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sur un aspect de spiritualité : Christ, Vierge Marie, Église dans le monde…

Saint Daniel Comboni, apôtre de l’Afrique et prophète de la mission

Saint Daniel Comboni,
apôtre de l’Afrique et prophète de la mission

 

PAPE FRANÇOIS

AUDIENCE GÉNÉRALE

Place Saint-Pierre
Mercredi 20 septembre 2023

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Résumé de la catéchèse du Saint-Père

Chers frères et sœurs,

dans notre parcours sur la passion d’évangéliser, je voudrais vous présenter un apôtre plein de zèle pour l’Afrique : saint Daniel Comboni. Il fut passionné de Dieu et des frères qu’il servait en mission. Dans le contexte caractérisé par l’horreur de l’esclavage, le Seigneur lui inspira un nouveau chemin d’évangélisation, en recevant les personnes non pas comme des objets mais comme les sujets de la mission.

Il désirait que chaque chrétien soit protagoniste de l’action évangélisatrice, clergé local et laïcs catéchistes. Il veillait au développement humain, en valorisant le rôle de la famille et des femmes pour transformer la culture et la société.

La source de sa passion pour la mission naissait de la joie de l’Évangile, enracinée dans l’amour du Seigneur pour porter à le faire aimer. Sa capacité missionnaire était issue de sa charité et de son zèle à compatir aux souffrances de l’humanité.

Dieu par son incarnation à démasqué la fausseté de l’esclavage en élevant la dignité de chaque être humain. À la suite du Christ, Comboni prit conscience de ce mal : l’esclavage social, qui prend sa racine dans l’esclavage du péché dont le Seigneur nous libère.

Malheureusement l’esclavage, comme le colonialisme, ne sont pas des souvenirs du passé. En Afrique le colonialisme perdure sous forme économique tout aussi asservissant. Comme chrétiens nous sommes appelé à combattre toute forme d’esclavage. Au milieu de l’indifférence et de l’exclusion Comboni a témoigné de l’amour du Bon Pasteur qui perd et donne sa vie pour son peuple.


Catéchèse – La passion pour l’évangélisation : le zèle apostolique du croyant
– 21. Saint Daniel Comboni, apôtre de l’Afrique et prophète de la mission

Chers frères et sœurs, bonjour !

Dans notre parcours de la catéchèse sur la passion évangélisatrice, c’est-à-dire le zèle apostolique, aujourd’hui nous nous arrêtons sur le témoignage de Saint Daniel Comboni. Il fut un apôtre plein de zèle pour l’Afrique. De ces peuples, il écrivait : « ils ont pris possession de mon cœur qui ne vit que pour eux » C’est beau ! (Ecrits, 941), « je mourrai avec l’Afrique sur les lèvres » (Écrits, 1441).

Et c’est à eux qu’il s’adresse en ces termes : « le plus heureux de mes jours sera celui où je pourrai donner ma vie pour vous » (Ecrits, 3159). Ceci est l’expression pour une personne amoureuse de Dieu et de ses frères et sœurs qu’il servait en mission et au sujet desquels il ne se lassait pas de rappeler que « Jésus-Christ a souffert et est mort pour eux aussi » (Ecrits, 2499 ; 4801).

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Il le disait dans un contexte marqué par l’horreur de l’esclavage dont il était témoin. L’esclavage « chosifie » l’être humain, dont la valeur se réduit à être utile à quelqu’un ou à quelque chose. Mais Jésus, Dieu fait homme, a élevé la dignité de tout être humain et a mis en évidence la fausseté de tout esclavage.

Comboni, à la lumière du Christ, a pris conscience du mal de l’esclavage ; il a aussi compris que l’esclavage social s’enracine dans un esclavage plus profond, celui du cœur, celui du péché, dont le Seigneur nous libère. En tant que chrétiens, nous sommes donc appelés à lutter contre toutes les formes d’esclavage.

Malheureusement, l’esclavage, comme le colonialisme, n’appartient pas au passé, malheureusement. Dans l’Afrique tant aimée par Comboni, aujourd’hui déchirée par de nombreux conflits, « après le colonialisme politique, un “colonialisme économique” tout aussi asservissant s’est déchainé. (…).

