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Le Pape François : premiers pas au Bangladesh

Le Pape François a atterri à l’aéroport de Dacca, la capitale du Bangladesh ce jeudi 30 novembre pour un voyage de deux jours et demi au pays du nymphéa. C’est un pays en pleine mutation économique et sociale que le Saint-Père va visiter et sa capitale, Dacca, en est la vitrine contrastée.

Le Pape est arrivé au Bangladesh vers 15h heure locale, avec une première journée essentiellement politique. Comme le prévoit le protocole des visites de chefs d’État, le Pape s’est d’abord rendu au mémorial des martyrs de l’indépendance à une vingtaine de kilomètres au nord-ouest de l’agglomération, au centre d’un parc pour y déposer une gerbe de fleurs, y signer le livre d’or et y planter un arbre.

Dans la lumière du jour qui tombe, le Pape s’est recueilli quelques instants devant ce monument imposant, avant de rejoindre un autre haut lieu de la mémoire national, la maison du père fondateur du Bangladesh, Sheikh Mujibum Rahman, assassiné avec toute sa famille en 1975 par des militaires.

Les premières heures du Pape au Bangladesh sont donc très politiques, avec également son discours aux autorités. Devant le président de la République, Abdul Hamid, les autorités politiques, le corps diplomatique et les représentants de la société civile, au sein du palais présidentiel au cœur de Dacca, le Saint-Père s’est exprimé publiquement ce jeudi 30 novembre 2017, pour la première fois lors de cette seconde étape de son périple en Asie. Il a plaidé en faveur d’un dialogue sincère pour réconcilier les divisions et a demandé que l’Église catholique continue de jouir de la liberté de poursuivre ces bonnes œuvres.

Poursuivant dans la veine des deux précédentes visites de la journée au Bangladesh, celle au mémorial des martyrs de la nation et celle au musée Bangabandhu, la maison du père fondateur de la nation, Sheikh Mujibur Rahman, le Pape a rendu hommage à ce dernier, avant de saluer le pays pour son action en faveur des réfugiés rohingyas.

Le Bangladesh est comme sa géographie marquée par d’innombrables fleuves et rivières. C’est une «nation qui s’efforce d’atteindre une unité de langage et de culture avec le respect des différentes traditions et communautés, qui coulent comme tant de ruisseaux et viennent enrichir le grand cours de la vie politique et sociale du pays», a dit le Pape.

Il a rendu hommage à Sheikh Mujibur Rahman qui «a imaginé une société moderne, pluraliste et inclusive, dans laquelle chaque personne et chaque communauté pourrait vivre dans la liberté, la paix et la sécurité, avec le respect de la dignité innée et de l’égalité des droits de tous».

Il a plaidé en faveur d’un dialogue sincère, ce qui n’est pas forcément évident au Bangladesh, l’opposition ayant boycotté les dernières élections et menaçant de faire de même lors du prochain scrutin. Or «le vrai dialogue est tourné vers l’avenir», et est attentif aux pauvres, aux défavorisés et à ceux qui n’ont pas de voix.

Le Bangladesh en est capable, comme le prouve «l’esprit de générosité et de solidarité, signes caractéristiques de la société du Bangladesh» envers les «réfugiés arrivés en masse de l’État de Rakhine, leur procurant un abri temporaire et les premières nécessités pour vivre.»

Revenant sur un sujet qu’il a déjà abordé lors de son passage en Birmanie, le Pape François a lancé un nouvel appel à la communauté internationale pour qu’elle mette en œuvre «des mesures décisives face à cette grave crise, non seulement en travaillant pour résoudre les questions politiques qui ont conduit à ce déplacement massif de personnes, mais aussi en offrant une assistance matérielle immédiate au Bangladesh dans son effort pour répondre efficacement aux besoins humains urgents.»

Dans cette crise, les catholiques bangladais prennent leur part. C’est le trait caractéristique de cette communauté qui cherche à «exercer un rôle constructif dans le développement de la nation», grâce à l’éducation, aux cliniques et aux dispensaires.

Le Pape apprécie la liberté dont l’Église locale de pratiquer sa propre foi et d’accomplir ses propres œuvres caritatives. Mais c’est pour mieux souhaiter que les catholiques continuent de «jouir de la liberté de poursuivre ces bonnes œuvres comme l’expression de son engagement pour le bien commun».

Inutile de cacher que le Bangladesh est confronté à l’islamisme qui a débouché l’année dernière sur un sanglant attentat, ici-même à Dacca, qui a fait la une des médias occidentaux. Le Bangladesh combat, certes, avec force cette dérive terroriste.

Mais il faut maintenir «cette atmosphère de respect mutuel et un climat grandissant de dialogue interreligieux» que salue le Pape, atmosphère et climat qui «permettent aux croyants d’exprimer librement leurs plus profondes convictions sur la signification et sur le but de la vie».

