Archives de catégorie : Méditation

sur un aspect de spiritualité : Christ, Vierge Marie, Église dans le monde…

Le pardon, condition fondamentale pour les chrétiens

Le pardon, condition fondamentale pour les chrétiens

Commentant l’Évangile selon saint Matthieu (cf. Mt 18, 21-35),le Pape François appelle chaque fidèle à identifier une personne qui lui a fait du mal pour demander au Seigneur la force de lui pardonner. «Le pardon est l’oxygène qui purifie l’air pollué par la haine.»

LE PAPE FRANÇOIS

ANGÉLUS

Place Saint-Pierre
dimanche 17 septembre 2023

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Chers frères et sœurs, bonjour !

Aujourd’hui, l’Évangile nous parle du pardon (voir Mt 18, 21-35). Pierre demande à Jésus : « Seigneur, combien de fois dois-je pardonner à mon frère s’il pèche contre moi ? Jusqu’à sept fois ? (v. 21).

Sept, dans la Bible, est un nombre qui indique l’exhaustivité, et c’est pourquoi Pierre est très généreux dans les hypothèses de sa question. Mais Jésus va plus loin et répond : « Je ne vous dis pas jusqu’à sept, mais jusqu’à soixante-dix fois sept » (v. 22). C’est-à-dire qu’il lui dit que quand on pardonne, on ne calcule pas, qu’il est bon de pardonner tout et toujours !

Tout comme Dieu le fait avec nous, et comme ceux qui administrent le pardon de Dieu sont appelés à le faire : pardonnez toujours. Je dis ceci aux prêtres et aux confesseurs : pardonnez toujours comme Dieu pardonne.

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Jésus illustre ensuite cette réalité à travers une parabole, qui concerne toujours les chiffres. Un roi, après avoir été prié, pardonne à un serviteur la dette de 10 000 talents : c’est une valeur exagérée, immense, qui varie entre 200 et 500 tonnes d’argent : exagérée. C’était une dette impossible à payer, même en travaillant toute une vie : pourtant ce maître, qui rappelle notre Père, la pardonne par pure « compassion » (v. 27).

C’est le cœur de Dieu : pardonnez toujours parce que Dieu est compatissant. N’oublions pas à quoi ressemble Dieu : il est proche, compatissant et tendre ; telle est la manière d’être de Dieu, mais alors ce serviteur, dont la dette a été remise, ne fait preuve d’aucune miséricorde envers un compagnon qui lui doit 100 deniers.

C’est aussi une somme conséquente, équivalente à environ trois mois de salaire – comme pour dire que se pardonner coûte de l’argent ! –, mais pas du tout comparable au montant précédent, que le propriétaire avait pardonné.

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Le message de Jésus est clair : Dieu pardonne d’une manière incalculable, au-delà de toute mesure. Il est ainsi, il agit par amour et par gratuité. Dieu ne peut pas être acheté, Dieu est libre, tout est gratuit. Nous ne pouvons pas le rembourser mais, lorsque nous pardonnons à notre frère ou à notre sœur, nous l’imitons.

Pardonner n’est donc pas une bonne action qui peut être faite ou ne pas faire : pardonner est une condition fondamentale pour ceux qui sont chrétiens. Chacun de nous, en effet, est un «pardonné» ou un «pardonné»: ne l’oublions pas, nous sommes pardonnés, Dieu a donné sa vie pour nous et nous ne pouvons en aucun cas compenser sa miséricorde, dont il ne se retire jamais. le cœur.

Cependant, en correspondant à sa gratuité, c’est-à-dire en nous pardonnant mutuellement, nous pouvons témoigner de lui, semant une vie nouvelle autour de nous. En fait, en dehors du pardon, il n’y a aucun espoir; en dehors du pardon, il n’y a pas de paix.

Le pardon est l’oxygène qui purifie l’air pollué par la haine, le pardon est l’antidote qui guérit les poisons du ressentiment, c’est le moyen de désamorcer la colère et de guérir de nombreuses maladies cardiaques qui contaminent la société.

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Demandons-nous alors : est-ce que je crois avoir reçu de Dieu le don d’un immense pardon ? Est-ce que je ressens la joie de savoir qu’Il ​​est toujours prêt à me pardonner quand je tombe, même quand les autres ne le font pas, même quand je ne peux même pas me pardonner ? Il pardonne : est-ce que je crois qu’il pardonne ? Et puis : est-ce que je sais pardonner à mon tour à ceux qui m’ont blessé ?