C’est un drame devant lequel le monde économiquement plus avancé ferme souvent les yeux, les oreilles et la bouche. » Je renouvelle donc mon appel : « Cessez d’étouffer l’Afrique : elle n’est pas une mine à exploiter ni une terre à dévaliser. » (Rencontre avec les Autorités, Kinshasa, 31 janvier 2023).

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Et revenons à l’histoire de Saint Daniel. Après un premier séjour en Afrique, il dut quitter la mission pour des raisons de santé. Trop de missionnaires étaient morts après avoir contracté des maladies, par manque de connaissance de la réalité locale. Cependant, si d’autres abandonnaient l’Afrique, ce n’était pas le cas de Comboni.

Après un temps de discernement, il sentit que le Seigneur lui inspirait une nouvelle manière d’évangéliser, qu’il résuma en ces mots : « Sauver l’Afrique avec l’Afrique » (Ecrits, 2741s). C’est une intuition puissante, rien du colonialisme là-dedans, il s’agit d’une intuition puissante qui contribua à renouveler l’engagement missionnaire qui a contribué à renouveler l’engagement missionnaire : les personnes évangélisées n’étaient pas seulement des « objets », mais des « sujets » de la mission.

Et Saint Daniel Comboni désirait faire de tous les chrétiens les protagonistes de l’action évangélisatrice. Et dans cet esprit, il pensa et agit de manière intégrale, en impliquant le clergé local et en promouvant le service laïc des catéchistes. Les catéchistes sont un trésor de l’Église : les catéchistes sont ceux qui sont en avant dans l’évangélisation.

C’est ainsi qu’il conçut également le développement humain, en s’occupant des arts et des professions, et en encourageant le rôle de la famille et de la femme dans la transformation de la culture et de la société.

Et combien est-il important, encore aujourd’hui, de faire progresser la foi et le développement humain de l’intérieur des contextes de mission, au lieu de transplanter des modèles externes ou de se limiter à un stérile assistancialisme ! Ni modèle extérieur, ni assistancialisme. Prendre dans la culture des peuples le chemin de l’évangélisation. Évangéliser la culture et inculturer l’Évangile : cela va de pair.

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La grande passion missionnaire de Comboni, cependant, n’était pas d’abord le résultat d’un effort humain : il n’était pas poussé par son courage ou motivé seulement par des valeurs importantes, comme la liberté, la justice et la paix ; son zèle naissait de la joie de l’Évangile, il puisait dans l’amour du Christ et conduisait à l’amour pour le Christ !

Saint Daniel écrivait : « Une mission aussi ardue et laborieuse que la nôtre ne peut vivre d’apparences ni avec des bigots remplis d’égoïsme et d’égocentrisme, qui ne se soucient pas comme ils le devraient du salut et de la conversion des âmes ». C’est le drame du cléricalisme, qui conduit les chrétiens, même les laïcs, à se cléricaliser et à se transformer – comme il est dit ici – en des bigots remplis d’égoïsme. C’est la peste du cléricalisme.

Et il ajoutait : « Il faut les enflammer de charité, qui a sa source en Dieu et dans l’amour du Christ ; et quand on aime vraiment le Christ, alors les privations, les souffrances et le martyre sont des douceurs » (Écrits, 6656). Son désir était de voir des missionnaires ardents, joyeux, engagés : des missionnaires – écrivait-il – « saints et capables ». […] D’abord saints, c’est-à-dire exempts de péchés et humbles.

Mais cela ne suffit pas : il faut la charité qui rend les sujets capables » (Écrits, 6655). La source de la capacité missionnaire, pour Comboni, est donc la charité, en particulier le zèle pour faire siennes les souffrances des autres.

Sa passion évangélisatrice ne l’a d’ailleurs jamais conduit à agir en soliste, mais toujours en communion, dans l’Église. « Je n’ai qu’une vie à consacrer au salut de ces âmes », écrit-il, « je voudrais en avoir mille à consumer pour cela » (Ecrits, 2271).

*

Frères et sœurs, saint Daniel témoigne de l’amour du Bon Pasteur, qui va à la recherche de ce qui est perdu et qui donne sa vie pour son troupeau. Son zèle a été énergique et prophétique en s’opposant à l’indifférence et à l’exclusion. Dans ses lettres, il se souvenait avec émotion de son Église bien-aimée, qui avait oublié l’Afrique pendant trop longtemps.

