Neuvaine de la Transfiguration – 29 juillet-6 août
Introduction
Jésus prit avec lui Pierre, Jean et Jacques
et il monta sur une montagne pour prier.
Pendant qu’il priait son visage changea d’aspect.
et ses vêtements devinrent d’une blancheur éblouissante.
Et voici, que deux hommes s’entretenaient avec lui: c’étaient Moïse et Élie,
qui, apparus en gloire, parlaient de son départ
qu’il allait accomplir à Jérusalem.
Pierre et ses compagnons étaient accablés de sommeil,
mais s’étant pleinement réveillés,
ils virent sa gloire et les deux hommes qui se tenaient avec lui.
Comme ils étaient sur le point de se séparer de lui, Pierre dit à Jésus,
« Maître, il est heureux que nous soyons ici;
Laisse-nous dresser trois tentes,
une pour toi, une pour Moïse, et une pour Élie. »
Mais il ne savait pas ce qu’il disait.
Tandis qu’il parlait encore,
un nuage est venu et a jeté une ombre sur eux,
et ils furent saisis de peur en entrant dans la nuée.
Puis de la nuée est venue une voix qui disait :
« Celui-ci est mon Fils élu; écoutez-le ».
Après que la voix se fit entendre, Jésus se trouva seul.
Ils se turent et n’ont, à ce moment-là
dit à personne ce qu’ils avaient vu.
Mt 17, 1-13)
La fête de la Transfiguration est née en Palestine, pour la dédicace d’une église sur le mont Thabor et elle a été reçue dans les églises d’Orient entre le 5ème et le 7ème siècle.
Cette fête fut plus longue à s’établir en Occident. La Transfiguration était déjà célébrée dans l’Église latine, mais elle ne l’était pas ordinairement. C’est le pape Calliste III qui, au XVe siècle, inséra solennellement cette fête dans le calendrier de l’Église universelle. Célébrée le 40ème jour avant l’Exaltation de la sainte Croix, la fête de la Transfiguration nous donne à contempler en Jésus « le plus beau des enfants des hommes » (Ps 45,3) certes, mais aussi celui « en qui habite la plénitude de la divinité » (Col 2,9).
Homme et Dieu, Jésus Christ est le « resplendissement de la gloire du Père » (He 1,3), le « miroir sans tache de son infinie bonté » (Sg 7,26)
La transfiguration se situe après la multiplication des pains, au moment où les disciples, Pierre en particulier, reconnaissent en Jésus, le Messie. Jésus a déjà annoncé une fois qu’il doit mourir et ressusciter trois jours après, et qu’il doit se rendre à Jérusalem. Il l’annoncera encore deux fois après sa transfiguration.
Cette neuvaine, que propose notre Association de la médaille Miraculeuse, nous fera gravir le mont Thabor pour être transfigurés avec le Christ. Car la fête de la transfiguration est la démonstration de ce qu’est devenue notre nature unie à la divinité et de ce qu’elle sera chez les élus, après le second avènement du Seigneur.
Tout en demeurant dans cette vie, il nous est donné, par une constante ascension dans le sentier des divins commandements, de parvenir peu à peu au sommet du Thabor pour y jouir, dans la contemplation, de la gloire de notre Dieu.
Premier jour de la neuvaine – Gravir la montagne avec Jésus
Jésus conduit ses disciples sur une haute montagne.
La montagne – le Tabor comme le Sinaï – est le lieu de la proximité avec Dieu. C’est l’espace élevé, par rapport à l’existence quotidienne, où on peut respirer l’air pur de la création. C’est le lieu de la prière, où on est en présence du Seigneur, comme Moïse et comme Élie, qui apparaissent auprès de Jésus transfiguré et qui parlent avec Lui de l’« exode » qui l’attend à Jérusalem, c’est-à-dire de sa Pâque.
« Avant d’atteindre à la lumière de la Transfiguration, les ascensions pénibles de l’ascèse sont nécessaires.
Ceux qui veulent contempler Dieu, ne doivent pas s’arrêter, dans les jouissance de la terre, mais aspirer aux choses d’en-haut ; il faut chercher Dieu, non dans les bas-fonds de ce siècle, mais dans le royaume de Dieu. » (Saint Rémi d’Auxerre).
