrais dire aujourd’hui que l’homme est aussi la voie de toutes les religions. Oui, l’être humain concret, affaibli par la pandémie, terrassé par la guerre, blessé par l’indifférence! L’homme, créature fragile et merveilleuse, qui « s’évanouit sans Créateur » (Conc. Ecum. Vat. II, Const. past. Gaudium et spes, n. 36) et qui n’existe pas sans les autres!

Il faut penser au bien de l’être humain plus qu’aux objectifs stratégiques et économiques, aux intérêts nationaux, énergétiques et militaires, avant de prendre des décisions importantes. Pour faire des choix vraiment grands, il faut penser aux enfants, aux jeunes et à leur avenir, aux personnes âgées et à leur sagesse, aux gens ordinaires et à leurs vrais besoins.

Et nous élevons la voix pour crier que la personne humaine ne se réduit pas à ce qu’elle produit ou gagne; qu’elle doit être acceptée et jamais rejetée; que la famille, en langue kazakh «nid d’âme et d’amour», est le berceau naturel et irremplaçable à protéger et à promouvoir pour que les hommes et les femmes de demain grandissent et mûrissent.

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Pour tous les êtres humains, les grandes sagesses et religions sont appelées à témoigner de l’existence d’un patrimoine spirituel et moral commun, fondé sur deux piliers: la transcendance et la fraternité. La transcendance, l’Au-delà, l’adoration. Il est beau que chaque jour des millions et des millions d’hommes et de femmes, d’âges, de cultures et de conditions sociales divers, se rassemblent en prière dans d’innombrables lieux de culte.

C’est la force cachée qui fait avancer le monde. Et puis la fraternité, l’autre, la proximité: car il ne peut professer une véritable adhésion au Créateur celui qui n’aime pas ses créatures. C’est l’esprit qui imprègne la Déclaration de notre Congrès, dont je voudrais, pour conclure, souligner trois mots.

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Le premier est la synthèse de tout, l’expression d’un cri du cœur, le rêve et le but de notre voyage: la paix! Beybitşilik, mir, peace! La paix est urgente car tout conflit militaire ou foyer de tension et d’affrontement aujourd’hui ne peut avoir qu’un «effet domino» néfaste et compromet gravement le système des relations internationales (cf. n.4).

Mais la paix «n’est pas une pure absence de guerre et elle ne se borne pas seulement à assurer l’équilibre de forces adverses; elle ne provient pas non plus d’une domination despotique», mais elle est «œuvre de justice» (Gaudium et spes, n. 78). Elle naît donc de la fraternité, elle grandit dans la lutte contre l’injustice et les inégalités, elle se construit dans l’ouverture aux autres. Nous, qui croyons au Créateur de tous, devons être à l’avant-garde de la propagation de la coexistence pacifique.

Nous devons la témoigner, la prêcher, l’implorer. C’est pourquoi la Déclaration exhorte les dirigeants du monde à mettre fin partout aux conflits et aux effusions de sang et à abandonner les rhétoriques agressives et destructrices (cf. n. 7). Nous vous prions, au nom de Dieu et pour le bien de l’humanité: engagez-vous pour la paix, non pour les armements! Ce n’est qu’en servant la paix que votre nom restera grand dans l’histoire.

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Si la paix fait défaut, c’est parce que l’attention, la tendresse et la capacité à donner la vie font défaut. Celle-ci doit donc être recherchée en impliquant davantage – le deuxième mot – la femme. Parce que la femme donne le soin et la vie au monde: elle est le chemin de la paix. Nous avons donc soutenu la nécessité de protéger leur dignité et d’améliorer leur statut social en tant que membre à part entière de la famille et de la société (cf. n. 23).

Les femmes doivent également se voir confier des rôles et des responsabilités plus importants. Combien de choix de mort seraient évités si les femmes étaient au centre des décisions! Travaillons afin qu’elles soient plus respectées, reconnues et impliquées.