Le rêve de Comboni est une Église qui fait cause commune avec les crucifiés de l’histoire, pour vivre avec eux l’expérience de la résurrection. En ce moment, je vous fais une suggestion. Pensez aux crucifiés de l’histoire d’aujourd’hui : hommes, femmes, enfants, vieillards qui sont crucifiés par des histoires d’injustice et de domination.

Pensons à eux et prions. Son témoignage semble se répéter à nous tous, hommes et femmes d’Église : « N’oubliez pas les pauvres, aimez-les, parce qu’en eux se trouve la présence de Jésus crucifié qui attend de ressusciter ».

N’oubliez pas les pauvres : avant de venir ici, j’ai eu une réunion avec des législateurs brésiliens qui travaillent pour les pauvres, qui essaient de promouvoir les pauvres avec l’aide et la justice sociale. Et eux ils n’oublient pas les pauvres : ils travaillent pour les pauvres. À vous, je dis : n’oubliez pas les pauvres, parce que ce sont eux qui ouvriront la porte du Ciel.


 

Je salue cordialement les pèlerins de langue française. Le Seigneur nous appelle à démasquer et combattre les esclavages qui privent nos frères de leur dignité, et à leur témoigner de l’amour du Christ. Demandons-lui la grâce, à la manière de saint Daniel Comboni, de manifester par notre vie un souci constant de construire un monde plus fraternel et soucieux du développement intégral de chacun en prenant soin des plus fragiles de nos frères. Que Dieu vous bénisse.


APPEL

Hier, j’ai reçu des nouvelles inquiétantes du Haut-Karabakh, dans le Caucase du Sud, où la situation humanitaire déjà critique est maintenant aggravée par de nouveaux affrontements armés. Je lance un appel urgent à toutes les parties prenantes et à la Communauté internationale pour qu’elles fassent taire les armes et fassent tout leur possible pour trouver des solutions pacifiques pour le bien de la population et le respect de la dignité humaine.


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Paul Yun Ji-Chung et 123 martyrs en Corée

Paul Yun Ji-Chung et 123 martyrs en Corée

Saints martyrs de Corée, Paul Yun Ji-chung et ses compagnons
Saints martyrs de Corée, Paul Yun Ji-chung et ses compagnons

En ce jour où nous faisons mémoire du martyre en Corée de Paul Yun Ji-chung et de ses 123 compagnons, nous pouvons reprendre l’homélie du Pape François qu’il a donnée lors de leur béatification.

« Qui pourra nous séparer de l’amour du Christ ? » (Rm 8, 35). Par ces paroles, saint Paul nous parle de la gloire de notre foi en Jésus : non seulement le Christ est ressuscité des morts et est monté au ciel, mais il nous a unis à lui, nous rendant participants de sa vie éternelle. Le Christ est victorieux et sa victoire est la nôtre !

Aujourd’hui nous célébrons cette victoire en Paul Yun Ji-chung et en ses 123 compagnons. Leurs noms s’ajoutent à ceux des saints martyrs André Kim Taegon, Paul Chong Hasang et leurs compagnons, auxquels je viens de rendre hommage. Tous ont vécu et sont morts pour le Christ et maintenant ils règnent avec lui dans la joie et la gloire.

Avec saint Paul ils nous disent que, dans la mort et la résurrection de son  Fils, Dieu nous a donné la victoire la plus grande de toutes. En effet, « ni la mort, ni la vie, ni les hauteurs ni les abîmes, ni aucune autre créature ne pourra nous séparer de l’amour de Dieu, qui est dans le Christ Jésus notre Seigneur » (Rm 8, 38-39).

La victoire des martyrs, leur témoignage rendu à la puissance de l’amour de Dieu, continuent à porter des fruits encore aujourd’hui en Corée, dans l’Église qui grandit par leur sacrifice. La célébration du bienheureux Paul et de ses compagnons nous donne l’occasion de revenir aux premiers moments, aux aurores de l’Église en Corée. Elle vous invite, catholiques coréens, à rappeler les grandes choses que Dieu a faites en cette terre, et à garder comme un trésor l’héritage de foi et de charité que vos ancêtres vous ont confié.

