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À Notre-Dame de Paris, première messe après l’incendie

À Notre-Dame de Paris, première messe après l’incendie

Notre-Dame de Paris vers 1525-1530 - pontifical romain.
Notre-Dame de Paris vers 1525-1530 – pontifical romain.

Une  messe a été célébrée ce samedi 15 juin à 18h en la cathédrale Notre-Dame de Paris, la première depuis l’incendie ravageur survenu il y a deux mois. Cet évènement vient rappeler l’éminente vocation cultuelle de l’édifice et incite à la poursuite de la mobilisation en faveur de sa reconstruction.

La date choisie est symbolique,  c’est la fête de la dédicace de la cathédrale,  de la consécration de l’autel pour signifier que le rôle de la cathédrale est de montrer la gloire de Dieu. Célébrer l’eucharistie, même en tout petit comité, en est le signe.  Trente personnes, dont la moitié sont des prêtres, ont participé à cette célébration présidée par Mgr Michel Aupetit, archevêque de Paris,  dans la chapelle de la Vierge, située derrière le chœur de la cathédrale.

Trois initiatives pour conserver l’âme de la cathédrale

Deux mois après l’incendie du 15 avril 2019 qui a détruit la toiture, la flèche et une partie de la voûte de Notre-Dame de Paris, le diocèse tient à rappeler que «la cathédrale est, d’abord et avant tout, un édifice à vocation cultuelle». Cette messe est l’une des trois initiatives menées en ce sens.

Le diocèse a aussi décidé que les offices habituellement célébrés à Notre-Dame de Paris le seront, à partir du 1er septembre 2019», en l’église Saint-Germain-l’Auxerrois, où seront vénérées la Sainte Couronne d’épines et les autres reliques de la Passion du Christ jusqu’alors conservées à Notre-Dame. Les célébrations de plus grande affluence auront lieu à l’église Saint Sulpice, ainsi les ordinations du 29 juin prochain.

Enfin, troisième initiative: une réplique de la Vierge du Pilier, symbole de Notre-Dame, sera installée sur le parvis de la cathédrale, dans un espace de recueillement spécifiquement installé dès que les conditions de sécurité le permettront, car «les Parisiens, les touristes et les fidèles du monde entier ont besoin de continuer à se recueillir.

Où en sont les dons ?

La mobilisation en faveur de la cathédrale se poursuit sous des formes diverses:«mobilisation des pouvoirs publics nationaux et locaux dès le soir de l’incendie ; mobilisation des architectes et des entreprises qui assurent, dans l’immédiat, la sécurisation de l’édifice ; mobilisation de dizaines de milliers de donateurs, petits et grands, originaires de toute la France, mais aussi du monde entier.

Cet élan montre que Notre-Dame est un symbole unique, en France, mais aussi au-delà. «Que tous ceux qui se sont mobilisés dès le 15 avril et que tous ceux qui continuent à œuvrer, chaque jour, pour Notre-Dame, qu’ils soient donateurs, architectes, ouvriers du chantier, responsables politiques, soient remerciés chaleureusement pour leurs efforts», a dit Mgr Aupetit.

«Nous voulons sauver la cathédrale. Cet écrin splendide a été voulu pour être la manifestation magnifique du génie humain qui rend hommage à l’amour de Dieu qui, pour se donner à nous, s’est fait l’un d’entre nous. Rendons grâce à la foi des bâtisseurs qui ont su unir le génie humain et la grâce divine», avait-il déclaré lors de la messe de Pâques du 21 avril dernier.

Rencontre du Pape François avec des membres de la communauté Rom

Ce dimanche après-midi, à Blaj, le Pape François a rencontré un peu plus de 300 membres de la communauté rom, qui forment environ 9% de la population de la ville. Dans son discours, le Saint-Père leur a adressé une demande de pardon, rappelant ensuite l’importance de choisir «le chemin de Jésus», celui où, dans la fraternité et la singularité, les peuples peuvent marcher vers la paix.

