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sur un aspect de spiritualité : Christ, Vierge Marie, Église dans le monde…

Pourquoi je t’aime Ô Marie !

Pourquoi je t’aime, Ô Marie !

Sainte Thérèse de Lisieux
Sainte Thérèse de Lisieux

Nous fêtons sainte Thérèse, le 1er octobre.

Quelques mois avant sa mort, Thérèse de Lisieux compose son poème « Pourquoi je t’aime Ô Marie ! » Elle y exprime tout ce qu’elle pense de la Vierge Marie. « J’ai encore quelque chose à faire avant de mourir », confie Thérèse à sa sœur Céline : « J’ai toujours rêvé d’exprimer dans un chant à la Sainte Vierge tout ce que je pense d’elle. »

Elle nous invite à nous tourner vers la Mère de Dieu et notre Mère en méditant sa vie telle que l’Évangile nous la révèle avec discrétion et profondeur. Tout au long du poème sont les textes de l’Évangile auxquels Thérèse fait allusion.

Pourquoi je t’aime Ô Marie !

(Sainte Thérèse de Lisieux)

« Oh ! je voudrais chanter, Marie, pourquoi je t’aime !
Pourquoi ton nom si doux fait tressaillir mon cœur
Et pourquoi la pensée de ta grandeur suprême
Ne saurait à mon âme inspirer de frayeur.

Si je te contemplais dans ta sublime gloire
Et surpassant l’éclat de tous les bienheureux
Que je suis ton enfant je ne pourrais le croire
O Marie devant toi, je baisserais les yeux !…

Il faut pour qu’un enfant puisse chérir sa mère
Qu’elle pleure avec lui, partage ses douleurs
O ma Mère chérie, sur la rive étrangère
Pour m’attirer à toi, que tu versas de pleurs !…

En méditant ta vie dans le saint Évangile
J’ose te regarder et m’approcher de toi
Me croire ton enfant ne m’est pas difficile
Car je te vois mortelle et souffrant comme moi …

Lorsqu’un ange du Ciel t’offre d’être la Mère
Du Dieu qui doit régner toute l’éternité.

« Voici que tu concevras dans ton sein et enfanteras un fils, et tu l’appelleras du nom de Jésus. Il sera grand, et sera appelé Fils du Très-Haut. Le Seigneur Dieu lui donnera le trône de David, son père ; il régnera sur la maison de Jacob pour les siècles et son règne n’aura pas de fin. » (Lc 1, 31-33)

Je te vois préférer, ô Marie, quel mystère !
L’ineffable trésor de la virginité.

Je comprends que ton âme, ô Vierge Immaculée
Soit plus chère au Seigneur que le divin séjour.
Je comprends que ton âme, Humble et Douce Vallée
Peut contenir Jésus, l’Océan de l’Amour !…

« Chargez-vous de mon joug et mettez-vous à mon école, car je suis doux et humble de cœur, et vous trouverez soulagement pour vos âmes.  » (Mt 11, 29)

Oh ! je t’aime, Marie, te disant la servante
Du Dieu que tu ravis par ton humilité
Marie dit alors : « Je suis la servante du Seigneur ;
qu’il m’advienne selon ta parole ! » (Lc 1, 38)

Cette vertu cachée te rend toute-puissante
Elle attire en ton cœur la Sainte Trinité
Alors l’Esprit d’Amour te couvrant de son ombre
L’ange lui répondit :

« L’Esprit Saint viendra sur toi, et la puissance du Très-Haut te prendra sous son ombre ;
c’est pourquoi l’être saint qui naîtra sera appelé Fils de Dieu. »Lc 1, 35)

Le Fils égal au Père en toi s’est incarné
De ses frères pécheurs bien grand sera le nombre
Puisqu’on doit l’appeler : Jésus, ton premier-né !

Elle enfanta son fils premier-né,  l’enveloppa de langes
et le coucha dans une crèche,
parce qu’ils manquaient de place dans la salle. (Lc 2,7)

O Mère bien-aimée, malgré ma petitesse
Comme toi je possède en moi Le Tout-Puissant
Mais je ne tremble pas en voyant ma faiblesse :
Le trésor de la mère appartient à l’enfant.

Et je suis ton enfant, ô ma Mère chérie
Tes vertus, ton amour, ne sont-ils pas à moi ?
Aussi lorsqu’en mon cœur descend la blanche Hostie
Jésus, ton Doux Agneau, croit reposer en toi !…

Auprès de toi, Marie, j’aime à rester petite,
Des grandeurs d’ici-bas je vois la vanité,
Chez Sainte Élisabeth, recevant ta visite,
J’apprends à pratiquer l’ardente charité.

En ces jours-là, Marie partit et se rendit en hâte
vers la région montagneuse, dans une ville de Juda.
Elle entra chez Zacharie et salua Élisabeth. (Lc, 39-40)

Là j’écoute ravie, Douce Reine des anges,
Le cantique sacré qui jaillit de ton cœur.

Marie dit alors : « Mon âme exalte le Seigneur, et mon esprit tressaille de joie en Dieu mon sauveur, parce qu’il a jeté les yeux sur l’abaissement de sa servante. Oui, désormais toutes les générations me diront bienheureuse, car le Tout-Puissant a fait pour moi de grandes choses. Saint est son nom, et sa miséricorde s’étend d’âge en âge sur ceux qui le craignent.

