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sur un aspect de spiritualité : Christ, Vierge Marie, Église dans le monde…

MOIS DU ROSAIRE-  jour 12  – La dévotion du Rosaire a été autorisée par des miracles

MOIS DU ROSAIRE-  jour 12  – La dévotion du Rosaire a été autorisée par des miracles

12 octobre Vierge Marie
12 octobre Vierge Marie

Tous les prodiges qui semblent de vrais miracles ne sont pas néanmoins toujours suffisants pour autoriser une dévotion ; ils peuvent édifier, encourager la piété des fidèles, leur inspirer de la confiance, quand ils sont revêtus de caractères qui paraissent certains ; mais les miracles authentiques par leur publicité historique ou monumentale, et confirmés par le suffrage éclairé de l’Église, sont les seuls qui puissent autoriser une dévotion.

Et, lorsque l’Église ou son chef visible établit des fêtes pour en constater la mémoire ou pour rendre grâces à Dieu de quelque bienfait signalé, elle autorise, par cela même, la dévotion qui est l’objet de la fête ; or, c’est ce qui est arrivé pour le Rosaire. Il y a des miracles de protection publique et des miracles de protection particulière : nous ne parlerons aujourd’hui que des premiers.

La bataille de Muret, livrée le 3 Septembre 1213, et couronnée du plus heureux succès, est le premier triomphe dû au Saint Rosaire : en voici les détails. Vers la fin du douzième siècle s’étaient montrés de nouveaux hérétiques, les Albigeois, Leur parti était puissant et ils arboraient partout l’étendard de la révolte.

Il y avait déjà plusieurs provinces infectées de ce poison fatal qui se répandait dans toutes les parties de l’Europe. Albi et les principales villes du Languedoc furent le principal théâtre d’une guerre sanglante. Saint Dominique, brûlant de zèle pour la gloire de Dieu, suppliait sans cesse avec larmes le Seigneur d’avoir pitié de son Église.

Un jour, la sainte Vierge lui apparut pendant qu’il priait, et le consola en l’assurant que la prédication du Rosaire terrasserait l’hérésie. En effet, à peine eut-il arboré l’étendard du Rosaire et prêché l’excellence et les avantages de cette dévotion, qu’il dessilla les yeux des hérétiques et des schismatiques : on les vit en foule accourir de toutes parts, et les églises retentissaient de leurs gémissements et de leurs sanglots.

Les Albigeois, effrayés de la multiplicité et de l’éclat de tant de conversions, résolurent de réparer leurs pertes par un combat décisif : ils rassemblèrent une armée formidable. Le comte de Montfort, le chef des croisés catholiques, ce prodige de piété et de valeur, l’admiration du monde et la terreur des ennemis ; en un mot, le Macchabée des catholiques ne voulut engager le combat que sous les auspices de Saint Dominique.

Celui-ci paraît avec un grand crucifix au milieu des croisés comme un prophète ; il leur promet la victoire, par le crédit de Marie auprès du Dieu des armées, s’ils récitent avec dévotion le Saint Rosaire. Le comte de Montfort n’avait que 1800 hommes au plus, et l’armée des hérétiques en comptait 100 000.

Plein de confiance dans l’assistance de Marie et dans les prodiges de la prière, il l’attaque, la met en déroute et remporte, par la puissante protection de Notre-Dame du rosaire, une des plus signalées victoires des annales du monde.

Le 7e jour nous avons parlé longuement de la mémorable victoire de Lépante, à l’occasion de laquelle fut établie la fête de Notre Dame du Rosaire.

La victoire remportée le 18 Septembre 1683 par Jean III Sobieski, roi de Pologne, est encore un trophée de la protection de Marie. Il n’avait que 75 000 hommes et les Turcs en comptaient 300 000; mais il invoqua le Dieu de la victoire par l’entremise de Marie; et à peine les ennemis qui assiégeaient la ville de Vienne l’ont-ils reconnu, qu’ils s’écrient: « Voilà Sobieski », et prennent la fuite laissant un butin immense.

Sobieski entre en triomphe comme un libérateur dans Vienne, se transporte à la Métropole, et y entonne lui-même le Te Deum, l’hymne d’action de grâces, pour rendre hommage au Dieu des armées et à la sainte Vierge, dont la protection puissante lui avait obtenu un si mémorable succès. La fête du Nom de Marie (12 septembre) fut établie dans l’octave de la Nativité, à l’occasion de cette victoire.