 

Clocher de la chapelle dédiée à l’apôtre Saint André et au bienheureux Ioan Suciu à Blaj Roumanie

C’est par une rencontre avec le peuple rom, qui représente 2% de la population de la Roumanie, que s’est achevé le voyage du Pape François. Après la béatification des sept évêques martyrs, au “Champ de la liberté” de Blaj, il s’est rendu dans le plus ancien quartier de la ville, “Barbu Lautaru”. La rencontre s’est déroulée dans la petite chapelle dédiée à l’apôtre Saint André et au bienheureux Ioan Suciu, consacrée le 19 mai dernier.

En Roumanie, la majorité des Roms se déclare orthodoxe (environ 76%), mais le nombre de catholiques de rite latin ou de gréco-catholiques n’est pas négligeable. Dans la ville de Blaj, les liens avec l’Église gréco-catholique sont renforcés par le fait que celle-ci vient en aide aux Roms à travers des actions pastorales et de l’assistance sociale.

Pardon pour toutes les formes de mal subies

La rencontre avec le Saint-Père s’est ouverte par le témoignage d’un prêtre gréco-catholique d’origine rom. L’Église, a dit alors le Pape, «est un lieu de rencontre et nous avons besoin de le rappeler non pas comme un beau slogan mais comme un élément de la carte d’identité de notre être chrétien». «L’Évangile de la joie se transmet dans la joie de se rencontrer et de savoir que nous avons un Père qui nous aime. Regardés par Lui, nous comprenons comment nous regarder les uns les autres.»

«Mais dans mon cœur, je porte un poids», celui «des discriminations, des ségrégations et des mauvais traitements subis par votre communauté». «L’histoire nous dit que même les chrétiens, même les catholiques, ne sont pas étrangers à tant de mal»:

«Je voudrais demander pardon pour cela. Je demande pardon – au nom de l’Église, au Seigneur et à vous – pour les fois où, au cours de l’histoire, nous vous avons discriminés, maltraités ou regardés de travers, avec le regard de Caïn et non pas celui d’Abel, et où nous n’avons pas été capables de vous reconnaître, de vous valoriser, et de vous défendre dans votre singularité».

Jour après jour, choisir le bien, avec le Christ

Dans l’histoire de l’humanité, il y a «la main tendue et la main qui frappe. Il y a l’ouverture de la rencontre et la fermeture de l’affrontement. Il y a l’accueil et il y a la mise au rebut. Il y a celui qui voit en l’autre un frère et celui qui voit en lui un obstacle sur son propre chemin. Il y a la civilisation de l’amour et il y a celle de la haine».

«Chaque jour, il y a à choisir entre Abel et Caïn», et «un choix décisif se pose tant de fois face à nous : suivre le chemin de la réconciliation ou celui de la vengeance». «Choisissons le chemin de Jésus.» «C’est un chemin qui coûte de la peine, mais c’est le chemin qui conduit à la paix».

Après avoir mis en garde contre l’esprit de «rancune», le Pape François a encouragé la population Rom: «vous avez, en tant que peuple, un rôle prépondérant à assumer, et vous ne devez pas avoir peur de partager et d’offrir ces notes particulières qui vous constituent», – entre autres – «la valeur de la vie et de la famille au sens large», «la valorisation et le respect des anciens», «le sens religieux de la vie, la spontanéité et la joie de vivre».

«Ne privez pas de ces dons les sociétés où vous vous trouvez et encouragez-vous aussi à recevoir tout le bien que les autres peuvent vous offrir et vous apporter.» Puis le Pape les a exhortés à «marcher ensemble, là où vous êtes, dans la construction d’un monde plus humain, en allant au-delà des peurs et des soupçons», en visant la fraternité, et dans une dignité aux formes multiples: «la dignité de la famille, la dignité de gagner le pain de chaque jour – c’est ce qui te fait avancer –  et la dignité de la prière».

Un voyage à sa fin

«Et maintenant je rentre à la maison enrichi, emportant avec moi des lieux et des moments, mais surtout des visages. Vos visages coloreront mes souvenirs et peupleront ma prière». Bénissant et saluant les personnes rassemblées, le Saint-Père est sorti de la chapelle au son des chants joyeusement entonnés par un chœur d’enfant.