Il a déployé la force de son bras, il a dispersé les hommes au cœur superbe. Il a renversé les potentats de leurs trônes et élevé les humbles, Il a comblé de biens les affamés et renvoyé les riches les mains vides.
Il est venu en aide à Israël, son serviteur, se souvenant de sa miséricorde, selon qu’il l’avait annoncé à nos pères en faveur d’Abraham et de sa postérité à jamais ! » (Lc, 46-55)

Tu m’apprends à chanter les divines louanges
A me glorifier en Jésus mon Sauveur
Tes paroles d’amour sont de mystiques roses
Qui doivent embaumer les siècles à venir.

En toi le Tout-Puissant a fait de grandes choses
Je veux les méditer, afin de l’en bénir.
Quand le bon Saint Joseph ignore le miracle
Que tu voudrais cacher dans ton humilité.

Or telle fut la genèse de Jésus Christ.
Marie, sa mère, était fiancée à Joseph :
or, avant qu’ils eussent mené vie commune,
elle se trouva enceinte par le fait de l’Esprit Saint.

Joseph, son mari, qui était un homme juste et ne voulait pas la dénoncer publiquement, résolut de la répudier sans bruit. Alors qu’il avait formé ce dessein, voici que l’Ange du Seigneur lui apparut en songe et lui dit : « Joseph, fils de David, ne crains pas de prendre chez toi Marie, ta femme : car ce qui a été engendré
en elle vient de l’Esprit Saint.(Mt 1, 17-19)

Tu le laisses pleurer tout près du tabernacle
Qui voile du Sauveur la divine beauté !

Oh ! que j’aime, Marie, ton éloquent silence,
Pour moi c’est un concert doux et mélodieux
Qui me dit la grandeur et la toute-puissance
D’une âme qui n’attend son secours que des Cieux …

Plus tard à Bethléem, ô Joseph et Marie !
Je vous vois repoussés de tous les habitants
Nul ne veut recevoir en son hôtellerie
De pauvres étrangers, la place est pour les grands.

La place est pour les grands et c’est dans une étable
Que la Reine des Cieux doit enfanter un Dieu.
O ma Mère chérie, que je te trouve aimable
Que je te trouve grande en un si pauvre lieu !

Quand je vois L’Éternel enveloppé de langes
Quand du Verbe Divin j’entends le faible cri
Au commencement était le Verbe
et le Verbe était avec Dieu et le Verbe était Dieu.(Jn1,1)

O ma Mère chérie, je n’envie plus les anges
Car leur Puissant Seigneur est mon Frère chéri !
Que je t’aime, Marie, toi qui sur nos rivages
As fait épanouir cette Divine Fleur !….

Que je t’aime écoutant les bergers et les mages
Et gardant avec soin toutes choses en ton cœur !…

Et il advint, quand les anges les eurent quittés pour le ciel, que les bergers se dirent entre eux : « Allons jusqu’à Bethléem et voyons ce qui est arrivé et que le Seigneur nous a fait connaître. » Ils vinrent donc en hâte et trouvèrent Marie, Joseph et le nouveau-né couché dans la crèche.

Ayant vu, ils firent connaître ce qui leur avait été dit de cet enfant ; et tous ceux qui les entendirent furent étonnés de ce que leur disaient les bergers. Quant à Marie, elle conservait avec soin toutes ces choses, les méditant en son cœur. (Lc 2, 15-19)

Je t’aime te mêlant avec les autres femmes
Qui vers le temple saint ont dirigé leurs pas
Je t’aime présentant le Sauveur de nos âmes
Au bienheureux Vieillard qui le presse en ses bras,

D’abord en souriant j’écoute son cantique
Mais bientôt ses accents me font verser des pleurs.
Plongeant dans l’avenir un regard prophétique
Siméon te présente un glaive de douleur

Et lorsque furent accomplis les jours pour leur purification, selon la loi de Moïse, ils l’emmenèrent à Jérusalem pour le présenter au Seigneur, selon qu’il est écrit dans la Loi du Seigneur : Tout garçon premier-né sera consacré au Seigneur, et pour offrir en sacrifice, suivant ce qui est dit dans la Loi du Seigneur, un couple de tourterelles ou deux jeunes colombes.

Et voici qu’il y avait à Jérusalem un homme du nom de Syméon. Cet homme était juste et pieux ; il attendait la consolation d’Israël et l’Esprit Saint reposait sur lui. Et il avait été divinement averti par l’Esprit Saint qu’il ne verrait pas la mort avant d’avoir vu le Christ du Seigneur.

Il vint donc au Temple, poussé par l’Esprit, et quand les parents apportèrent le petit enfant Jésus pour accomplir les prescriptions de la Loi à son égard, il le reçut dans ses bras, bénit Dieu et dit : « Maintenant, Souverain Maître, tu peux, selon ta parole, laisser ton serviteur s’en aller en paix ; car mes yeux ont vu ton salut, que tu as préparé à la face de tous les peuples, lumière pour éclairer les nations et gloire de ton peuple Israël. »

Son père et sa mère étaient dans l’étonnement de ce qui se disait de lui. Syméon les bénit et dit à Marie, sa mère : « Vois ! cet enfant doit amener la chute et le relèvement d’un grand nombre en Israël ; il doit être un signe en butte à la contradiction, et toi-même, une épée te transpercera l’âme ! afin que se révèlent les pensées intimes de bien des cœurs. » (Lc 2, 22-35)

O Reine des martyrs, jusqu’au soir de ta vie
Ce glaive douloureux transpercera ton cœur
Déjà tu dois quitter le sol de ta patrie
Pour éviter d’un roi la jalouse fureur.