Le prince Eugène remporta en 1716 plusieurs victoires contre les Turcs bien supérieurs en nombre, et il les attribua toutes à la protection de Marie. Mais ce fut surtout à la bataille de Belgrade, le 16 Août 1717, qu’on reconnut devoir attribuer à l’intercession de Notre-Dame du rosaire l’intrépidité, la valeur, la sagesse et les succès du prince Eugène.

En conséquence, le Pape Clément XI fit présent aux Dominicains de Rome, d’un des cinq étendards enlevés à l’ennemi, et ordonna qu’il serait suspendu dans la Chapelle du Rosaire.

L’histoire de France nous fournit encore un trait singulièrement remarquable par ses circonstances. Louis XIII ayant pris la résolution de réduire sous son obéissance l’importante ville de La Rochelle, l’asile et le fort de l’hérésie, mit son armée sous la protection de la Sainte Vierge et écrivit à la reine-mère de faire faire des prières publiques en son honneur pour la prospérité de ses armes.

La reine-mère choisit à cet effet l’église des Dominicains pour y faire réciter le rosaire publiquement. A sa demande, l’archevêque de Paris annonça qu’on commencerait cette récitation le 22 Mai 1628 pour la continuer tous les samedis, et lui-même voulut lire à haute voix les sujets et les élévations de chaque mystère.

Cette dévotion fut suivie avec beaucoup d’empressement et de ferveur par un concours immense de fidèles. Le roi en ayant été informé, fit pratiquer la même dévotion dans son armée. Le camp résonnait à certaines heures du jour et de la nuit, des louanges de Marie et des prières du rosaire qui furent continuées jusqu’à la réduction de la place.

Aussi les troupes du roi, « semblables aux Macchabées, combattant de la main et priant du fond du cœur, remportèrent-elles une victoire éclatante, pleines de joie de l’assistance de Dieu ». (2e Livre des Macchabées 15). Le roi attribua cet heureux succès à la protection de Notre Dame du Rosaire, et voulut que les pères Dominicains qui se trouvaient dans le camp, soient les premiers à entrer dans la ville.

En effet, ils devancèrent l’armée en chantant les Litanies de la Sainte Vierge, ayant en tête leur bannière qui représentait d’un côté l’image de Jésus Crucifié, de l’autre, celle de Notre Dame du Rosaire, avec cette inscription en latin : « Réjouissez-vous, ô Marie toujours vierge, vous seule avez détruit les hérésies dans tout l’univers ».

Ce triomphe fut si éclatant que l’université de Paris, par l’organe de la faculté de théologie de la Sorbonne, ne craignit pas de regarder comme un miracle de Notre Dame du Rosaire, la défaite des calvinistes, si ouvertement soutenus par l’Angleterre et dont la ville de La Rochelle était le plus redoutable boulevard.

Ces quelques faits joints à la victoire de Lépante, nous montrent tous des succès signalés obtenus par l’intercession de Marie invoquée par la pratique du Rosaire ; ils suffisent sans doute pour autoriser cette dévotion et la faire pratiquer avec plus de ferveur que jamais dans des temps de guerre ou de calamités publiques.

Ils nous prouvent aussi que c’est à juste titre que Marie est surnommée Notre Dame des Victoires et que ce n’est pas en vain qu’on l’appelle Secours des chrétiens.

Résolution

Invoquons souvent Marie comme protectrice des empires et des royaumes, et en particulier comme Patronne de la France et Reine du Ciel et de la terre.

Si ce pays n’a pas de guerre à soutenir contre des ennemis extérieurs, il en a une contre des ennemis intérieurs d’autant plus dangereux qu’ils ont les moyens de tromper les esprits et d’avoir la multitude de leur côté. Ils ne réussiront pas dans leurs projets, si nous avons soin d’implorer avec ferveur.

Notre Dame du Rosaire qui saura obtenir du Ciel les grâces nécessaires pour que le pays demeure fidèle à la foi de ses pères, et se distingue toujours par son attachement à notre Mère la Sainte Église.

PRIÈRE

Seigneur, Dieu des armées, qui tiens en mains le sort des empires, nous avons recours à la puissante Patronne de ce pays, à ta sainte Mère pour obtenir, par son intercession, que ton Nom soit sanctifié, que ton règne s’établisse dans tons les cœurs, et que les ennemis de l’Église et de la religion n’y dominent jamais.