L’Éternel est transcendant et pourtant Il est accessible à l’homme.
A l’inverse des « rois » de notre monde, dépassant les autres par leur richesse, leur pouvoir, leur gloire qui s’éloignent du peuple des hommes, au fur et à mesure de leur » ascension » ; l’Éternel reste proche de l’homme, abordable. Il invite ses amis à le suivre et à se laisser entraîner sur le chemin de la prière.
Seigneur, aide-moi à vous rencontrer dans la prière afin que je devienne un témoin crédible de ta vie et de ta résurrection.
Augmente ma foi en tes sacrements pour que je puisse te toucher et te voir dans ton Corps et ton Sang, et dans tes paroles de pardon.
Gloire et louange à notre Dieu, éblouissant de sainteté!
Ta transfiguration révèle ta lumière qui veut se donner aux hommes.
«malgré la petitesse de notre amour, offrons-le au Seigneur»
Ce dimanche 28 juillet, le Pape François a médité sur l’Évangile de la multiplication des pains. Dressant un parallèle avec la célébration de la Messe, il a insisté sur le moment de la communion, comme «le fruit du don de tous transformé par le Seigneur en nourriture pour tous».
LE PAPE FRANçOIS
ANGELUS
Place Saint-Pierre
dimanche 28 juillet 2024
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Chers frères et sœurs, bon dimanche !
Aujourd’hui, l’Évangile de la liturgie nous parle du miracle des pains et des poissons (voir Jean 6, 1-15). Un miracle, c’est-à-dire un « signe », dont les protagonistes accomplissent trois gestes que Jésus répétera lors de la Dernière Cène. Quels sont ces gestes ? Offrir, remercier et partager.
Premièrement : offrir. L’Évangile parle d’un garçon qui a cinq pains et deux poissons (voir Jean 6 :9). C’est le geste avec lequel nous reconnaissons que nous avons quelque chose de bien à donner et nous disons notre « oui », même si ce que nous avons est trop peu par rapport à nos besoins. Ceci est souligné lors de la messe, lorsque le prêtre offre le pain et le vin sur l’autel, et que chacun s’offre lui-même, sa propre vie.
C’est un geste qui peut paraître petit, si l’on pense aux immenses besoins de l’humanité, tout comme les cinq pains et les deux poissons devant une foule de milliers de personnes ; mais Dieu en fait la matière du plus grand miracle qui existe : celui dans lequel Lui-même, Lui-même !, devient présent parmi nous, pour le salut du monde.
Nous comprenons ainsi le deuxième geste : rendre grâce (voir Jean 6 : 11). Le premier geste est d’offrir, le second est de rendre grâce. C’est-à-dire dire au Seigneur avec humilité, mais aussi avec joie : « Tout ce que j’ai est ton don, Seigneur, et pour te remercier, je ne peux que te rendre ce que tu m’as donné d’abord, avec ton Fils Jésus-Christ, en ajoutant à ce que je peux.
Chacun de nous peut ajouter un petit quelque chose. Que puis-je donner au Seigneur ? Que peut donner le petit ? Pauvre amour. Dites : « Seigneur, je t’aime. » Nous, pauvres gens : notre amour est si petit ! Mais nous pouvons le donner au Seigneur, le Seigneur l’accueille.
Offrir, remercier, et le troisième geste est de partager. Dans la messe, c’est la communion, lorsque nous nous approchons ensemble de l’autel pour recevoir le Corps et le Sang du Christ : fruit du don de chacun transformé par le Seigneur en nourriture pour tous. C’est un beau moment, celui de la communion, qui nous apprend à vivre chaque geste d’amour comme un don de grâce, tant pour celui qui donne que pour celui qui reçoit.