Le Pape sait bien que «la religion est souvent – scandaleusement – mal utilisée pour fomenter des divisions». Or, la rencontre interreligieuse de ce vendredi doit montrer que le «pouvoir de réconciliation et d’union [de la religion] est plus que jamais nécessaire» comme l’a prouvé la réaction des autorités religieuses bangladaises après l’attentat de juillet 2016, qui ont réaffirmé que «le saint nom de Dieu ne peut jamais être invoqué pour justifier la haine et la violence contre les autres êtres humains, nos semblables».

Le Pape François a donc rappelé au Bangladesh ce qui a fait sa force et ce qui devrait continuer à prévaloir, son respect pour toutes les composantes de la société alors que les nuages sont loin d’être tous dissipés.

le Pape en Birmanie : que Bouddhistes et Catholiques cheminent ensemble vers la paix

Au troisième jour de son voyage apostolique en Birmanie, ce mercredi 29 novembre, le Pape François a rencontré les responsables bouddhistes du pays au Centre bouddhique Kaba Aye.

Devant le Conseil Suprême Sangha Maha Nayaka des moines bouddhistes, il a appelé à parler d’une seule voix pour offrir une parole d’espérance pour la justice, la paix et la dignité, pas seulement en Birmanie, mais dans le monde entier, et rappelé la disponibilité de l’Église catholique pour travailler ensemble à la paix.

Le Pape s’était déchaussé en entrant dans le centre selon la tradition bouddhiste.

Cette occasion, a-t-il dit, est une opportunité pour affirmer un engagement commun pour les valeurs de «justice, de paix et de respect de la dignité fondamentale de chaque être humain», afin de porter ensemble un message d’espérance au-delà de la Birmanie et ainsi aider à «lutter pour une plus grande harmonie dans les communautés». Le discours a été traduit au fur et à mesure en birman aux moines attentifs.

Face aux défis d’un contexte actuel de difficultés «particulièrement graves», fait «d’injustices, de moments de conflits et d’inégalité», où les blessures des conflits, de la pauvreté et de l’oppression subsistent, et créent de nouvelles divisions, le Pape a ensuite exhorté à suivre la voie de la compréhension mutuelle et du respect, «fondée sur la compassion et sur l’amour».

Les valeurs du Bouddhisme

Le Bouddhisme, estime le Saint-Père face aux moines en robes oranges, forme «aux valeurs de la patience, de la tolérance et du respect de la vie, ainsi qu’à une spiritualité attentive à notre environnement naturel et profondément respectueuse de celui-ci».

Ces valeurs suivies par 87% des Birmans, comme l’a rappelé le président du Comité d’État Sangha au début de la rencontre, «sont essentielles pour un développement intégral de la société», de la famille à la «commune humanité», à travers «une véritable culture de la rencontre».

Dans le grand salon bleu et or du centre Kaba Aye où une statue de Bouddha clignote dans le fond de la pièce, le Pape a relever un défi d’aujourd’hui : «aider les personnes à être capables de regarder profondément à l’intérieur de soi et de se connaître soi-même de manière à reconnaître l’interconnexion réciproque entre toutes les personnes». Car «nous ne pouvons pas rester isolés les uns des autres.»

Invitant à l’unité contre l’isolement, source «d’incompréhension, d’intolérance, de préjugé et de haine», le Saint-Père cite alors les paroles du Bouddha, en parallèle de celles de saint François d’Assise: «Élimine la colère avec l’absence de colère, vaincs le méchant avec la bonté, défais l’avare avec la générosité, vaincs le menteur avec la vérité» (Dhammapada, XVII, 223).

La responsabilité des leaders religieux

Cet effort de Sagesse n’est pas réservé aux leaders religieux, ni à l’État, mais «c’est toute la société, tous ceux qui sont présents au sein de la communauté qui doivent participer au travail de dépassement du conflit et de l’injustice».

En revanche, c’est «aux leaders civils et religieux d’assurer que chaque voix soit entendue». Et pour que «ces efforts produisent des fruits durables, une plus grande coopération entre les leaders religieux sera certainement nécessaire» pour la promotion de la justice et de paix en Birmanie, notamment grâce aux rencontres et aux échanges entre leaders religieux, a continué le Pape en écho au discours du président du Comité d’État.

Devant le Comité Sangha Maha Nayaka composé de 47 moines, il a ainsi souhaité que les Bouddhistes et les Catholiques «cheminent ensemble sur ce chemin de guérison, et travaillent côte à côte pour le bien» de tous. Le Pape a ainsi assuré «que l’Église catholique est un partenaire disponible» pour continuer «à semer des graines de paix et de guérison, de compassion et d’espérance sur cette terre».

Condamnation du terrorisme au nom des religions

Le Pape François est intervenu après le discours de Bhaddanta Kumarabivamsa, président du Comité d’État Sangha Maha Nayaka.

Le responsable bouddhiste a d’abord tenu à rappeler que la Birmanie, à majorité bouddhiste, compte six millions de moines et moniales bouddhistes de la doctrine Theravada, dont 1200 membres sont élus délégués et 47 sont désignés au sein du Comité d’État Shanga pour administrer les activités sur la totalité du territoire.

Le moine, au micro, a aussi souligné que «quelles que soient les religions, toutes cheminent sur la même voix qui mène au bien-être de l’humanité», car «toutes les croyances peuvent apporter paix et prospérité».