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Enfin, le troisième mot: les jeunes. Ils sont les messagers de paix et d’unité d’aujourd’hui et de demain. Ce sont eux qui, plus que d’autres, invoquent la paix et le respect de la maison commune de la création. Par contre, les logiques de domination et d’exploitation, l’accaparement des ressources, les nationalismes, les guerres et les zones d’influence dessinent un monde ancien, que les jeunes rejettent, un monde fermé à leurs rêves et à leurs espoirs.

De même, les religiosités rigides et étouffantes n’appartiennent pas à l’avenir, mais au passé. En pensant aux nouvelles générations, on a affirmé ici l’importance de l’instruction qui renforce l’acceptation mutuelle et la coexistence respectueuse entre les religions et les cultures (cf. n. 21). Donnons aux jeunes des opportunités d’instruction, et non des armes de destruction! Et écoutons-les, sans crainte de nous laisser interroger par eux. Par-dessus tout, construisons un monde en pensant à eux!

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Frères, sœurs, le peuple du Kazakhstan, ouvert sur demain et témoin de tant de souffrances passées, avec son extraordinaire caractère multi-religieux et multiculturel, nous offre un exemple pour l’avenir. Il nous invite à le construire sans oublier la transcendance et la fraternité, l’adoration du Très-Haut et l’accueil de l’autre. Continuons ainsi, marchant ensemble sur la terre en enfants du Ciel, tisseurs d’espérance et artisans d’harmonie, messagers de paix et d’unité!


Copyright © Dicastero per la Comunicazione – Libreria Editrice Vaticana

Audience générale: voyage au Canada

PAPE FRANÇOIS

AUDIENCE GÉNÉRALE

Salle Paul VI
Mercredi 3 août 2022

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Le Voyage Apostolique au Canada 

Chers frères et sœurs, bonjour !

Aujourd’hui, je voudrais partager avec vous quelques réflexions sur le voyage apostolique que j’ai effectué au Canada ces derniers jours. C’était un voyage différent des autres. En fait, la motivation principale était de rencontrer les peuples autochtones pour leur exprimer ma proximité et ma douleur, et pour leur demander pardon – pour demander pardon – pour le mal qui leur a été fait par les chrétiens, dont de nombreux catholiques, qui ont collaboré dans le passé aux politiques d’assimilation et d’émancipation forcées des gouvernements de l’époque.

Dans ce sens, au Canada un parcours a été entrepris pour écrire une nouvelle page, une nouvelle page importante, du chemin que l’Église est en train de faire ensemble avec les peuples autochtones depuis un certain temps. En effet, la devise du voyage « Marcher ensemble », explique un peu cela. Un parcours de réconciliation et de guérison, qui présuppose la connaissance historique, l’écoute des survivants, la prise de conscience et surtout la conversion, le changement de mentalité. Cette étude approfondie montre que, d’une part, certains hommes et femmes d’Église ont été parmi les défenseurs les plus résolus et les plus courageux de la dignité des peuples autochtones, en prenant leur défense et en contribuant à la connaissance de leurs langues et de leurs cultures ; mais, d’autre part, malheureusement, il y a eu des chrétiens, c’est-à-dire des prêtres, des religieux et religieuses, des laïcs qui ont participé à des programmes que nous concevons aujourd’hui comme inacceptables et même contraires à l’Évangile. Et c’est pour cela, je suis allé demander pardon au nom de l’Église.

C’était donc un pèlerinage pénitentiel. Nombreux ont été les moments de joie, mais le sens et le ton de l’ensemble portaient sur la réflexion, le repentir et la réconciliation. Il y a quatre mois, j’avais reçu au Vatican, en groupes distincts, des représentants des peuples autochtones : il y a eu au total six réunions, pour préparer un peu cette réunion du Canada ; mais mon désir, comme le leur, était de pouvoir se rencontrer là-bas, sur les terres où ont vécu leurs ancêtres. Et le Seigneur a permis que cela se réalise : à Lui d’abord va notre gratitude.