Frères, sœurs, demandons-nous : est-ce que je crois vraiment, par la grâce de Dieu, que j’ai quelque chose d’unique à offrir à mes frères, ou est-ce que je me sens anonymement « un parmi tant d’autres » ? Suis-je le protagoniste d’un bien à donner ? Suis-je reconnaissant envers le Seigneur pour les dons avec lesquels il me montre continuellement son amour ? Est-ce que je vis le partage avec les autres comme un moment de rencontre et d’enrichissement mutuel ?
Que la Vierge Marie nous aide à vivre avec foi chaque célébration eucharistique, à reconnaître et à apprécier chaque jour les « miracles » de la grâce de Dieu.
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Après l’Angélus
Chers frères et sœurs !
Je vous assure de mes prières pour les victimes du grand glissement de terrain qui a emporté un village du sud de l’Éthiopie. Je suis proche de cette population éprouvée et de ceux qui apportent du secours.
Et même si de nombreuses personnes dans le monde souffrent de catastrophes et de la faim, nous continuons à fabriquer et à vendre des armes et à brûler des ressources, alimentant ainsi les guerres, grandes et petites.
C’est un scandale que la communauté internationale ne doit pas tolérer et qui contredit l’esprit de fraternité des Jeux Olympiques qui viennent de commencer. N’oublions pas, frères et sœurs : la guerre est une défaite !
Aujourd’hui, nous célébrons la Journée mondiale des grands-parents et des personnes âgées. Le thème «Ne m’abandonne pas dans la vieillesse » (voir Ps 71,9). L’abandon des personnes âgées est en effet une triste réalité à laquelle il ne faut pas s’habituer. Pour beaucoup d’entre eux, surtout en ces jours d’été, la solitude risque de devenir un fardeau difficile à supporter.
La journée d’aujourd’hui nous appelle à écouter la voix des personnes âgées qui disent : « Ne m’abandonnez pas ! et de répondre : « Je ne t’abandonnerai pas ! ». Renforçons l’alliance entre petits-enfants et grands-parents, entre jeunes et vieux. Disons « non » à la solitude des personnes âgées !
Notre avenir dépend en grande partie de la façon dont les grands-parents et les petits-enfants apprennent à vivre ensemble. N’oublions pas les personnes âgées ! Et une salve d’applaudissements à tous les grands-parents, à tous !
Je vous salue tous, Romains et pèlerins venus de diverses régions d’Italie et du monde. Je salue en particulier les participants au Congrès général de l’Union de l’Apostolat catholique ; les enfants de l’Action catholique de Bologne et ceux de l’unité pastorale Riviera del Po–Sermide, dans le diocèse de Mantoue ; le groupe des jeunes de dix-huit ans du diocèse de Vérone ; et les animateurs de l’Oratoire « Carlo Acutis » de Quartu Sant’Elena.
J’adresse mes salutations à ceux qui participent à la conclusion de la Fête de la Madone du Carmine au Trastevere : ce soir aura lieu la procession de la Madone « fiumarola » sur le Tibre. Apprenons de Marie, notre Mère, à pratiquer l’Évangile au quotidien ! J’avais entendu des chants néocatéchuménaux… Alors j’aimerais les réentendre !
Je souhaite à tous un bon dimanche. Et s’il vous plaît, n’oubliez pas de prier pour moi. Bon déjeuner et à bientôt !
En Europe on célèbre le 23 juillet la fête de sainte Brigitte (1303-1373). Mariée toute jeune en Suède au prince Ulf, elle en eut huit enfants qu’elle éduqua dans la plus grande piété, et elle entraîna son époux à la piété par ses paroles et ses exemples.
Après la mort d’Ulf, elle entreprit de nombreux pèlerinages à divers lieux saints, elle écrivit beaucoup pour la réforme de l’Église dans sa tête et ses membres et jeta à Rome, où elle mourut en 1373, les fondations de l’Ordre du Très Saint Sauveur. (Martyrologe Romain)
On distingue deux périodes dans la vie de Brigitte de Suède. D’abord une femme mariée et la mère de huit enfants, qui s’initia à l’étude de l’Écriture et l’adopta comme règle de vie avec son époux comme tertiaires franciscains. Elle fut d’une charité généreuse et fonda un hôpital…
La seconde vie de Brigitte commença après son veuvage et son refus de se remarier afin d’approfondir « son union avec le Seigneur dans la prière, la pénitence et la charité… Après avoir distribué ses biens aux pauvres, elle se retira au monastère cistercien d’Alvastra, sans devenir moniale »… En 1349, Brigitte prit le chemin de Rome pour participer au jubilé durant lequel le Pape approuva la fondation de son ordre consacré au Saint Sauveur.