À ce propos, je voudrais vous proposer un petit exercice : que chacun de nous essaie maintenant de penser à une personne qui nous a fait du mal, et demande au Seigneur la force de lui pardonner. Et pardonnons-lui pour l’amour du Seigneur : frères et sœurs, cela nous fera du bien, cela rétablira la paix dans nos cœurs.

Que Marie, Mère de Miséricorde, nous aide à accueillir la grâce de Dieu et à nous pardonner mutuellement.

Après l’Angélus

Chers frères et sœurs !

Vendredi, j’irai à Marseille pour participer à la conclusion des Rencontres Méditerranéennes, une belle initiative qui se déroule dans des villes importantes de la Méditerranée, réunissant des dirigeants ecclésiaux et civils pour promouvoir des chemins de paix, de collaboration et d’intégration autour de la mare nostrum [notre mer], avec une attention particulière au phénomène migratoire.

Il s’agit d’un défi qui n’est pas facile, comme nous le voyons aussi dans l’actualité de ces derniers jours, mais qu’il faut relever ensemble, car il est essentiel pour l’avenir de tous, qui ne sera prospère que s’il est construit sur la fraternité, en mettant en avant la dignité humaine, les personnes concret, en particulier pour ceux qui en ont le plus besoin.

Tout en vous demandant d’accompagner ce chemin par la prière, je voudrais remercier les autorités civiles et religieuses, ainsi que ceux qui travaillent à préparer la rencontre à Marseille, ville riche de peuples, appelée à être un port d’espérance. Désormais, je salue tous les habitants, en attendant de rencontrer de nombreux frères et sœurs très chers.

Et je vous salue tous, Romains et pèlerins d’Italie et de divers pays. Et continuons de prier pour le peuple ukrainien tourmenté et pour la paix dans chaque pays ensanglanté par la guerre.

Je souhaite à tous un bon dimanche et n’oubliez pas de prier pour moi. Bon déjeuner et à bientôt !


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Sainte Hildegarde de Bingen

Sainte Hildegarde de Bingen

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icône de sainte Hildegarde de Bingen

Aujourd’hui nous célébrons sainte Hildegarde, moniale au monastère de Rupertsberg, près de Bingen en Hesse au XIIe siècle. Experte en sciences naturelles, en médecine et en musique, elle composa plusieurs ouvrages où elle décrivit religieusement les visions mystiques qu’il lui fut donné de contempler. Le dimanche 7 octobre 2012 elle a été proclamée « Docteur de l’Église ».

Le 1er septembre 2010, le Pape émérite Benoît XVI a consacré sa catéchèse à sainte Hildegarde de Bingen (1098-1179), autrement appelée la « prophétesse rhénane ».

Avant de présenter la figure de la sainte, il a évoqué la Lettre apostolique de Jean-Paul II Mulieris Dignitatem, publiée en 1988 et qui traitait du « rôle précieux que les femmes ont accompli et accomplissent dans la vie de l’Église » et qui exprimait le remerciement de l’Église « pour toutes les manifestations du génie féminin au cours de l’histoire… »

« Même au cours de ces siècles d’histoire que nous avons coutume d’appeler Moyen Age, certaines figures féminines se détachent par la sainteté de leur vie et la richesse de leur enseignement », comme Hildegarde de Bingen, issue d’une famille noble et nombreuse qui décida de la consacrer au service de Dieu.

Après avoir reçu une bonne formation humaine et chrétienne de Jutta de Spanheim, Hildegarde entra au monastère bénédictin du Disibodenberg et reçut le voile des mains de l’évêque Othon de Bamberg. En 1136, elle fut élue supérieure et poursuivit son devoir « en faisant fructifier ses dons de femme cultivée, spirituellement élevée et capable de gérer avec compétence l’organisation de la vie de clôture. »

« Peu après, face aux nombreuses vocations, Hildegarde fonda un autre couvent à Bingen, dédié à saint Rupert, où elle passa le reste de sa vie. « Le style avec lequel elle exerçait son ministère d’autorité est exemplaire pour toute communauté religieuse: elle suscitait une émulation dans la pratique du bien ».