Nous allons te demander cette grâce en invoquant Notre-Dame du Rosaire par la récitation d’une dizaine du chapelet. Ainsi soit-il.

1 Notre Père, 10 je Vous salue Marie, 1 Gloire au Père.

D’après le manuel de Liège 1847

LE MYSTÈRE DE LA RÉDEMPTION

Ce contenu est « étroitement lié au mystère de la rédemption ». Les paroles de la salutation angéli­que à Marie introduisent dans ce mystère et, en même temps, trouvent en lui leur explication. Voilà ce qu’exprime la lecture du Livre de la Genèse.

C’est précisément là — sur la toile de fond du premier péché, du péché originel — que « Dieu annonce » pour la première fois le mystère de la rédemption. Pour la première fois il fait connaître son action dans l’histoire future de l’homme et du monde.
Saint Jean-Paul II – Osservatore Romano du 11-10-1983

MOIS DU ROSAIRE – jour 11 – Excellence de la dévotion du Rosaire (Suite)

MOIS DU ROSAIRE – jour 11 – Excellence de la dévotion du Rosaire (Suite)

Icône de Marie avec Jésus en mandorle
Icône de Marie  avec Jésus en mandorle

Nous avons vu hier que la dévotion du rosaire est justifiée ; nous allons voir aujourd’hui qu’elle a été consacrée par l’autorité de l’Église et confirmée par la tradition.

Les souverains Pontifes sont les organes de l’Église ; leur autorité doit nous servir de règle et leurs jugements faire loi, surtout lorsqu’ils attestent des faits de tradition ou qu’ils préconisent une dévotion pour la proposer à la piété des fidèles.

Leur suffrage doit donc être à nos yeux d’un grand poids ; il y a 24 Papes au moins qui ont donné des bulles pour en relever l’excellence et pour en propager la dévotion ou la justifier, depuis Urbain IV contemporain de Saint Dominique et le premier promoteur du rosaire. Nous ne pouvons citer que quelques-unes de ces bulles.

Léon X, le 6 Octobre 1520, reconnaît d’abord que la dévotion du rosaire est très utile pour obtenir de Dieu des secours miraculeux dans les nécessités les plus pressantes ; il atteste les grands fruits de cette dévotion et les miracles éclatants qu’elle a produits dans beaucoup de contrées.

Adrien VI, après avoir attesté que le rosaire est très utile aux moribonds, et qu’il leur offre de puissants secours contre les artifices et les illusions du démon, à l’heure de la mort, accorde des indulgences aux membres de la confrérie, pourvu qu’ils aient récité une fois le rosaire pendant le cours de leur vie.

Clément VII, le 8 Mai 1524, considérant tous les avantages de la confrérie du rosaire, soit pour l’âme, soit pour le corps, les grands biens qui en ont résulté dans l’Église, la ferveur qu’elle a ranimée dans les âmes, les grâces extraordinaires qu’elle leur a obtenues, et les miracles mêmes que Dieu a opérés en faveur de ceux qui en ont rempli les devoirs, s’exprime ainsi :

« Suivant les traces de nos prédécesseurs qui ont confirmé ou augmenté les indulgences et les privilèges de cette confrérie, y étant porté de notre propre mouvement, et par une dévotion particulière pour cette confrérie du rosaire, nous approuvons, etc. »

Saint Pie V, le 18 Juin 1569, après avoir dit que la dévotion du rosaire est une source de paix, de consolation et de ferveur, ajoute que c’est dans cette vue et pour cette fin, qu’il confirme et augmente les indulgences accordées aux confréries du rosaire, afin que tous les associés, appuyés sur la miséricorde de Dieu et sur l’autorité des bienheureux apôtres Saint Pierre et Saint Paul, reçoivent un nouvel accroissement de grâces et de bénédictions.

Sixte-Quint (1585-1590), après avoir proclamé que la confrérie du rosaire a procuré toutes sortes de biens à l’Église et aux fidèles, s’exprime ainsi : « Ayant considéré mûrement l’utilité du rosaire de la glorieuse Vierge Marie, institué par Saint Dominique et qui lui a été inspire du ciel, selon une pieuse croyance, et y étant excité par la même dévotion envers la sainte Vierge, confirmons, etc. »

Il résulte de toute cette série de 24 Papes qui, selon les circonstances, se sont empressés d’honorer de leur suffrage le rosaire, de préconiser son auteur et de combler de faveurs spirituelles et de privilèges les membres de la confrérie, que l’Église a toujours proposé aux fidèles cette dévotion comme appuyée sur de solides fondements, et digne de leur juste appréciation et de leur piété.