Moines et moniales se trouvent sous l’autorité d’une abbesse, une formule classique au Moyen Age. « La grande tradition chrétienne reconnaît à la femme une dignité particulière, à l’exemple de Marie, reine des apôtres, et une place spéciale au sein de l’Église qui, s’il ne coïncide pas avec le sacerdoce ordonné, a une grande importance pour la vie spirituelle de la communauté ». Sainte Brigitte alla également en pèlerinage à Assise et en Terre Sainte.
Elle fut canonisée dès 1391. Sa sainteté et ses multiples qualités en firent une figure remarquable de l’histoire européenne, « qui montre comment le christianisme a profondément imprégné la vie des peuples du continent… En la proclamant co-patronne de l’Europe, Jean-Paul II exprima le vœu que Brigitte, qui vivait dans une chrétienté occidentale non encore blessée par la division, intercède en faveur de la pleine unité des chrétiens ». (D’après la catéchèse de Benoît XVI du 27 octobre 2010)
Extraits du livre des Révélations de Sainte Brigitte, sur la Vierge Marie
Pendant le carême de l’année 1366, notre Sainte rentra dans la Ville éternelle, qui ne cessait d’attendre toujours, comme une veuve inconsolable, l’arrivée du Vicaire de Jésus-Christ. Elle redoubla ses prières, ses jeûnes et ses pénitences; car elle savait que le moment approchait où elle obtiendrait du Pape l’autorisation d’élever son premier couvent à Wadstena, et où il lui serait donné de présenter au Souverain Pontife, à Rome même, la règle et les statuts de son nouvel Ordre. Il n’y manquait plus que les Leçons que les Religieuses devaient dira aux matines, en l’honneur de la Très-Sainte Vierge. Lorsqu’elle s’adressa dans ce but au divin Sauveur, fondateur de l’Ordre, celui-ci lui apparut et lui dit : « Je t’enverrai mon Ange, qui te révélera les Leçons que les Religieuses de ton couvent seront tenues de lire, aux matines, à la louange de ma Mère. Cet Ange te les dictera lui-même ; et tu écriras donc sous sa dictée. » Brigitte se rendit alors dans son petit oratoire, d’où l’on apercevait par une croisée l’autel de l’église de Saint-Laurent-in-Damoso, attenant à sa demeure.
Sa première pensée fut que ce serait là, non loin du tabernacle toujours entouré de légions d’Anges en adoration, qu’elle aurait l’insigne honneur de recevoir la visite de l’un de ces Esprits, bienheureux, et entendrait de sa bouche les louanges de la glorieuse Reine des Anges. La main armée d’une tablette et d’un poinçon pour écrire, elle attendit donc, dans l’amour et l’humilité, l’arrivée de l’Ange du Seigneur. Brigitte ne s’était point trompée. L’Ange désiré lui apparut à cet endroit béni d’où elle pouvait contempler le très adorable Saint-Sacrement. Il vint se placer près d’elle; son attitude exprimait une profonde vénération, son visage rayonnait et ses yeux étaient sans cesse fixés sur l’autel où le Saint-Sacrement était exposé. Il dicta, dans la langue maternelle de Brigitte, les Leçons de matines, destinées à redire les privilèges et les gloires inénarrables de la Très-Sainte Vierge Marie. La Sainte les transcrivait jour pour jour avec la plus religieuse attention et telles qu’elles tombaient des lèvres dé l’Ange, puis elle montrait humblement à son Père spirituel ce qu’elle avait écrit. Parfois l’Ange ne se présentait pas. Quand alors Pierre Olafson lui demandait ce qu’elle avait écrit, elle répondait modestement : « Mon Père, aujourd’hui je n’ai rien écrit; j’ai longtemps attendu l’Ange du Seigneur, pour qu’il daignât me dicter ce que je dois écrire; mais il n’est point venu. » C’est ainsi que fut composé ce qu’on appelle le Sermon angélique, ou les Leçons que les Religieuses sont obligées de lire chaque semaine à matines.