Après leur départ, voici que l’Ange du Seigneur apparaît en songe à Joseph et lui dit : « Lève-toi, prends avec toi l’enfant et sa mère, et fuis en Égypte ; et restes-y jusqu’à ce que je te dise. Car Hérode va rechercher l’enfant pour le faire périr. » Il se leva, prit avec lui l’enfant et sa mère, de nuit, et se retira en Égypte ; et il resta là jusqu’à la mort d’Hérode ; pour que s’accomplît cet oracle prophétique du Seigneur : D’Égypte j’ai appelé mon fils. (Mt 2, 13-15)

Jésus sommeille en paix sous les plis de ton voile
Joseph vient te prier de partir à l’instant
Et ton obéissance aussitôt se dévoile
Tu pars sans nul retard et sans raisonnement.

Sur la terre d’Égypte, il me semble, ô Marie
Que dans la pauvreté ton cœur reste joyeux,
Car Jésus n’est-il pas la plus belle patrie
Que t’importe l’exil, tu possèdes les Cieux ?…

Mais à Jérusalem, une amère tristesse
Comme un vaste océan vient inonder ton cœur
Jésus pendant trois jours se cache à ta tendresse
Alors c’est bien l’exil dans toute sa rigueur !..

Ses parents se rendaient chaque année à Jérusalem pour la fête de la Pâque. Et lorsqu’il eut douze ans, ils y montèrent, comme c’était la coutume pour la fête. Une fois les jours écoulés, alors qu’ils s’en retournaient, l’enfant Jésus resta à Jérusalem à l’insu de ses parents. Le croyant dans la caravane, ils firent une journée de chemin, puis ils se mirent à le rechercher parmi leurs parents et connaissances.

Ne l’ayant pas trouvé, ils revinrent, toujours à sa recherche, à Jérusalem. Et il advint, au bout de trois jours, qu’ils le trouvèrent dans le Temple, assis au milieu des docteurs, les écoutant et les interrogeant ; et tous ceux qui l’entendaient étaient stupéfaits de son intelligence et de ses réponses. A sa vue, ils furent saisis d’émotion, et sa mère lui dit : « Mon enfant, pourquoi nous as-tu fait cela ? Vois ! ton père et moi, nous te cherchons, angoissés. »

Et il leur dit : « Pourquoi donc me cherchiez-vous ? Ne saviez-vous pas que je dois être dans la maison de mon Père ? » Mais eux ne comprirent pas la parole qu’il venait de leur dire. Il redescendit alors avec eux et revint à Nazareth ; et il leur était soumis. Et sa mère gardait fidèlement toutes ces choses en son cœur. Quant à Jésus, il croissait en sagesse, en taille et en grâce devant Dieu et devant les hommes. (Lc 2, 41-52)

Enfin tu l’aperçois et la joie te transporte,
Tu dis au bel Enfant qui charme les docteurs :
« O mon Fils, pourquoi donc agis-tu de la sorte ?
« Voilà. ton père et moi qui te cherchions en pleurs. »

Et l’Enfant Dieu répond (oh quel profond mystère !)
A la Mère chérie qui tend vers lui ses bras :
« Pourquoi me cherchiez-vous ?… Aux œuvres de mon Père
« Il faut que je m’emploie ; ne le savez-vous pas ? »

L’Évangile m’apprend que croissant en sagesse
A Joseph, à Marie, Jésus reste soumis
Et mon cœur me révèle avec quelle tendresse
Il obéit toujours à ses parents chéris.

Maintenant je comprends le mystère du temple,
Les paroles cachées de mon Aimable Roi.
Mère, ton doux Enfant veut que tu sois l’exemple
De l’âme qui Le cherche en la nuit de la foi.

Puisque le Roi des Cieux a voulu que sa Mère
Soit plongée dans la nuit, dans l’angoisse du cœur ;
Marie, c’est donc un bien de souffrir sur la terre ?
Oui souffrir en aimant c’est le plus pur bonheur !

Tout ce qu’Il m’a donné Jésus peut le reprendre
Dis-lui de ne jamais se gêner avec moi
Il peut bien se cacher, je consens à l’attendre
Jusqu’au jour sans couchant où s’éteindra ma foi…

Je sais qu’à Nazareth, Mère pleine de grâces
Tu vis très pauvrement, ne voulant rien de plus
Point de ravissement, de miracle et d’extase
n’embellisse ta vie ô Reine des Élus !

Le nombre des petits est bien grand sur la terre
Ils peuvent sans trembler vers toi lever les yeux
C’est par la voie commune, incomparable Mère
Qu’il te plaît de marcher pour les guider aux Cieux.

En attendant le Ciel, ô ma Mère chérie,
Je veux vivre avec toi, te suivre chaque jour
Mère, en te contemplant, je me plonge ravie
Découvrant dans ton cœur des abimes d’Amour.

Ton regard maternel bannit toutes mes craintes
Il m’apprend à pleurer, il m’apprend à jouir.
Au lieu de mépriser la joies pures et saintes
Tu veux les partager, tu daignes les bénir.

Des époux de Cana voyant l’inquiétude
Qu’ils ne peuvent cacher, car ils manquent de vin
Au Sauveur tu le dis dans ta sollicitude
Espérant le secours de son pouvoir divin.