Le président du Comité d’État Sangha a par ailleurs qualifié d’inacceptable le «terrorisme et l’extrémisme mis en acte au nom des croyances religieuses» dans le monde d’aujourd’hui, nés de mauvaises interprétations des enseignements originaux. C’est la responsabilité des leaders religieux de s’exprimer publiquement contre la mauvaise utilisation de la religion, afin de renforcer la paix et la sécurité.

Condamnant les discours de haine, de fausses propagandes, toute forme de guerre ou de conflits aux prétextes religieux, il appelle donc les peuples du monde entier «à coopérer et s’engager sans peur à réaliser une harmonieuse vie sociale». «Toutes les sensibilités spirituelles et traditions religieuses étant également valables», il y a ainsi «un besoin urgent à construire entre nous une compréhension réciproque, respect et confiance».

Les catholiques invités par le Pape à soigner les blessures du pays birman

Pour guérir les blessures de la Birmanie, les catholiques doivent répondre par la sagesse. C’est le message porté par le Pape François ce mercredi, troisième jour de son voyage apostolique en Birmanie. Il a célébré ce matin une messe devant 150 000 catholiques birmans au stade Kyaikkasan de Rangoon, accompagné de 22 évêques de Birmanie et des pays voisins.

Dans son homélie, le pape a invité les fidèles à suivre Jésus, qui a donné sa vie sur la croix, comme un «GPS spirituel», seule source de guérison.

Après quelques mots de salut en birman, le Pape a d’abord souligné qu’il était venu ici, auprès de la petite et discrète communauté catholique birmane comme un pèlerin «pour écouter et apprendre» d’elle , et pour lui «offrir quelques paroles d’espérance et de consolation».

S’appuyant sur la première lecture du jour, du livre de Daniel, il a rappelé aux fidèles l’importance de faire confiance à Jésus qui a enseigné la sagesse, non pas par «de longs discours ou de grandes démonstrations de pouvoir politique ou terrestre, mais en donnant sa vie sur la croix». C’est lui la seule «boussole sûre», le «GPS spirituel»; qui «nous guide infailliblement» vers Dieu et le prochain.

La guérison par la sagesse du Christ

De la croix, vient la sagesse, et ainsi la guérison. Voilà le message essentiel du Pape ce matin devant les 150.000 fidèles birmans rassemblés dans l’ancien hippodrome de Rangoun. Même si en Birmanie, «beaucoup portent les blessures de la violence, qu’elles soient visibles ou invisibles», il faut résister à la tentation de répondre à ces blessures par la colère ou la vengeance.

«La voie de Jésus est radicalement différente. Quand la haine et le refus l’ont conduit à la passion et à la mort, il a répondu par le pardon et la compassion.»

Devant les refus et les obstacles, le Christ «nous donnera une sagesse à laquelle personne ne peut résister». Cette sagesse irrésistible, c’est celle reçue par l’Esprit Saint, qui rend «capable chacun de nous d’être signes de sa sagesse, qui triomphe sur la sagesse de ce monde, et signes de sa miséricorde, qui apporte aussi soulagement aux blessures les plus douloureuses».

Le Pape encourage l’Église vivante de Birmanie

Le Pape a alors invité, à travers le don de l’Eucharistie, du pain et du vin, à prendre refuge et trouver le repos dans les blessures du Christ afin de «goûter le baume apaisant de la miséricorde du Père et trouver la force de le porter aux autres, pour soigner chaque blessure et chaque mémoire douloureuse. De cette manière, vous serez des fidèles témoins de la réconciliation et de la paix.»

Le Saint-Père a ainsi salué et encouragé l’action de l’Église de Birmanie pour «porter le baume de guérison de la miséricorde de Dieu» à un grand nombre d’hommes, de femmes et d’enfants, sans distinction de religion ou de provenance ethnique» et qui sont dans le besoin. Une Église birmane vivante, dont les «efforts de semer des graines de guérison et de réconciliation dans vos familles, vos communautés et dans la société plus vaste de cette nation» seront récompensés.

«Que Dieu vous bénisse tous ! Que Dieu bénisse l’Église en Birmanie! Qu’il bénisse cette terre par sa paix ! Que Dieu bénisse la Birmanie!»

Extraordinaire énergie spirituelle

Lors de la première messe en public et en plein air d’un pape en Birmanie, les prières d’intercession ont été lues par les fidèles des différentes ethnies en langues shan, chin, tamil, karen, kachin, et kayan.

À la fin de la célébration, le cardinal Charles Bo, archevêque de Rangoon, a lu un message de remerciement au Pape François. Il a comparé la rencontre du Saint-Père avec les catholiques birmans au Mont Thabor, où Jésus a été transfiguré et révélé sa nature divine aux apôtres en Terre Sainte. Cette visite du Saint-Père donne une «extraordinaire énergie spirituelle, et nous rend fiers d’être catholiques».

Homélie intégrale du Pape François pour la Messe au stade Kyaikkasan de Rangoun (page 2)