Les grandes étapes du pèlerinage sont au nombre de trois : la première, à Edmonton, dans l’ouest du pays. La seconde, à Québec, dans l’est. Et la troisième dans le nord, à Iqaluit à 300 km pratiquement du cercle polaire [arctique]. La première rencontre a eu lieu à Masqwacis qui signifie « colline de l’ours », où de tout le pays sont venus des dirigeants et des membres des principaux groupes autochtones : Premières nations, Métis et Inuits. Ensemble, nous avons fait mémoire : la mémoire bonne de l’histoire millénaire de ces peuples, en harmonie avec leur terre : c’est l’une des plus belles choses des peuples autochtones, l’harmonie avec la terre. Ils ne maltraitent jamais la création, jamais. En harmonie avec la terre. Et nous avons aussi relevé la mémoire douloureuse des abus qu’ils ont subis, même dans les pensionnats, à cause des politiques d’assimilation culturelle. Accompagnés par le son des tambours, nous avons laissé place au silence et à la prière, afin que de la mémoire puisse recommencer un nouveau chemin, sans plus de dominateurs et de sujets, mais seulement des frères et des sœurs.

Après la mémoire, la seconde étape de notre chemin a été celle de la réconciliation. Non pas un compromis entre nous – ce serait une illusion, une mise en scène – mais le fait de nous laisser réconcilier par le Christ, qui est notre paix (cf. Eph 2,14). Nous l’avons fait en prenant comme référence la figure de l’arbre, réalité centrale dans la vie et la symbolique des peuples indigènes ; l’arbre dont la signification nouvelle et pleine se révèle dans la Croix du Christ, par laquelle Dieu a réconcilié toutes choses (cf. Col 1,20). Sur l’arbre de la croix, la douleur se transforme en amour, la mort en vie, la désillusion en espérance, l’abandon en communion, la distance en unité. Les communautés autochtones qui ont accepté et assimilé l’Évangile nous aident à retrouver la dimension cosmique du mystère chrétien, en particulier de la Croix et de l’Eucharistie. Autour de ce centre se forme la communauté, l’Église, appelée à être une tente ouverte, spacieuse et accueillante, la tente de la réconciliation et de la paix.

Mémoire, réconciliation, et donc guérison. Nous avons franchi cette troisième étape du voyage sur les rives du lac Sainte-Anne, précisément au jour de la fête des saints Joachim et Anne. Pour Jésus, le lac était un environnement familier : il a vécu une grande partie de sa vie publique sur le lac de Galilée, avec ses premiers disciples, tous pêcheurs ; il y a prêché et guéri de nombreux malades (cf. Mc 3,7-12). Nous pouvons tous puiser dans le Christ, source d’eau vive, la Grâce qui guérit nos blessures : à Lui qui s’incarne et là, en Jésus, nous avons vu la proximité, la compassion et la tendresse du Père qui nous donne la guérison des blessures et aussi le pardon des péchés, nous avons apporté les traumatismes et les violences subis par les peuples autochtones du Canada et du monde entier ; nous avons apporté les blessures de tous les pauvres et les exclus de nos sociétés ; et aussi les blessures des communautés chrétiennes, qui, toujours ont besoin de se laisser guérir par le Seigneur.

De ce voyage de mémoire, de réconciliation et de guérison jaillit l’espérance pour l’Église, au Canada et partout ailleurs. Et là, la figure des disciples d’Emmaüs, qui après avoir marché avec Jésus Ressuscité ; avec Lui et grâce à Lui, passèrent de l’échec à l’espérance (cf. Lc 24,13-35). Combien de fois dans l’histoire les disciples du Christ ont-ils reparcouru cette route d’Emmaüs ! Combien de fois, après avoir vécu le scandale de la croix, à cause de leurs propres péchés, les chrétiens ont-ils retrouvé l’espérance grâce à la fidélité du Seigneur ! Lui ne nous abandonne jamais, Il se tient toujours à côté de nos pas fatigués et tristes, nous réconforte par sa Parole et se donne Lui-même à nous, Pain de vie nouvelle et éternelle.