Jésus semble d’abord repousser ta prière
« Qu’importe », répond-Il, « femme, à vous et à moi ? »
Mais au fond de son cœur, Il te nomme sa Mère
Et son premier miracle, Il l’opère pour toi…

Le troisième jour, il y eut des noces à Cana de Galilée, et la mère de Jésus y était. Jésus aussi fut invité à ces noces, ainsi que ses disciples. Or il n’y avait plus de vin, car le vin des noces était épuisé. La mère de Jésus lui dit : « Ils n’ont pas de vin. » Jésus lui dit : « Que me veux-tu, femme ? Mon heure n’est pas encore arrivée. » Sa mère dit aux servants : « Tout ce qu’il vous dira, faites-le. »

Or il y avait là six jarres de pierre, destinées aux purifications des Juifs, et contenant chacune deux ou trois mesures. Jésus leur dit : « Remplissez d’eau ces jarres. » Ils les remplirent jusqu’au bord. Il leur dit : « Puisez maintenant et portez-en au maître du repas. » Ils lui en portèrent.

Lorsque le maître du repas eut goûté l’eau changée en vin — et il ne savait pas d’où il venait, tandis que les servants le savaient, eux qui avaient puisé l’eau — le maître du repas appelle le marié et lui dit : « Tout homme sert d’abord le bon vin et, quand les gens sont ivres, le moins bon. Toi, tu as gardé le bon vin jusqu’à présent ! »

Tel fut le premier des signes de Jésus, il l’accomplit à Cana de Galilée et il manifesta sa gloire et ses disciples crurent en lui. Après quoi, il descendit à Capharnaüm, lui, ainsi que sa mère et ses frères et ses disciples, et ils n’y demeurèrent que peu de jours. (Jn 2, 1-11)

Un jour que les pécheurs écoutent la doctrine
De Celui qui voudrait au Ciel les recevoir
Je te trouve avec eux, Marie, sur la colline
Quelqu’un dit à Jésus que tu voudrais le voir,

Alors, ton Divin Fils devant la foule entière
De son amour pour nous montre l’immensité
Il dit :« Quel est mon frère et ma sœur et ma Mère,
« Si ce n’est celui-là qui fait ma volonté ? »

Comme il parlait encore aux foules, voici que sa mère et ses frères se tenaient dehors, cherchant à lui parler. A celui qui l’en informait Jésus répondit : « Qui est ma mère et qui sont mes frères ? » Et tendant sa main vers ses disciples, il dit : « Voici ma mère et mes frères. Car quiconque fait la volonté de mon Père qui est aux cieux, celui-là m’est un frère et une sœur et une mère. » (Mt 12, 46-50)

O Vierge Immaculée, des mères la plus tendre
En écoutant Jésus, tu ne t’attristes pas
Mais tu te réjouis qu’II nous fasse comprendre
Que notre âme devient sa famille ici-bas

Oui tu te réjouis qu’Il nous donne sa vie,
Les trésors infinis de sa divinité !
Comment ne pas t’aimer, ô ma Mère chérie
En voyant tant d’amour et tant d’humilité ?

Tu nous aimes, Marie, comme Jésus nous aime
Et tu consens pour nous à t’éloigner de Lui.
Aimer c’est tout donner et se donner soi-même
Tu voulus le prouver en restant notre appui.

Le Sauveur connaissait ton immense tendresse
Il savait les secrets de ton cœur maternel,
Refuge des pécheurs, c’est à toi qu’Il nous laisse
Quand Il quitte la Croix pour nous attendre au Ciel

Or près de la croix de Jésus se tenaient sa mère et la sœur de sa mère, Marie, femme de Clopas, et Marie de Magdala. Jésus donc voyant sa mère et, se tenant près d’elle, le disciple qu’il aimait, dit à sa mère : « Femme, voici ton fils. « Puis il dit au disciple : « Voici ta mère. » Dès cette heure-là, le disciple l’accueillit comme sienne. (Jn 19, 25-27)

Marie, tu m’apparais au sommet du Calvaire
Debout près de la Croix, comme un prêtre à l’autel
Offrant pour apaiser la justice du Père
Ton bien-aimé Jésus, le doux Emmanuel

Un prophète l’a dit, ô Mère désolée,
« Il n’est pas de douleur semblable à ta douleur ! »
O Reine des Martyrs, en restant exilée
Tu prodigues pour nous tout le sang de ton cœur !

La maison de Saint Jean devient ton seul asile
Le fils de Zébédée doit remplacer Jésus
C’est le dernier détail que donne l’Évangile
De la Reine des Cieux il ne me parle plus.

Mais son profond silence, ô ma Mère chérie
Ne révèle-t-il pas que le Verbe éternel
Veut lui-même chanter les secrets de ta vie
Pour charmer tes enfants, tous les Élus du Ciel ?

Bientôt je l’entendrai cette douce harmonie
Bientôt dans le beau Ciel, je vais aller te voir
Toi qui vins me sourire au matin de ma vie
Viens me sourire encor… Mère…. voici le soir !…

Je ne crains plus l’éclat de ta gloire suprême
Avec toi j’ai souffert et je veux maintenant
Chanter sur tes genoux, Marie, pourquoi je t’aime
Et redire à jamais que je suis ton enfant !……
(PN 54))

la Vierge Marie selon Saint Jérôme

la Vierge Marie selon Saint Jérôme

Aujourd’hui l’Église fait mémoire de saint Jérôme né vers 347 à Stridon (actuelle Croatie) et mort le 30 septembre 420 à Bethléem, il y a exactement 1600 ans. Moine, traducteur de la Bible, docteur de l’Église, c’est l’un des quatre pères de l’Église latine, avec Ambroise de Milan, Augustin d’Hippone et Grégoire le Grand.