Dans la mystérieuse providence de Dieu, la foi chrétienne n’est pas parvenue sur les rivages de Corée par des missionnaires ; elle y est entrée par les cœurs et les esprits des Coréens eux-mêmes. Elle a été stimulée par la curiosité intellectuelle, par la recherche de la vérité religieuse. Dans une rencontre initiale avec l’Évangile, les premiers chrétiens coréens ont ouvert leurs esprits à Jésus.

Ils voulaient en savoir davantage sur ce Christ qui a souffert, est mort et est ressuscité des morts. Le fait d’apprendre quelque chose sur Jésus a vite conduit à une rencontre avec le Seigneur lui-même, aux premiers baptêmes, au désir d’une vie sacramentelle et ecclésiale accomplie, et aux débuts d’un engagement missionnaire.

Il a aussi porté ses fruits dans des communautés qui tiraient leur inspiration de l’Église primitive, dans laquelle les croyants étaient vraiment un seul cœur et une seule âme, sans tenir compte des traditionnelles différences sociales, et avaient tout en commun (Cf. Ac 4, 32).

Cette histoire nous en dit long sur l’importance, la dignité et la beauté de la vocation des laïcs ! Je salue les nombreux fidèles laïcs présents ici, en particulier les familles chrétiennes qui, chaque jour, par leur exemple, éduquent les jeunes à la foi et à l’amour réconciliateur du Christ. De manière spéciale je salue les nombreux prêtres présents. Par leur généreux ministère ils transmettent le riche patrimoine de foi, cultivé par les générations passées de catholiques coréens.

L’Évangile d’aujourd’hui contient un message important pour nous tous. Jésus demande au Père de nous consacrer dans la vérité et de nous garder du monde. Avant tout, il est significatif que, alors que Jésus demande au Père de nous consacrer et de nous garder, il ne lui demande pas de nous retirer du monde. Nous savons qu’il envoie ses disciples pour qu’ils soient un levain de sainteté et de vérité dans le monde : le sel de la terre, la lumière du monde. En cela, les martyrs nous indiquent la route.

Quelque temps après que les premières semences de la foi aient été plantées en cette terre, les martyrs et la communauté chrétienne ont dû choisir entre suivre Jésus ou le monde. Ils avaient entendu l’avertissement du Seigneur, que le monde les haïrait à cause de lui (Jn 17, 14) ; ils savaient le prix d’être disciples.

Pour beaucoup cela a signifié la persécution et, plus tard, la fuite dans les montagnes, où ils formèrent des villages catholiques. Ils étaient prêts à de grands sacrifices et à se laisser dépouiller de tout ce qui pouvait les éloigner du Christ : les biens et la terre, le prestige et l’honneur, puisqu’ils savaient que seul le Christ était leur vrai trésor.

Aujourd’hui, très souvent, nous faisons l’expérience que notre foi est mise à l’épreuve du monde, et, de multiples manières, il nous est demandé de faire des compromis sur la foi, de diluer les exigences radicales de l’Évangile et de nous conformer à l’esprit du temps.

Et cependant les martyrs nous rappellent de mettre le Christ au dessus de tout, et de voir tout le reste en ce monde en relation avec lui et avec son Royaume éternel. Ils nous provoquent à nous demander s’il y quelque chose pour laquelle nous serions prêts à mourir.

De plus, l’exemple des martyrs nous enseigne l’importance de la charité dans la vie de foi. C’est la pureté de leur témoignage au Christ, manifesté par l’acceptation de l’égale dignité de tous les baptisés, qui les a conduits à une forme de vie fraternelle qui défiait les structures sociales rigides de leur temps.

C’est leur refus de diviser le double commandement de l’amour de Dieu et de l’amour du prochain qui les a portés à une si grande sollicitude à l’égard des nécessités de leurs frères. Leur exemple a beaucoup à nous dire, à nous qui vivons dans des sociétés où, à côté d’immenses richesses, grandit silencieusement la plus abjecte pauvreté ; où le cri des pauvres est rarement écouté ; et où le Christ continue à appeler, nous demandant de l’aimer et de le servir en tendant la main à nos frères et sœurs dans le besoin.