Après cette rencontre, le Pape a quitté Blaj pour l’aéroport de Sibiu, où s’est déroulé la cérémonie de départ de la Roumanie, en présence du président du pays, Klaus Iohannis.

Sept évêques martyrs, témoins de liberté et de miséricorde, béatifiés

C’est le point d’orgue de ce 30e voyage apostolique du Pape François : au cours de la Divine Liturgie, le Saint-Père a proclamé bienheureux sept évêques gréco-catholiques, martyrs du communisme. À leur exemple, il a encouragé les Roumains à être témoins de liberté et de miséricorde et à s’élever contre les nouvelles idéologies aliénantes et mortifères.

VOYAGE APOSTOLIQUE DU PAPE FRANÇOIS EN ROUMANIE
(31 MAI – 2 JUIN 2019)

DIVINE LITURGIE AVEC LA BÉATIFICATION DES 7 ÉVÊQUES GREC-CATHOLIQUES MARTYRS

HOMÉLIE DU SAINT-PÈRE

Champ de la liberté (Blaj)
Dimanche 2 juin 2019


« Rabbi, qui a péché, lui ou ses parents, pour qu’il soit né aveugle ? » (Jn 9, 2). Cette question des disciples à Jésus enclenche une série de mouvements et d’actions qui se dérouleront dans tout le récit évangélique en révélant et en mettant en évidence ce qui aveugle réellement le cœur humain.

L’aveugle de naissance guéri

Jésus, comme ses disciples, voit l’aveugle de naissance ; il est capable de le reconnaître et de le mettre au centre. Au lieu d’expliquer que sa cécité n’était pas le fruit du péché, il mélange la poussière de la terre avec sa salive et la lui applique sur les yeux ; puis, il lui demande d’aller se laver dans la piscine de Siloé.

Après s’être lavé, l’aveugle retrouve la vue. Il est intéressant d’observer comment le miracle est raconté à peine en deux versets, tous les autres orientant l’attention non pas sur l’aveugle guéri mais sur les discussions qu’il suscite. Il semble que sa vie et surtout sa guérison deviennent banales, anecdotiques ou un élément de discussion, mais aussi d’irritation ou de colère.

Dans un premier temps, l’aveugle guéri est interrogé par la foule étonnée, puis par les pharisiens ; et ces derniers interrogent également ses parents. Ils mettent en doute l’identité de l’homme guéri ; puis ils nient l’action de Dieu, en prétextant que Dieu n’agit pas le jour du sabbat. Ils vont même jusqu’à douter que l’homme soit né aveugle.

La logique du Seigneur

Toute la scène et les discussions révèlent combien il est difficile de comprendre les actions et les priorités de Jésus, capable de mettre au centre celui qui était à la périphérie, surtout quand on pense que c’est le ‘‘sabbat’’ qui bénéficie du primat et non l’amour du Père qui cherche à sauver tous les hommes (cf.1Tm 2, 4).

L’aveugle devait coexister non seulement avec sa cécité mais aussi avec celle de ceux qui l’entouraient. Ainsi sont les résistances et les hostilités qui surgissent dans le cœur humain quand, au centre, au lieu des personnes, on met des intérêts particuliers, des étiquettes, des théories, des abstractions et des idéologies, qui ne font rien d’autre qu’aveugler tout et tous.

En revanche, la logique du Seigneur est différente : loin de se cacher dans l’inaction ou dans l’abstraction idéologique, il cherche la personne avec son visage, avec ses blessures et son histoire. Il va à sa rencontre et ne se laisse pas duper par les discours incapables d’accorder la priorité à ce qui est réellement important et de le mettre au centre.

Liberté et miséricorde

Ces terres connaissent bien la souffrance des gens lorsque le poids de l’idéologie ou d’un régime est plus fort que la vie et supplante même la vie et la foi des personnes comme norme ; lorsque la capacité de décision, la liberté et l’espace de créativité se voient réduits, voire éliminés (cf. Lettre Enc. Laudato si’, n. 108).