Voici en condensé ce qu’en dit le Pape François dans sa Lettre Apostolique du 30 septembre 2020 :

SCRIPTURAE SACRAE AFFECTUS – une affection pour la Sainte Écriture

Saint Jérôme dans son étude - Jan van Eyck et atelier 1442
Saint Jérôme dans son étude – Jan van Eyck et atelier 1442

Le 30 septembre de l’année 420, Jérôme achevait son parcours terrestre à Bethléem, dans la Communauté qu’il avait fondée près de la grotte de la Nativité. Il se confiait ainsi à ce Seigneur qu’il avait toujours cherché et connu dans l’Écriture, le même qu’il avait déjà rencontré, souffrant de fièvre, comme Juge, dans une vision, peut être pendant le Carême 375.

Lors de cet évènement qui marque un tournant décisif dans sa vie, un moment de conversion et de changement de perspectives, il se sent traîné en présence du Juge : « Interrogé à propos de ma condition, j’ai répondu que j’étais chrétien. Mais celui qui siégeait ajouta “Tu mens ! tu es cicéronien, non pas chrétien”».

En effet, Jérôme avait aimé dès son plus jeune âge la limpide beauté des textes classiques latins, en comparaison desquels les écrits de la Bible lui paraissaient, initialement, bruts et incorrects, trop rudes pour son goût littéraire raffiné.

Cet épisode de sa vie favorise sa décision de se dédier entièrement au Christ et à sa Parole, en consacrant son existence à rendre toujours plus accessibles aux autres les lettres divines, par son infatigable travail de traducteur et de commentateur. Cet évènement imprime à sa vie une nouvelle et plus décisive orientation : devenir serviteur de la Parole de Dieu, comme amoureux de la « chair de l’Écriture ».

Ainsi, dans la recherche continue qui caractérise sa vie, il met en valeur ses études de jeunesse et la formation reçue à Rome, en réorganisant son savoir au service plus mature de Dieu et de la communauté ecclésiale.

C’est pourquoi saint Jérôme entre de plein droit parmi les grandes figures de l’Église antique, dans la période qui est définie comme le siècle d’or de la Patristique, un véritable pont entre Orient et Occident : il est un ami de jeunesse de Rufin d’Aquilée, il rencontre Ambroise et entretient une abondante correspondance avec Augustin.

En Orient, il connaît Grégoire de Nazianze, Didyme l’Aveugle, Épiphane de Salamine. La tradition iconographique chrétienne le consacre en le représentant avec Augustin, Ambroise et Grégoire le Grand, parmi les quatre grands docteurs de l’Église d’Occident.

De ses écrits, partant de Jésus, voici une méditation de Jérôme sur la Vierge Marie

Vierge du MagnificatLa venue de Jésus-Christ dans le monde a été pour nous, enfants de la gentilité (des nations), une cause de joie et d’espérance. Elle nous a fait participer aux privilèges de la nation sainte; les prophéties et les anciennes promesses ont été, pour la plupart, accomplies en notre faveur.

Nous tenons dans nos mains les divines Écritures, source de lumière et de consolation; nous vivons au sein de la véritable Église, notre nouvelle terre promise où coulent les ruisseaux de lait et de miel; enfin avec les Juifs qui attendaient le Messie avec foi et amour, et avec ceux d’entre eux qui se convertissent à Jésus-Christ, nous pouvons invoquer Dieu comme notre Père, compter sur l’accomplissement de ses promesses, avoir part à son héritage, recueillir tous les effets de la Rédemption.

Remercions Dieu d’une telle miséricorde. Profitons des trésors spirituels mis à notre disposition avec tant de libéralité. Vivant sous le même Chef, qui est Jésus-Christ, n’ayons qu’un même cœur pour l’aimer, une même bouche pour le bénir. Approchons-nous de ce rejeton de Jessé qui a montré à la terre un si doux épanouissement.

Allons contempler la beauté de sa doctrine, respirer le parfum de ses exemples, goûter les fruits de sa grâce. Allons à lui avec confiance; il s’est élevé, non point selon l’expression du prophète, comme une verge de fer pour frapper et détruire, et mais comme une tige féconde et fleurie pour enrichir la terre embaumer nos âmes.

Enfin la tête du serpent est écrasée, une nouvelle Ève répare les fautes de l’ancienne. Admirez ici les secrets de la divine miséricorde. Une femme avait commencé l’ouvrage de notre perte: une vierge commence l’œuvre de notre rédemption.

Un ange de ténèbres était intervenu dans notre chute: un Ange de lumière intervient dans notre salut. Satan avait voulu élever Ève à une fausse grandeur en lui faisant affecter la divinité: Vous serez comme des dieux; Gabriel établit Marie dans la véritable grandeur par une sainte société avec Dieu: Le Seigneur est avec vous.

Ève avait cru au serpent: Marie croit à l’Ange; une foi pieuse, dit Tertullien, efface la faute d’une crédulité téméraire. Ève, séduite par le démon, avait fuit devant la face de Dieu: Marie, instruite par l’Archange, se rend digne de porter Dieu. Ève, par sa désobéissance, nous avait présenté le fruit de mort: Marie, humble et soumise, conçoit dans ses chastes flancs Jésus, le fruit de vie.