Une dévotion déjà si autorisée par l’Église dans la personne de ses chefs depuis Urbain IV jusqu’au Pape actuel, ne pouvait manquer d’être adoptée, encouragée, préconisée et propagée par l’épiscopat et par tous tes saints personnages qui ont illustré l’Église depuis Saint Dominique.

Il n’est pour ainsi dire pas d’évêque qui n’ait établi ou conservé, dans les différentes églises de son diocèse, la dévotion du rosaire. De plus, Saint François de Sales avait fait le vœu de dire tous les jours cinq dizaines du rosaire, c’est-à-dire le chapelet.

Saint Charles Borromée, archevêque de Milan, non content d’être fidèle à cette dévotion par la pratique journalière du rosaire, en établit la confrérie dans son église métropolitaine.

Saint Alphonse de Liguori, si éminemment dévot à la sainte Vierge, portait un rosaire au cou et un autre à sa ceinture ; il avait fait le vœu de le réciter tous les jours et il ne cessait de le recommander dans toutes ses prédications. Les membres de la congrégation qu’il a établie, montrent partout le même zèle à propager cette dévotion. En France, des évêques s’efforcent encore de ranimer dans leurs diocèses cette pratique de dévotion.

Comme du temps de Saint Dominique, on peut dire en se servant des paroles de Moïse : Si quelqu’un de vous est au Seigneur, qu’il se joigne à moi pour adresser à Dieu une prière qu’il a prouvé si souvent lui être agréable. Celte pratique de dévotion ranimera ce feu de la charité et de la dévotion éteint dans le sein de milieux éloignés de l’Église de Jésus-Christ.

Les hommes apostoliques ont toujours prêché dans tous les pays, avec zèle et avec succès, cette dévotion ; dans tous les temps, ils ont célébré les louanges de Marie et l’excellence du rosaire.

Tous les auteurs qui ont traité des pratiques de piété envers Marie, ont proposé aux fidèles cette dévotion, en la présentant comme l’une des plus solides que l’on puisse établir en l’honneur de la très sainte Vierge, soit que l’on considère son institution qui n’a pas eu d’autre motif que d’honorer le Fils dans les grands privilèges dont il a comblé sa sainte Mère, et d’honorer la Mère qui, par son humilité, s’est montrée si digne des faveurs singulières qu’elle a reçues de son Fils ; soit que l’on considère les fruits de l’institution du rosaire.

De là il n’est pas étonnant que cette pratique de dévotion, cette prière, que le bienheureux Alain de La Roche appelle la plus noble et, pour ainsi dire, la reine de toutes les prières, soit universelle et étendue dans tous les endroits où Jésus-Christ est adoré ; et que, comme elle est propre à tous les âges, à toutes les conditions, à tous les lieux, il n’y ait pas de ville, de village, de famille catholique qui ne soit sous la protection de la très sainte Vierge par le rosaire.

 Résolution

Comme nous avons le bonheur d’être des enfants non seulement soumis et obéissants à notre mère la sainte Église, mais de plus, désireux de mettre en pratique tout ce que nous savons être l’objet de ses désirs et de ses conseils, la pensée de ce jour doit nous faire prendre la résolution de nous faire une habitude de réciter chaque jour au moins une partie du rosaire et de nous faire inscrire dans une équipe du rosaire, puisque celle dévotion a été, à tant de reprises différentes,  signalée par les souverains Pontifes comme très utile et pratiquée par les plus illustres serviteurs de Jésus-Christ qui ont brillé dans l’Église depuis Saint Dominique.

 PRIÈRE

Seigneur, Dieu de bonté, qui m’as accordé la grâce ineffable d’être membre de ton Église et de l’aimer comme ma mère, donne-moi toujours à son égard les sentiments de l’amour filial le plus pur et le plus vif, afin que non seulement j’obéisse en tout à ses lois, mais que j’aille toujours au-devant de ses désirs.

C’est ce que je te demande en particulier relativement à la dévotion du rosaire ; que je la pratique avec foi, ferveur et confiance, et qu’elle me procure le secret de bien prier, le moyen de bien vivre et l’avantage de bien mourir. Ainsi soit-il.