Après avoir achevé de dicter les célestes louanges de la glorieuse Reine du ciel, et après les avoir réparties en vingt et une Leçons pour les sept jours de la semaine, l’Ange dit à Brigitte qui achevait d’écrire : « Voici que j’ai préparé le vêtement de la Reine des Anges; à vous maintenant de le terminer de votre mieux. Or donc, heureuses filles du très saint Ordre du Rédempteur, vous à qui, dans sa miséricordieuse bonté, le Créateur et le Sauveur des hommes a donné cette sainte règle, de sa propre bouche et par l’intermédiaire de son épouse qui devait la faire connaître au monde, préparez-vous par de saintes œuvres à recevoir, avec une vénération profonde et une grande dévotion, les Leçons que l’Ange du Seigneur a dictées, par l’ordre de Dieu, à votre Mère la bienheureuse Brigitte. Ouvrez vos oreilles afin d’entendre un éloge si magnifique de la Très-Sainte Vierge Marie. Méditez avec un tueur humble les gloires et les admirables privilèges de la Mère de Dieu, que ces Leçons ont pour but de rappeler, et qu’elles soient pour vous comme un mets délicat que vous prendrez par la méditation et que vous goûterez par la contemplation. Puis élevez vos mains et vos cœurs vers Dieu, afin de lui rendre humblement et dévotement grâce du bienfait signalé dont il vous a comblées. Que son Fils très saint, le Roi des Anges, avec lequel Marie vit et règne dans les siècles des siècles, vous accorde cette faveur. Amen ! » Sur ces mots, l’Ange disparut; Brigitte ne devait le revoir qu’au ciel.
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Lors de son pèlerinage vers la Terre Sainte, à l’époque où le navire des pèlerins était encore à l’ancre dans le port de Naples, la Très Sainte Vierge apparut à notre Sainte, qui veillait en priant, et lui dit : « Dieu, dans sa bonté, te permet de voir et d’entendre maintenant le jugement qui a été prononcé sur l’âme de ton fils après sa séparation du corps. Ce qui s’est fait alors sans succession de temps, devant l’incompréhensible majesté de Dieu, t’apparaîtra sous une suite d’imagés corporelles, afin d’aider ton entendement. »
Au même moment, Brigitte fut transportée dans un palais vaste et magnifique. Elle vit Jésus-Christ assis sur son tribunal et entouré de la cour innombrable des Anges et des Saints. Près de Lui se tenait sa très-sainte Mère, qui écoutait avec attention le jugement.
Elle aperçut aux pieds du juge, sous la forme d’un enfant nouveau-né, l’âme du défunt, tremblante, ne pouvant ni voir ni entendre ce qui se passait, mais en ayant la perception intime. A la droite du Juge et près de l’âme se tenait un Ange; le démon était à gauche; mais ni l’un l’autre ne touchaient l’âme.