O Mère des vivants! Nous crions vers vous; misérables bannis, enfants d’Eve, nous gémissons dans cette vallée de larmes; offrez nos soupirs à votre cher Fils, et montrez-nous un jour ce fruit béni de vos entrailles que nous avons reçu de vous. Ainsi soit-il.

Ce qu’est la bienheureuse Marie toujours Vierge et combien elle est grande, l’Ange le déclare divinement lorsqu’il lui dit: « Je vous salue, pleine de grâce, le Seigneur est avec vous, vous êtes bénie entre toutes les femmes. »

Il convenait en effet que la Vierge reçut de tels dons, qu’elle fût pleine de grâces, elle qui a donné aux cieux la gloire, à la terre le Seigneur, au monde la paix, aux nations la foi; elle qui a mis fin aux vices, elle qui a restitué l’ordre de la vie et la pureté des mœurs.

C’est à juste titre qu’elle est dite toute remplie puisque la plénitude de grâce qui n’est accordé qu’aux autres que par degrés, est répandue en une seule fois tout entière en Marie.

Elle en est vraiment remplie; quoique nous croyions que les saints pères et les prophètes ont eu la grâce, ils ne l’ont pas eu cependant entière à ce point; au contraire en Marie toute la plénitude de grâce qui existe dans le Christ est venue, quoique d’une façon différente.

Et c’est pourquoi il lui dit: Vous êtes bénie entre toutes les femmes; cela veut dire: plus bénie que toutes les femmes. Ainsi toute malédiction qui fut apportée par Eve, la bénédiction de Marie l’a complètement enlevée.

LETTRE APOSTOLIQUE SCRIPTURAE SACRAE AFFECTUS DU SAINT-PÈRE FRANÇOIS À L’OCCASION DU XVIÈME CENTENAIRE DE LA MORT DE SAINT JÉRÔME

FIN DU VOYAGE APOSTOLIQUE PAPE FRANÇOIS EN BELGIQUE

FIN DU VOYAGE APOSTOLIQUE
PAPE FRANÇOIS EN BELGIQUE

MESSE ET BÉATIFICATION
DE LA VÉNÉRABLE SERVANTE
 DE DIEU ANNE DE JÉSUS

Ce matin, le Saint-Père François s’est rendu au Stade Roi Baudouin pour la célébration de la Sainte Messe à 10 heures, il a présidé la Messe avec le rite de béatification de la Servante de Dieu Ana de Jesús, le XXVIe dimanche du temps ordinaire.

HOMÉLIE DU SAINT-PÈRE

Stade Roi Baudouin (Bruxelles)
Dimanche 29 septembre 2024

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« Celui qui est un scandale, une occasion de chute, pour un seul de ces petits qui croient en moi, mieux vaudrait pour lui qu’on lui attache au cou une de ces meules que tournent les ânes, et qu’on le jette à la mer» (Mc 9, 42).

Par ces paroles, adressées aux disciples, Jésus met en garde contre le danger de scandaliser, c’est-à-dire d’entraver le chemin et blesser la vie des “petits”. Il s’agit d’un avertissement fort, un avertissement sévère sur lequel nous devons nous arrêter et réfléchir. Je voudrais le faire avec vous, à la lumière aussi des autres textes sacrés, à travers trois mots clés : ouverture, communion et témoignage.

Tout d’abord, l’ouverture. La première lecture et l’Évangile nous en parlent, en nous montrant l’action libre de l’Esprit Saint qui, dans le récit de l’Exode, remplit de son don de prophétie non seulement les anciens qui étaient allés avec Moïse à la tente de la rencontre, mais aussi deux hommes qui étaient restés dans le camp.

Cela nous fait réfléchir, car si au début il était scandaleux qu’ils soient absents du groupe des élus, après le don de l’Esprit il est scandaleux de leur interdire d’exercer la mission qu’ils ont cependant reçue.

C’est ce qu’a bien compris Moïse, homme humble et sage, qui, avec un esprit et un cœur ouverts, dit : « Si le Seigneur pouvait faire de tout son peuple un peuple de prophètes ! Si le Seigneur pouvait mettre son esprit sur eux ! » (Nb 11, 29). Un beau présage !

Ce sont des paroles sages, qui préfigurent ce que Jésus dira dans l’Évangile (cf. Mc 9, 38-43, 45, 47-48). Ici, la scène se passe à Capharnaüm, et les disciples voudraient empêcher un homme de chasser les démons au nom du Maître, parce que – disent-ils – « il n’est pas de ceux qui nous suivent » (Mc 9, 38), c’est-à-dire “il n’est pas de notre groupe” ?

Ils pensent ainsi : “Celui qui ne nous suit pas, celui qui n’est pas “des nôtres” ne peut pas faire de miracles, il n’en a pas le droit”. Mais Jésus les surprend – comme toujours, Jésus surprend, il nous surprend – et ceux-ci il les surprend et il les réprimande en les invitant à aller au-delà de leurs schémas, à ne pas se laisser “scandaliser” par la liberté de Dieu. Il leur dit : « Ne l’en empêchez pas […] qui n’est pas contre nous est pour nous » (Mc 9, 39-40).

Observons bien ces deux scènes, celle de Moïse et celle de Jésus, car elles nous concernent aussi, nous et notre vie chrétienne. En effet, nous avons tous reçu, par le baptême, une mission dans l’Église. Mais il s’agit d’un don et non d’un titre dont on se vante.