D’après le manuel de Liège 1847

LE SEIGNEUR EST AVEC TOI

Avant tout « elles reprennent les paroles » que, par l’intermédiaire de son messager, Dieu lui-mê­me a adressées à Marie.

Ceux qui aiment la salutation angélique à Marie répètent « les paroles qui proviennent de Dieu ». En récitant le Rosaire nous disons plusieurs fois ces paroles. Ce n’est pas une répétition simpliste. Les paroles adressées par Dieu lui-même à Marie et prononcées par le messager divin renferment « un contenu insondable ».

« Je te salue, ô pleine de grâce, le Seigneur est avec toi… » (Le 1, 28), « tu es bénie entre toutes les femmes. » (Le 1, 42).
Saint Jean-Paul II – Osservatore Romano du 11-10-1983

MOIS DU ROSAIRE – jour 10 – De l’excellence de la dévotion du Rosaire

MOIS DU ROSAIRE – jour 10 – De l’excellence de la dévotion du Rosaire

mois du rosaire10
mois du rosaire10  manuel Liège 1847

La dévotion du rosaire se justifie par elle-même ; il suffit d’en connaître l’objet et la fin, l’esprit et les pratiques. Son objet est de faire connaître Dieu et Jésus-Christ, son Fils ; d’honorer Marie et de rendre des actions de grâces à la très sainte Trinité ; ses pratiques sont la méditation des saints mystères chrétiens et la récitation des trois plus belles prières de l’Église, le Pater, l’Ave Maria et le Gloria Patri, on y joint le Credo pour commencer.

Or, une dévotion appuyée sur ces fondements, ne peut être qu’une dévotion solide et excellente ; aussi est-elle justifiée par la raison, consacrée par l’autorité, confirmée par le suffrage de la tradition, autorisée par des miracles, favorisée par le concours unanime des fidèles, enrichie enfin de la précieuse indulgence du Saint-Siège.

La dévotion du rosaire est justifiée par la raison. Pour connaître l’excellence de la dévotion du rosaire, il suffit de parcourir les médiations des vingt mystères du rosaire et de paraphraser les prières qu’on récite ; on voit que le rosaire est tout à la fois un livre de méditation, de prières et d’actions de grâces.

C’est un livre de méditation sur la venue, la vie, la passion et la gloire du Fils de Dieu, Jésus-Christ Notre-Seigneur ; c’est la substance de tout l’Évangile, le précis de sa doctrine et l’abrégé des grandeurs de Marie.

En effet, dans les mystères joyeux, le fidèle découvre combien Dieu nous a aimés, jusqu’à nous donner son propre Fils ; quel a été le zèle de Jésus-Christ pour notre salut ; par quelles voies il a marché le premier pour nous tracer la route que nous devons suivre.

Il y apprend encore quels sont les obstacles au salut qu’il faut vaincre; les honneurs, les richesses et les plaisirs qu’il faut dédaigner ; les vertus d’humilité, de pauvreté et d’obéissance qu’il faut pratiquer ; en un mot, il voit dans la vie du divin Sauveur tout ce que son amour infini a fait pour nous, et tout ce que nous devons faire pour lui.

Dans les mystères lumineux, le chrétien va à la source des deux sacrements principaux, baptême et eucharistie, à travers le propre baptême de Jésus et la sainte Cène du Jeudi Saint.

Provoqué par Marie, le signe de Cana montre le premier signe de la mission de Jésus. Dans les béatitudes se trouve le cœur de l’enseignement du Maître. Et la transfiguration dévoile sa qualité divine, comme déjà au baptême : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé : écoutez-le ! »

Dans les mystères douloureux, le chrétien comprend quelle est la malice du péché ; l’horreur qu’il doit nous inspirer ; les châtiments qu’il nous prépare et quelle vengeance Dieu tirera des pécheurs impénitents, puisqu’il n’a pas épargné son propre Fils.

Il voit ce que c’est que le péché, puisqu’il a fallu offrir une si grande victime à Dieu pour le réparer ; ce que c’est que l’enfer, puisqu’il a fallu tant de douleurs pour nous en arracher ; ce que c’est que le paradis, puisqu’il a fallu la mort du Fils de Dieu pour nous le mériter ; ce que vaut notre âme et ce qu’elle a coûté, puisqu’elle a été achetée à un si haut prix, au prix du sang d’un Dieu.