Si nous suivons l’exemple des martyrs et croyons en la parole du Seigneur, alors nous comprendrons la sublime liberté et la joie avec laquelle ils sont allés à la rencontre de la mort. De plus, nous verrons que la célébration d’aujourd’hui embrasse les innombrables martyrs anonymes, dans ce pays et dans le reste du monde, qui, spécialement au siècle dernier, ont offert leur vie pour le Christ et ont souffert de lourdes persécutions à cause de son nom.

Ce jour est un jour de grande joie pour tous les Coréens. L’héritage du bienheureux Paul Yun Ji-chung et de ses compagnons – leur rectitude dans la recherche de la vérité, leur fidélité aux grands principes de la religion qu’ils ont choisi d’embrasser, ainsi que leur témoignage de charité et de solidarité envers tous – tout cela fait partie de la riche histoire du peuple coréen.

L’héritage des martyrs peut inspirer tous les hommes et femmes de bonne volonté à œuvrer en harmonie pour une société plus juste, libre et réconciliée, contribuant ainsi à la paix et à la défense des valeurs authentiquement humaines, dans ce pays et dans le monde entier.

Puissent les prières de tous les martyrs coréens, en union avec celles de la Vierge Marie, Mère de l’Église, nous obtenir la grâce de persévérer dans la foi et en toute œuvre bonne, dans la sainteté et dans la pureté de cœur, et dans le zèle apostolique pour témoigner de Jésus en cette nation bien-aimée, dans toute l’Asie et jusqu’aux extrémités de la terre. Amen.

HOMÉLIE DU PAPE FRANÇOIS, DURANT LA MESSE DE BÉATIFICATION DE PAUL YUN JI-CHUNG ET 123 COMPAGNONS, MARTYRS, porte de Gwanghwamun (Séoul), samedi 16 août 2014, LORS DE SON VOYAGE APOSTOLIQUE EN RÉPUBLIQUE DE CORÉE À L’OCCASION DE LA VIe JOURNÉE DE LA JEUNESSE ASIATIQUE

Le pardon, condition fondamentale pour les chrétiens

Le pardon, condition fondamentale pour les chrétiens

Commentant l’Évangile selon saint Matthieu (cf. Mt 18, 21-35),le Pape François appelle chaque fidèle à identifier une personne qui lui a fait du mal pour demander au Seigneur la force de lui pardonner. «Le pardon est l’oxygène qui purifie l’air pollué par la haine.»

LE PAPE FRANÇOIS

ANGÉLUS

Place Saint-Pierre
dimanche 17 septembre 2023

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Chers frères et sœurs, bonjour !

Aujourd’hui, l’Évangile nous parle du pardon (voir Mt 18, 21-35). Pierre demande à Jésus : « Seigneur, combien de fois dois-je pardonner à mon frère s’il pèche contre moi ? Jusqu’à sept fois ? (v. 21).

Sept, dans la Bible, est un nombre qui indique l’exhaustivité, et c’est pourquoi Pierre est très généreux dans les hypothèses de sa question. Mais Jésus va plus loin et répond : « Je ne vous dis pas jusqu’à sept, mais jusqu’à soixante-dix fois sept » (v. 22). C’est-à-dire qu’il lui dit que quand on pardonne, on ne calcule pas, qu’il est bon de pardonner tout et toujours !

Tout comme Dieu le fait avec nous, et comme ceux qui administrent le pardon de Dieu sont appelés à le faire : pardonnez toujours. Je dis ceci aux prêtres et aux confesseurs : pardonnez toujours comme Dieu pardonne.

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Jésus illustre ensuite cette réalité à travers une parabole, qui concerne toujours les chiffres. Un roi, après avoir été prié, pardonne à un serviteur la dette de 10 000 talents : c’est une valeur exagérée, immense, qui varie entre 200 et 500 tonnes d’argent : exagérée. C’était une dette impossible à payer, même en travaillant toute une vie : pourtant ce maître, qui rappelle notre Père, la pardonne par pure « compassion » (v. 27).

C’est le cœur de Dieu : pardonnez toujours parce que Dieu est compatissant. N’oublions pas à quoi ressemble Dieu : il est proche, compatissant et tendre ; telle est la manière d’être de Dieu, mais alors ce serviteur, dont la dette a été remise, ne fait preuve d’aucune miséricorde envers un compagnon qui lui doit 100 deniers.