Comme je le disait au début, le voyage avec les peuples autochtones a été la colonne vertébrale de ce voyage apostolique. S’y sont greffées les deux rencontres avec l’Église locale et avec les Autorités du pays, auxquelles autorités je tiens à renouveler ma sincère gratitude pour leur grande disponibilité et l’accueil cordial qu’elles m’ont réservé ainsi qu’à mes collaborateurs. Et aux évêques, également. Devant les Gouvernants, les Chefs indigènes et le Corps diplomatique, j’ai réaffirmé la volonté active du Saint-Siège et des Communautés catholiques locales de promouvoir les cultures autochtones, avec des parcours spirituels appropriés et avec l’attention aux coutumes et aux langues des peuples. En même temps, j’ai constaté combien la mentalité colonisatrice est présente aujourd’hui sous diverses formes de colonisation idéologique, menaçant les traditions, l’histoire et les liens religieux des peuples, aplatissant les différences, se concentrant uniquement sur le présent et oubliant souvent les devoirs envers les plus faibles et les plus fragiles. Il s’agit donc de retrouver un sain équilibre, de retrouver l’harmonie, qui est plus qu’un équilibre, c’est autre chose ; retrouver l’harmonie entre la modernité et les cultures ancestrales, entre la sécularisation et les valeurs spirituelles. Et cela interpelle directement la mission de l’Église, envoyée dans le monde entier pour témoigner et pour « semer » une fraternité universelle qui respecte et promeuve la dimension locale avec ses multiples richesses (cf. Enc. Fratelli tutti, 142-153). Je l’ai déjà dit, mais je voudrais réitérer mes remerciements aux autorités civiles, à Madame la Gouverneure générale, au Premier ministre, aux autorités compétentes des lieux où je me suis rendu : je vous remercie infiniment pour la manière dont vous avez favorisé la réalisation de ce projet. Et merci aux évêques, merci surtout [pour] l’unité de l’épiscopat : cela a été possible, de notre part, parce que les évêques étaient unis, et là où il y a l’unité on peut aller de l’avant. C’est pourquoi je tiens à le souligner et à remercier les évêques du Canada [pour] cette unité. « En réalité, une ouverture saine ne porte jamais atteinte à l’identité. […] Le monde croît et se remplit d’une beauté nouvelle grâce à des synthèses successives qui se créent entre des cultures ouvertes, en dehors de toute imposition culturelle » (ibid., 148). Dans ce sens, j’ai encouragé les pasteurs, les personnes consacrées et les laïcs de l’Église au Canada à suivre les traces de Saint François de Laval, le premier évêque de Québec : servir l’Évangile et les pauvres, être des bâtisseurs d’espérance.

Et sous le signe de l’espérance, s’est ténue la dernière rencontre, au pays des Inuits, avec des jeunes et des vieux. Et je vous assure que lors de ces réunions, surtout la dernière, j’ai dû ressentir comme des gifles la douleur de ces personnes, comment elles ont perdu… les personnes âgées qui ont perdu leurs enfants et qui ne savaient pas où ils se retrouvaient, à cause de cette politique d’assimilation. C’était un moment très douloureux, mais il fallait y faire face : nous devons faire face à nos erreurs, à nos péchés. Même au Canada, il s’agit d’un binôme-clé jeunes et vieux, c’est un signe des temps : jeunes et vieux en dialogue pour marcher ensemble dans l’histoire entre mémoire et prophétie qui sont en tension. Que la force d’âme et l’action pacifique des peuples autochtones du Canada soient un exemple pour tous les peuples autochtones pour ne pas se renfermer sur eux-mêmes, mais offrir leur contribution indispensable pour une humanité plus fraternelle, qui sache aimer la création et le Créateur, en harmonie avec la création, en harmonie entre vous tous. Merci.