Eh ! qui pourrait, à la vue des tourments de Notre-Seigneur, refuser de souffrir et de porter ses croix avec patience ? Combien elles doivent nous paraître légères, en comparaison de nos offenses, et avec quelle reconnaissance nous devons les recevoir de la main de Dieu.

Dans les mystères glorieux, le fidèle entrevoit les biens et la gloire que Jésus-Christ prépare dans le ciel à ceux qui l’auront imité sur la terre ; le bonheur d’une âme ressuscitée à la grâce par l’Esprit – Saint, et l’inébranlable fondement de notre espérance, Jésus, au plus haut des cieux, où il est notre pontife, notre avocat et notre intercesseur.

Enfin, il découvre dans l’élévation de Marie et dans son couronnement, les grandeurs de la mère de Dieu, et le motif de notre confiance en la puissance et en la Unité de celle qui a été établie la reine du ciel et de la terre, la dispensatrice des grâces, la mère et la médiatrice de tous les chrétiens, la protectrice de tous les peuples et de tous les empires.

Le rosaire est aussi un livre de prières ; il se compose des prières les plus usitées dans l’Église, et les plus parfaites. Quoi de plus parlait que la prière du Pater, l’Oraison dominicale, c’est-à-dire, l’oraison que le Seigneur a daigné nous apprendre lui-même ?

Pouvons-nous réciter une prière plus sublime que cette prière divine descendue des cieux, qui renferme tout ce que nous pouvons demander pour la gloire de Dieu, pour nous-mêmes et pour le prochain ?

Nous demandons d’abord la gloire de Dieu, l’accomplissement de sa volonté sur la terre, comme les Anges l’accomplissent dans le ciel ; pour nous et le prochain, les biens spirituels du salut, les biens temporels de la vie présente, et les biens éternels du royaume de Dieu ; enfin, la grâce d’être délivrés des maux passés, par le pardon de nos fautes, et des maux présents, par la préservation du péché ; et des maux futurs, par le triomphe sur nos passions, afin de jouir de la paix de cette vie et du bonheur de l’autre.

Quoi de plus touchant que la prière de l’Ave Maria que nous avons expliquée et paraphrasée longuement les premiers jours de ce mois ? Cette prière est composée des paroles de la sainte Écriture et de celles de l’Église qui nous rappelle les grandeurs et les privilèges de Marie et y joint les louanges de la mère de Dieu, pour augmenter les motifs de notre confiance et la ferveur de notre prière.

Quoi de plus noble que cette doxologie du Gloria Patri, qui termine chaque dizaine ? Profession de foi si précise à l’égard du mystère ineffable d’un seul Dieu en trois personnes, que nous ne saurions trop louer et bénir ; hymne de reconnaissance sublime, que les fidèles à l’exemple des chœurs célestes, répètent souvent avec l’Église dans l’office divin, en l’honneur de la très-sainte Trinité.

Enfin, quoi de plus propre à nourrir et à entretenir la foi que la récitation du Credo, du symbole des Apôtres, qui contient l’abrégé des principales vérités que nous devons croire ? Voilà tout le plan du rosaire développé ; voilà son esprit mis à la portée de tous : eh bien ! je le demande à toute personne sensée, y a-t-il la moindre chose que la raison puisse désavouer ?

Ce serait donc faire trop d’honneur à l’irréligion, que de vouloir traiter sérieusement les questions oiseuses que son ignorance a mises quelquefois en avant sur la simplicité, sur l’uniformité des prières du rosaire sur l’ordre et la division des mystères qui le composent ; si, d’un autre côté, il n’est rien de plus simple, de plus naturel, de plus populaire, de l’autre, est-il rien de plus beau, de plus profond et de plus élevé ?

Est-il rien de plus agréable à Jésus-Christ et à Marie, de plus utile aux hommes et, par conséquent, de plus digne de Dieu ? Que pouvez-vous désirer à Dieu de plus grand que la sanctification de son saint nom, l’avènement de son règne et l’accomplissement de sa volonté ? Que pouvez-vous demander à Dieu de plus nécessaire pour vous que votre pain quotidien, le pardon de vos offenses, le secours contre les tentations, la délivrance des vrais maux ?

Que pouvez-vous dire à Marie de plus agréable que les paroles de l’Archange, en lui annonçant le mystère du Verbe incarné ? Et pouvez-vous employer plus utilement la protection de Marie, qu’en la priant d’être votre médiatrice pendant la vie et à la mort ?