Le démon se mit alors à crier: «Écoutez, Juge tout-puissant. J’ai à me plaindre d’une femme qui est à la fois ma Souveraine et votre Mère, à laquelle votre amour a donné tout pouvoir sur le ciel et sur la terre, et sur nous, démons de l’enfer. Elle m’a injustement ravi l’âme qui comparaît devant vous. Car, en bonne justice, j’avais le droit de m’en emparer au moment de sa sortie du corps et de l’amener, avec mes compagnons, devant votre tribunal. Or, ô juste Juge, l’âme n’était pas sortie pour ainsi dire du corps, que cette femme, votre Mère, s’en est saisie, l’a couverte de sa puissante protection, et vous l’a présentée. »
La Bienheureuse Vierge Marie, Mère de Dieu, répondit ainsi : « Écoute, Satan, ma réponse. Quand tu sortis des mains du Créateur, tu avais l’intelligence de la justice qui est en Dieu dès l’éternité et sans commencement. Tu as eu aussi la liberté d’agir à ton gré, et, bien que tu aies préféré haïr Dieu que de lui donner ton cœur, tu sais cependant ce que la justice exige. Or je te dis qu’il m’appartient plus qu’à toi de présenter cette âme à Dieu, son Juge. Car, durant son séjour sur la terre, elle m’a témoigné une grande affection; elle se plaisait à se rappeler que Dieu a daigné me choisir pour sa Mère et qu’il a voulu m’exalter au-dessus de toutes les créatures. La pensée des privilèges dont Dieu a bien voulu m’honorer, lui inspirait un tel amour qu’elle se disait souvent à elle-même : «Je suis si heureuse de voir la Très-Sainte Vierge Marie plus chère à Dieu que toutes les créatures, que pour rien au monde je ne donnerais la joie que j’en ressens. Bien plus, je mets cette joie au-dessus de tous les plaisirs de la terre, et s’il était possible que Marie perdît un seul instant quelque chose de sa haute dignité, j’aimerais mieux, s’il m’était donné de l’empêcher, être éternellement tourmentée dans les abîmes de l’enfer que de le souffrir. Donc, gloire éternelle et action de grâces infinies à Dieu, pour cette faveur singulière et cette gloire immense qu’il a donnée à sa Bienheureuse Mère. »
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A Bethléem, Brigitte et les siens pénétrèrent dans la basilique élevée sur le monticule de calcaire jurassique, où se trouve la grotte de la Nativité. Cette basilique, dite de Sainte-Marie, est une des plus anciennes de la Palestine (1); elle a cinq nefs et est bâtie en forme de croix. Brigitte descendit les quinze marches qui mènent à la grotte et se trouva enfin au lieu même où le Verbe Éternel s’était fait chair. Le silence le plus profond régnait dans ce sanctuaire; la douce lumière des lampes éclairait l’étoile d’argent qui se montrait au centre de la grotte et qui portait cette inscription : Hic de Virgine Maria Jesus Christus natus est : L’âme de Brigitte se remplit d’une joie inexprimable à cette pensée: c’est ici que Jésus-Christ est né de la Vierge Marie; elle comprit la profondeur du mot de saint Jérôme : « C’est par le silence et non par d’impuissantes paroles que doit être honorée la grotte où le divin Enfant fit entendre sa voix. » Elle baisa en silence et avec une profonde humilité le sol de ce lieu très saint. Mais bientôt ce silence devait être interrompu par la douce voix de la Mère de Dieu et par les chants harmonieux des Anges qui y résonnèrent aux oreilles de Brigitte; car l’heure était venue où la Très-Sainte Vierge allait, en révélant à notre Sainte le mystère de la naissance du Christ., remplir, la promesse faite quinze années ‘auparavant. La Sainte raconte, de la manière suivante, le gracieux tableau qu’elle eut, en cet instant, sous les yeux :
« Comme j’étais dans l’étable où Notre-Seigneur est né, à Bethléem, je vis une Vierge très belle; elle était revêtue d’un manteau blanc et d’une fine tunique, à travers laquelle on apercevait sa chair virginale.. Le temps de l’enfantement paraissait être venu pour elle. A ses côtés se tenait un respectable vieillard, et près d’eux il y avait un bœuf et un âne. A leur entrée dans la grotte, le vieillard attacha les deux animaux à la crèche, sortit, et rentra peu après pour remettre à la Vierge un cierge allumé qu’il fixa à la paroi; puis il s’éloigna de nouveau pour ne point assister à la naissance de l’Enfant.. La Vierge déposa le manteau blanc dont elle était revêtue, ôta sa chaussure, détacha le voile qui couvrait sa tête, et plaça ces objets près d’elle, ne conservant que sa tunique. Ses beaux cheveux blonds, semblables à des fils d’or, tombaient sur ses épaules. Elle sortit ensuite deux langes de lin et deux de laine, d’une finesse et d’une blancheur merveilleuses pour envelopper l’Enfant qui allait naître; puis, deux autres petits linges de toile de lin pour lui en couvrir et bander la tête; elle les posa également près d’elle pour s’en servir à l’heure opportune.