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Je salue cordialement les personnes de langue française, en particulier le groupe de l’aumônerie de Saint Jean-Baptiste de Solliès-Pont. Comme à Emmaüs, le Seigneur nous accompagne lorsque nous traversons l’épreuve Il chemine avec nous pour nous rendre l’espérance. Avec lui des chemins nouveaux s’ouvrent devant nous. Demandons-lui la grâce de nous laisser réconcilier, avec lui et avec nos frères afin de bâtir un monde plus fraternel et plus humain.

Que Dieu vous bénisse.

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APPEL

Demain, c’est le deuxième anniversaire de l’explosion dans le port de Beyrouth. Mes pensées vont aux familles des victimes de ce désastreux événement et au cher peuple libanais : je prie pour que chacun soit consolé par la foi et réconforté par la justice et la vérité, qui ne peuvent jamais être cachées.

Je souhaite que le Liban, avec l’aide de la Communauté internationale, continue sur la voie de la « renaissance », en restant fidèle à sa propre vocation d’être une terre de paix et de pluralisme, où les communautés de différentes religions puissent vivre dans la fraternité.

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Résumé de la catéchèse du Saint-Père :

Chers frères et sœurs,

voici quelques jours je suis allé au Canada pour accomplir un pèlerinage pénitentiel auprès des populations autochtones. Nous avions le désir de « marcher ensemble » et d’écrire une nouvelle page de l’histoire de l’Eglise locale. Se rencontrer en vérité suppose toujours la mémoire du passé, la prise de conscience et la conversion. Nous avons fait mémoire – première étape – du passé millénaire de ces peuples ainsi que des souffrances vécues dans ces écoles où un certain nombre de chrétiens ont soutenu des politiques d’assimilation forcée contraire à l’Evangile. La mémoire nous a conduit– deuxième étape – à nous laisser réconcilier par le Christ au pied de l’arbre de la Croix qui seul change la mort en vie, et donne l’espérance, ouvrant un chemin nouveau entre frères et sœurs. Nous avons enfin – troisième étape – vécu un processus de guérison, sur les rives du Lac Sainte-Anne qui nous a rappelé que la source vive guérissons nos blessures, et à laquelle nous pouvons sans cesse puiser, jaillit sans cesse du Christ. A l’issue de ce parcours jaillit l’espérance pour l’Eglise au Canada.

Aujourd’hui, l’Eglise veut promouvoir les cultures autochtones face aux colonisations idéologiques qui menacent les traditions, les coutumes et de liens religieux des peuples avec leurs richesses. Nivelant les différences, se concentrant seulement sur le présent. Déracinant et négligeant les plus pauvres. Soyons des bâtisseurs d’espérance qui tiennent ensemble la mémoire des anciens et la force prophétique de la jeunesse.

Au Sénégal, pèlerinage marial national de Poponguine

Au Sénégal, pèlerinage marial national de Poponguine

La 134e édition du pèlerinage marial national de Poponguine, au Sénégal, s’est clos le 6 juin 2022, en la solennité de la Pentecôte. Après deux ans d’interruption liée à la pandémie de Covid-19, des milliers de fidèles se sont de nouveau recueillis les 4, 5 et 6 juin aux pieds de Notre-Dame de la Délivrance. Une centaine de milliers de fidèles, venus des sept diocèses du Sénégal et des pays de la sous-région, ont pris part à l’événement.

sur le chemin de la sainteté

Notre-Dame-de-Poponguine

La messe du lundi a été concélébrée par tous les évêques du Sénégal ainsi que par Mgr Michael Banach, nonce apostolique au Sénégal, en fin de mission,et par une centaine de prêtres. Mgr Martin Boucar Tine, évêque de Kaolack (sud-ouest du pays), dont le diocèse était à l’honneur cette année, a présidé l’Eucharistie.

Au cours de son homélie, il a expliqué que la démarche pèlerine est aussi un appel à la sainteté. «La Parole de Dieu que nous venons d’accueillir en ce jour où nous célébrons aussi la mémoire de sainte Marie Mère de l’Eglise, vient nous aider à mieux comprendre et vivre aussi bien notre démarche pèlerine que l’appel qu’elle comporte à marcher sur le chemin de la sainteté.»