La sainte commença à décrire ses visions mystiques alors qu’elle était supérieure du Disibodengerg à son conseiller spirituel, le moine Volmar, et à son secrétaire, Richard. « Comme cela arrive toujours dans la vie des vrais mystiques, Hildegarde voulut aussi se soumettre à l’autorité de personnes sages pour discerner l’origine de ses visions craignant qu’elle ne fussent le fruit d’illusions et qu’elles ne proviennent pas de Dieu. »

Elle parla à ce sujet avec saint Bernard de Clairvaux qui la tranquillisa et l’encouragea. Puis, en 1147, elle reçut surtout l’approbation du Pape Eugène III qui, lors du synode de Trèves, lut un texte d’Hildegarde que lui avait présenté l’archevêque de Mayence.

« Le Pape autorisa la mystique à écrire ses visions et à en parler en public. A compter de ce moment-là, le prestige spirituel de Hildegarde s’en trouva grandi, au point que ses contemporains lui attribuèrent le titre de prophétesse rhénane. »

« Voilà le signe d’une authentique expérience de l’Esprit-Saint, source de tout charisme: la personne dépositaire de dons surnaturels ne s’en vante jamais, ne les montre pas et surtout fait preuve d’une obéissance totale envers l’autorité ecclésiastique. Chaque don donné par l’Esprit-Saint est destiné, en fait, à l’édification de l’Église, et l’Église, par ses pasteurs, en reconnaît l’authenticité. »

Le 8 septembre 2010, Benoît XVI a poursuivi son évocation de sainte Hildegarde « qui se distingua par sa sainteté de vie et sa sagesse spirituelle ». Rappelant les visions de cette mystique, il a en souligné la dimension théologique.

Elles « se référaient aux principaux évènements de l’histoire du salut et utilisaient un langage largement poétique et symbolique. Dans son œuvre majeure sur la connaissance de la vie, Hildegarde de Bingen a résumé ce processus en trente cinq visions, de la création à la fin des temps… La partie centrale développe le thème du mariage mystique entre Dieu et l’humanité réalisé dans l’incarnation ».

Puis le Saint-Père a souligné combien ces brèves observations montrent que « la théologie peut recevoir des femmes un apport spécifique. Grâce à leur intelligence et à leur sensibilité, elles sont capables de parler de Dieu et des mystères de la foi. »

« J’encourage donc -a-t-il dit- toutes celles qui assument ce service à l’accomplir dans un profond esprit ecclésial, en alimentant leur réflexion à la prière et en tenant compte de la grande richesse peu explorée de la mystique médiévale, cette mystique lumineuse que Hildegarde de Bingen représente parfaitement. »

Les autres écrits de sainte Hildegarde, comme le Livre des mérites de la vie ou le Livre des œuvres divines développent aussi « la relation profonde existant entre Dieu et l’homme. Le premier traité rappelle que la création, tout ce dont l’homme est l’accomplissement, reçoit la vie de la Trinité ». Le second, « généralement considéré comme son œuvre majeure, décrit la création dans sa relation à Dieu et à la centralité de l’homme, et dénote un fort christocentrisme de sa connaissance biblique et patristique ».

Puis Hildegarde s’intéressa aussi de médecine, de sciences naturelles et de musique. « Pour elle, la création entière est une symphonie de l’Esprit ».

Sa renommée en faisait l’objet de nombreux conseils. Des religieux, des évêques et des abbés s’adressaient à elle, et nombre de ses réponses demeurent valables. Forte de son autorité spirituelle, elle voyagea beaucoup à la fin de sa vie. Partout on l’écoutait « car on la considérait une messagère de Dieu. Elle rappelait clergé et communautés monastiques à une vie conforme à leur vocation. »

« Elle combattit de manière énergique le catharisme allemand… en appelant de ses vœux une réforme radicale de l’Église, principalement pour corriger les abus du clergé auquel elle reprochait de vouloir renverser la nature même de l’Église. »Elle disait aux clercs qu’un véritable renouveau de la communauté ecclésiale ne dépend moins du changement des structures que d’un sincère esprit de pénitence et de conversion. »

« Ce message ne doit pas être oublié. Invoquons donc l’Esprit, afin qu’il suscite au sein de l’Église des femmes saintes et courageuses qui, en valorisant les dons reçus de Dieu, offrent une contribution particulière à la croissance spirituelle de nos communautés et de l’Église d’aujourd’hui. »

QUELQUES PENSÉES

« Ne crains pas tant, car Dieu ne cherche pas toujours le céleste en toi ! »
« Le Seigneur te tient dans sa main, de sorte que tu n’as besoin en aucune façon de t’appuyer sur ta propre sécurité… Dieu te voit et te connaît. Il ne t’abandonnera jamais. » (Lettre à la comtesse Gertrude)