C’est aussi une somme conséquente, équivalente à environ trois mois de salaire – comme pour dire que se pardonner coûte de l’argent ! –, mais pas du tout comparable au montant précédent, que le propriétaire avait pardonné.

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Le message de Jésus est clair : Dieu pardonne d’une manière incalculable, au-delà de toute mesure. Il est ainsi, il agit par amour et par gratuité. Dieu ne peut pas être acheté, Dieu est libre, tout est gratuit. Nous ne pouvons pas le rembourser mais, lorsque nous pardonnons à notre frère ou à notre sœur, nous l’imitons.

Pardonner n’est donc pas une bonne action qui peut être faite ou ne pas faire : pardonner est une condition fondamentale pour ceux qui sont chrétiens. Chacun de nous, en effet, est un «pardonné» ou un «pardonné»: ne l’oublions pas, nous sommes pardonnés, Dieu a donné sa vie pour nous et nous ne pouvons en aucun cas compenser sa miséricorde, dont il ne se retire jamais. le cœur.

Cependant, en correspondant à sa gratuité, c’est-à-dire en nous pardonnant mutuellement, nous pouvons témoigner de lui, semant une vie nouvelle autour de nous. En fait, en dehors du pardon, il n’y a aucun espoir; en dehors du pardon, il n’y a pas de paix.

Le pardon est l’oxygène qui purifie l’air pollué par la haine, le pardon est l’antidote qui guérit les poisons du ressentiment, c’est le moyen de désamorcer la colère et de guérir de nombreuses maladies cardiaques qui contaminent la société.

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Demandons-nous alors : est-ce que je crois avoir reçu de Dieu le don d’un immense pardon ? Est-ce que je ressens la joie de savoir qu’Il ​​est toujours prêt à me pardonner quand je tombe, même quand les autres ne le font pas, même quand je ne peux même pas me pardonner ? Il pardonne : est-ce que je crois qu’il pardonne ? Et puis : est-ce que je sais pardonner à mon tour à ceux qui m’ont blessé ?

À ce propos, je voudrais vous proposer un petit exercice : que chacun de nous essaie maintenant de penser à une personne qui nous a fait du mal, et demande au Seigneur la force de lui pardonner. Et pardonnons-lui pour l’amour du Seigneur : frères et sœurs, cela nous fera du bien, cela rétablira la paix dans nos cœurs.

Que Marie, Mère de Miséricorde, nous aide à accueillir la grâce de Dieu et à nous pardonner mutuellement.

Après l’Angélus

Chers frères et sœurs !

Vendredi, j’irai à Marseille pour participer à la conclusion des Rencontres Méditerranéennes, une belle initiative qui se déroule dans des villes importantes de la Méditerranée, réunissant des dirigeants ecclésiaux et civils pour promouvoir des chemins de paix, de collaboration et d’intégration autour de la mare nostrum [notre mer], avec une attention particulière au phénomène migratoire.

Il s’agit d’un défi qui n’est pas facile, comme nous le voyons aussi dans l’actualité de ces derniers jours, mais qu’il faut relever ensemble, car il est essentiel pour l’avenir de tous, qui ne sera prospère que s’il est construit sur la fraternité, en mettant en avant la dignité humaine, les personnes concret, en particulier pour ceux qui en ont le plus besoin.

Tout en vous demandant d’accompagner ce chemin par la prière, je voudrais remercier les autorités civiles et religieuses, ainsi que ceux qui travaillent à préparer la rencontre à Marseille, ville riche de peuples, appelée à être un port d’espérance. Désormais, je salue tous les habitants, en attendant de rencontrer de nombreux frères et sœurs très chers.

Et je vous salue tous, Romains et pèlerins d’Italie et de divers pays. Et continuons de prier pour le peuple ukrainien tourmenté et pour la paix dans chaque pays ensanglanté par la guerre.

Je souhaite à tous un bon dimanche et n’oubliez pas de prier pour moi. Bon déjeuner et à bientôt !


Copyright © Dicastero per la Comunicazione – Libreria Editrice Vaticana