À l’issue de la célébration, Mgr Benjamin Ndiaye, archevêque de Dakar, a remercié les fidèles pour leur respect strict des consignes données par les évêques de la Province ecclésiastique de Dakar, en période de pandémie. Il a également souligné leur générosité et leur forte mobilisation dans le cadre de ce pèlerinage.

D’après Clément Ahouandjinou

L’HISTORIQUE DU PÈLERINAGE MARIAL DE POPONGUINE

L’origine du pèlerinage marial de Poponguine date de la soirée du 29 décembre 1887. A l’image du sanctuaire notre Dame de la Délivrande du Diocèse de Bayeux, le fondateur de ce site Monseigneur Picarda a voulu donner aux fidèles catholiques, un lieu de pèlerinage en se disant « pourquoi ne pas lui ériger en terre d’Afrique un sanctuaire où les chrétiens du Sénégal viendrait

Cette idée lui est venu lorsqu’un jour, lui avec les Pères de sa congrégation se rendaient à pied, par le Cap de Naze, jusqu’à Poponguine. Tout semblait avoir désigné Poponguine, selon Mgr Picarda, comme emplacement du futur pèlerinage car la signification étymologique de Poponguine serait “tête de génie, tête de serpent”. C’était donc bien la place de celle qui, dès le commencement, fut annoncée comme devant écraser la tête du serpent.

Le mardi de la Pentecôte, 22 mai 1888, fut fixé pour l’inauguration africaine. Dans une lettre datée du 15 mai de la même année et écrite de sa propre main, Picarda l’annonçait ainsi à ses fidèles :

“l’objet de ce pèlerinage, qui ouvrira, nous l’espérons, la série des manifestations de la foi et de la piété envers Notre Dame de la Délivrande, est d’introniser solennellement la Vierge dans le nouveau domaine que nous lui avons choisi, et dont elle voudra bien, nous en avons l’assurance, accepter le patronage. Nous nous proposons d’obtenir, par le moyen de cet acte public et solennel de foi et de piété, le développement de l’esprit et la pratique de la vie chrétienne dans la colonie. Nous offrirons en même temps à Dieu et à la Sainte Vierge des supplications instantes pour la conversion des .…paiens.”

Ce même mardi 22 mai 1888 Mgr Picarda baptise les 38 premiers chrétiens, dont François Fary Thiandoum et Anna Ndiémé Alassane Sène, parents du défunt Mgr Hyacinthe Cardinal Thiandoum, de Dakar. Notre Dame de la Délivrande vénérée comme à Douvres en Normandie Le 22 mai 1888 donc, les fidèles affluent à Poponguine par voie terrestre et maritime, à pied, sur montures ou par pirogues. Sous la présidence de Mgr Picarda, vicaire apostolique de la Sénégambie, ils vénèrent pour la première fois, Notre Dame de la Délivrande comme à Douvres en Normandie. Ainsi naissait le pèlerinage de Popenguine.

Notre Dame de la Délivrande devenait Notre Dame de Popenguine. Vers elle afflueront désormais, le lundi de Pentecôte, des foules de plus en plus nombreuses de fidèles. Tout au long de l’année, groupes, familles et individus se succéderont au pied de sa statue pour honorer la mère du sauveur du monde, lui confier les personnes et les causes graves, implorer des grâces particulières.

Mgr Mathurin Picarda voulait en effet que Notre Dame de Poponguine soit vénérée comme celle qui délivre du mal et des forces du mal. De nos jours, le pèlerinage de Popenguine rassemble des dizaines de milliers de fidèles notamment les jeunes qui s’adonnent, depuis 1981, à la marche comme démarche de foi pour aller prier la Vierge. La marche pèlerinage a été initiée par feu Pierre Faye, ancien commandant de l’Armée sénégalaise. Elle en est à sa 22ième édition cette année et continue d’attirer des milliers de jeunes de tous les diocèses du pays.

D’après A. Diop