Chers frères et sœurs, vous avez souffert des discours et des actions fondés sur le mépris qui conduisent même à l’expulsion et à l’anéantissement de celui qui ne peut pas se défendre et font taire les voix discordantes. Pensons en particulier aux sept évêques gréco-catholiques que j’ai eu la joie de proclamer bienheureux ! Face à la féroce oppression du régime, ils ont fait preuve d’une foi et d’un amour exemplaires pour leur peuple.

Avec grand courage et force intérieure, ils ont accepté d’être soumis à la dure incarcération et à tout genre de mauvais traitements, pour ne pas renier leur appartenance à leur Église bien-aimée. Ces pasteurs, martyrs de la foi, ont recueilli et laissé au peuple roumain un précieux héritage que nous pouvons synthétiser en deux mots : liberté et miséricorde.

En pensant à la liberté, je ne peux pas ne pas observer que nous célébrons cette liturgie divine sur le ‘‘Champ de la liberté’’. Ce lieu significatif rappelle l’unité de votre peuple qui s’est réalisée dans la diversité des expressions religieuses : cela constitue un patrimoine spirituel qui enrichit et caractérise la culture et l’identité nationale roumaines.

Les nouveaux Bienheureux ont souffert et sacrifié leur vie, en s’opposant à un système idéologique totalitaire et coercitif en ce qui concerne les droits fondamentaux de la personne humaine.

Dans cette triste période, la vie de la communauté catholique était soumise à une rude épreuve par le régime dictatorial et athée : tous les évêques, et beaucoup de fidèles, de l’Église gréco-catholique et de l’Église catholique de rite latin ont été persécutés et emprisonnés.

L’autre aspect de l’héritage spirituel des nouveaux Bienheureux, est la miséricorde. Leur persévérance dans la profession de fidélité au Christ allait de pair avec la disposition au martyre sans aucune parole de haine envers leurs persécuteurs, pour lesquels ils ont eu une réelle douceur.

Ce qu’a déclaré durant son emprisonnement l’évêque Iuliu Hossu est éloquent : « Dieu nous a envoyés dans ces ténèbres de la souffrance pour accorder le pardon et prier pour la conversion de tous ». Ces paroles sont le symbole et la synthèse de l’attitude par laquelle ces Bienheureux, dans la période de l’épreuve, ont soutenu leur peuple en continuant à professer la foi sans faille et sans réserve.

Cette attitude de miséricorde envers les bourreaux est un message prophétique, car il se présente aujourd’hui comme une invitation pour tous à vaincre la rancœur par la charité et le pardon, en vivant avec cohérence et courage la foi chrétienne.

Mise en garde contre les nouvelles idéologies

Chers frères et sœurs, aujourd’hui également, réapparaissent de nouvelles idéologies qui, de manière subtile, cherchent à s’imposer et à déraciner nos peuples de leurs plus riches traditions culturelles et religieuses.

Des colonisations idéologiques qui déprécient la valeur de la personne, de la vie, du mariage et de la famille (cf. Exhort. ap. postsyn. Amoris laetitia, n. 40) et qui nuisent, par des propositions aliénantes, aussi athées que par le passé, surtout à nos jeunes et à nos enfants en les privant de racines pour grandir (cf. Exhort. Ap. Christus vivit, n. 78).

Et alors tout devient sans importance s’il ne sert pas à des intérêts personnels immédiats et pousse les personnes à profiter des autres et à les traiter comme de simples objets (cf. Lettre Enc. Laudato si’, nn. 123-124). Ce sont des voix qui, répandant la peur et la division, cherchent à éliminer et à enterrer le plus riche héritage que ces terres aient vu naître.

Je pense, en fait d’héritage, par exemple à l’Édit de Torda en 1568 qui sanctionnait toute sorte de radicalisme émettant – un des premiers cas en Europe – un acte de tolérance religieuse.      Je voudrais vous encourager à porter la lumière de l’Évangile à nos contemporains et à continuer de lutter, comme ces Bienheureux contre ces nouvelles idéologies qui surgissent.