La Communauté des croyants n’est pas un cercle de privilégiés, elle est une famille de sauvés, et nous ne sommes pas envoyés pour porter l’Évangile au monde par nos propres mérites, mais par la grâce de Dieu, par sa miséricorde et par la confiance que, au-delà de toutes nos limites et de nos péchés,

Il continue à mettre en nous avec un amour de Père, voyant en nous ce que nous-mêmes ne parvenons pas à percevoir. C’est pourquoi il nous appelle, nous envoie et nous accompagne patiemment jour après jour.

Ainsi, si nous voulons coopérer, avec un amour ouvert et bienveillant, à la libre action de l’Esprit sans être un scandale, un obstacle pour quiconque avec notre présomption et notre rigidité, nous devons accomplir notre mission avec humilité, gratitude et joie.

Nous ne devons pas avoir de ressentiment, mais nous réjouir que d’autres puissent aussi faire ce que nous faisons, afin que le Royaume de Dieu grandisse et que nous nous retrouvions tous un jour réunis dans les bras du Père.

Cela nous amène au deuxième mot : la communion. Saint Jacques nous en parle dans la deuxième lecture (cf. Jc 5, 1-6) avec deux images fortes : les richesses qui se corrompent (cf. v. 3) et les protestations des moissonneurs qui parviennent aux oreilles du Seigneur (cf. v. 4). Il nous rappelle ainsi que l’unique chemin de vie est celui du don, de l’amour qui unit dans le partage.

La voie de l’égoïsme ne génère que des fermetures, des murs et des obstacles – des “scandales”, en fait – qui nous enchaînent aux choses et nous éloignent de Dieu et de nos frères.

L’égoïsme, comme tout ce qui empêche la charité, est “scandaleux” parce qu’il écrase les petits, en humiliant la dignité des personnes et en étouffant le cri des pauvres (cf. Ps 9, 13). Et cela était vrai aussi bien à l’époque de saint Paul que pour nous aujourd’hui.

Lorsque les seuls principes de l’intérêt personnel et de la logique du marché sont mis à la base de la vie des individus et des communautés (cf. Exhortation apostolique Evangelii gaudium, nn. 54-58), il en résulte un monde où il n’y a plus de place pour ceux qui sont en difficulté, ni de miséricorde pour ceux qui se trompent, ni de compassion pour ceux qui souffrent et n’arrivent pas à s’en sortir. Il n’y en a pas.

Pensons à ce qui se passe lorsque des petits sont scandalisés, blessés, abusés par ceux qui devraient s’occuper d’eux, aux blessures de la souffrance et de l’impuissance, d’abord chez les victimes, mais aussi dans leurs familles et dans la communauté. Avec le cœur et l’esprit, je reviens aux histoires de certains de ces “petits” que j’ai rencontrés avant-hier.

Je les ai entendus, j’ai ressenti leur souffrance d’avoir été abusés et je le répète ici : il y a de la place dans l’Église pour tous, tous, tous, mais nous serons tous jugés et il n’y a pas de place pour l’abus, pas de place pour la couverture de l’abus. Je le demande à chacun : ne couvrez pas les abus ! Je demande aux évêques : ne couvrez pas les abus !

Condamner les abuseurs et les aider à guérir de cette maladie qu’est l’abus. Le mal ne doit pas être caché : le mal doit être révélé au grand jour, il doit être connu, comme certaines personnes abusées l’ont fait, et avec courage. Que cela se sache. Et que l’abuseur soit jugé. Que l’abuseur soit jugé, laïc, prêtre ou évêque : qu’il soit jugé.

La Parole de Dieu est claire : elle dit que les “protestations des moissonneurs” et le “cri des pauvres” ne peuvent pas être ignorés, ne peuvent pas être effacés comme s’ils étaient une note discordante dans le concert parfait du monde du bien-être, et ils ne peuvent pas non plus être étouffés par une forme de bienfaisance de façade.

Au contraire, ils sont la voix vivante de l’Esprit, ils nous rappellent qui nous sommes – nous sommes tous de pauvres pécheurs, tous, moi le premier – ; et les personnes abusées sont un cri qui monte vers le ciel, qui touche l’âme, qui nous fait honte et qui nous appelle à la conversion. N’entravons pas leur voix prophétique en la faisant taire par notre indifférence.

Écoutons ce que dit Jésus dans l’Évangile : loin de nous l’œil scandaleux qui voit l’indigent et se détourne : Loin de nous la main scandaleuse, qui ferme le poing pour cacher ses trésors et se retire avidement dans ses poches ! Ma grand-mère disait : “Le diable entre par les poches”. Cette main qui frappe pour commettre un abus sexuel, un abus de pouvoir, un abus de conscience contre les plus faibles.

Et combien de cas d’abus avons-nous dans notre histoire, dans notre société ! Loin de nous le pied scandaleux, qui court vite non pas pour se faire proche de ceux qui souffrent, mais pour “passer outre” et se tenir à distance ! Rejetons tout cela loin de nous ! Rien de bon et de solide ne se construit ainsi !

Et une question que j’aime poser aux gens : “Est-ce que tu fais l’aumône ?”. – Oui, mon Père, oui ! – Et dis-moi, quand tu fais l’aumône, est-ce que tu touches la main de la personne dans le besoin, ou est-ce que tu la jettes comme ça et tu regardes ailleurs ? Est-ce que tu regardes dans les yeux les personnes qui souffrent ? » Pensons à cela.