« Ces apprêts terminés, la Vierge s’agenouilla avec un grand respect, et se mit à prier. Elle s’adossa contre la crèche, le visage tourné vers l’Orient et le regard au Ciel. Les mains et les yeux levés, elle était comme ravie en extase et tout enivrée des divines suavités de la contemplation.
« Pendant qu’elle priait, je vis s’agiter en son chaste sein le trésor qu’elle portait, et soudain, en un clin d’œil, elle enfanta son Fils, lequel projetait une lumière si grande, si merveilleuse, que l’éclat du soleil ne peut lui être comparé, et que la lumière du cierge apporté par le vieillard parut comme éteinte, tant la lumière divine éclipsait toute lumière matérielle! L’enfantement fut si prompt que je ne pus me rendre compte de ce qui s’était passé; j’aperçus seulement le glorieux Enfant à terre, tout brillant, tout rayonnant. J’entendis aussi des chants angéliques d’une grande beauté et d’une suavité merveilleuse.
« Lorsque la Vierge eut conscience de sa délivrance, elle baissa la tête, joignit les mains et, adorant l’Enfant avec un très profond respect, elle lui, dit: « Soyez le bienvenu, mon Dieu, mon Seigneur et mon Fils. » L’Enfant à ce moment pleura, et paraissait trembler de froid sur le sol dur où il était couché. Il s’agita légèrement et étendit ses membres délicats comme pour chercher un soulagement et les caresses maternelles. La Vierge le prit alors entre ses bras, le pressa contre son cœur, le réchauffant de sa joue et de sa poitrine, dans les transports de la joie et d’une tendre compassion. Puis, s’asseyant à terre, elle le prit sur ses genoux et l’enveloppa soigneusement de lin, puis de laine, entourant son petit corps, ses jambes et ses bras de quatre bandes cousues aux angles des langes de laine. Elle attacha ensuite sur sa tête les deux- pièces de lin qu’elle avait préparées dans ce but. Quand elle eut fini, le vieillard rentra, se prosterna à deux genoux et adora l’Enfant en pleurant de bonheur.
« La Vierge se levant alors, prit l’Enfant dans ses bras, et tous deux le posèrent dans la crèche; puis, fléchissant les genoux, ils l’adorèrent dans les sentiments d’une profonde allégresse. » Sous le charme de cette vision Brigitte oublia le temps. Elle demeura pendant de. longues heures prosternée devant la crèche, dans la contemplation du ravissant spectacle qui réjouissait son regard illuminé.
Aussi s’affligea-t-elle lorsqu’on l’avertit qu’il fallait quitter la grotte pour aller visiter les autres lieux sanctifiés de Bethléem. Jetant un dernier et tendre regard d’affection sur la crèche du Seigneur, elle se leva et, se dirigea vers l’endroit où les rois Mages avaient offert leurs présents au Sauveur et qui n’était qu’à trois pas. Avec eux, notre Sainte présenta au divin Enfant l’or de son amour, la myrrhe de sa mortification et l’encens de son ardente prière.
Le chagrin d’avoir quitté la grotte se calma rapidement; car la Mère de Dieu la guida dans tous. ces pèlerinages, en l’entretenant des célestes mystères qui s’y étaient accomplis. A l’endroit où les Mages s’étaient arrêtés, elle lui dit : « Apprends, ma fille, que je connaissais à l’avance l’arrivée des trois rois Mages; lorsqu’ils entrèrent dans l’étable et se prosternèrent devant la crèche, mon Fils tressaillit de joie, et une sainte allégresse anima ses traits. J’étais moi-même au comble du bonheur et dans une joie inexprimable. Je prêtai toute mon attention à leurs paroles et à leurs actes, gardant et repassant ces choses en mon cœur… » A l’endroit où les bergers contemplèrent le divin Enfant, la Très-Sainte Vierge parla à Brigitte de l’amour, de la simplicité et de la pieuse curiosité avec laquelle ces hommes avaient considéré le nouveau-né, et de la joie et de la vénération avec lesquelles ils l’avaient adoré.