Maintenant, c’est à nous qu’il revient de lutter, comme ils ont eu à le faire en leurs temps. Puissiez-vous être des témoins de liberté et de miséricorde, en faisant prévaloir la fraternité et le dialogue sur les divisions, en renforçant la fraternité du sang, qui trouve son origine dans la période de souffrance où les chrétiens, divisés au cours de l’histoire, se sont découverts plus proches et solidaires !

Très chers frères et sœurs, que vous accompagnent dans votre cheminement la protection maternelle de la Vierge Marie, la Sainte Mère de Dieu, et l’intercession des nouveaux Bienheureux !


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Lors du REGINA COELI, le Saint-Père a exprimé de nombreux remerciements au terme de la Divine Liturgie qu’il a présidée à Blaj ce dimanche. Il a également confié la Roumanie à la protection maternelle de la Vierge Marie.

«Je remercie le Seigneur qui m’a donné la possibilité de prier avec vous et d’encourager votre engagement d’évangélisation et de témoignage de la charité. Ici à Blaj, terre de martyre, de liberté et de miséricorde, je vous rends hommage, à vous fils de l’Église Greco-Catholique qui, depuis trois siècles, témoignez avec ardeur apostolique votre foi».

«Que la Vierge Marie étende sa protection maternelle sur tous les citoyens de la Roumanie qui, au cours de l’histoire, se sont toujours confiés à son intercession. Je vous confie tous à elle et je lui demande de vous conduire sur le chemin de la foi pour avancer vers un avenir d’authentique progrès et de paix et pour contribuer à la construction d’une patrie toujours plus juste, harmonieuse et fraternelle»

Qui étaient ces évêques martyrs ?

Ces sept évêques n’ont pas été directement assassinés, mais tous ont fait l’objet de mauvais traitements qui ont dégradé leur santé et, pour cinq d’entre eux, les ont mené à une mort précoce. Voici un résumé du parcours de chacun d’entre eux, dans l’ordre chronologique de leurs décès respectifs.

Vasile Aftenie (1899-1950)

Évêque auxiliaire de Blaj pour le Vicariat de Bucarest. Consacré évêque en juin 1940, il refusa la loi d’unification en 1948 et fut arrêté. A partir de mai 1949, il fut durant dix mois l’objet d’interrogatoires violents, sans rien concéder quant à son adhésion à la fois catholique. En mars 1950, il s’effondra dans sa cellule, atteint d’une paralysie partielle. Il mourut 45 jours plus tard.

Valeriu Traian Frentiu (1875-1952)

Évêque de Lugoj, d’Oradea et administrateur apostolique de Blaj. Doyen du groupe, évêque depuis 1912, il fut arrêté en 1948 à l’âge de 73 ans. Gravement malade, il s’éteindra en prison en 1952.

Ioan Suciu (1907-1953)

Évêque auxiliaire d’Oradea, administrateur apostolique de Blaj. Ordonné évêque en 1940 à seulement 33 ans, il fut un dynamique évangélisateur de la jeunesse, multipliant les parties de football, et montrant aussi une grande proximité avec la communauté Rom.

Fougueusement opposé à la dictature du Parti communiste, il fut arrêté en 1948 et fut soumis à des conditions de détention particulièrement dures. Il mourut de faim en 1953, entouré par les autres évêques dans leur cellule de la prison de Sighet. On sait qu’il fut enterré au cimetière des pauvres mais sa tombe n’a jamais pu être identifiée.

Tit Liviu Chinezu (1904-1955)

Évêque auxiliaire de Blaj. Son cas est particulier puisqu’il n’était que prêtre lors de son arrestation, mais fut ordonné évêque en cachette dans le camp de prisonniers du monastère orthodoxe de Caldarusani. Il ne put jamais exercer son ministère, mais partagea le chemin de Croix de ses frères évêques.

Quelques heures avant sa mort, il reçut le sacrement de la réconciliation des mains de Mgr Boros et Mgr Todea, deux évêques qui réussirent à entrer dans sa cellule en effectuant leur travail de balayeurs.