Si nous voulons semer pour l’avenir, également au niveau social et économique, il nous sera utile de recommencer à mettre l’Évangile de la miséricorde à la base de nos choix. Jésus est la miséricorde. À nous tous, il a été fait miséricorde. Sinon, aussi imposants qu’ils puissent paraître, les monuments de notre opulence seront toujours des géants aux pieds d’argile (cf. Dn 2, 31-45).

Ne nous faisons pas d’illusions : sans amour, rien ne dure, tout s’évanouit, se délite et nous laisse prisonniers d’une vie éphémère, vide et dépourvue de sens, d’un monde inconsistant qui, au-delà des façades, a perdu toute crédibilité. Pourquoi ? Parce qu’il a scandalisé les petits.

Nous en arrivons ainsi au troisième mot : le témoignage. Nous pouvons nous inspirer en cela de la vie de l’œuvre d’Anne de Jésus, Anne de Lobera en ce jour de sa béatification.

Cette femme a été l’une des protagonistes, dans l’Église de son temps, d’un grand mouvement de réforme, sur les traces d’une “géante de l’esprit” – Thérèse d’Avila – dont elle a diffusé les idéaux en Espagne, en France et également ici, à Bruxelles, dans ce qu’on appelait à l’époque les Pays-Bas espagnols.

En des temps marqués par de douloureux scandales, à l’intérieur et à l’extérieur de la communauté chrétienne, par leur vie simple et pauvre faite de prière, de travail et de charité, elles et ses compagnes ont su ramener beaucoup de personnes à la foi, au point que quelqu’un a désigné leur fondation dans cette ville comme un “aimant spirituel”.

Par choix, elle n’a pas laissé d’écrits. Elle s’est plutôt engagée à mettre en pratique ce qu’elle avait appris (cf. 1 Co 15, 3) et, par son mode de vie, elle a contribué à relever l’Église à une époque de grandes difficultés.

Accueillons donc avec reconnaissance le modèle de “sainteté féminine” qu’elle nous a laissé (cf. Exhortation apostolique Gaudete et Exsultate, n. 12), à la fois délicat et fort. Son témoignage, ainsi que ceux de tant de frères et sœurs qui nous ont précédés, nos amis et compagnons de route, n’est pas loin de nous : il est proche, il nous est même confié pour que nous le fassions nôtre, en renouvelant l’engagement à marcher ensemble sur les traces du Seigneur.


ANGÉLUS

Stade Roi Baudouin (Bruxelles)
Dimanche 29 septembre 2024

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Je remercie l’Archevêque pour ses paroles aimables. J’exprime ma sincère gratitude à Leurs Majestés le Roi et la Reine, ainsi qu’à Leurs Altesses Royales le Grand-Duc et la Grande-Duchesse de Luxembourg, pour leur présence et leur accueil ces jours-ci.

J’étends mon “merci” à tous ceux qui ont collaboré, de diverses manières, à l’organisation de cette visite ; en particulier aux personnes âgées et aux malades qui ont offert leurs prières.

Nous célébrons aujourd’hui la Journée mondiale du migrant et du réfugié sur le thème “Dieu marche avec son peuple”.

Depuis ce pays, la Belgique, qui a été et est encore une destination pour tant de migrants, je renouvelle mon appel à l’Europe et à la communauté internationale pour qu’elles considèrent le phénomène migratoire comme une opportunité de grandir ensemble dans la fraternité, et j’invite chacun à voir en tout frère et sœur migrant le visage de Jésus qui s’est fait hôte et pèlerin parmi nous.

Je continue à suivre avec douleur et beaucoup d’inquiétude l’élargissement et l’intensification du conflit au Liban. Le Liban est un message, mais c’est actuellement un message tourmenté, et cette guerre a des effets dévastateurs sur la population : beaucoup, beaucoup trop de personnes continuent de mourir jour après jour au Moyen-Orient.

Prions pour les victimes, pour leurs familles, prions pour la paix. J’appelle toutes les parties à un cessez-le-feu immédiat au Liban, à Gaza, dans le reste de la Palestine, en Israël. Que les otages soient libérés et que l’aide humanitaire soit autorisée. N’oublions pas l’Ukraine tourmentée.

Je remercie également tous ceux qui sont venus de Hollande, d’Allemagne et de France pour partager cette journée : merci.

Je voudrais maintenant vous donner une nouvelle. À mon retour à Rome, je lancerai le procès de béatification du Roi Baudouin : que son exemple d’homme de foi éclaire les gouvernants. Je demande aux évêques belges de s’engager pour faire avancer cette cause.

Nous nous tournons maintenant vers la Vierge Marie en récitant ensemble l’Angélus. Cette prière, très populaire chez les générations passées, mérite d’être redécouverte : elle est une synthèse du mystère chrétien que l’Église nous enseigne à insérer au milieu des occupations quotidiennes.

Je vous la donne, en particulier aux jeunes, et je vous confie tous à notre Très Sainte Mère qui est représentée ici, près de l’autel, comme le Siège de la Sagesse. Oui, nous avons besoin de la sagesse de l’Évangile ! Demandons-la souvent à l’Esprit Saint.

Et par l’intercession de Marie, invoquons de Dieu le don de la paix, pour l’Ukraine meurtrie, pour la Palestine et Israël, pour le Soudan du Sud, le Myanmar et toutes les terres blessées par la guerre.

Merci à tous ! Et en avant, “en route, avec Espérance” !


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