Admirez la divine Providence ; elle n’a pas voulu confier à l’éloquence humaine le modèle de nos prières, ni l’éloge des vertus de Marie ; le Fils de Dieu est venu nous apprendre lui-même à bien prier, et il a envoyé un Archange pour nous apprendre à louer sa Mère.

L’Oraison dominicale est l’abrégé de toute la religion, la règle de nos devoirs, le symbole de la foi le plus sublime, le code de morale le plus parfait, et la leçon de charité la plus touchante : le Père qui nous promet  ; le Fils qui pardonne ; le Saint-Esprit qui accorde : rien n’est oublié ; et dans la Salutation Angélique le mystère ineffable d’un Dieu fait homme, d’une Vierge Mère de Dieu : quels sujets divins à contempler !

Peut-on se lasser de les admirer, et peut-on ne pas répéter souvent et avec transport les paroles qui sont consacrées pour nous les rappeler ? Quel plaisir de les dire et de les redire cent fois ! N’est-il pas infiniment doux de se rappeler ce qu’on aime ? Il n’y a qu’un cœur indifférent qui puisse en trouver la répétition ennuyante. Quant à l’ordre et à la division de ces mystères, rien n’est plus adapté à l’économie de notre sainte religion.

Les mystères du premier ordre sont les objets de la joie de Marie, parce qu’ils sont le principe de notre salut ; les mystères du second ordre sont éclairants sur le Mission de Jésus, à laquelle participe Marie ; les mystères du troisième ordre sont les motifs de ses douleurs, parce qu’ils accusent notre ingratitude ; les mystères du quatrième ordre sont les sujets de sa gloire, parce qu’ils nous ouvrent le paradis.

Or, quelles leçons instructives dans tous ces détails et dans tous ces objets, dans ces motifs, dans ces exemples? Quoi de plus propre à éclairer notre esprit, à toucher notre cœur et à diriger nos actions ?

Le rosaire nous apprend à bien prier, à bien vivre et à bien mourir ; que les fidèles étudient donc tous le rosaire avec soin : pour s’instruire, pour se convertir, pour se sanctifier, pour persévérer dans la perfection des voies divines : la raison nous en ferait un devoir, si la foi n’en avait déjà révélé les avantages.

Résolution.

Ne négligeons pas de réfléchir aux motifs que le simple bon sens nous donne pour montrer l’excellence de la dévotion du rosaire. Saint Paul exige des fidèles de rendre à Dieu un culte raisonnable.

Sans doute, il suffit à tout fidèle de savoir une pratique de dévotion reçue dans l’Église, pour être sûr qu’elle est raisonnable ; mais il n’en doit pas être moins consolant pour nous d’avoir acquis aujourd’hui la conviction que le rosaire est une dévotion très appropriée aux besoins spirituels humains ; par conséquent, que nous ferons chose agréable à Dieu en la pratiquant.

PRIÈRE

Nous te rendons mille actions de grâces, Seigneur, d’avoir daigné faire connaître aux fidèles une pratique de dévotion si à la portée de tous, si aisée et si propre à leur inspirer les sentiments qui seuls peuvent t’être agréables.

Ne permets pas, Seigneur, que nous la négligions, ni que nous l’accomplissions sans cette ferveur et sans cet esprit de foi, d’espérance et de confiance filiale qui doivent distinguer tes vrais servantes et serviteurs. Nous te demandons ces grâces par l’intercession de Marie, notre bonne Mère. Ainsi soit-il.

D’après le manuel de Liège 1847

ELLE FUT BOULEVERSÉE

« Elle fut bouleversée et ‘elle se demandait ce que signifiait cette salutation’. »

Luc l’Évangéliste dit que Marie fut « bouleversée » par les paroles que l’Archange Gabriel lui adressa au moment de l’Annonciation, et qu’« elle se demandait ce que signifiait cette salutation » (Le 1, 23).

Cette « méditation de Marie » constitue le premier modèle de la prière du Rosaire. Elle est la prière de ceux qui aiment la salutation angélique à Marie. Les personnes qui récitent le Rosaire reprennent, par la pensée et le cœur, la méditation de Marie et, en le récitant, ils méditent « ce que signifie une telle salutation ».
Saint Jean-Paul II – Osservatore Romano du 11-10-1983