Ioan Balan (1880-1959)

Évêque de Lugoj. Ce brillant canoniste, membre de la commission vaticane pour la rédaction du droit canonique des Églises orientales, avait été ordonné évêque en 1936. Il fut détenu à partir de 1948, et fut ensuite placé à l’isolement au monastère orthodoxe de Ciorogarla, près de Bucarest, où il s’éteindra en 1959.

Alexandru Rusu (1884-1963)

Évêque de Maramures. Ordonné évêque en 1931, il fut alternativement placé en prison et à l’isolement dans des monastères orthodoxes. Considéré comme le plus “dangereux” des évêques, il fut le seul à être condamné par un tribunal et s’éteindra en 1963 à la prison de Gherla.

Cardinal Iuliu Hossu (1885-1970)

Évêque de Cluj-Gherla. Ordonné évêque en 1917, il fut chargé le 1er décembre 1918 de lire la Déclaration d’union de la Transylvanie à la Roumanie, lors de la Grande Assemblée Nationale d’Alba Iulia. A partir de 1948, il fut mis en détention, alternant des périodes en prison et en monastère.

Vers la fin de sa vie, dans un contexte de relative libéralisation du régime de Ceaucescu, quelques visites lui furent accordées. Il fut créé cardinal in pectore en 1969. Cette décision de Paul VI, qu’il avait en réalité refusé car il craignait d’être contraint à l’exil, ne fut révélée que trois ans après sa mort, en 1973.

Dans l’un de ses derniers écrits, rédigés à la façon d’un testament, le cardinal Hossu avait rédigé ces mots qui prennent un relief particulier aujourd’hui, alors que les sept évêques de l’Église gréco-catholique de Roumanie vivent leur ministère dans une filiation assumée avec ces sept martyrs :

«Reçois, Seigneur, le sacrifice qui t’a été offert par Tes serviteurs que Tu as fortifiés et éclairés, et place-le aux fondations de notre Église qui renait dans les douleurs de la grande épreuve ; fais, Seigneur, qu’une abondante récolte naisse de la semence enfouie par Tes serviteurs dans le sillon profond qu’ils tracèrent, aidés par Toi, afin que Ta gloire soit proclamée dans la renaissance de notre Église.»

L’Église gréco-catholique a retrouvé sa liberté en 1990, 20 ans après la mort du cardinal Hossu, et elle poursuit actuellement sa reconstruction, avec la participation active de nombreux témoins directs de ces années de Chemin de Croix. L’espérance pascale l’a emporté sur le projet de mort souhaité par Staline et ses complices en Roumanie.

Le rôle de Radio Vatican

Que ce soit en Roumanie, en République Tchèque, en Pologne ou en Hongrie, l’idéologie matérialiste athée portée par les régimes communistes condamna de nombreuses églises locales à la persécution ou à la clandestinité. Des milliers de prêtres et évêques furent pourchassés, arrêtés, torturés, déportés ou tués, laissant les fidèles démunis et privés de pasteurs, et donc, de la célébration des sacrements, dont l’Eucharistie.

En Roumanie, depuis la nuit du 28 au 29 novembre 1948, -qui vit l’arrestation de tous les évêques gréco-catholiques-, jusqu’au 25 décembre 1989, -qui marqua la fin du régime communiste-, l’unique Divine Liturgie que pouvaient suivre les fidèles était celle qui était alors retransmise sur les ondes de Radio Vatican.

Les bulletins d’information diffusés par la radio du Saint-Siège furent également presque les seuls à atteindre les pays situés de l’autre côté du rideau de fer. Écoutés à l’abri des oreilles indiscrètes, dans le secret des maisons, ils constituèrent pour beaucoup le seul lien avec le monde extérieur, et firent parvenir aux fidèles la sollicitude du Pape et de toute l’Église universelle.

À noter également, à propos de la liturgie de cette cérémonie: le calice et l’évangéliaire choisis ont été utilisés par Mgr Traian Frentiu, l’un des bienheureux évêques, le plus âgé au moment de l’arrestation des prélats gréco-catholiques roumains. Le siège de présidence a été réalisé avec du bois et des barres de fer venant respectivement des lits et des fenêtres des prisons dans lesquelles sont morts les nouveaux bienheureux.