« Ne crains pas, ne fuis pas, car le Bon Pasteur cherche en toi sa brebis perdue. »
« Le bon Médecin traite les blessures des hommes avec pitié. » (Scivias, vision 13)

« C’est la paix que rétablit le Fils de Dieu. »
« Bien que Dieu soit tout-puissant pour exécuter ses sentences, Il ne les accomplit que dans l’équilibre de son amour. » (Livre des Mérites de la Vie, vision finale)

« Ô Feu de l’Esprit Saint, Toute créature te loue, vie de toute chose, Baume très précieux qui transfigures nos blessures béantes et souillées En pierres précieuses ! (Harmonies célestes)

PRIÈRE DE SAINTE HILDEGARDE À LA VIERGE MARIE

Ô branche verdoyante,
Tu te tiens dans ta noblesse
Comme l’aurore qui se lève.
Réjouis-toi à présent et exulte
Et daigne libérer les faibles que nous sommes
De l’habitude du mal,
Et tends ta main
Pour nous relever.

Saints Corneille et Cyprien

Saints Corneille et Cyprien

La commémoration, le même jour, de ces deux martyrs est très ancienne; déjà le martyrologe de saint Jérôme les évoque ensemble. La date choisie indique, en particulier, la déposition du premier de la chaire de saint Pierre, et la mort du second par décapitation.

Corneille, le Pape de l’accueil

Saint Corneille Pape, Basilique Saint-Paul hors les murs
Saint Corneille Pape, Basilique Saint-Paul hors les murs

A Rome, en 251, après quelque temps de vacance du saint Siège due à la persécution de Dèce, est élu Pape Corneille, romain, peut-être d’origine noble, certainement reconnu comme un homme de foi, juste et aimable. Son élection, cependant, n’est pas acceptée par l’hérétique Novatien qui se fait consacrer antipape et promeut un schisme au sein de l’Église dans la ville de Rome.

Corneille, qui reçoit à distance le soutien de l’évêque Cyprien, est accusé d’être trop faible avec les «lapsi»: les apostats qui reviennent à l’Église sans la pénitence et le repentir nécessaires, mais en présentant simplement un certificat de réconciliation obtenu chez quelque confesseur dissident.

Comme si cela ne suffisait pas, une épidémie de peste éclate à Rome ainsi que la persécution antichrétienne de Gallus. Le pape Corneille est exilé à Civitavecchia où il meurt, mais il sera enterré à Rome dans les catacombes de saint Calliste.

Cyprien, l’évêque converti

Saint_Cyprien_évêque_de_Carthage
Saint_Cyprien_évêque_de_Carthage

De son vrai nom Thascius Caecilius Cyprianus, mort en martyr le 14 septembre 258 sous la persécution de Valérien, est un Berbère converti au christianisme, évêque de Carthage et Père de l’Église. Il est, après saint Augustin, l’un des plus grands témoins de la doctrine de l’Église latine des premiers siècles.

Cyprien naît à Carthage en 210; c’est un habile rhéteur et avocat. Puis un jour il rencontre la parole de Jésus et se convertit au christianisme. Après sa conversion, il trouva son bonheur en donnant ses biens aux pauvres. Nous sommes en 246 environ. Grâce à sa renommée d’intellectuel, il est vite ordonné prêtre et consacré évêque de sa ville.

A Carthage aussi la situation des chrétiens n’est pas facile: les persécutions voulues, d’abord par Dèce, puis par Gallus, Valérien et Galien y font fureur et beaucoup de fidèles, plutôt que mourir, décident de retourner au paganisme.

Cependant certains s’en repentent ensuite, mais l’attitude d’accueil et de bienveillance observée par l’évêque Cyprien à leurs égards est mal vue par les rigoristes. Impliqué lui aussi dans la controverse des «lapsi», il lutte contre le prêtre Novatus, partisan local de l’antipape Novatien, et contre le diacre Felicissimo qui avait fait élire Fortunatus comme anti-évêque.

En 252 il réussit à convoquer un Concile à Carthage et à les faire condamner. Le pape Corneille, à Rome, confirme l’excommunication. A la demande de ses fidèles, il se cacha durant la persécution de Dèce et fut épargné. Lors de celle de Valérien, il fut envoyé en exil par un proconsul favorable à lui. Mais le successeur l’étant moins, le fit chercher et ramener à Carthage où il fut décapité, témoignant de sa foi.